(article paru dans Figaro Vox le 10 mai 2019)
lundi 13 mai 2019
TRUMP, l’IRAN ET LE MONDE DE L’OR NOIR
(article paru dans Figaro Vox le 10 mai 2019)
vendredi 25 novembre 2016
Trump et l'accord nucléaire : l'Iran, l'Europe, la France
Une sortie facile
Certes, l’Accord de Vienne a été, quelques jours après la conclusion de la négociation, approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a instamment appelé à « son application intégrale ». Mais en vérité, ces formules n’ont pas de caractère obligatoire, au sens des dispositions du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Elles ne lient donc pas juridiquement les États-Unis.
Les choix de l’Europe
La France exposée
(article paru le 23 novembre 2016 sur le site "Boulevard extérieur")
samedi 18 juillet 2015
Après l’accord, avant la visite de Laurent Fabius à Téhéran : La France, l’Iran, l'arrêt complet des essais nucléaires
(version actualisée de l'article paru le 15 juillet dans "la Croix")
jeudi 3 juillet 2014
Minorités du Monde 3. Les Ouïgours de Chine
mercredi 23 mars 2011
"Deux poids deux mesures", Munich, pétrole et Plan Marshall
Chaque action internationale fondée des principes fait aussitôt fleurir l’argument des «deux poids, deux mesures». Et de fait, il est toujours aisé de trouver ailleurs des circonstances qui justifieraient au moins autant, sinon plus, une action de même type. Va-t-on lutter contre la famine en Somalie ? L’on nous rappelle que quelque part dans les Grands Lacs, dans le Sahel ou au fin fond de l’Asie centrale, la situation est bien pire : comment ose-t-on ne rien faire ? Frappe-t-on la Libye de Kadhafi ? L’on nous défie d’en faire autant à Bahreïn ou en Syrie. Dénonce-t-on l’état des droits de l’Homme dans tel modeste pays ? L’on nous reproche notre silence face à la Chine. Et ainsi ad nauseam… Serait-il possible de répliquer que les « deux poids deux mesures » sont consubstantiels à l’histoire du Monde, ayant commencé avec la création d’Adam et d’Ève ? Ou, ce qui revient à peu près au même, qu’ils n’existent pas vraiment, toute situation étant par définition unique ? Pour ceux qui en douteraient, rappelons que le meilleur partisan de la lutte contre les « deux poids deux mesures » était ce jovial brigand de l’Attique nommé Procuste, qui, étendant tour à tour sur le même lit les voyageurs qu’il avait capturés, raccourcissait ceux qui en débordaient, étirait au contraire les trop petits.
Notons aussi que ceux qui se plaignent de se voir injustement singulariser se tiennent cois quand les « deux poids deux mesures » jouent en leur faveur. Pour puiser dans mes souvenirs personnels, je me souviens d’un officiel iranien protestant contre les condamnations du monde extérieur qui s’élevait à l’époque contre les lapidations pratiquées par la justice de son pays. Il soulignait qu’il y en avait tout autant en Arabie Saoudite sans que personne ne semble s’en émouvoir. Pourquoi cette mauvaise foi ? Je lui avais répondu, sans m’attirer de réplique, que lorsqu’on parlait de lapidations en Arabie saoudite, ce qui arrivait quand même de temps en temps, les Iraniens ne levaient pas le doigt pour rappeler au monde qu’ils en faisaient autant. J’avais ajouté que son propos nous invitait implicitement à placer son pays sur le même plan que les Saoudiens. Les Iraniens, peuple de vieille civilisation, n’avaient-ils pas tendance à se considérer comme légèrement supérieurs à leurs voisins bédouins? En ce cas, ils devaient accepter que l’on soit plus exigeant à leur égard.
Une fois épuisé le sujet des « deux poids, deux mesures », reste encore à gloser sur le rôle de la convoitise dans les affaires du monde. Malheur à ceux qui posent leurs yeux sur les pays possesseurs de pétrole ! Si l’on est aimable, c’est pour s’emparer de leur précieuse ressource. Si on les attaque, c’est pour la même raison. Pas d’autre explication aux deux guerres contre l’Irak de Saddam Hussein, ou à l’expédition contre Kadhafi. « Le monde entier applaudirait des deux mains si le gendarme du monde et ses lieutenants français et britanniques faisaient preuve de la même fermeté et imposaient le même traitement à tous ces monarques, princes, roitelets et présidents à vie (ou à mort) qui humilient leurs peuples. La réalité est, hélas, tout autre. L'Oncle Sam parle et agit selon la tête du client, au sens mercantile du terme », écrivait récemment El Watan. Et dans les colonnes d’el Khabar :« la vraie guerre est celle du pétrole».
Mais, bien entendu, si l’on ne fait rien, l’on est un Munichois : autre thème inépuisable de chroniques devant des choix difficiles. Munichois, ceux qui hésitent à frapper l’Iran, Munichois à coup sûr si l’on n’était pas intervenu en Libye. Enfin, quand on a tout dit en temps de crise, reste à proposer une sortie en forme de «nouveau plan Marshall», forcément « gagnant-gagnant ». Nous avons eu droit récemment à ce genre d’article pour la Tunisie et sa région, et des dizaines de fois en de nombreux coins d’Afrique et d’Asie. Rappelons qu’il s’agissait en 1947, là encore, d’une configuration unique. Les États-Unis représentaient au lendemain de la deuxième Guerre mondiale 50% de la production mondiale. Quant à l’Europe dévastée, elle avait, malgré les immenses destructions subies, toutes les capacités humaines et techniques du renouveau. Il s’agissait de réamorcer une pompe, pas de fabriquer un moteur. Pour les membres du monde en développement, le processus de mise à niveau est beaucoup plus compliqué, et ne s’enferme pas dans des formules. Au contraire, si l’on veut vraiment aider, ce serait plutôt par un travail patient, taillé sur mesure selon les endroits et les circonstances, ce qui ramène à la dimension positive des « deux poids, deux mesures » !
dimanche 3 août 2008
Un Tintin suisse à la découverte de la Chinafrique
Le voilà maintenant installé à Dakar. Il n'a rien perdu de sa curiosité et vient de publier avec Michel Beuret, chez Grasset, un livre sur Pékin à la conquête du continent noir : "la Chinafrique". A lire absolument par ceux qui s'intéressent à cette autre banlieue, proche puis grande banlieue, qu'est l'Outre-Méditerranée. Les deux auteurs, s'aidant du photographe Paolo Woods, ont circulé dans une douzaine de pays de la région, allant de l'Algérie à l'Angola. Ils en ramènent un étonnant tableau de la pénétration chinoise, de son ampleur, de ses multiples formes, de ses méthodes qui la font souvent réussir là où tant d'autres se sont découragés (pas toujours quand même, à lire l'abandon, du jour au lendemain, de la reconstruction d'une ligne de chemin de fer en Angola).
Et nos auteurs sont aussi allés en Chine. Ils se sont rendus à Yiwu, ville parfaitement inconnue de la province du Zhejiang, où se trouve le plus grand marché de pacotille en gros du monde, qui inonde de jouets, de plastiques, de copies en tous genre la terre entière : 34.000 boutiques, 320.000 produits référencés, 3.400 tonnes de fret quotidien. Ils sont allés à Chongqing, en Chine centrale, la plus grande ville de la planète, avec 31 millions d'habitants, par où transitent beaucoup de ces paysans et ouvriers qui vont tenter leur chance dans ce nouveau Far West qu'est pour eux l'Afrique.
Ils ont aussi assisté au sommet Chine-Afrique de Pékin, en 2006, réunissant autour du Président Hu Jintao une litanie de 48 dirigeants africains venus rendre hommage à l'Empereur, un empereur qui les arrose de bienfaits, et en a annoncé de plus grands encore.
Est-ce à dire que l'Afrique va devenir chinoise, mieux et plus profondément qu'elle n'a été anglaise ou française? Un échec n'est pas exclu, estiment nos auteurs. Mais il s'agit encore de politique fiction. Serge Michel et Michel Beuret concluent ainsi : "Pour nous qui avons parcouru l'Afrique chinoise en tous sens, le seul véritable échec de la Chine, s'il faut en voir un, c'est peut-être qu'elle se banalise en Afrique après avoir incarné le partenaire providentiel et fraternel, capable de tous les miracles. A certains égards, elle commence à ressembler aux autres acteurs, avec ses cohortes de gardes de sécurité, ses chantiers qui s'enlisent, ses scandales de corruption et quoi qu'elle en dise, son mépris, parfois, pour la population locale."
"Pour le reste, la Chine a pris les besoins africains à bras-le-corps et posé enfin les bases d'un développement avec des dizaines de projets d'infrastructures sans lesquels rien ne se fera jamais, en particulier les voies de communication et la production d'électricité. Petit à petit, le message passe que l'Afrique n'est pas condamnée à la stagnation. La Chine n'est pas désintéressée, bien sûr, et personne ne prête plus attention à son discours sur l'amitié, mais les efforts qu'elle déploie pour atteindre ses objectifs offrent à l'Afrique un avenir inconcevable il y a seulement dix ans..."
"...Du coup, la balle est dans le camp des dirigeants africains. Ils ont désormais les moyens de leurs ambitions : jamais un bailleur de fonds n'avait avancé des sommes pareilles, sans condition, sans tutelle. Seront-ils à la hauteur, pour utiliser ces fonds plutôt que pour doubler la taille de leur parc immobilier en France? A Pékin, lorsque le président chinois Hu Jintao a prononcé les montants exorbitants qu'il s'apprêtait à mettre à disposition de l'Afrique, quelqu'un à côté de nous a murmuré : "à présent, il va falloir que nos chefs se montrent sages, très sages."
mardi 15 janvier 2008
La Chine, les cadeaux de Noël et le réchauffement de la planète
La Chine, on le sait, est devenu en 2007 le premier pays émetteur de CO2. Elle a dépassé les Etats-Unis au moins deux ans plus tôt qu'on ne l'attendait. Ceci amène à la considérer comme le premier contributeur au réchauffement de la planète.
Cette augmentation rapide des émissions est principalement due à l'entrée en activité de nombreuses centrales au charbon destinées à alimenter une croissance économique d'environ 9% par an en moyenne depuis 20 ans.
Mais 34% de la production chinoise est destinée à l'exportation, pour l'essentiel en direction des pays développés. Son bilan importations-exportations fera probablement apparaître en 2007 un excédent de l'ordre de 200 milliards de dollars. C'est dire qu'une partie significative des émissions chinoises de CO2 est en fait destinée à alimenter le marché européen et nord-américain en produits manufacturés bon marché. Entre autres exemples, le marché britannique, à lui seul, a absorbé à Noël environ 50.000 tonnes de jouets fabriqués en Chine.
Pour 2004, la dernière année où l'on dispose de statistiques détaillées, l'on peut estimer à un milliard de tonnes de CO2 l'excédent d'émissions chinoises dû à ses exportations nettes. C'est presque l'équivalent des émissions totales du Japon au cours de la même année, et près du triple des émissions françaises.
Quel est l'intérêt de cette approche? d'abord d'ouvrir la réflexion sur la part prise par chaque pays dans les émissions mondiales de CO2 : pour bien prendre en compte la responsabilité de chacun, cette part pourrait intégrer le bilan, positif ou négatif, de son commerce extérieur, et être ainsi calculée sur la consommation totale de biens par sa population, pas uniquement sur sa production.
Ce qui amène au raisonnement suivant. Les pays à économie avancée absorbent de plus en plus de produits importés du monde en développement, dont les fabrications sont économes en coût de main-d'oeuvre mais gourmandes en énergie. Ceci pèse sur leur marché du travail, mais profite aux consommateurs. Ils devraient donc non seulement engager plus fermement les pays en développement à améliorer les conditions de travail et de protection sociale de leur population, mais aussi les aider plus activement à mettre en valeur des sources d'énergie de plus en plus économes en CO2.