tag:blogger.com,1999:blog-66749538799619320932024-02-20T14:49:31.564+01:00à contre-courantsactualité politique, vie internationale, coopération culturelle et aide au développement, français de l'étranger.:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.comBlogger190125tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-43885043730226868682021-02-22T15:40:00.000+01:002021-02-22T15:40:56.051+01:00Le "nous et les autres" chez les Hongrois<p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Si l’Histoire avait des lois immuables, le petit peuple hongrois aurait dû depuis longtemps disparaître, perdre sa langue et se fondre dans les autres grands peuples qui l’entourent, le monde slave et le monde germanique. Or il a non seulement protégé son identité et sa langue, qui ne ressemble à aucune autre, au long d’un millénaire mais, en dépit de sa taille réduite, il est apparu au XXème siècle comme un pays de premier plan dans les domaines scientifique et culturel. Comment s’explique ce mystère ?</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Les Hongrois, ou Magyars comme ils s’appellent eux-mêmes, ne sont à l’origine ni Indo-européens, ni Sémites. Ce sont des Turco-mongols, membres de tribus ougriennes, venant de la région des monts Altaï, situés en Asie centrale entre le Kazakhstan et la Mongolie d’aujourd’hui. Poussés par des migrations successives, ils arrivent au début du Xème siècle à leur destination définitive, la riche plaine de Pannonie, traversée par le Danube, entourée en partie par la chaîne montagneuse des Carpathes. Ils renoncent peu à peu à leurs pratiques de raids et de rapines, et avec le roi Étienne, autour de l’an mil, se sédentarisent, se christianisent, et créent un début d’administration territoriale.</span></p><p><b><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Une symbiose originale</span></b></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Ou plutôt, ils ne se christianisent qu’en partie, puisque, dès leur ultime migration, se trouvaient mêlées à eux des tribus amies, de religion juive, non pas originaires du Proche-Orient mais converties par des missionnaires venus d’Iran à l’époque de l’empire khazar, créé au VIIème siècle des deux côtés de la Volga. Ces Juifs retrouvent des coreligionnaires romanisés présents dans le bassin du Danube. Dès l’origine, se forme une symbiose très spécifique entre Juifs et Magyars.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Puis les rois hongrois, pour mettre, leur royaume à niveau de leurs voisins occidentaux plus avancés, pratiquent une politique active d’immigration, qui fait s’établir en Hongrie d’abord des Allemands, mais aussi des Slaves, des Italiens, des Français : moines, artisans, commerçants, cultivateurs. Et viennent aussi de l’Inde lointaine les Roms, qui représentent aujourd’hui près de 10 % de la population hongroise. Malgré son aspect très composite, cette population développe au fil des siècles un fort sentiment d’identité, traversant les invasions mongoles du XIIIème siècle, une occupation ottomane de plus de 150 ans entre XVIème et XVIIème siècles, puis la domination des Habsbourg jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Certes, les mauvaises pratiques portées par les moines prêcheurs et les bulles papales à l’égard des communautés juives n’épargnent pas entièrement la Hongrie. Mais dans la grande vague de persécutions et de massacres de Juifs qui parcourt l’Europe dans la première moitié du XIVème siècle, ce pays est pour les Juifs un havre de paix et de sécurité. Un siècle plus tard, le roi Mathias dote la communauté juive d’un préfet, Judah Mendel, doté de contingents armés pour l’assister dans ses tâches d’administration. Il sera suivi par une lignée de six autres préfets. C’est ce Judah Mendel qui, lors de l’entrée solennelle de Mathias à Buda à l’occasion de son mariage, l’accueille à cheval, épée au côté, entouré d’une cohorte de jeunes cavaliers, avec habits et harnachements d’apparat, trompettes, armes et bannières.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">L’occupation ottomane sur la plus grande partie du territoire hongrois coupe le pays du progrès des idées et des moeurs qui se déploie ailleurs en Europe. Elle protège en revanche la Hongrie de la contre-Réforme menée par les Habsbourg, et y préserve ainsi le protestantisme qui a prospéré dans l’est du pays. Elle protège également les Juifs. Les Ottomans en sont récompensés puisque lors d’un des sièges de Buda par les Impériaux, ces loyaux sujets du Sultan installent et servent à l’une des portes de la ville un canon de fort calibre qui fait des ravages chez l’ennemi.</span></p><p><b><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Le passage à la modernité</span></b></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Les Juifs sont en revanche massacrés quand Buda tombe définitivement aux mains des Habsbourg. Lors de la longue domination de ces derniers, l’originalité de la relation entre Juifs et Magyars tend à s’estomper. Le nouvel antisémitisme de l’ère industrielle pénètre aussi en Hongrie. Mais le début du XIXème siècle voit aussi se raviver le sentiment de cohésion nationale. De grands projets de modernisation sont mis en oeuvre, la langue est rénovée. Elle s’enrichit d’une littérature, et s’impose à la Diète, sorte de proto-parlement, où l’on discourait jusqu’alors en latin.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Lors du Compromis de 1867 entre les Habsbourg et les Hongrois qui vient panser les plaies de la guerre perdue d’indépendance de 1848, le pays acquiert une notable autonomie et recouvre sa souveraineté sur la Transylvanie, terre de langue hongroise, détachée de la Hongrie depuis le XVIème siècle. Dans la grande Hongrie qui est alors dessinée, les Magyars étendent leur propre domination sur de très importantes minorités : Slovaques, Roumains, Serbes, Croates. Seuls les Croates obtiennent une certaine dose d’autonomie. Les autres populations minoritaires sont faiblement représentées aux échelons locaux et centraux de l’administration et de la politique. Elles sont fortement bridées dans l’expression de leur propre sentiment national. Condamnées à l’altérité, elles n’appartiendront jamais à la nation hongroise.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Quant aux Juifs, ils acquièrent à la fin du XIXème siècle pleines égalité et citoyenneté. Si l’antisémitisme moderne a progressé, les idées libérales aussi. Et puis, la question s’est alors posée de les considérer, ou non, comme une minorité parmi d’autres. Si oui, la proportion de Hongrois tombait nettement en-dessous de 50 % de la population totale du pays. Les Juifs représentaient alors 5% de la population hongroise, et 20% de celle de Budapest. Pour légitimer la prédominance des Hongrois dans leur propre patrie, mieux valait donc avoir des Hongrois juifs que des Juifs hongrois. L’on entre dans l’Âge d’or de Budapest et du rôle éminent des Juifs dans la vie intellectuelle, littéraire, artistique, économique de la Hongrie. Si l’antisémitisme est bien là, il n’a rien d’institutionnel. Les jeunes Juifs entrent librement à l’université. Certes, ils y sont humiliés par leurs condisciples, mais ils se mettent alors à l’escrime pour affronter en duel leurs persécuteurs, deviennent rapidement les meilleurs et fondent ainsi la brillante tradition hongroise de ce sport.</span></p><p><b><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">La fin du pacte</span></b></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Puis vient la tragédie de la Première guerre mondiale. Le Traité de Trianon, pour répondre à l’aspiration des minorités à s’affranchir du joug hongrois, retire à la Hongrie vaincue des deux tiers de son territoire. Elle perd en particulier au profit de la Roumanie le joyau qu’était la Transylvanie, mais où les Hongrois ne représentaient plus que 30 % de la population contre plus de 50 % aux Roumains. Avec le tracé des nouvelles frontières du pays, trois millions de Hongrois se trouvent désormais rejetés à l’extérieur, et réduits à leur tour à l’état de minoritaires en Roumanie, en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie. Les Hongrois « de l’intérieur » sont seuls désormais avec eux-mêmes. Ils n’ont plus besoin des Juifs pour conforter leur légitimité sur leur propre territoire. En outre, le gouvernement éphémère de Béla Kun, imitant la révolution soviétique, a eu le malheur d’être animé par une majorité d’intellectuels juifs. L’amiral Horthy, qui met fin à l’expérience, laisse se développer une « Terreur blanche » contre les Bolcheviks et leurs amis, donc contre les Juifs. Le pacte multiséculaire entre Magyars et Juifs est désormais en voie de se rompre.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Au lendemain de la Guerre, la Hongrie est le premier pays d’Europe à adopter une loi antisémite, en introduisant un <i>numerus clausus</i> à l’entrée de l’université. Il y en aura plusieurs autres, de plus en plus discriminantes. Mais rien n’ébranle la loyauté des Juifs à l’égard de leur patrie. Lorsque les communautés juives d’Europe et des États-Unis s’émeuvent, lorsqu’est saisie la Société des Nations, ils désavouent la sollicitude dont ils sont l’objet et demandent qu’on les laisse seuls régler leurs problèmes. Ils sont, comme tous les Hongrois, de fervents partisans d’une révision du Traité de Trianon, dont le régime a fait une grande cause nationale. Ils participent sans réserve à la campagne de magyarisation des patronymes d’origine étrangère (c’est ainsi que Blum devient Virág, qui veut aussi dire Fleur), et de réduction des dernières poches d’usage de la langue allemande, qui était encore la première langue de certains milieux ouvriers et d’une partie de la bourgeoisie. Rien n’y fait, les discriminations vont croissant sous l’effet de la fascinante montée du nazisme tout proche.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Lorsqu’éclate la Seconde guerre mondiale, la Hongrie se tient d’abord à l’écart. Puis, en 1941, Horthy rejoint Hitler dans l’invasion de l’URSS. Les Juifs mobilisés ne sont pas jugés dignes de porter le même uniforme que leurs compatriotes. Ils sont donc incorporés dans des bataillons de travailleurs spéciaux, voués aux tâches les plus pénibles et les plus dangereuses, et subissent de très lourdes pertes. En mars 1944, Hitler informé des tentatives de paix séparée conduites par le Régent Horthy, décide d’envahir le pays. Horthy, même s’il reste le chef de l’État en titre, est cantonné dans une semi-retraite. Il ne proteste pas contre la prise de contrôle des institutions par le parti nazi hongrois, les Croix Fléchées. Plus aucun obstacle n’empêche l’application à la Hongrie de la Solution finale, qui aboutit à l’extermination en quelques mois de plus de 400.000 Juifs. Police, gendarmerie et Croix Fléchées se comportent alors en collaborateurs zélés des Nazis.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Ainsi s’achève dans le drame l’histoire de la fusion intime des Magyars et des Juifs. Après 1945, plus rien ne pourra être comme avant. Le régime communiste dénie toute spécificité aux Juifs. Une fois celui-ci tombé, et après vingt ans d’expériences libérales et d’ouverture sur l’Europe, le retour à la tête du gouvernement de Viktor Orbán inaugure un tournant conservateur. Il n’y pas d’antisémitisme institutionnel, mais toute la politique menée est marquée par la nostalgie de la période Horthy et par une posture défensive à l’égard de l’extérieur, du cosmopolitisme, des atteintes au caractère hongrois. Orbán reprend un discours doloriste à l’égard du Traité de Trianon. Il ne réclame certes pas sa révision, mais veut ramener dans la nation hongroise tous les Hongrois situés depuis 1920 à l’extérieur des frontières. Le principal moteur de sa politique est <i>la peur pour l’existence de la communauté</i>, selon la formule utilisée en 1946 par le génial politologue István Bibó dans son livre sur la <i>Misère des petits États d’Europe de l’Est</i>. Et Bibó ajoutait cette phrase fulgurante, qui éclaire a contrario la situation actuelle de la Hongrie : <i>Être démocrate, c’est être délivré de la peur.</i></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Mais alors que se dissolvait le pacte entre Juifs et Magyars, quel feu d’artifice pour clôturer cette histoire ! Au cours de la première moitié du XXème, les émigrés hongrois, juifs pour la plupart, jouent un rôle éminent dans l’essor des arts nouveaux que sont la photographie et le cinéma. Et surtout, ils récoltent une dizaine de prix Nobel scientifiques, apportant une contribution décisive à la maîtrise de l’énergie atomique comme des mathématiques modernes et de l’informatique. À Los Alamos, dans l’enceinte du programme américain de la bombe atomique, les autres chercheurs regardent avec une perplexité admirative <i>la table des Extraterrestres</i>, où les Hongrois se retrouvent ensemble pour déjeuner…</span></p><p><b><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Enfin, ces autres <i>autres</i>, les Roms</span></b></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Un mot, pour terminer, des Roms, cette autre communauté présente sur tout le territoire, notamment dans l’est du pays, et située dans l’entre-deux hongrois du nous et des autres. Souvent soumis aux temps anciens à l’esclavage, divisés entre eux, à la fois craints et méprisés, les Roms se trouvent aujourd’hui enfermés dans une sorte de contre-culture, sur laquelle il est difficile d’agir. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux ont été assassinés par les Nazis. Par solidarité prolétarienne, le régime communiste a fait en leur faveur un important effort d’insertion. Il les intègre dans les fermes collectives et utilise leur force de travail dans ses ensembles industriels. Mais avec l’écroulement du système soviétique, l’agriculture redevient une affaire privée, et les grandes usines, désormais non-compétitives, s’arrêtent. Les Roms retombent donc dans leur situation antérieure. L’hostilité se ravive, car si l’on s’inquiétait peu de la disparition de pommes ou de poules collectives, on ne l’accepte plus quand elles relèvent de la propriété privée. L’extrême-droite hongroise a fait du rejet des Roms un de ses thèmes favoris.</span></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">La loi hongroise reconnaît aux Roms le statut de minorité, mais peu d’avantages concrets en découlent. Les enfants Roms sont ségrégués de fait dans le système scolaire et quittent tôt l’école. La plupart des familles vivent d’aides sociales. Le gouvernement de Viktor Orbán a mis en place, avec des résultats variables, un dispositif conditionnant le versement de certaines aides à la participation à des travaux d’intérêt collectif. Personne n’est encore parvenu à régler ou même à atténuer durablement ce lourd problème, ni en Hongrie, ni d’ailleurs dans les pays voisins également dotés d’une importante population rom. Une mobilisation à l’échelle européenne donnerait-elle de meilleurs résultats ? Peut-être, mais il faudrait en avoir vraiment envie, y mettre les moyens, et surtout être décidés à persévérer sur au moins deux ou trois générations.</span></p>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-46825038178454796872021-02-09T21:41:00.001+01:002021-02-09T21:41:26.789+01:00REVENIR AU PLUS VITE DANS L'ACCORD SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN<p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><span style="background-color: white; color: #434343;">S’exprimant tout récemment sur l’actualité internationale devant l’Atlantic Council, Emmanuel Macron, abordant la crise nucléaire iranienne, s’est réjoui de la volonté de dialogue manifestée par la nouvelle administration américaine, en se déclarant « présent et disponible… pour tâcher d’être un médiateur dévoué et sans parti pris dans ce dialogue ». Cette offre éminemment positive a été aussitôt suivie par l’énoncé de ses vues sur le sujet : urgence de mener à bien de nouvelles négociations avec l’Iran, le pays étant « </span><i style="color: #434343;">bien plus proche de la bombe nucléaire qu’il ne l’était avant la signature de l’accord</i><span style="background-color: white; color: #434343;"> » de juillet 2015 ; nécessité d’aborder « </span><i style="color: #434343;">les questions des missiles balistiques et de la stabilité de la région</i><span style="background-color: white; color: #434343;">" ; intérêt à trouver « </span><i style="color: #434343;">un moyen de faire participer l’Arabie saoudite et Israël à ces discussions</i><span style="background-color: white; color: #434343;"> ». Ce sont en effet de vraies questions. Malheureusement, les afficher d’emblée risque de saper la crédibilité de la médiation envisagée. La tâche d’un médiateur est d’abord d’écouter et de sonder les uns et les autres, puis d’élaborer de façon aussi neutre que possible, par approches successives, une solution acceptable par tous. Le tout dans une totale discrétion. L’objectif semble désormais difficile à atteindre.</span></span></p><h3 class="spip" style="background-color: white; color: #434343; line-height: 1.14286em; margin: 0px 0px 0.2em; padding: 0px; text-rendering: optimizelegibility;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> L’Iran plus proche de la bombe ?</span></h3><div><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><br /></span></div><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Que penser en outre des prises de position de notre Président ? L’Iran est-il bien plus proche de la bombe qu’à la veille de l’accord de Vienne ? Pas exactement. À la veille de cet accord, l’Iran disposait d’un stock d’uranium faiblement enrichi de plus du double de ce qu’il est aujourd’hui. Il disposait également d’un stock d’uranium enrichi à 20% plus de cinq fois supérieur à son stock actuel. Encore ce stock initial d’uranium à 20%, le plus inquiétant, avait-il été déjà divisé par deux en signe de bonne volonté peu après le début des négociations entamées en 2013. En revanche, après l’entrée en vigueur de l’accord conclu en 2015, le stock d’uranium de l’Iran s’est drastiquement réduit. Le stock d’uranium faiblement enrichi passe de quelque 7.000 à 300 kilogrammes, et le stock d’uranium enrichi à 20% disparaît. Mais l’Iran, à ce jour, en raison des infractions commises, a bien recommencé à reconstituer ses stocks. Si le souci principal est vraiment de l’éloigner de la capacité à produire l’arme nucléaire, la priorité absolue devrait donc être de revenir au plus vite à la pleine application de la lettre et de l’esprit de l’accord de Vienne : à savoir la stricte limitation de la production iranienne d’uranium enrichi en échange de la levée des sanctions. Ce qui implique le plein retour des Américains dans l’accord.</span></p><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Et s’il est ensuite un but de négociation qui devrait l’emporter sur tous les autres, ce serait de consolider et de prolonger dans le temps cet accord, dont la principale faiblesse est la durée limitée. En effet, les contraintes acceptées par l’Iran commencent à se desserrer dès 2025. Les quatre ans qui nous séparent de cette date doivent être mis à profit, d’abord pour restaurer la confiance sérieusement écornée par l’application minimaliste de l’accord par les États-Unis, suivie de leur abrupte sortie en 2018. Ensuite pour bâtir dans l’esprit initial de l’accord un dispositif plus pérenne.</span></p><h3 class="spip" style="background-color: white; color: #434343; line-height: 1.14286em; margin: 0px 0px 0.2em; padding: 0px; text-rendering: optimizelegibility;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> Programme balistique, influence régionale</span></h3><div><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><br /></span></div><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Restent, bien entendu, les autres questions soulevées par notre Président, qui rejoignent d’ailleurs la vision de l’administration Biden. Que penser d’une limitation du programme balistique iranien ? Un certain nombre de pays de la région ne pourraient que s’en réjouir. Pour pouvoir progresser sur ce sujet, encore faut-il comprendre la conception qu’en ont les Iraniens. Leur arsenal compense à leurs yeux le déficit de l’Iran en matière d’avions de combat, puisqu’il n’a pas accès aux grands fournisseurs internationaux, et que sa flotte aérienne est totalement obsolète. D’autre part, il voit ses missiles comme un instrument de deuxième frappe, donc de riposte au cas où son territoire se trouverait agressé. C’est donc pour lui sa meilleure, et même sa seule arme crédible de dissuasion. Ceci pour dire que l’on aura du mal à obtenir de lui des garanties en la matière si ceux qui l’inquiètent n’en n’offrent pas d’équivalentes. L’Iran n’a aucune raison d’être le seul à se laisser limer les dents. Il ne saurait y avoir de « mauvais missiles » iraniens et de « bons missiles » et avions de combat saoudiens ou israéliens.</span></p><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">La question fort importante de la stabilité de la région et de l’influence que l’Iran y exerce se pose à peu près dans les mêmes termes. Pour faire bref, l’un des moyens d’affaiblir « le front de la résistance » constitué autour de l’Iran serait de progresser dans la solution de la question israélo-palestinienne. Cela ne réglerait pas tout mais autoriserait enfin une détente sur le front régional. Ce jour venu, peut-être Israël et l’Arabie saoudite pourraient être associés à la concertation que le Président de la République appelle de ses vœux.</span></p><h3 class="spip" style="background-color: white; color: #434343; line-height: 1.14286em; margin: 0px 0px 0.2em; padding: 0px; text-rendering: optimizelegibility;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"> La raison de l’Iran</span></h3><div><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><br /></span></div><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">L’Iran a fait dans le passé de grosses bêtises, il en fera encore à l’avenir. Ceci n’exclut pas qu’il puisse avoir parfois raison. Quand son ministre des Affaires étrangères Djavad Zarif appelle à la définition d’une« chorégraphie » permettant d’aboutir simultanément au plein retour des États-Unis dans l’accord de Vienne et au plein retour de l’Iran à ses propres obligations, la proposition paraît relever du simple bon sens. Il est curieux qu’elle se heurte encore à des tergiversations.</span></p><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">De même, quand le Guide suprême Ali Khamenei fait allusion à l’intérêt d’un processus de vérification de la mise en œuvre loyale des engagements pris par les partenaires de l’Iran, notamment en matière de levée de sanctions, de même que l’AIEA vérifie la bonne exécution des engagements nucléaires de l’Iran, il soulève une vraie question. Mais surtout, en cette affaire, il s’agit maintenant d’aller vite. Le temps utile pour dénouer la crise ne dépasse plus les quelques semaines. Car vient ensuite l’élection présidentielle iranienne, qui renvoie la capacité de renouer des contacts utiles avec Téhéran au-delà de l’été. Donc dans un futur incertain, si l’on considère à la fois les surprises pouvant sortir de l’élection et les troubles qui agitent la région.</span></p><p style="background-color: white; color: #434343; margin: 0px 0px 1.42857em;"><i><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">Paru le 9 février dans </span></i><a href="https://www.boulevard-exterieur.com/Revenir-au-plus-vite-dans-l-Accord-sur-le-nucleaire-iranien.html" style="background: rgb(240, 240, 240); color: #3371bb; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 14.0014px; outline: 0px; text-decoration-line: none;"><i><img alt="Boulevard Extérieur" height="105" src="https://www.boulevard-exterieur.com/skel/img/logo.png" style="border: 0px; height: auto; max-width: 100%; vertical-align: middle;" width="555" /></i></a></p>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-49605628561052233312020-12-10T17:30:00.001+01:002020-12-10T17:30:48.111+01:00Fakhrizadeh : les dessous et les effets d'un assassinat<div style="text-align: left;"><o:p> </o:p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;">En avril 2018,
Benyamin Netanyahou dévoile en une conférence de presse les détails du
programme nucléaire clandestin de l’Iran obtenus à la suite d’un raid du Mossad
dans un entrepôt du sud de Téhéran. Il demande alors à ses auditeurs de retenir
le nom de Mohsen Fakhrizadeh, présenté comme le cerveau de ce programme.
C’était le baiser de la mort. De fait, deux ans et demi plus tard, Fakhrizadeh
est abattu sur une route à l’est de la capitale iranienne en une opération
spectaculaire et complexe, mobilisant au moins une demi-douzaine de tireurs, et
un solide réseau de soutien logistique. Tous les regards se tournent alors vers
Israël. Il est vrai que l’État hébreu cache à peine sa responsabilité dans cinq
tentatives antérieures d’assassinat, dont quatre réussies, sur des
scientifiques iraniens du nucléaire, entre 2010 et 2012. Pourquoi, huit ans
plus tard, Fakhrizadeh ?<br /><o:p> <br /></o:p><b>Un
scientifique et militaire qui sort de l’ombre<br /></b><o:p> <br /></o:p>Cet
universitaire, également officier dans le corps des <i>Pasdaran</i>, ou
Gardiens de la révolution, est déjà repéré dans la première décennie des années
2000 par les Services occidentaux et l’Agence internationale de l’énergie
atomique (AIEA) comme le responsable d’un programme nucléaire clandestin devant
conduire à l’acquisition de l’arme nucléaire. L’AIEA, dans son travail d’enquête,
demande d’ailleurs à l’entendre, mais sans succès. Fin 2003, selon le
renseignement américain, Les Iraniens prennent la décision d’interrompre ce
programme. Fakhrizadeh est-il alors au chômage ? Pas tout à fait. Une telle
entreprise ne peut s’arrêter du jour au lendemain. Selon les indices recueillis
par l’AIEA, Fakhrizadeh veille au bon repli de ses hommes et de ses moyens. Tous
les dossiers relatifs à ce programme sont alors archivés. Persévérant, il
pilote encore pour un temps des études dispersées pouvant être utiles à
l’acquisition d’un engin nucléaire. En 2015, l’AIEA affirme ne trouver aucune
trace d’activités suspectes au-delà de 2009. Et ceci est confirmé par l’analyse
des milliers de documents recueillis par les Israéliens, dont aucun ne se situe
après cette date.<br /><o:p> <br /></o:p>Pour dissiper
une confusion entretenue par beaucoup de commentateurs, il faut ici rappeler que
cette histoire est distincte des développements du programme nucléaire iranien
placé sous contrôle de l’AIEA. Même si ce programme, lui tout-à-fait visible, suscite
depuis longtemps des inquiétudes sur les moyen et long termes, il affiche une
finalité industrielle qui ne se confond pas avec un programme de fabrication
d’un engin nucléaire. Bien entendu, il est toujours possible de maintenir des
passerelles entre un programme visible, internationalement contrôlé, et un
programme caché de nature militaire. Pour ce qui concerne l’Iran, il est clair
que Fakhrizadeh n’avait autorité que sur le programme clandestin, le premier
étant confié à une institution spécifique, l’Organisation iranienne de
l’énergie atomique, gérée par des civils.<br /><o:p> <br /></o:p>Il a donc dû se
trouver dans une sorte de semi-retraite à compter des années 2010. Il sort
d’ailleurs à cette époque de la clandestinité, devient visible dans son rôle de
professeur d’université, et son visage apparaît sur des photographies. Il
semble avoir joué un rôle discret de conseiller technique de la délégation
iranienne dans les négociations ayant abouti en juillet 2015 à la conclusion de
l’accord de Vienne renforçant les contrôles sur le programme nucléaire iranien.
Il avait été récemment décoré à ce titre par Hassan Rouhani, Président de la
République. Il a également été présenté après son décès comme ayant participé
aux recherches sur un vaccin iranien contre le Covid19.<br /><o:p> <br /></o:p><b>Pour Israël,
agir avant l’inauguration de Biden<br /></b><o:p> <br /></o:p>Mais pour
Israël, le loup ne pouvait se transformer en agneau. Pourquoi avoir choisi ce
moment pour l’abattre ? Tout simplement, parce ce que plus on attendait,
plus augmentait le risque de démarrer sur un très mauvais pied la relation
entre Israël et l’administration de Joe Biden, dont la posture à l’égard de la
politique de l’État hébreu s’annonce déjà en retrait par rapport à celle de
Trump. Un tel attentat, juste avant, ou pire encore, après l’inauguration du
nouveau Président américain aurait été vécu par lui comme un camouflet, dont
les dégâts auraient été difficiles à réparer. Il faut rappeler que les
États-Unis d’Obama, donc de Biden comme vice-président, avaient clairement
marqué leur désapprobation des assassinats de scientifiques iraniens dans les
années 2010-2012.<br /><o:p> <br /></o:p>L’administration
Trump a-t-elle été associée à l’assassinat de Fakhrizadeh ? Pas forcément.
En a-t-elle été informée au préalable ? Sans doute, mais sans avoir eu
nécessairement à prendre parti. Tout laisse à penser que les militaires
américains, les agents de la CIA et autres fonctionnaires – <i>l’État
profond</i> en somme -- sont déjà, comme toutes les administrations du
monde, en position d’attente face à des dirigeants sur le départ. Mieux vaut,
dans ces périodes, éviter les initiatives, les excès de zèle, qui pourraient ensuite
vous être reprochés par les équipes montantes.<br /><o:p> <br /></o:p><b>L’Iran tombe
dans un piège. Pourra-t-il en sortir ?<br /></b><o:p> <br /></o:p>En Iran même,
quelles ont été les réactions ? La mort de Fakhrizadeh n’a pas soulevé
l’émotion populaire qu’avait provoqué l’assassinat, au début de l’année, du
Général Qassem Soleimani par un drone américain. Mais dans les cercles du
pouvoir, le choc a été profond : en raison de la déférence que l’homme y
inspirait, et aussi pour les béances du dispositif de sécurité que l’affaire a révélé,
face à des réseaux parvenus à s’ancrer au cœur de la société iranienne.<br /><o:p> <br /></o:p>Après
l’attentat, le Président Rouhani a dit l’importance de ne pas tomber dans le
piège tendu par Israël en réagissant à contre-temps. C’est qu’il dispose d’une
fenêtre étroite pour obtenir de la nouvelle administration américaine, bien
disposée <i>a priori</i>, un allègement des sanctions frappant l’Iran. Une
formule doit être trouvée avant le mois de juin, date des prochaines élections
présidentielles iraniennes. Certes, Rouhani ne quittera pas sa fonction avant
août, mais il n’expédiera alors que les affaires courantes. Et l’on ne sait
évidemment rien aujourd’hui sur le profil de son successeur, ni sur son
comportement dans les affaires nucléaires. Tout ce dont on peut présumer, c’est
qu’il émanera des factions conservatrices.<br /><o:p> <br /></o:p>Or le Parlement,
lui aussi conservateur, sous prétexte de réagir à l’assassinat de Fakhrizadeh,
vient de compliquer sérieusement la tâche d’Hassan Rouhani. Une loi, qu’il vient
d’adopter en urgence, oblige le gouvernement à accélérer le programme nucléaire
iranien, en produisant plus d’uranium légèrement enrichi, en réactivant la
production d’uranium enrichi à 20%, en mettant en œuvre la production d’uranium
métal, en lançant la construction d’un second réacteur de recherche
fonctionnant à l’eau lourde. La loi prévoit enfin de revenir dans les deux mois
sur l’acceptation des contrôles renforcés de l’AEIA mis en place dans le cadre
de l’accord de Vienne, sauf retrait américain des sanctions contre les banques
et le pétrole. Il s’agit là d’autant de dispositions parfaitement provocatrices,
propres à susciter des soupçons sur les ambitions militaires de l’Iran. Si
elles étaient effectivement mises en œuvre, elles ruineraient toutes chances
d’accord avec Washington.<br /><o:p> <br /></o:p>Netanyahou peut
donc se frotter les mains. Rouhani va sans doute tenter de louvoyer avec la
loi, mais ceci ne pourra tenir qu’un temps si le Guide suprême ne lui apporte
pas son concours. Ali Khamenei le voudra-t-il ? Il répète à qui veut
l’entendre qu’il n’a aucune confiance dans la parole des États-Unis, et
manifeste une opposition viscérale à toute ouverture en direction de
l’Occident. La lueur d’espoir qui reste à court terme serait de voir
l’administration de Joe Biden ignorer ces provocations et faire d’emblée un
geste unilatéral en matière de levée des sanctions, en attendant d’être payé de
retour. Mais ceci serait-il acceptable par le Congrès, l’opinion publique
américaine ? Rien n’est moins sûr, tant il serait aisé de dénoncer une
démonstration de faiblesse. Rouhani parviendra-t-il à s’extraire de ce
guêpier ? Force est de conclure à ce jour sur de lourdes interrogations.
Gouverner n’est nulle part une tâche facile. Elle l’est moins que partout ailleurs
en Iran.<br /><o:p> <br /></o:p><span style="background-color: white; text-align: justify;"> </span> </span></div><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><o:p></o:p></p><p class="yiv3058689381MsoNormal" style="background-color: white; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;">
</p>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-53047852971427383902020-11-12T13:58:00.001+01:002020-11-12T14:00:01.914+01:00 BIDEN, L’IRAN, LE NUCLÉAIRE ET LES AUTRES<p style="text-align: center;"><br /></p><p align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><b><o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">En septembre
dernier, Joe Biden a pris position à l’égard de l’accord nucléaire avec l’Iran,
dit aussi JCPOA, conclu en 2015 à Vienne par les cinq membres permanents du
Conseil de sécurité et l’Allemagne, dont Trump a sorti les États-Unis en mai
2018. Il a présenté comme un échec la politique de « pression
maximale » qui a suivi. De fait, la multiplication des sanctions
américaines a infligé des coups terribles à l’économie et à la population
iraniennes, mais n’a pas ramené la République islamique à la table de
négociations, comme le calculait la Maison-Blanche. L’Iran a finement joué en
demeurant au sein du JCPOA, tout en mettant en place une série d’infractions
calculées à l’accord, sur lesquelles il s’est dit prêt à revenir si les choses
s’arrangeaient. Ces infractions, en somme modérées, l’ont néanmoins rapproché
de la capacité à se doter, s’il en prenait la décision, de l’arme nucléaire. Et
dans cette période, les cinq autres pays parties à l’accord ont plutôt été du
côté de l’Iran, mettant en lumière la solitude de Washington. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><b>Les attentes
de Joe Biden</b> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Biden a donc
manifesté l’intention de ramener les États-Unis dans le JCPOA si l’Iran en
respectait à nouveau scrupuleusement les termes. Mais il veut aussi que ce
retour ouvre une nouvelle séquence diplomatique. Il s’agirait d’abord
d’améliorer le texte avec les autres parties à l’accord en renforçant ses
dispositions protectrices à l’égard des tentations de prolifération de Téhéran.
L’Iran devrait en outre libérer les Américains injustement détenus, progresser
en matière de droits de l’Homme, et reculer dans ses « entreprises de
déstabilisation » de la région. Biden enfin souligne qu’il continuera
d’user de sanctions ciblées pour contrer les violations des droits de l’Homme,
le développement du programme balistique et « le soutien au
terrorisme ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Côté iranien, la
réponse est mesurée. Le Guide suprême ne s’est pas prononcé. Le Président
Hassan Rouhani a déclaré que les États-Unis devaient « réparer leurs
erreurs passées et revenir au respect de leurs engagements
internationaux ». Son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Djavad
Zarif, a fait savoir qu’il n’était pas question de renégocier les termes du
JCPOA. Son porte-parole a ajouté que les États-Unis devraient garantir l’Iran contre
le risque d’une nouvelle sortie de l’accord. Il faudrait alors qu’ils ratifient
le JCPOA -- mais le Congrès sera difficile à convaincre --, ou du
moins qu’ils fassent adopter par le Conseil de sécurité une résolution donnant
à l’accord une force obligatoire. Quant aux autres sujets -- droits de
l’Homme, terrorisme, programme balistique, influence régionale --, l’on
voit mal l’Iran accepter de lever la barrière qu’il a posée entre le nucléaire
et ces autres sujets sur lesquels ses interlocuteurs, en particulier le
Président Macron, ont déjà tenté de l’entraîner. De telles questions échappent
d’ailleurs à la compétence du ministère des affaires étrangères, qu’il s’agisse
du balistique et des opérations régionales, chasse gardée des <i>Pasdaran</i>,
ou des droits de l’Homme, à la merci du système judiciaire. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><b>Les autres
acteurs, aux États-Unis et ailleurs</b> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Biden va devoir aussi compter avec d’autres acteurs. D’abord l’administration finissante de
Donald Trump, en place jusqu’au 19 janvier. Celle-ci a tout récemment multiplié
les sanctions contre l’Iran et fait passer le message qu’elle pourrait
continuer jusqu’au dernier moment, avec l’idée de rendre indémêlable le dense
dispositif mis en place. À noter que les dernières vagues de sanctions ont été
pour l’essentiel lancées au nom de la lutte contre le terrorisme ou la
violation des droits de l’Homme. Or, la mise en œuvre du JCPOA n’avait entraîné
que la levée – partielle -- des sanctions liées au nucléaire. Même si
ces sanctions nucléaires, rétablies par Trump, sont bien levées à nouveau par
Biden, toutes les autres sanctions, touchant à des domaines vitaux comme le
pétrole ou les banques, resteront en place, neutralisant le bénéfice attendu du
retour des États-Unis dans l’accord de Vienne. Biden aura certes la capacité de
revenir aussi sur ces autres sanctions, du moins pour celles dont la levée
n’obligerait pas à solliciter l’accord du Congrès, mais il sait également que
tout mouvement en ce sens serait aussitôt dénoncé par son opposition comme une démission
en matière de lutte contre le terrorisme ou de défense des droits de l’Homme. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Ajoutons que le
service du Trésor chargé de l’élaboration et de l’application des sanctions, le
redoutable OFAC (<i>Office of Foreign Assets control</i>), est peuplé à tous
les étages de « faucons » ayant mis tous leurs talents de juristes au
service de la lutte contre l’Iran. Ce sont eux qui ont déjà saboté la mise en œuvre
du JCPOA durant la brève période allant de son adoption au départ d’Obama, en
interprétant <i>a minima</i> les obligations des États-Unis<i>. </i>Joe Biden
ne pourra donc pas faire l’économie d’une reprise en main de cette
administration. Et il devra persuader ses équipes qu’il ne suffit pas d’abroger
des textes pour effacer les dommages provoqués par une politique. Il y faut
aussi une volonté active de relance et de coopération.</span><span style="font-size: large;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Et puis, Biden devra
également compter avec les réactions d’Israël et des pays de la Péninsule
arabique, à commencer par l’Arabie saoudite. Il pourra peut-être passer par
pertes et profits le froid qui s’installera dans la relation avec le royaume
wahhabite, sachant que ce pays a, de toutes façons, trop besoin de l’Amérique.
Il se prépare d’ailleurs à lui faire avaler une pilule autrement amère : la
fin du soutien de Washington à la «désastreuse guerre au Yémen ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Avec Israël, l’entreprise
sera plus difficile, en raison des liens qui unissent l’État hébreu avec de
larges segments de l’électorat américain. Avant d’agir il faudra s’expliquer et
tenter de convaincre. Les interlocuteurs de la nouvelle Administration, s’ils
ne peuvent bloquer le changement de ligne, monnayeront au plus haut leur
abstention. Et déjà circule en Israël l’idée qu’il faudra peut-être en venir à intervenir
seul contre l’Iran. Est-ce crédible ? Cette menace avait déjà été agitée
entre 2010 et 2012, mais l’état-major s’était fermement opposé à ces projets en
raison de l’incertitude des résultats. Il devrait en être de même aujourd’hui. D’ailleurs,
alors que circule aussi aux États-Unis l’idée que Trump pourrait, avant de
partir, frapper l’Iran pour créer une situation irréversible, tout laisse à
penser que l’État-major américain marquerait son refus. Il l’avait déjà fait aux
derniers temps de l’administration de George W. Bush lorsque cette
hypothèse avait été un moment caressée. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><b>L’échéance des
présidentielles iraniennes</b> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Comment, pour Joe
Biden, composer avec tous ces éléments ? Il en est un avec lequel il devra
au premier chef compter. Des élections présidentielles se tiendront en Iran en
juin prochain. À ce jour, tout va dans le sens de la victoire d’un conservateur,
voire d’un radical parmi les conservateurs, tant ceux-ci ont verrouillé la vie
politique en tirant profit de la déception de la population a l’égard du JCPOA.
Le Président Rouhani s’en est trouvé discrédité, et avec lui, l’ensemble des
réformateurs et modérés. Cela s’est vu aux élections législatives de février
dernier, qui ont amené une majorité écrasante de conservateurs au parlement. Or
les États-Unis, comme l’Europe, ont tout intérêt à ce que réformateurs et
modérés, quels que soient leurs graves insuffisances, continuent de compter
dans la vie politique iranienne. Eux seuls en effet souhaitent une relation,
sinon amicale, du moins apaisée avec l’Occident. D’où l’intérêt de préserver
l’avenir, en offrant à Rouhani -- qui ne pourra se représenter après deux mandats --
et à ses amis, une ultime occasion de se refaire une santé politique. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Il
faudrait pour cela poser les bases d’une relance bénéfique à la population
durant le bref intervalle<i> </i>de quatre mois allant de l’investiture de Joe Biden à
la campagne présidentielle iranienne. Il ne sera pas possible en si peu de temps
de mener à terme le plein retour des États-Unis dans le JCPOA et d’effacer les
effets ravageurs des sanctions de Donald Trump. Mais il devrait être possible,
d’abord de libérer toutes les capacités d’aide humanitaire dont l’Iran a besoin
en urgence dans la grave crise sanitaire provoquée par le coronavirus. Ensuite
d’accorder sans attendre un montant significatif d’exemptions, ou <i>waivers</i>,
aux sanctions sur le pétrole et aux transactions financières internationales,
en échange de gestes iraniens également significatifs sur la voie d’un retour
au strict respect de ses obligations découlant du JCPOA. Ces mesures partielles
mais pragmatiques permettraient d’éclairer l’avenir et de faciliter la suite. </span><o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><i>Article paru le 12 novembre 2020 sur le site </i></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://www.boulevard-exterieur.com/" style="background-color: #f0f0f0; color: #27aae1; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 14.0014px; text-decoration-line: none;"><img alt="Boulevard Extérieur" height="105" src="https://www.boulevard-exterieur.com/skel/img/logo.png" style="border: 0px; height: auto; max-width: 100%; vertical-align: middle;" width="555" /></a></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-59471227792465052652020-06-18T13:17:00.000+02:002020-06-18T13:19:17.446+02:00L’Iran, le nucléaire, et les autres : l’Accord de Vienne dans la tourmente<i>(publié le 17 juin 2020 par le site Orient XXI)</i><br />
<br />
Depuis deux ans, depuis la sortie des États-Unis de l’Accord
nucléaire de Vienne, dit aussi JCPOA, l’Administration américaine guette les
signes d’un effondrement de l’économie iranienne, prélude à la mise à genoux de
la République islamique. Les plus acharnés y croient encore, persuadés que le
garrot des sanctions progressivement resserré sur les personnes, les
institutions et les entreprises produirait les effets d’un blocus. Il les a
produits en effet, mais sans atteindre le but ultime recherché. Certes, l’Iran
n’exporte pratiquement plus de pétrole, mais la part des hydrocarbures dans son
produit intérieur brut a régulièrement diminué sur longue période, n’atteignant
aujourd’hui que 15%. L’économie a donc d’autres ressorts, d’autres ressources,
et dispose de la masse critique d’une population de 80 millions d’habitants. Certes,
cette population souffre. Récemment, le pays a connu à deux reprises des
manifestations violentes, mais celles-ci n’ont jamais vu la jonction décisive
des classes populaires et des classes moyennes, aucun leader charismatique n’y
a émergé, elles ont pu être matées sans états d’âme par le Régime.<br />
<br />
<b>La fureur des États-Unis contre l’Accord de Vienne</b><br />
<br />
La frustration de Trump et de ses partisans tourne donc à
l’exaspération. Sachant qu’il serait suicidaire d’aller à la guerre à la veille
de l’élection présidentielle, ils s’en prennent à présent à l’Accord de Vienne
lui-même, avec l’idée de le réduire en miettes. Peu importe les conséquences.
On aurait cru l’Accord protégé par la volonté des six participants restants,
Iran compris, de continuer à l’appliquer, protégé aussi par son adossement à
une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies en approuvant tous les
termes. Cette résolution présentée par les États-Unis eux-mêmes, a été parrainée
et adoptée le 20 juillet 2015 par les quinze membres du Conseil dans la foulée
de la conclusion de l’Accord. Mais cette construction était fragile. D’abord
parce que le JCPOA lui-même était rédigé, à la demande des Américains, comme
une simple déclaration commune d’intentions. Un accord en bonne et due forme
aurait dû être ratifié par le Congrès, où l’Administration d’Obama ne détenait
pas de majorité. Ensuite, parce que la résolution du Conseil de sécurité était
tournée, là encore à la demande des Américains, de façon à ne rendre en aucune
façon obligatoire, au sens de la Charte des Nations unies, la mise en œuvre de
l’Accord par les participants et par tous les États-membres de l’ONU. C’est
ainsi que Trump a pu s’en extraire par une simple décision.<br />
<br />
Ceci fait, le JCPOA a néanmoins continué sa route, clopin-clopant,
avec l’allure d’une bête blessée, reproche vivant à ceux qui l’avaient quitté. Les
Iraniens ont d’abord veillé à en respecter scrupuleusement les termes, ce qu’ont
attesté les rapports trimestriels des inspecteurs de l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA). Et ceci malgré l’incapacité des Européens, des
Russes et des Chinois à les récompenser par des échanges commerciaux réguliers.
L’action dissuasive des sanctions américaines, l’empire du dollar sur les
règlements en devises, ont en effet découragé les entreprises susceptibles de
travailler avec l’Iran.<br />
<br />
<b>Les choix transgressifs de l’Iran</b><br />
<br />
Déjà en mai 2019, un an après sa sortie de l’Accord,
l’Administration américaine, ne voyant aucun fléchissement du côté de Téhéran,
portait un premier coup à l’architecture de l’Accord de Vienne. Elle met fin alors
aux dérogations qui permettaient à l’Iran d’exporter ses productions d’uranium
légèrement enrichi et d’eau lourde lorsque les stocks accumulés dépassaient les
limites posées par l’Accord. Ces plafonds avaient été mis en place pour empêcher
l’Iran de constituer des provisions importantes de deux matières pouvant
contribuer à la production de l’arme nucléaire. Dès lors, l’Iran n’a d’autre
choix, pour respecter le plafond de 300 kilogrammes d’uranium légèrement
enrichi, en vérité le plus critique en termes de prolifération, que d’arrêter
tout ou partie de ses centrifugeuses, ou encore de rediluer son uranium
légèrement enrichi au fur et à mesure de sa production. Mais il choisit une
troisième voie, transgressive celle-là, en s’affranchissant de ce plafond, et
donc en accumulant progressivement un stock d’uranium enrichi qui à ce jour, au
bout d’un an, a été multiplié par huit. L’Iran précise toutefois qu’il n’a pas
l’intention de sortir de l’Accord de Vienne et qu’il reviendra à une stricte
application de l’accord dès que les autres parties lui permettront d’en tirer
les bénéfices attendus. Et pour faire pression sur ses partenaires, toujours
impuissants à contrer les menées de Washington, il donne de deux mois en deux
mois de nouveaux coups de canif au JCPOA : franchissement du taux
d’enrichissement maximal de l’uranium autorisé par l’Accord, qui passe de 3,67%
à 4,5%, reprise des activités de recherche et de développement pour la mise au
point de centrifugeuses plus performantes, relance de l’enrichissement sur le
site souterrain de Fordo, que l’Accord de Vienne avait mis en sommeil. Le JCPOA
semble alors à l’agonie.<br />
<br />
<b>Une entourloupe à l’horizon</b><br />
<br />
Mais en avril dernier, le Secrétaire d’État Mike Pompeo
redonne du grain à moudre aux soutiens de l’Accord par une nouvelle
provocation. Il déclare en effet vouloir absolument empêcher que soit prochainement
levé l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran instauré par le Conseil de
sécurité antérieurement à la conclusion du JCPOA, et que le Conseil s’était
engagé par sa résolution de juillet 2015 à abolir en octobre 2020. Il annonce
donc que les États-Unis vont prochainement présenter au Conseil un projet de
résolution visant à prolonger indéfiniment ces sanctions. Il annonce surtout
qu’au cas où cette résolution serait rejetée -- hypothèse fort probable en
raison notamment du soutien à l’Iran de la Russie et de la Chine, détentrices du
droit de veto --, il n’hésiterait pas à faire jouer la clause dite de <i>snap-back,
</i>contenue dans la résolution de juillet 2015<i>, </i>permettant à tout
participant au JCPOA de rétablir par son seul vote tout ou partie des sanctions
de l’ONU précédemment infligées à l’Iran.<br />
<br />
Le raisonnement fait alors scandale. Il s’appuie en effet
sur une entourloupe juridique, la résolution de juillet 2015 ne précisant pas
expressément qu’un pays désigné comme « participant » au JCPOA, en
l’occurrence les États-Unis, cesserait de l’être au moment où il se retirerait
de l’Accord. La manœuvre paraît indigne d’un pays sérieux. Pourrait-elle
néanmoins réussir ? Assistera-t-on à une révolte de tout ou partie des membres
du Conseil de sécurité ? L’on en saura plus dans les semaines ou les mois
à venir.<br />
<br />
<b>Haro sur les coopérations nucléaires avec l’Iran</b><br />
<br />
Mais en attendant, Mike Pompeo, décidément acharné à poursuivre
la destruction du JCPOA, remet fin mai le couvert. Il annonce que les
États-Unis vont mettre bientôt fin aux dérogations, ou <i>waivers, </i>qui
protégeaient des sanctions américaines la coopération instaurée par l’Accord
entre l’Iran et ses partenaires pour réorienter certains projets nucléaires
iraniens posant de sérieux risques de détournement à des fins militaires. C’est
ainsi que l’Iran avait commencé à bénéficier d’une aide pour modifier les plans
d’un réacteur de recherche en cours de construction près de la ville d’Arak de
façon à réduire drastiquement sa production de plutonium. Or le plutonium offre
la deuxième voie d’accès à la bombe aux côtés de l’enrichissement de l’uranium.
Pompeo annonce aussi que les États-Unis empêcheront de fournir à l’Iran le
combustible à base d’uranium enrichi à 20% nécessaire au fonctionnement du
petit réacteur de recherche de Téhéran, vendu dans les années 1960 à l’Iran par
les Américains eux-mêmes. À noter que Mike Pompeo n’a pas évoqué dans sa
déclaration les quelque mille centrifugeuses du site enterré de Fordo qui
devaient être réaffectées à d’innocentes activités de recherche et de
production d’isotopes médicaux, la coopération internationale en cette affaire
ayant été interrompue par la décision iranienne d’utiliser à nouveau ces
centrifugeuses pour la production d’uranium enrichi.<br />
<br />
La décision américaine apparaît ainsi à tout le monde comme
une sorte de « pousse-au-crime », et du côté iranien, renaissent les
déclarations évoquant la possibilité de sortir définitivement du JCPOA, ou même
du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Il est clair en tous cas dès à
présent que l’Iran ne laissera pas passer une nouvelle humiliation au Conseil
de sécurité sans une réaction de première grandeur. Et l’une des réactions
possibles à cette nouvelle vague de punitions pourrait être de reprendre sur
son sol l’enrichissement d’uranium à 20%, auquel avait mis fin l’Accord de
Vienne. L’on se rapprocherait alors dangereusement des hauts enrichissements à
visée militaire.<br />
<br />
<b>Les timidités de l’Europe</b><br />
<br />
Comment ont réagi à ces attaques américaines les autres
partenaires du JCPOA ? Les Russes ont été jusqu’à présent les plus clairs
pour condamner les derniers projets américains. Les Chinois, empêtrés dans bien
d’autres querelles avec les États-Unis, sont restés plus discrets, mais ne
manqueront pas le moment venu d’agir comme les Russes. Quant aux Européens, ils
n’ont pas encore officiellement indiqué comment ils réagiraient au cas où les
Américains pousseraient leurs projets au Conseil de sécurité. Peut-être
comptent-ils sur les Russes et les Chinois pour les bloquer. À ce jour, seul
Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne, a marqué
publiquement sa désapprobation de la mise en œuvre de la procédure de <i>snap-back
</i>par les États-Unis. En ce qui concerne le retour des sanctions contre les
activités nucléaires iraniennes bénéficiant d’une coopération internationale, les
trois Européens participant au JCPOA – Allemand, Britannique et
Français -- ont inauguré la formule d’une déclaration commune « regrettant
profondément »’la décision américaine, déclaration émise toutefois, non
par les ministres avec le Haut représentant de l’Union européenne, mais par les
porte-parole de leurs administrations respectives. Façon de se défausser sur
des fonctionnaires subordonnés de la responsabilité de de mettre en cause les
États-Unis.<br />
<br />
Ceci augure mal de la volonté européenne de poursuivre
malgré les sanctions américaines une coopération fort utile pour la
non-prolifération. Elle pourrait pourtant continuer, au moins en mode dégradé,
dans la mesure où elle est sans doute portée par une majorité d’entreprises de
service public, peut-être mieux à même de résister aux sanctions, dans la
mesure aussi où un certain nombre d’activités de coopération pourrait ne pas se
traduire en flux financiers, cible principale des sanctions, mais en soutiens
pratique et intellectuel. Osera-t-on ainsi finasser ? Rien n’est moins
sûr.<br />
<br />
<b>Encore au moins cinq mois de crise</b><br />
<br />
Et puis, la suite dépend aussi du comportement de l’Iran.
Celui-ci est en ce moment en délicatesse avec l’AIEA, car lui refusant l’accès à
deux sites non déclarés, suspectés d’avoir abrité des activités ou des
équipements nucléaires clandestins, et refusant aussi de s’expliquer sur la
découverte en un autre site par les inspecteurs de l’Agence de particules
d’uranium d’un type introuvable dans la nature, donc témoignant d’une activité
humaine. Si le conflit ne se résout pas, l’affaire pourrait en principe
atterrir sur la table du Conseil de sécurité, ce qui ne serait pas dans
l’intérêt de l’Iran.<br />
<br />
Tout laisse donc augurer dans les mois à venir de relations
chahutées en matière nucléaire entre l’Iran et les États-Unis, mais aussi entre
l’Iran et ses partenaires du JCPOA, enfin entre ces derniers et les États-Unis.
Sans oublier l’AIEA, vouée à naviguer dans une mer semée d’écueils. À ceci
s’ajoutent les tensions politiques dans le Golfe persique, et les tensions encore
plus graves parcourant le Proche-Orient. Israël, mais aussi l’Arabie saoudite, restent
en embuscade pour favoriser tout ce qui pourrait déstabiliser l’Iran. C’est donc
un chemin chaotique que la diplomatie internationale va devoir parcourir jusqu’à
l’élection présidentielle américaine, dont il faut espérer qu’elle débouchera
sur de plus souriantes perspectives.<br />
<b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-17879012223002543842020-04-07T16:40:00.000+02:002020-04-07T16:40:46.147+02:00INTERVENTION SUR LA CRISE NUCLEAIRE IRANIENNE A LA FONDATION RES PUBLICA<div class="z_col0_td_inner z_td_colonne">
<a href="https://www.fondation-res-publica.org/" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; clear: left; color: black; float: left; font-size: 34px; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; orphans: 2; text-align: left; text-indent: 0px; text-transform: uppercase; transition: 0.2s linear; white-space: normal; word-spacing: 0px;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></a></div>
<div id="main">
<table cellspacing="0" id="main_table_inner"><tbody>
<tr class="tr_median"><td class="z_col1_td_inner z_td_colonne main-colonne"><div class="cel1" style="text-align: center;">
<b> </b><span style="font-size: large;"><b> Colloque "Iran, Etats-Unis, où la crise au Moyen-Orient nous conduit-elle?"</b> </span></div>
<h2 class="cel1" style="height: auto;">
mercredi 5 février 2020</h2>
<div class="cel1" style="height: auto;">
<b><span style="font-family: Verdana, sans-serif;">François Nicoullaud</span></b></div>
<div class="cel1" style="height: auto;">
<b><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></b></div>
<div class="cel1" style="height: auto;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="-webkit-text-stroke-width: 0px; background-color: white; color: #333333; display: inline !important; float: none; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 22px; orphans: 2; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;">Comment se fait-il que les États-Unis aient laissé s’installer en Irak des gouvernements issus de partis chiites proches de l’Iran ?</span> me demandiez-vous. La réponse est très claire : les Américains ont introduit en Irak un virus extrêmement dangereux qui s’appelle la démocratie. À partir du moment où la Constitution du pays appliquait des principes démocratiques, la loi de la majorité, qui est chiite, jouait. Parmi ces chiites, le parti Dawa et le Conseil suprême de la révolution irakienne étaient également très proches de l’Iran. Les États-Unis ont dû très vite s’incliner devant cette influence iranienne. Ils ont essayé de composer, de négocier la nomination de gens qui ne leur soient pas trop opposés mais ils ont, à vrai dire, à moitié réussi. En fait, tout ceci relève du désastre de l’intervention en Irak. Avec beaucoup de clairvoyance, le Président Chirac avait dit à G. W. Bush avant l’intervention : « Vous allez au désastre, vous allez introduire en Irak le pouvoir des chiites. » C’est bien ce qui s’est passé. </span></div>
<div class="entry-content instapaper_body" style="height: auto;">
<div class="para_36140361 resize" id="para_1">
<div class="texte">
<div class="access firstletter">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Le Moyen-Orient est à l’heure actuelle dans une situation hautement volatile, comme en témoignent toute une série d’incidents récents. Sans atteindre le niveau dramatique des épisodes de la guerre Irak-Iran, ou de la première et deuxième interventions d’une coalition en Irak, la situation est lourde de dangers. Tout le monde a le sentiment que les pays de la région négocient ou s’affrontent au bord du gouffre. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Au cœur de tout cela, l’Iran, apparaît comme une menace pour son environnement. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il est une menace pour les pays du Golfe persique et quelques autres, pour l’essentiel par son poids spécifique : ses 80 millions d’habitants en font un géant même face à l’Arabie saoudite, à plus forte raison face aux différents Émirats. Il est aussi une menace en raison de l’idéologie de la Révolution islamique : on parle du « Guide suprême de la Révolution <span style="font-style: italic;">islamique</span> », non du « Guide suprême de la révolution <span style="font-style: italic;">iranienne</span> », ce qui signifie que la révolution iranienne a vocation à s’étendre à l’ensemble du monde musulman. Il s’agit de se débarrasser des régimes impies et des mauvais musulmans de la même façon qu’à l’époque de la Révolution française on voulait se débarrasser des tyrans. Les révolutionnaires iraniens, se considérant comme les meilleurs musulmans, ont voulu imposer à l’ensemble du monde musulman leur vision de l’islam et d’une société islamique commandée par les docteurs de la foi, ce qui était évidemment tout à fait inacceptable pour leur environnement. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">L’Iran est aussi une menace pour Israël. Dès les débuts de la Révolution islamique, Khomeini a pris position très clairement pour la destruction de l’État d’Israël. S’agissait-il d’aller le détruire ou de prédire qu’un jour il disparaîtrait ? Les exégètes s’affrontent. En fait cela n’a jamais traversé l’esprit des Iraniens de déclencher une guerre contre Israël même si, pendant la guerre Irak-Iran, Khomeini avait déclaré que la conquête de Kerbala, lieu saint d’Irak, « ouvrait la voie vers Jérusalem ». Il n’est ensuite jamais revenu là-dessus. Mais on comprend qu’Israël perçoive cela comme une menace existentielle. Comme toujours, par un phénomène de retournement, les dirigeants israéliens ont utilisé cette menace pour mobiliser la solidarité de l’Occident, des États-Unis. Ils ont assez habilement retourné, instrumentalisé cette menace. Côté iranien, cette posture – plus Palestinien que moi tu meurs ! – leur permettait d’apparaître comme les meilleurs musulmans du monde et de démontrer que les pays arabes de la région ne faisaient pas vraiment leur devoir. Au-delà même de l’islam, les Palestiniens représentaient aussi tous les opprimés du monde. Cette conjonction d’un islam conquérant et d’une vision tiers-mondiste caractérise précisément l’islam politique iranien. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La menace iranienne contre les pays de la région, les pays arabes, Israël, a été amplifiée par l’effet multiplicateur du programme nucléaire iranien. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">En effet, sans programme nucléaire iranien, ces menaces seraient probablement assez gérables, on pourrait s’en accommoder, on pourrait travailler dessus. Mais le programme nucléaire introduit une nouvelle dimension et élargit la menace au-delà des pays de la région car si le régime iranien ne menace pas l’Occident dans son intégrité, il menace la position dominante des puissances occidentales en matière de technologies nucléaires. En laissant entendre qu’il veut devenir une puissance nucléaire (purement civile ou aussi militaire, là est l’incertitude), l’Iran veut clairement prendre une revanche sur l’histoire. C’est une question de statut, c’était vrai du temps du Shah, c’est encore plus vrai du temps de la Révolution islamique. L’Iran ne veut pas se laisser enfermer dans le sort d’un pays pétrolier qu’on exploite, qui gaspille ses richesses et qui, au bout de quelques générations, se retrouve aussi pauvre qu’avant. Considérant son histoire, sa civilisation, l’Iran veut jouer dans la cour des grands. À cette fin, le nucléaire est évidemment un élément symbolique extrêmement fort. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Quel genre de nucléaire ? </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Sur cette question, l’Iran a été ambigu. Il a certainement voulu avoir la bombe puis a réalisé à un certain moment que cela allait lui créer plus de problèmes que cela n’en résoudrait. Il a assez vite compris qu’un Iran nucléaire militaire était inacceptable pour les États-Unis, pour Israël, et que ces pays n’hésiteraient pas à faire tout ce qu’il faudrait pour l’empêcher d’avoir la bombe. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">En revanche, l’Iran de la Révolution islamique, parcourant d’ailleurs le même raisonnement que le Shah, s’est dit qu’il avait tout intérêt à devenir un « pays du seuil » en acquérant par les voies du nucléaire civil, par le développement d’un parc industriel nucléaire, toutes les technologies qui permettent en cas de besoin d’accéder à la bombe. L’idée d’être un « pays du seuil », capable, si nécessaire, de produire une bombe en deux ou trois ans grâce aux technologies acquises, est à peu près suffisante pour traiter toute menace stratégique, du type « fils de Saddam », qui apparaîtrait dans la région. Être un « pays du seuil » paraît être le bon compromis qui permet d’avancer le plus loin possible sans franchir le seuil fatidique qui entraînerait une réplique insupportable pour la survie de l’Iran et surtout la survie du régime. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Cette « dissuasion » qui se fait sur cette limite du seuil se combine avec une dissuasion balistique. Les Américains, les Français, et d’autres, considèrent à juste titre que le balistique va avec le nucléaire. Dans le cas de l’Iran, il est certain que le développement d’un parc balistique important, même simplement équipé de têtes conventionnelles, est un élément dissuasif tout à fait significatif. L’Iran a d’ailleurs fait ce choix parce qu’il n’avait plus la possibilité d’acheter du matériel de guerre à l’extérieur, sinon auprès de la Chine ou de l’Union soviétique puis de la Russie dont il considérait les matériels comme plutôt médiocres. Ne pouvant développer une force aérienne à l’image de celle que détiennent ses voisins, il a décidé de tout miser sur le balistique. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il ne s’agit pas d’un balistique de première frappe. Si les Iraniens se risquaient à frapper Israël, ils lui infligeraient sans doute des destructions sensibles mais la riposte serait évidemment désastreuse pour l’Iran. En revanche, les Israéliens comprennent bien que s’ils frappent en premier, même s’ils font des dégâts considérables, la riposte iranienne fera très mal et cela les amène certainement à y réfléchir à deux fois avant d’intervenir sur le sol iranien. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Cette dissuasion entre même dans le jeu à l’égard des États-Unis. On vient de le voir dans l’épisode qui a suivi l’exécution de Qassem Soleimani, avec cette frappe iranienne extrêmement bien calibrée, efficace : les missiles ont touché un espace assez restreint. Heureusement, les Iraniens avaient prévenu les Américains qu’ils allaient frapper, donc tout le monde était aux abris. Tout cela était bien calculé. Mais la signification du geste, la démonstration de la capacité iranienne a évidemment impressionné les Américains. Donc l’escalade s’est arrêtée là. On peut considérer que, à part l’épisode tragique de l’avion ukrainien abattu par erreur par la défense anti-aérienne iranienne, c’était plutôt un succès. Les Américains ont compris que la menace pouvait viser l’ensemble de leurs bases au Moyen-Orient, ainsi que les bases de leurs alliés, qui se trouvaient fragilisées même si elles sont en partie équipées de missiles anti-missiles (Patriot), ce qui n’était pas le cas de la base américaine touchée en Irak. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il se crée donc avec les pays de la région un équilibre de type dissuasif, même s’il ne répond pas à la définition classique de la dissuasion nucléaire où il faut vraiment détenir l’arme pour obtenir une dissuasion maximale. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Face à cela, comment les États-Unis se positionnent-ils ? </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Donald Trump, dans cette affaire, est pris dans une série de contradictions qui reflètent les contradictions mêmes de son électorat. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Dans la définition de sa politique à l’égard de l’Iran, il doit tenir compte d’abord de la détestation de la grande majorité des Américains à l’égard de l’Iran. L’Iran est très peu populaire aux États-Unis pour des raisons qu’on connaît bien et qui se comprennent. Les Iraniens ont infligé aux États-Unis des humiliations cuisantes. La prise en otages de 52 diplomates en dépit de toutes les lois internationales, geste véritablement transgressif, a été une humiliation profonde pour les Américains. Tout comme la frappe de militants de ce qui allait devenir ensuite le Hezbollah au Liban qui a tué 250 <span style="font-style: italic;">Marines</span> américains (et d’ailleurs, le même jour, une cinquantaine de parachutistes français). Ce sont quand même des souvenirs terribles qui, dans l’esprit des Américains, se situent un peu au niveau de Pearl Harbor ou du départ du Vietnam. Ils sont profondément ancrés dans la mémoire de l’électorat américain. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">En même temps, cet électorat ne veut pas de guerres lointaines, Donald Trump l’a très bien compris, il est lassé des « guerres sales » dans des pays dont on ne sait pas très bien où ils se trouvent sur la carte mais dont on perçoit la réalité au fur et à mesure que rentrent aux États-Unis les <span style="font-style: italic;">body bags</span>, les corps des militaires tombés dans ces opérations obscures, interminables, extrêmement coûteuses. D’autre part, au fur et à mesure que Donald Trump se rapproche de l’élection, il se doit de ne pas apparaître comme faible. Un Président qui souhaite se faire réélire doit veiller à ne pas se montrer comme cédant à la pression extérieure. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Donald Trump, pour arriver à concilier tout cela, finit par adopter une ligne étroite, une ligne de crête, ce sont les fameuses sanctions. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Sanctions qui, il faut le rappeler, avaient déjà été appliquées – et durement appliquées – par Barack Obama. Car même si Barack Obama voulait négocier avec l’Iran, il voulait le faire en position de force. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Malheureusement, il n’a pu négocier que pressé par le temps à la fin de son mandat. Idéalement, dans une vision un peu cynique des choses, il aurait dû attendre avant d’offrir de négocier et de faire des concessions à l’Iran. Mais Barack Obama voulait obtenir un succès diplomatique majeur qu’il puisse afficher face à l’histoire. Et donc – c’est l’analyse des néoconservateurs américains – il a négocié trop tôt. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Donald Trump revient sur tout cela et décide de bien s’assurer qu’il met l’Iran à genoux avant de lui tendre la main pour une négociation. La difficulté, c’est que Donald Trump ne sait pas très bien sur quoi sa politique va déboucher. En homme de « <span style="font-style: italic;">deal</span> », en <span style="font-style: italic;">businessman</span>, il serait assez content de parvenir à un accord. Mais une autre contrainte s’ajoute à celles déjà énoncées : il faut qu’il obtienne un accord qui soit meilleur que celui de Barack Obama ! En effet, pendant toute sa campagne électorale, il a répété que c’était le pire des accords jamais signés par les États-Unis. Donc il le dénonce, par haine de Barack Obama, par volonté de détruire son héritage politique. Mais une fois qu’il l’a détruit, sur quoi reconstruire ? Il sera très compliqué d’obtenir plus que ce que Barack Obama avait obtenu lui-même. Car Barack Obama avait fait une concession majeure pour obtenir cet accord en renonçant à ce qui avait été le « mantra » de la négociation du côté occidental pendant dix ans – mais il est vrai sans succès – à savoir que l’Iran devait renoncer totalement à son programme d’enrichissement par centrifugation, cette technologie qui est la meilleure et la pire des choses, qui alimente en combustible des centrales nucléaires tout à fait pacifiques mais peut servir à fabriquer des bombes. Pour les Iraniens, c’était inacceptable pour toutes les raisons qui ont été évoquées. Barack Obama a donc décidé de renoncer à cette revendication et d’accepter que l’Iran conserve un programme de centrifugation soigneusement encadré, rigoureusement inspecté. C’était le <span style="font-style: italic;">deal</span>. Faire mieux que cela, obtenir que l’Iran abandonne des parts essentielles de son programme nucléaire, obtenir qu’il bride, voire supprime son programme balistique est une vision tout à fait irréaliste. On est donc dans une situation bloquée, d’autant plus bloquée que l’on va vers une campagne électorale dans laquelle Donald Trump ne peut pas apparaître comme faisant des concessions. Il doit obtenir une victoire éclatante sur l’Iran mais il y a peu de chances que l’Iran cède même si ce pays souffre. Les Iraniens sont habitués à souffrir. S’ils se révoltent, le régime tire sur la foule sans aucun état d’âme. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Et malheureusement pour les néoconservateurs américains, les conditions ne sont pas réunies pour une nouvelle révolution qui ferait tomber le régime islamique. Cela pour trois raisons : </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La première c’est qu’il manque à ce jour l’alliance, nécessaire à toute révolution, des classes populaires et des classes moyennes. Cette alliance existait en 1979. Tous les soulèvements qui ont eu lieu ensuite étaient le fait, soit des unes, soit des autres, mais ces deux mondes ne se sont plus jamais rencontrés. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La seconde, c’est qu’il n’y a jamais eu depuis 1979 de leader charismatique qui puisse animer un mouvement de contestation du régime. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La troisième, c’est qu’il faut aussi, pour qu’une révolution réussisse, que le régime en place perde un peu le moral. Le Shah, par exemple, avait vraiment perdu le moral. S’il avait fait tirer sur la foule aussi férocement que l’a fait la République islamique, il n’y aurait probablement pas eu de révolution. Mais il a préféré s’effacer. Ces trois éléments ont conduit au succès de la Révolution islamique et n’ont plus été réunis depuis. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Que va-t-il se passer ? </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Prédire l’avenir est toujours un peu risqué pour les analystes. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Si Donald Trump gagne les élections, il va retrouver la liberté de manœuvre qu’a un Président des États-Unis dans son second mandat, quand il n’a plus à se soucier de sa réélection et peut donc s’autoriser des gestes, des ouvertures, qu’il ne pouvait pas envisager dans un premier mandat. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec Barack Obama dans cette affaire. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Si Donald Trump n’est pas réélu, on verra arriver de nouvelles équipes qui essaieront de renouer avec l’Iran. Mais ce ne sera pas très facile car les dirigeants devront toujours tenir compte de leur opinion, et aussi de la pression considérable qu’exerce Israël sur la vie politique américaine. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Les espoirs d’une sortie prochaine de crise sont donc ténus. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Quant aux Européens… il n’y a pas grand-chose à en dire. Ma conclusion sera brève, malheureusement. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Au niveau politique, la volonté est là, plutôt sympathique. Nous voudrions aider l’Iran mais nous sommes entravés par les sanctions américaines car aucune société européenne ne peut prendre le risque d’aller travailler en Iran. Les propos allants que nous tenons ne débouchent donc sur rien. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il y a eu des tentatives intéressantes de notre Président pour essayer d’obtenir des petits pas des deux côtés afin, du moins, de faire baisser la tension, d’éviter un phénomène de surfusion politique, stratégique, qui aurait pu basculer dans un affrontement guerrier. Il n’a pas tout à fait réussi. Il n’a pas non plus tout à fait échoué puisqu’il n’y a pas de guerre en ce moment. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">C’est difficile à accepter, mais il y a des moments dans l’histoire où il n’y a pas, à un instant T, de solution convenable aux problèmes qui se posent. Il faut attendre que surviennent des opportunités, des ouvertures. Il faut attendre des jours meilleurs, tout en continuant à travailler, à réfléchir, à dialoguer. Je pense que c’est ce qu’essaient de faire un certain nombre de diplomaties européennes, malheureusement trop modestement et privées de leviers d’action. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Merci beaucoup. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><b>Jean-Pierre Chevènement</b> </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Merci, Monsieur l’ambassadeur. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">J’ai envie de vous poser une question au sujet de la nature du régime iranien. C’est un régime religieux, je n’apprends rien à personne. Mais il faut s’accommoder de régimes assez différents à la surface de la terre, en application du principe dit de non-ingérence. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Jusqu’où ce régime religieux est-il tolérable ? En principe nous devons respecter le fait que l’Iran est ce qu’il est. Il s’agit d’un régime de type millénariste : on percevait dans l’idéologie de Rouhollah Khomeini une vision quelque peu apocalyptique. Il me semble nécessaire de mieux comprendre la nature idéologique exacte, le <span style="font-style: italic;">Velayat-e faqih</span>, la dictature des juristes. Ce régime, en effet, obéit à une certaine logique. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Il faut bien reconnaître que le terrorisme vient plutôt du côté sunnite que du côté chiite. Bien sûr il y a eu les attentats que vous avez rappelés, mais le djihadisme à grande échelle est plutôt d’origine sunnite, qu’il s’agisse d’Al-Qaida ou de Daech. J’entends bien le discours de M. Cousseran sur le fait qu’il y a toute une organisation (Al-Qods, Moudjahidines, milices, bassidjis, etc.). Il faut essayer de gérer cela. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Le Président Obama avait fini par trouver une solution vivable. Toute révolution décrit un orbe et on peut donc penser qu’il arrive un moment où une attitude de contention, de <span style="font-style: italic;">containment</span>, est ce qu’il y a de plus raisonnable. On pensait y être arrivé. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Là on est dans une situation où il n’y a plus de solution. On ne voit pas comment cela peut évoluer. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Vous avez dessiné deux perspectives optimistes. En cas de victoire de Donald Trump, la possibilité d’une ouverture. Dans l’autre hypothèse, une victoire des démocrates – qu’on ne voit pas poindre à l’horizon –, ce serait difficile, en tout état de cause, pour les raisons que vous avez dites et qui sont puissantes. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Si cette région est à l’évidence un foyer d’instabilité très grave pour le monde entier, elle l’est particulièrement pour nous Européens qui en sommes les voisins et où nous sommes profondément impliqués. Comment les Européens n’ont-ils pas été capables de développer ouvertement, à l’échelle mondiale, par tous les moyens modernes de communication, une autre perspective que celle dans laquelle nous sommes enfermés ? Parce que nous sommes enfermés, nous ne sommes plus des pays indépendants. Les entreprises ne peuvent plus investir en Iran, ne peuvent plus commercer avec l’Iran. Nos banques sont tétanisées… C’est une situation que nous avons déjà étudiée, nous avons consacré deux colloques à l’extraterritorialité du droit américain [1]. Il y a là un problème énorme. Allons-nous nous résigner, nous Européens, à n’être plus qu’un petit caniche à l’échelle de l’Histoire ? </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><b>François Nicoullaud</b> </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La question de la nature du régime est tout à fait intéressante. Khomeini, au départ, a introduit dans la vision classique du chiisme une dimension tout à fait nouvelle qui était d’ailleurs rejetée par la plupart de ses pairs : plutôt que d’attendre tranquillement l’arrivée du « douzième Imam » qui doit instaurer le bonheur sur terre à la fin des temps (vieux mythe zoroastrien récupéré par plusieurs religions), plutôt que d’attendre tranquillement l’apocalypse, il faut essayer de gérer au mieux le quotidien de la politique. Et qui peut mieux que les docteurs de la foi conduire un pays, conduire l’islam et le monde à l’avènement du « douzième Imam », et préparer les voies de son arrivée ? </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Mais, fait intéressant, la révolution a été le fruit d’une combinaison. À la vision de Khomeini s’est superposée celle des libéraux, des progressistes, d’une classe intellectuelle, des étudiants, qui appuyaient les aspirations de la population iranienne à la démocratie. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Khomeini avait débuté sa carrière politique en s’opposant au vote des femmes mis en place par le Shah. En 1962-1963, il s’opposait au Shah en l’attaquant sur ce point, ce qui était extrêmement populaire auprès des autres religieux. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Dix-sept ans plus tard, à son corps défendant, il a été obligé de tourner casaque, d’accepter le suffrage universel et en particulier le vote des femmes. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">C’est donc un régime hybride qui se met en place, avec une constitution qui combine une vision millénariste, autoritaire, de la gestion d’un pays avec une ouverture démocratique. C’est un système bizarre, mais qui a des élections. Il y a eu à peu près une grande élection tous les ans depuis les débuts de la Révolution islamique, ne manquent pas de rappeler, à juste titre, les Iraniens. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Ensuite, il faut voir comment se déroule cette élection, comment sont choisis les candidats, etc. Lors de son intronisation, à son deuxième mandat, devant tous les dignitaires du régime et quelques ambassadeurs, le président Khatami a fait un long discours où il célébrait la victoire du peuple et le respect de la souveraineté populaire. Après quoi Khamenei a pris la parole : « Oui, la démocratie est absolument essentielle à notre République », a-t-il déclaré, mais « toute démocratie doit être encadrée ». D’ailleurs, a-t-il ajouté, « les démocraties populaires étaient encadrés par l’idéologie marxiste et le Parti communiste, et les démocraties occidentales sont encadrées par l’argent. Il est impossible de gagner une élection aux États-Unis sans être soutenu par le grand capital… Notre démocratie, elle, est encadrée par la loi de Dieu ! Nous avons donc la meilleure, la plus parfaite des démocraties. Cet encadrement par la loi de Dieu nous évite tous les phénomènes de corruption qui ont pénétré l’Occident, l’homosexualité, la drogue, etc. ». </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Voilà la vision qu’ont les dirigeants iraniens de leur propre régime. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><b>Renaud Girard</b> </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">J’ajouterai que le <span style="font-style: italic;">Velayat-e faqih</span> est le gouvernement des jurisconsultes en religion, des clercs en religion. Ce n’est pas le Conseil d’État ! </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">La grande différence entre le chiisme et le sunnisme c’est que le chiisme accepte plusieurs écoles, plusieurs interprétations. Dans le chiisme, l’interprétation est libre alors qu’elle a été bloquée à Bagdad par le hanbalisme au IXème siècle et en Espagne un peu après Averroès au XIIème siècle. Le sunnisme est donc une religion qui n’interprète plus, qui ne se discute plus, qui ne se remet pas en cause. Il n’a pas connu de réforme comme, en Occident, la Réforme et la Contre-Réforme. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Dans le chiisme donc, l’interprétation est libre. Il existe d’ailleurs des écoles d’interprétation différentes. Le plus grand ayatollah chiite, Ali al-Sistani, en Irak, à Najaf, condamne ouvertement le système politique iranien du <span style="font-style: italic;">Velayat-e Faqih</span>. Il y a eu en Iran une école tout à fait libérale qui était incarnée par l’ayatollah Hossein Ali Montazeri (mort en 2009). On a connu au Liban un ayatollah Fadlallah qui était aussi tout à fait libéral. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Si les chiites acceptent ces différentes interprétations c’est parce que leur religion est messianique. Ils attendent le retour du douzième imam (le Mahdi), sauveur ultime de l’humanité, qui serait né en l’an 869 à Samarra, dans l’actuel Irak, où a été construit le Sanctuaire Al-Askari au dôme d’or, gravement endommagé par deux attentats (en 2006 et 2007) imputés au groupe Al-Qaïda en Irak, ce qui a entraîné de sanglants affrontements. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><b>Jean-Pierre Chevènement</b> </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">On s’éloigne un peu de la nature du régime iranien car même la liberté d’interprétation, caractéristique originale, ne change pas la nature même du régime qui est aujourd’hui ce qu’il est. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><b>Renaud Girard</b> </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Tout à fait. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Sur le terrorisme, il faut dire les choses telles qu’elles sont, les chiites n’ont pas commis d’actes terroristes à partir de ce millénaire. Leurs actes terroristes remontent bien avant, tel l’attentat de la rue de Rennes. Mais au même moment nos Super-étendards, avec des pilotes français, étaient mis à disposition des Irakiens… </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><b>Jean-Pierre Chevènement</b> </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Cela se passait en 1983. Je n’étais plus au gouvernement mais, à ma connaissance, les pilotes n’étaient pas français. Ces avions étaient mis à disposition de pilotes irakiens qui avaient en effet été formés en France. Il faut toujours rester objectif. </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">----- </span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="-webkit-text-stroke-width: 0px; background-color: white; color: #333333; display: inline !important; float: none; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-variant: normal; letter-spacing: normal; line-height: 22px; orphans: 2; text-align: justify; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;"><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><span style="-webkit-text-stroke-width: 0px; background-color: white; color: #333333; display: inline !important; float: none; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 22px; orphans: 2; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;">[1] « </span><a class="liens" href="https://www.fondation-res-publica.org/L-extraterritorialite-du-droit-americain_r129.html" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: #0060a9; font-family: "Arial",sans-serif; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: bold; letter-spacing: normal; line-height: 1.5em; orphans: 2; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 0px; text-transform: none; transition-delay: 0s; transition-duration: 0.2s; transition-property: all; transition-timing-function: linear; white-space: normal; word-spacing: 0px;">L’extraterritorialité du droit américain</a><span style="-webkit-text-stroke-width: 0px; background-color: white; color: #333333; display: inline !important; float: none; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 22px; orphans: 2; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;"> », colloque organisé par la Fondation Res Publica le 1er février 2016 ; « </span><a class="liens" href="https://www.fondation-res-publica.org/L-Europe-face-a-l-extraterritorialite-du-droit-americain_r150.html" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: #0060a9; font-family: "Arial",sans-serif; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: bold; letter-spacing: normal; line-height: 1.5em; orphans: 2; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 0px; text-transform: none; transition-delay: 0s; transition-duration: 0.2s; transition-property: all; transition-timing-function: linear; white-space: normal; word-spacing: 0px;">L’Europe face à l’extraterritorialité du droit américain</a><span style="-webkit-text-stroke-width: 0px; background-color: white; color: #333333; display: inline !important; float: none; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 22px; orphans: 2; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;"> », colloque organisé par la Fondation Res Publica le 24 septembre 2018.
</span></span></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"></span><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;">Le cahier imprimé du colloque <a class="liens" href="https://www.fondation-res-publica.org/shop/Iran-Etats-Unis-ou-la-crise-au-Moyen-Orient-nous-conduit-elle_p151.html">"Iran, Etats-Unis, où la crise au Moyen-Orient nous conduit-elle ?"</a> est disponible à la vente dans la boutique en ligne de la Fondation. </span></div>
</div>
<div class="clear">
</div>
</div>
</div>
<div class="cel1" style="height: auto;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></div>
<div class="cel1" style="height: auto;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br class="texte clear" /></div>
<div class="cel1" style="height: auto;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></div>
<div class="bloc_tags auteur" style="height: auto;">
<div class="access">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<u><span style="color: #000120;"></span></u><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></div>
</div>
</div>
<div class="ecart_col1" id="ecart_after_522112" style="display: none;">
<hr />
</div>
<div class="inner" style="height: auto;">
<!-- html 5161180 --><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></div>
<div class="ecart_col1 responsive" id="ecart_before_5161180" style="display: none;">
<hr />
</div>
<div class="inner" style="height: auto;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"><a href="http://www.facebook.com/fondationrespublica"><img alt="" src="https://www.blogger.com/docs/img/article_facebook.png" /></a><a href="http://twitter.com/fondarespublica"><img alt="" src="https://www.blogger.com/docs/img/article_twitter.png" /></a><a href="http://www.fondation-res-publica.org/newsletter/"><img alt="" src="https://www.blogger.com/docs/img/article_newsletter.png" /></a> </span></div>
<div class="ecart_col1" style="display: none;">
<hr />
</div>
<!-- ********************************************** FIN COLONNE 1 ****************************************** --></td><td class="z_col2_td_inner z_td_colonne"><!-- ********************************************** COLONNE 2 ********************************************** --><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<div class="z_colonne" id="z_col2">
<div class="z_col2_inner z_col_median" style="height: auto;">
<div class="inner">
<!-- agenda 7804599 --><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<div class="mod_7804599 wm-module fullbackground module-agenda type-2" id="mod_7804599">
<div class="entete">
<div class="fullmod">
<u><span style="color: #000120;"></span></u><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
<!-- ********************************************** FIN COLONNE 2 ****************************************** --></td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div class="z_col100_td_inner z_td_colonne">
<!-- ********************************************** ZONE OURS FULL ***************************************** --><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<div class="full z_colonne" id="z_col100">
<div class="z_col100_inner">
<div class="mod_3262313 wm-module module-responsive " id="mod_3262313" style="_position: static;">
<div class="fullmod">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="module-combo nb-modules-3" style="_position: static; position: relative;"><tbody>
<tr><td class="celcombo1"><!-- html 3262314 --><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br />
<div class="ecart_col100 responsive" id="ecart_before_3262314" style="display: none;">
<hr />
</div>
<span style="font-family: Verdana, sans-serif;"></span><br /></td><td class="celcombo2"></td><td class="celcombo3"></td></tr>
</tbody></table>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-50301697644767257872020-01-11T16:31:00.002+01:002020-01-11T16:31:52.923+01:00IRAK : CHEMINEMENT ET PREMIER BILAN DE LA CRISE
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Dans la description d’une escalade de violence, la désignation du fait
initial est évidemment déterminant pour faire pencher d’un côté ou de l’autre
le poids de la responsabilité. Pour la crise qui vient d’embraser le
Moyen-Orient, il est possible d’en voir l’origine immédiate dans les frappes
meurtrières, d’abord inexpliquées, intervenues à l’été dernier en Irak sur des
dépôts d’armes détenus par des milices de mobilisation populaire soutenues par
l’Iran. Ces frappes ont fini par être revendiquées du bout des lèvres par le
Premier ministre Netanyahou, et justifiées par la nécessité de détruire des
arsenaux contenant notamment des missiles de moyenne portée, pouvant donc toucher
Israël, introduits en Irak par l’Iran. Responsabilité de l’État
hébreu ou responsabilité primaire de l’Iran, une nouvelle donne était créée dans
la région avec l’élargissement à l’Irak de l’affrontement opposant déjà les
deux pays sur le théâtre syro-libanais-palestinien. </span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Le premier mort américain</span></b></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">En septembre, le Premier ministre irakien, après enquête, dénonçait
officiellement Israël comme l’auteur de ces frappes, dont chacun à Bagdad considérait
qu’elles n’avaient pu avoir lieu sans l’assentiment des États-Unis. Dès lors, les bases
américaines en Iran devenaient des cibles privilégiées pour les amis irakiens
de l’Iran. Le puissant général Soleimani, principal responsable de la coopération
entre les deux pays, n’allait pas les dissuader d’agir. C’est ainsi qu’entre
octobre et décembre, ces bases sont l’objet d’une dizaine d’opérations de tirs
de roquettes. Elles ne tuent personne, ne font que des blessés. Ceci jusqu’à la
frappe, le 27 décembre, d’une trentaine de roquettes sur une base américaine de
la région de Kirkouk, blessant plusieurs soldats américains et irakiens, et
tuant un interprète américain, d’origine irakienne.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">C’était le premier mort américain que chacun redoutait depuis le
premier affrontement direct entre États-Unis et Iran survenu dans la
région au mois de juin 2019, avec la destruction par l’Iran d’un drone
d’observation américain. Précisément parce que l’incident n’avait causé aucun
mort, chacun s’était félicité à l’époque que cette ligne rouge n’ait pas été
franchie. Elle l’était cette fois-ci, fin décembre.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Trump et son dilemme</span></b></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Trump, déjà entré en campagne électorale, se trouvait dès lors
prisonnier d’un sérieux dilemme : ne pas apparaître comme un Président
faible, tout en évitant d’entraîner le pays dans un conflit que lui
reprocherait ensuite sa base électorale, lassée des aventures lointaines. Président
faible, cela lui avait été récemment reproché lorsqu’il s’était refusé en juin de
répliquer par des frappes à la destruction du drone abattu par l’Iran, et à
nouveau en septembre, lorsqu’il avait fait savoir à l’Arabie saoudite qu’elle
ne pouvait compter sur les États-Unis pour répliquer à l’Iran à la
suite de l’attaque spectaculaire contre ses installations pétrolières. Il
fallait donc agir cette fois-ci de façon visible, et dans l’urgence. La
fébrilité s’empare de l’Administration américaine.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Le choix est fait de frapper plusieurs bases de la milice Kataeb
Hezbollah, jugée responsable de l’attaque du 27 décembre. Ces frappes
interviennent le 29 décembre et provoquent quelques dizaines de morts, parmi
lesquels un certain nombre de responsables. Deux jours plus tard, à l’occasion
des cérémonies de deuil se déroulant à Bagdad, une foule en colère force les premières
défenses de l’ambassade américaine. Bien que les manifestants s’en retirent peu
après, Trump voit se lever le spectre de la prise de l’ambassade américaine à
Téhéran en novembre 1979, suivie de la détention pendant 444 jours de 52
otages : l’une des humiliations les plus cuisantes subies par
l’Amérique, et fatale à la carrière du Président Jimmy Carter. Persuadé que les
Iraniens sont derrière cette nouvelle offensive, Trump, auquel sont présentées
plusieurs options de réplique, choisit alors sans doute la plus transgressive, celle
qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé retenir : abattre le général
Soleimani, chef mythique de la force spéciale Al Qods, gérant depuis plus de 20
ans les opérations extérieures de l’Iran. Son exécution le 3 janvier au matin
par des frappes de drones lors de son arrivée à l’aéroport de Bagdad en
compagnie d’autres responsables iraniens et irakiens provoque dans la région
une onde de choc inédite.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Le choc et l’humiliation</span></b></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Pour les Iraniens, régime et population cette fois-ci confondus, c’est
le choc et l’humiliation de voir abattu comme un vulgaire terroriste un
militaire charismatique, considéré comme exemplaire, ayant protégé l’Iran, par
une stratégie de défense avancée, contre les menées de l’Etat islamique. Des
millions d’Iraniens sortent dans les rues pour lui rendre un dernier hommage.
Pour les Irakiens, c’est le deuil de leurs propres morts et l’humiliation de
voir leur territoire utilisé pour un règlement de compte. Pour le Premier
ministre en particulier, c’est l’humiliation de voir Soleimani exécuté alors
qu’il se rendait à son invitation, pour un entretien dans le cadre d’une
médiation conduite par l’Irak entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Le Parlement
irakien vote alors dans l’urgence une résolution enjoignant au gouvernement de
faire partir du pays toutes les forces étrangères.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Le régime iranien, pour sa part, crie vengeance mais pèse soigneusement
sa réponse. Il choisit, pour une fois, de viser directement l’ennemi principal,
et à force ouverte, seule réponse digne à ses yeux d’une nation à l’honneur offensé.
Mais avant de frapper le 8 janvier deux bases américaines en Irak, il prévient
les autorités irakiennes, qui préviennent à leur tour les Américains.
Bilan : zéro mort, zéro blessé. Trump peut siffler la fin de l’escalade.
Le Guide de la Révolution, Ali Khamenei peut dire, lui, que l’Iran a donné une
gifle à l’Amérique. Il rappelle néanmoins que le but à atteindre est le départ
des troupes américaines de l’ensemble de la région. Le pire est évité, mais il faut
s’attendre à la poursuite dans la période qui s’ouvre d’incidents de basse
intensité, pouvant eux-mêmes dégénérer en nouvelles crises.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Gagnants et perdants de la crise</span></b></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Dans l’immédiat, deux gagnants en cette affaire, deux régimes qui s’étaient
récemment discrédités, qui avaient vu leur propre population se soulever contre
eux, qui n’avaient pas hésité à écraser la contestation dans le sang : les
régimes iranien et irakien. Grâce à Trump, ils ont repris des couleurs. Les
voilà réinvestis d’un peu de légitimité, et gratifiés, jusqu’à nouvel ordre,
d’un certain soutien populaire -- dans le cas iranien, toutefois, voilà ce soutien déjà érodé par la destruction, certes involontaire, d'un avion de ligne par les Pasdaran... Et les grands perdants sont donc ceux qui
avaient espéré, dans l’un et l’autre pays, pouvoir remettre en cause
l’inefficacité et la corruption de leurs dirigeants. Pauvres sacrifiés de
l’Histoire, martyrs aux noms déjà effacés, victimes de la fureur et du chaos
générés par le combat des puissants.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Gagnants aussi, au moins pour un temps, les débris de l’État
islamique en Irak, qui vont sans doute bénéficier d’un peu de répit, la « Coalition
globale » contre Da’esh conduite par les Américains devant donner pour le
moment la priorité à la sécurité de ses personnels et moyens sur place. Et
gagnants certainement tous les jihadistes, tous les sécessionnistes, avec une
chance de relever la tête si la coalition devait un jour quitter le pays, le laissant
à la faiblesse de son armée et à ses luttes de factions.</span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Perdants aussi, mais c’est moins grave, les Européens, tétanisés par
cette crise, qui n’ont pas trouvé d’autre langage que d’inviter les parties à
la retenue, qui n’ont pas osé critiquer leur grand ami américain, qui n’ont réuni
quelque courage que pour exiger de l’Iran qu’il soit raisonnable pour deux. Ils
auront beaucoup à faire pour regagner quelque crédit auprès des Iraniens, comme
d’ailleurs auprès des Irakiens, toutes opinions confondues.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><i>article publié le 10 janvier 2020 par le site </i></span></div>
<a href="https://www.boulevard-exterieur.com/" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="Boulevard Extérieur" border="0" height="105" src="https://www.boulevard-exterieur.com/skel/img/logo.png" style="border-image: none; border: 0px; height: auto; max-width: 100%; vertical-align: middle;" width="555" /></a><b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike><span style="font-size: large;"></span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><span style="font-size: large;"></span><b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-24399829603316021282019-12-12T15:51:00.000+01:002019-12-12T15:51:09.371+01:00L’Iran a-t-il intérêt à mettre fin à l’accord nucléaire de Vienne ?
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">La République islamique d’Iran s’est réveillée il y a quelques semaines
dans une ambiance toute nouvelle pour elle. Dissipée, la jubilation générée par
le succès spectaculaire des frappes à la mi-septembre sur des installations
pétrolières saoudiennes. Évanoui, le plaisir à savourer l’expansion au fil des ans de
l’influence iranienne du Yémen à la Méditerranée. Ses amis du Hezbollah ont brusquement
perdu aux yeux des Libanais en colère leur prestige de combattants de la
Résistance pour n’être plus qu’un élément d’un système politique inefficace et
corrompu. En Irak, les jeunes patriotes se font tuer pour obtenir une
démocratie libérée des jeux de factions, la fin des détournements massifs de la
richesse nationale, et aussi la levée de la mainmise iranienne sur leur vie
politique. En Iran même, les gens, excédés de leurs difficultés quotidiennes
croissantes, sont descendus dans la rue pour mettre en cause le régime,
entraînant de sa part une répression féroce.</span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Et dans sa relation avec le monde extérieur sur le dossier hautement
sensible du nucléaire, les choses ne vont guère mieux pour la République
islamique. Sa stratégie d’infractions calculées à l’accord nucléaire de Vienne
-- dit aussi JCPOA --, lancée l’été dernier, était censée pousser les
Européens à desserrer l’étau des sanctions américaines. Mais leur seule
réaction a été de menacer l’Iran de déclencher le processus de règlement des
différends prévu par le JCPOA. Or ce processus aurait toutes les chances de
déboucher sur le rétablissement des sanctions des Nations unies : sanctions
mises en place entre 2006 et 2010 pour faire céder l’Iran, et levées en juillet
2015 dans le sillage de la conclusion de l’accord de Vienne. Les efforts des
Français pour entraîner au moins une légère détente entre Américains et
Iraniens semblent s’être enlisés. Donald Trump, dont les électeurs détestent
l’Iran mais refusent l’idée d’une nouvelle guerre dans une région lointaine, n’a
que l’arme des sanctions pour les satisfaire. Il n’est pas prêt à l’abandonner.
De tous côtés, l’Iran se trouve coincé.</span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Bénéfices et risques d’une sortie de l’accord de Vienne</span></b><b><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></b></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Une échappatoire lui reste ouverte. Mais elle débouche sur de graves
inconnues. Ce serait de se retirer du jour au lendemain de l’accord de Vienne,
comme l’a fait Donald Trump en mai 2018. S’il agissait avant le déclenchement
du dispositif de règlement des différends contenu dans le JCPOA, il en
récolterait un bénéfice immédiat, celui d’échapper à la redoutable procédure
simplifiée de rétablissement des sanctions des Nations unies. Selon ce mécanisme
exceptionnel, inventé pour l’occasion, la voix d’un seul membre permanent du
Conseil de sécurité suffit pour punir le pays récalcitrant partie à l’Accord.
Mais pour fonctionner, encore faut-il que ce pays soit toujours là. Une fois
l’Iran sorti du JCPOA, plus d’engagements de sa part, et donc plus de violation
d’engagement offrant prise à rétablissement immédiat des sanctions. Quand
Trump, d’ailleurs, est sorti de l’Accord, chacun a bien dû admettre que les États-Unis
étaient aussitôt libérés des engagements qu’ils y avaient contractés. Le même
raisonnement vaut pour l’Iran.</span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Mais pour ce bénéfice, que de risques ! Le premier serait de voir
le Conseil de sécurité mettre en œuvre sa procédure habituelle d’imposition de
sanctions. Elle est toutefois beaucoup plus lourde que celle qui avait été taillée
sur mesure pour le JCPOA, puisqu’il faudrait, cette fois-ci, qu’aucun des cinq
membres permanents du Conseil ne s’y oppose. Or l’Iran pourrait espérer la protection
de la Russie ou la Chine, traditionnellement plus indulgentes à son égard que
les États-Unis,
la France ou le Royaume-Uni. Le second risque serait de voir les Européens
rejoindre les États-Unis pour punir l’Iran avec des sanctions proprement
européennes, comme ils l’avaient fait dans la période 2010-2012. Mais plus
sérieux encore, une fois l’Iran sorti du JCPOA, toute avancée de son programme
nucléaire, en principe civil, pourrait être aisément présentée comme une nouvelle
course à l’arme atomique, avec le risque de voir les États-Unis, peut-être Israël,
d’autres encore, peut-être même certains Européens, considérer le moment venu
de détruire du ciel les installations nucléaires iraniennes, et sans doute plus
encore.</span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Les éléments d’une nouvelle donne</span></b><b><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></b></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">l’Iran pourrait néanmoins neutraliser tous ces risques par une simple
déclaration affirmant son intention de respecter, désormais sur une base
purement unilatérale et volontaire, les engagements auparavant souscrits dans
le cadre de l’accord de Vienne : notamment limitation de ses activités
d’enrichissement et, bien entendu, maintien des contrôles renforcés de l’Agence
internationale de l’énergie atomique.</span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">L’on entrerait alors dans une période peut-être plus favorable à la
négociation et au dialogue <span style="background: white; color: black;">que la période actuelle,
dont les vertus semblent s'être épuisées</span>. L’Iran gagnerait en liberté de
manœuvre avec la faculté de jouer sur l’évolution, à la baisse ou à la hausse,
de ses engagements volontaires, en fonction de l’attitude des autres parties. Les
Européens échapperaient enfin aux sarcasmes de l’Iran visant leur impuissance à
résister aux sanctions américaines. Ils échapperaient aussi aux reproches de
Washington sur leur absence de solidarité avec l’Amérique. N’étant plus, les
uns dans l’Accord, les autres dehors, il serait plus aisé aux Européens de se
rapprocher de l’administration américaine, voire de présenter avec elle un
front commun. Et Donald Trump, qui a toujours expliqué qu’on ne pourrait
négocier utilement avec l’Iran qu’après le démantèlement du JCPOA, verrait
enfin son vœu exaucé. En somme, du mal pourrait sortir le bien, ou du moins un
espoir de bien. Et surtout, avec la perspective d’un allègement des sanctions,
un peu de bien pour la population iranienne, qui en a bien besoin.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><i>article publié le 11 décembre 2019 sur le site </i></span></div>
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="center" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<img alt="Boulevard Extérieur" border="0" height="105" src="https://www.boulevard-exterieur.com/skel/img/logo.png" style="border-image: none; border: 0px; height: auto; max-width: 100%; vertical-align: middle;" width="555" /><b><a href="https://www.boulevard-exterieur.com/">https://www.boulevard-exterieur.com/</a></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div align="center" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike></div>
</span><div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><i><b></b><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike><br /></i></span></div>
<br />
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<b></b><i></i><u></u><sub></sub><sup></sup><strike></strike><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"></span><span style="font-size: large;"></span>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-48015230014865513152019-09-24T14:11:00.000+02:002019-09-24T14:11:02.497+02:00Iran, États-Unis, Arabie Saoudite : crise et opportunités
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Peu importe, au fond qui a attaqué le 14 septembre deux
sites pétroliers majeurs en Arabie saoudite : les Houthis seuls ? Conseillés
ou pilotés par ces les Iraniens ? Les Iraniens seuls ? Chacun considère,
à haute voix ou <i>in petto</i>, que la République islamique est la première
responsable. Celle-ci, par une note formelle adressée à l’ambassade de Suisse à
Téhéran, représentant les intérêts américains, a certes rejeté l’accusation, mais
fait aussi savoir aux États-Unis
que toute frappe en réplique serait suivie d’une riposte de large portée. La
séquence a dissuadé Saoudiens et Américains d’intervenir. Trump ne viendra pas
soutenir son ami le prince héritier Mohammed Ben Salman dans une action
militaire. Et donc personne ne bougera.</span><br />
<br />
<br />
<br />
<b><span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Américains et Saoudiens dans l’impasse</span></b><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Voilà donc Américains et Saoudiens prisonniers de leurs
contradictions. Donald Trump aimerait voir les Iraniens à genoux mais ne veut
pas d’une guerre dans le Golfe persique. 13% à peine des Américains y sont
favorables. Cela ferait de nouveaux morts, augmenterait le prix de l’essence à
la pompe et détruirait ses chances d’être réélu en 2020. Il se trouve empêtré
dans son choix de sortir de l’accord nucléaire de Vienne conclu en 2015 et d’appliquer
à l’Iran une politique de « pression maximale ». Celle-ci est devenue
une fin en soi, faute d’avoir clarifié à Washington le but ultime recherché :
<i>Regime Change</i> ou changement de comportement de la République islamique ?
meilleur encadrement ou démantèlement des programmes nucléaire et balistique ?
L’échec des sanctions à faire plier le régime, désormais patent, mais l’impossibilité
d’imaginer autre chose, ont mis les Américains dans une impasse.</span><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Quant aux Saoudiens, le désastre de leur guerre contre les
Houthis au Yémen se retourne à présent contre eux, et plus précisément contre
le Prince héritier Mohammed Ben Salman, qui l’a imprudemment lancée en 2015. Les
voilà menacés sur leur propre sol, sans que leurs extraordinaires dépenses militaires
ni la présence américaine dans la région ne semblent les protéger. La sécurité
de sa population se retrouve mise en cause, et aussi sa prospérité, puisqu’elle
dépend de la capacité du pays à produire et à exporter paisiblement son pétrole,
donc de la paix dans la région. Et cette prospérité conditionne à son tour l’avenir
de la dynastie des Saoud, plus fragile à cet égard que la République islamique,
qui tient depuis quarante ans le pays sous sa coupe, malgré sanctions, guerre, restrictions
et mécontentement de la majorité des Iraniens. </span><br />
<br />
<br />
<br />
<b><span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Les dilemmes iraniens</span></b><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Le régime iranien avait-il anticipé ce qu’il voit comme un
brillant succès ? La complexité de l’opération, la précision des frappes
sur les installations d’Abqaiq et de Khourais ont laissé les experts pantois,
et remis au travail les États-majors
de la région et au-delà. La question se pose d’ailleurs de complicités internes
ayant guidé au moins certains engins dans leur trajectoire finale sur leur
cible. Les Houthis, en revendiquant les frappes, ont fait une allusion à une
aide venue de l’intérieur. Encore de quoi inquiéter les Saoudiens.</span><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Mais la satisfaction des dirigeants iraniens ne devrait pas
leur faire oublier les dilemmes dont ils sont, eux aussi, prisonniers. La « résistance
maximale » qu’ils opposent à la « pression maximale » des
Américains, tend à devenir, de même, un but en soi. S’enfermer dans cette posture,
comme le font les radicaux du régime, revient à laisser l’initiative à l’adversaire,
qu’il s’agisse de la guerre ou de la paix, et plonge indéfiniment l’économie du
pays dans le marasme. Aujourd’hui,
chacun exige de l’autre l’impossible : aux Américains, les Iraniens
demandent la levée immédiate de toutes leurs sanctions ; les Américains
demandent en retour aux Iraniens de démontrer qu’ils renoncent pour toujours à l’arme
nucléaire et à ses vecteurs, ainsi qu’à leur influence dans la région. Et donc
les Iraniens refusent le contact avec Trump et ses séides, considérant que ce
serait déjà se soumettre.</span><span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<b><span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Changement de donne et opportunités</span></b><br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Les frappes en Arabie saoudite viennent toutefois de modifier
la donne. Pour quelques semaines peut-être, guère plus, avant que ne s’estompe
la marque que ces évènements ont imprimée dans les esprits, le gouvernement
iranien dispose de la faculté de faire un pas vers l’adversaire sans donner à l’extérieur,
et encore plus à l’intérieur, le sentiment qu’il est en train de plier. Cette opportunité
précieuse, éphémère, est à saisir. Les dirigeants de Téhéran y songent d’ailleurs
peut-être, si c’est l’Iran, comme on peut le penser, qui a soufflé aux Houthis
l’idée de déclarer une trêve dans leurs attaques contre le territoire saoudien.
Il faudra voir aussi à quoi ressemble le projet de sécurité et de coopération
dans la région que le Président Rouhani devrait proposer bientôt à l’occasion
de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York.</span><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">L’on n’en est pas encore à une rencontre Trump-Rouhani. La
première étape devrait rechercher les quelques concessions réciproques que les
deux parties pourraient avancer : levée au moins partielle de sanctions
sur le pétrole, en échange d’un retour à la stricte application de l’accord nucléaire
de Vienne pour l’Iran, et encore d’un geste supplémentaire à trouver, suffisamment
indolore pour être accepté par les durs du régime, mais suffisamment visible
pour permettre à Trump de le présenter comme un brillant succès. La mise en veille
d’un paquet de centrifugeuses pourrait peut-être faire l’affaire. Les Français,
qui ont déjà beaucoup parlé aux deux parties, auraient là un rôle à jouer. Nul doute
que les conversations vont aller bon train à New-York dans les jours qui viennent.
</span><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Si une dynamique de réduction des tensions devait ensuite s’enclencher
– elle ne pourra ignorer le Yémen –, il deviendrait possible d’imaginer
dans les prochains mois une rencontre de format et de niveau à définir, qui
permettrait d’aller plus loin. Trump pourrait en tirer profit pour sa campagne
présidentielle, mais aussi le gouvernement iranien si elle avait lieu avant les
élections législatives annoncées pour février prochain. L’affaiblissement probable
dans la période qui s’ouvre de deux des adversaires les plus déterminés d’un
rapprochement irano-américain, Benjamin Netanyahou en Israël, Mohammed Ben
Salman en Arabie saoudite, jouerait en ce sens, de même, qui sait, qu’un timide
glissement de la guerre civile syrienne vers une amorce de solution politique. Pour
une fois, les cartes sont dans la main des dirigeants de Téhéran. Sauront-ils mettre
de côté leurs querelles de factions pour prendre l’initiative ? Rien n’est
moins sûr, mais il n’est pas interdit d’espérer.</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">(publié le 24 septembre 2019 sur <a href="https://orientxxi.info/magazine/sortir-de-l-impasse-dans-le-golfe,3302">l</a>e site <a href="https://orientxxi.info/magazine/sortir-de-l-impasse-dans-le-golfe,3302">Orient XXI</a>)</span>:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-12054537418849629042019-07-07T15:12:00.001+02:002019-07-07T15:14:49.929+02:00IRAN, ÉTATS-UNIS : LES DERNIÈRES MUTATIONS DE LA CRISE NUCLÉAIRE<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>(paru le 5 juillet sur le site "Orient XXI")</i></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L’obsession anti-iranienne de la Maison-Blanche aura au moins produit
une perle. Elle gît dans un communiqué émis le 1<sup>er</sup> juillet, suite au
franchissement par l’Iran du seuil de 300 kilogrammes d’uranium légèrement
enrichi fixé par l’accord signé en 2015 à Vienne avec l’Allemagne, la France, la
Chine, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie. On y lit :
« Il ne fait guère de doute qu’avant même l’existence de l’Accord, l’Iran
en violait les termes ». Sans commentaires… Trois semaines avant, alors
que Téhéran avait déjà fait connaître son intention de s’affranchir notamment de
ce seuil s’il n’obtenait pas un juste retour sur son adhésion à l’Accord, l’ambassadrice
des États-Unis auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) demandait
publiquement à l’Iran de « revenir sans délai à ses engagements ». <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tonnante
injonction venant d’un pays s’étant lui-même affranchi de ses obligations en sortant
de l’Accord. Si l’on ajoute toutes les déclarations à l’emporte-pièce, souvent
d’ailleurs contradictoires, des responsables américains, il faut remonter à
l’époque de la dernière guerre d’Irak pour percevoir dans l’Administration
américaine une telle surchauffe mentale. Comment en est-on arrivé là ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L’étranglement de l’Iran<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Pour s’en tenir aux causes immédiates, tout a commencé avec la décision
américaine, fin avril, de mettre un terme aux permissions encore accordées à
quelques pays d’acheter du pétrole iranien. Désormais l’Iran ne doit plus
pouvoir exporter une goutte de pétrole. C’était condamner à l’asphyxie
l’économie iranienne. Une semaine auparavant était tombée la l’inscription,
hautement humiliante, de l’organisation des Gardiens de la Révolution sur la
liste américaine des organisations terroristes étrangères. Un mois plus tard,
viendra la décision, elle aussi infâmante, de placer sous sanctions le Guide de
la Révolution et tous les responsables lui devant directement leur nomination.
Début mai, les Américains entravent pour la première fois le bon fonctionnement
de l’Accord de Vienne en interdisant à l’Iran d’exporter, comme il y était
expressément autorisé, l’uranium légèrement enrichi et l’eau lourde produits en
excédent des plafonds fixés par l’Accord. Puis le 8 mai, jour anniversaire de
la sortie américaine de l’Accord, ce sont les exportations iraniennes de fer,
d’acier, d’aluminium et de cuivre qui se trouvent empêchées. Début juin, les
principales compagnies pétrochimiques iraniennes sont placées sous sanctions.
Entre mai et juin, c’est donc une vague sans précédent de nouvelles sanctions
qui s’abat sur l’Iran, avec le but avoué de contraindre l’Iran à négocier sur
tous les sujets qui fâchent l’Amérique : le nucléaire, mais aussi son
programme balistique et son influence dans sa région. Et pour beaucoup de
« Faucons », il s’agit, en poussant l’Iran à la faute, de déclencher un
enchaînement propre à précipiter, par la guerre ou par un soulèvement intérieur,
la chute du régime.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Rendre coup pour coup<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">C</span>ette
dernière volée de sanctions aboutit à un blocus de type moderne, non plus mené
par des navires de guerre, mais par un vaste et complexe dispositif de
sanctions léonines empêchant pratiquement tout commerce avec l’extérieur. Les
cinq partenaires de Téhéran encore présents dans l’Accord réagissent alors sans
grand courage : ce sont des « regrets », des « appels à la
retenue », mais rien qui puisse faire revenir Washington sur ses pas. L’Iran
abandonne dès lors la « patience stratégique » doit il avait fait
preuve. Il rend désormais coup pour coup -- mais de façon suffisamment calculée
pour placer chacun devant ses responsabilités. <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">Après</span> l’interdiction d’exporter
son pétrole, émise le 22 avril, c’est très vraisemblablement lui qui inflige le
12 mai des dommages à quatre navires pétroliers au large des <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>mirats
arabes unis. Suite aux sanctions du 7 juin contre son industrie pétrochimique, viennent
le 13 de nouvelles attaques contre deux navires en Mer d’Oman : dans les
deux circonstances, pas de mort, des dégâts légers, donc avertissement sans
frais. L’Iran avait dit à plusieurs reprises que s’il ne parvenait pas à
exporter son pétrole, personne dans le Golfe persique n’y parviendrait. Le 3 mai,
les États-Unis interdisent à l’Iran d’exporter son uranium et son eau lourde
excédentaires. Le 8, Téhéran répond qu’il s’affranchit des deux plafonds fixés sur
ces produits par l’accord de Vienne, et qu’il prendra d’autres initiatives –enrichissement
d’uranium au-delà du seuil de 3, 67% fixé par l’Accord, relance d’un projet de
réacteur à l’eau lourde fortement plutonigène – si ses partenaires ne
parviennent pas dans les soixante jours à desserrer l’étau américain. Enfin,
dès la mise au pilori des Gardiens de la Révolution, l’Iran met en alerte ses
forces et celles de ses alliés : milices irakiennes, Hezbollah, peut-être
d’autres. Les Américains ripostent en renforçant leurs effectifs dans la
Péninsule arabique. Pas intimidés, les Iraniens abattent le 20 juin un drone
américain en mission d’observation de leur territoire. Les Américains préparent
des représailles, mais Trump arrête au dernier moment l’opération. Personne ne
veut franchir la ligne rouge du premier mort, au-delà de laquelle on entrerait
dans l’inconnu : pour la région, mais aussi pour la vie politique
américaine, alors qu’approche une nouvelle élection présidentielle. L’escalade
marque une pause.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Retour au nucléaire<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L’attention, dès lors, se concentre à nouveau sur le nucléaire. Le 1<sup>er</sup>
juillet, l’Iran annonce avoir franchi le seuil des 300 kilogrammes d’uranium
légèrement enrichi. La nouvelle fait le tour du monde. En réalité, la démarche
est encore, à ce stade, symbolique. Téhéran répète à l’envi qu’il n’abandonne
pas l’Accord de Vienne : cette transgression, et celles qui pourraient
venir, seront immédiatement annulées dès que ses partenaires seront parvenus à
alléger l’effet des sanctions américaines.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">De fait, il n’y a pas péril en la demeure tant que l’Iran ne se rapproche
pas d’un stock d’une tonne d’uranium légèrement enrichi, quantité nécessaire
pour produire, au prix d’un enrichissement supplémentaire, la vingtaine de
kilogrammes d’uranium enrichi à 90% permettant de confectionner une première
bombe. Encore faut-il la fabriquer, ce qui prendrait un certain nombre de mois.
Mieux vaudrait d’ailleurs en posséder au moins deux ou trois, car une seule,
une fois testée, laisserait l’Iran vulnérable. L’échelle de temps est sans
doute ici de trois à cinq ans.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Quant à la production d’eau lourde en dépassement du seuil de 130
tonnes, elle ne présente aucun danger à court ou moyen terme. Elle n’a en effet
d’utilité qu’employée dans un réacteur de type hautement plutonigène – la
production de plutonium est la deuxième voie vers la bombe --, qui reste à
mettre en œuvre. Encore faut-il le faire fonctionner un ou deux ans, puis, dans
des installations spéciales, elles aussi à construire, extraire le plutonium
généré dans l’uranium naturel ayant servi de combustible. L’échelle de temps
est là de 10 à 15 ans.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans l’immédiat, un geste de la part de l’Iran justifierait
l’expression d’une grave inquiétude, et la prise de mesures de rétorsion. Ce serait
de chasser les inspecteurs de l’AIEA qui surveillent ses installations nucléaires
et leur production. La Corée du Nord l’a fait en décembre 2002, s’ouvrant la
voie vers la bombe. Mais rien n’indique que l’Iran aille en ce sens.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Une urgence diplomatique<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Tout ceci pour dire, non qu’il n’y a pas urgence, mais que celle-ci
relève de la diplomatie, non des frappes et de la guerre. Nous voilà ramenés à
la question : comment convaincre l’Iran de revenir au respect de l’Accord
de Vienne ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Certainement pas par des pressions additionnelles telles que l'envoi du
dossier iranien au Conseil de sécurité, et le retour de sanctions des Nations
Unies et de sanctions européennes. L’Iran se crisperait aussitôt et sortirait
carrément de l’Accord. Non, la seule voie ouverte est d’offrir à l’Iran au
moins une partie des bénéfices qu’il escomptait de son adhésion à cet Accord.
Les partenaires de l’Iran l’ont d’ailleurs bien compris.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Déjà, les Européens ont mis à grand peine au point un dispositif de
troc évitant à leurs transactions de passer par le dollar, facteur déclenchant
des sanctions américaines. Celui-ci, baptisé INSTEX, vient tout juste d’être
déclaré opérationnel. Mais son rendement restera, pour un temps indéfini,
modeste. Les grandes sociétés européennes, et même les moyennes, très exposées
aux sanctions américaines, n’ont pas l’intention d’y recourir. Il ne servira
donc pas à acheter du pétrole iranien, pour lequel Téhéran cherche
désespérément des acquéreurs. Tout juste permettra-t-il de vendre des produits
médicaux et alimentaires, exemptés de sanctions pour raisons humanitaires.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les Russes, les Chinois, pourraient-ils être plus efficaces ? Les
premiers ont laissé entendre qu’ils aideraient les Iraniens à vendre leur
pétrole. L’on n’en sait pas plus pour le moment. Les Chinois, gros clients de
pétrole iranien, ont dit qu’ils ne se soumettraient pas aux « sanctions
illégales » américaines. Mais, engagés dans une négociation commerciale
délicate avec les États-Unis, ils doivent veiller à ne pas compromettre leurs
chances de succès. En tout état de cause, Russes et Chinois ne paieront les
Iraniens qu’en monnaie nationale, en faisant des clients captifs. Les solutions
qu’ils apporteront, même bienvenues, seront donc imparfaites.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les Iraniens continuent donc d’attendre beaucoup de l’Europe, trop sans
doute. Elle ne convaincra pas Donald Trump de revenir dans l’Accord de Vienne,
ni les Iraniens de le renégocier. Reste une voie étroite, celle de concessions
mutuelles limitées que chaque côté pourrait présenter comme une victoire.
Trump, au fond, serait heureux de pouvoir afficher à l’approche de l’élection
présidentielle le succès diplomatique qui manque à son palmarès. Les Iraniens
seraient soulagés de tout répit qui leur serait accordé. Des exemptions
pétrolières contre un ralentissement de leur programme nucléaire devraient
faire l’affaire. Encore faut-il que les Européens acceptent de jouer les
intermédiaires, donc de prendre des risques. Tout est encore possible, pour le
meilleur ou pour le pire.<o:p></o:p></span></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-87213011565065815502019-05-30T14:36:00.000+02:002019-05-30T14:36:06.628+02:00Crise du nucléaire iranien : encore temps d’éviter le pire<br />
<div class="MsoNormalCxSpFirst" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>(article paru le 27 mai 2019 dans "la Croix")</i></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpFirst" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpFirst" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Les dernières attaques de Washington
contre l’accord nucléaire de 2015, dit JCPOA, visent pour la première fois le
cœur du dispositif. Elles menacent en effet d’interdire à l’Iran d’exporter
l’uranium légèrement enrichi et l’eau lourde qu’il produirait au-delà des
plafonds fixés par le JCPOA. De plus, le Département d’État demande à l’Iran
« de mettre fin à toutes ses activités sensibles… y compris
l’enrichissement de l’uranium. » Nous revoilà à la case départ, en 2003,
quand John Bolton, déjà lui, harcelait les Européens pour qu’ils obtiennent de
Téhéran l’acceptation de la fameuse formule « zéro centrifugeuse ».
Les chances étaient égales à zéro. Elles le sont encore aujourd’hui.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto; text-align: justify;">
<b><i><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Primum non
nocere<o:p></o:p></span></i></b></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Les partenaires de l’Iran restés dans le
JCPOA après le départ américain (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Chine,
Russie) doivent d’abord désamorcer toute tension. Inutile de parler
d’« ultimatum quand le Président Rouhani annonce qu’il va revenir
sur certains engagements faute d’un allègement rapide des sanctions américaines.
C’est plutôt un appel au secours.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">L’Iran doit aussi faire un effort. Pour
se protéger des dernières menaces américaines, il peut rediluer en uranium
naturel l’uranium enrichi excédentaire qu’il ne pourrait plus exporter. De même
pour son eau lourde excédentaire, qui pourrait être rediluée en eau ordinaire.
l’Iran n’a aucun besoin d’accumuler, avec ses centrifugeuses obsolètes,
d’importantes quantités d’uranium légèrement enrichi dont il n’a pas d’usage à
court terme. Mieux vaudrait se concentrer, comme le permet le JCPOA, sur la
mise au point de centrifugeuses plus performantes. Et au lieu de relancer la
construction du réacteur à uranium naturel auquel il a renoncé en adhérant au
JCPOA, il ferait mieux d’inciter ses partenaires à accélérer la construction du
réacteur de remplacement qu’ils lui ont promis.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Vers une sortie de crise ?<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Mais l’essentiel du problème est à
Washington, où s’entend la volonté d’en découdre. La tension monte dans le
Golfe persique. Les Européens peuvent-ils modifier le cours des choses ? Ils
ne convaincront pas les États-Unis de réintégrer le JCPOA, ni les Iraniens de
le renégocier. Mais ils peuvent mettre à profit l’aspiration de Donald Trump à
démontrer son « art du <i>deal</i> » par un arrangement avec Téhéran,
si possible avant l’élection présidentielle de 2020. Un accord limité ferait
l’affaire, s’il profite à l’Amérique et réduit le risque iranien de
prolifération. Les Européens ont là un rôle d’« honnête courtier » à jouer.
<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto; page-break-after: avoid;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Ce que les
Américains peuvent donner<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto; page-break-after: avoid;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto; page-break-after: avoid;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Washington
pourrait, par exemple, ne plus bloquer la vente à l’Iran d’avions commerciaux, qui
avait été autorisée par le JCPOA. Avant la sortie américaine de l’accord, Boeing
et Airbus avaient commencé à négocier la livraison d’une centaine d’avions
chacun. La relance de cette affaire bénéficierait à l’Iran, dont la flotte a
été mise à mal par de longues sanctions, mais aussi à Boeing, qui vit une passe
difficile. La perspective de milliers d’emplois nouveaux dans l’industrie aéronautique
serait bienvenue en année électorale américaine. Et l’économie européenne y
gagnerait aussi.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Mais pour acheter des avions, il faut
des dollars. Les Américains pourraient donc desserrer leurs sanctions sur le
pétrole iranien. La tension baisserait sur les marchés internationaux et le
prix de l’essence aux pompes américaines baisserait aussi : encore un
point utile à la veille d’élections.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Pour payer des avions, il faut enfin un
système bancaire. Il serait donc logique de desserrer aussi les sanctions sur
les banques iraniennes, une fois l’Iran en conformité avec les normes
internationales sur le financement du terrorisme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Ce que les Iraniens peuvent donner<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Que pourraient offrir les Iraniens en
échange ? Sur le dernier point, l’adoption de normes anti-terroristes fait
polémique à Téhéran. Au Guide de débloquer la situation. Mais ce ne serait pas
assez pour les Américains.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Comme la lettre volée d’Edgar Poe, la
solution est sous nos yeux. Puisque l’Iran, en vertu du JCPOA, ne peut
conserver plus de 300 kilogrammes d’uranium légèrement enrichi, nul besoin de faire
tourner les 5.000 centrifugeuses qu’autorise cet accord. 1.500 suffiraient amplement.
<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">À</span>
nouveau, l’intérêt de l’Iran n’est pas d’activer un maximum de centrifugeuses
d’un modèle des années 1970, mais de développer un modèle plus performant pour
le jour où le JCPOA arrivera à expiration. Téhéran peut arrêter sans frais les
deux tiers de ses centrifugeuses tant que les Américains tiendront leurs
propres promesses.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-add-space: auto;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Un accord pragmatique est donc à portée.
Donald Trump proclamerait avoir tiré de l’Iran plus qu’Obama, sans avoir rien donné
qui n’était déjà dans le JCPOA. Rouhani dirait avoir obtenu un allègement des
sanctions américaines sans obérer l’avenir du programme nucléaire. Si les
Européens parvenaient à nouer tous ces fils, ils auraient désamorcé une
sérieuse crise de notre époque.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal;">
<br /></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-85096777141626385622019-05-13T17:02:00.002+02:002019-05-13T17:02:29.578+02:00TRUMP, l’IRAN ET LE MONDE DE L’OR NOIR<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Le 22 avril, l’administration américaine a fait savoir qu’elle allait
mettre fin aux exemptions qui épargnaient à huit pays grands consommateurs de
pétrole iranien l’interdiction générale d’achat intervenue en novembre dernier
suite au retrait des États-Unis de l’accord nucléaire de Vienne. La décision
est entrée en vigueur le 2 mai. Elle vise expressément à réduire à zéro des
exportations essentielles à l’économie iranienne, et à convaincre ainsi Téhéran
de céder sur toutes les exigences de Washington touchant au nucléaire, au
balistique, aux droits de l’Homme, au rôle de l’Iran dans sa région. Témoignant
d’une certaine fébrilité, elle a créé inquiétude et surprise. Mieux vaudrait
pour tout le monde – Iraniens, cela va sans dire, mais aussi clients de
l’Iran, et même Américains --, qu’elle ne produise pas ses pleins effets.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">La fébrilité<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Depuis quelque temps, émergeait à Washington la frustration de constater
que le retour de ses sanctions, intervenu en deux vagues, août et novembre
2018, ne produisait aucun effet sur le gouvernement iranien. La population
souffrait, s’agitait même, mais rien qui mette en péril la République
islamique. Celle-ci maintenait sa posture de défi : pas question de
négocier avec une Amérique qui avait trahi sa parole, avant qu’elle ne s’excuse
et réintègre, précisément, l’accord de Vienne. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Cette absence de résultat, si elle se prolongeait, pourrait gêner Trump
dans sa campagne pour sa réélection : à peine une année à ce jour. D’où
l’idée d’augmenter la pression par une troisième vague de sanctions. Elle est
en cours : inscription des Pasdaran sur la liste des organisations
terroristes, durcissement des sanctions pétrolières, interdiction d’un certain
nombre de transactions dans le domaine nucléaire, interdiction d’acheter et de
vendre à l’Iran plusieurs types de métaux. Chacune de ses mesures a soulevé des
objections de bon sens au sein même de l’administration américaine, mais les
« faucons » l’ont emporté. Et pour faire bon poids, un porte-avions
américain, l’<i>Abraham-Lincoln</i>, se dirige en ce moment vers le Golfe
persique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">La surprise<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Pour la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, le Japon, la Turquie, en
particulier, la décision américaine de leur interdire tout achat de pétrole a
produit un choc, alors que ces pays étaient en négociation pour la reconduction
des exemptions dont ils avaient bénéficié. Le pétrole iranien est en effet
essentiel pour eux. Ils ont des raffineries formatées pour traiter le pétrole
lourd dont l’Iran est grand exportateur, leur adaptation à d’autres types de
pétrole coûtera cher et représente un redoutable défi à si bref délai. Quant
aux condensats, pétroles ultra-légers, dont l’Iran est également exportateur,
la Corée du Sud, en autres exemples, qui en est grand acheteur, pourra certes s’approvisionner
ailleurs, notamment aux États-Unis, mais, au vu de la distance, à un coût bien plus
élevé. L’affirmation de Donald Trump, selon laquelle le marché mondial
suppléerait aisément au tarissement des exportations iraniennes, laisse donc
subsister de sérieux problèmes pour les clients au premier chef concernés.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Pour les marchés aussi, cela a été la surprise. Les cours ont monté à
l’annonce de la décision américaine, puis sont retombés. Mais il n’est pas
certain qu’à moyen terme les marchés restent aussi placides que l’espère
Washington. Or toute hausse en 2020 du coût de l’essence à la pompe aux
États-Unis jouerait négativement pour la réélection de Donald Trump. Certes,
dans les sous-sols, et dans les réserves des uns et des autres, les ressources
sont là, mais s’ajuster aux besoins de chaque pays, type de pétrole par type de
pétrole, sans rupture d’approvisionnement ni hausse de coûts insupportables, est
une autre affaire, surtout dans une période d’incertitude générée par les
crises libyenne et vénézuélienne.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">L’inquiétude<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Il y a d’abord et avant tout l’inquiétude des Iraniens, voués à de
nouvelles et dures privations. Il y a l’inquiétude de tout le monde à l’idée
que cette montée de tension pourrait conduire à un conflit ouvert qui embraserait
le Golfe persique. Disons quand même que les navires de guerre américains ne
vont pas commencer à arraisonner les tankers iraniens sur toutes les mers du
monde. L’idée que le détroit d’Ormouz pourrait faire l’objet d’un blocus
-- acte de guerre en droit international --, soit des Américains soit,
en représailles, des Iraniens, ne vaut que pour les éditoriaux, ou les escalades
verbales. Les sanctions de Washington sur le pétrole ne s’appliquent pas aux
flux physiques mais aux transactions financières. C’est par ce biais que
peuvent être mis en quarantaine et punis dans leurs intérêts aux États-Unis les
clients de l’Iran et les banques qui leur apportent leur concours. C’est déjà
hautement dissuasif.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Il y a enfin l’inquiétude de tout le monde, Américains compris, à la
perspective de sérieux à-coups sur les marchés. Trump a indiqué que les grands
producteurs arabes, Arabie saoudite, <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>mirats arabes unis, lui avaient donné
l’assurance qu’ils combleraient l’effacement du pétrole iranien. Mais l’Arabie
saoudite est restée dans l’expectative. Elle juge en effet qu’elle a été dupée
lors de l’entrée en vigueur des sanctions américaines contre l’Iran en novembre
dernier. Pour répondre à une demande de Trump, elle avait aussitôt augmenté sa
production. Mais les exemptions américaines ensuite intervenues ont provoqué un
excédent d’offre sur les marchés, et donc une chute des cours. L’Arabie
saoudite ne veut pas être à nouveau instrumentalisée. Elle attendra la réunion
plénière de l’OPEP, les 25 et 26 juin prochain, pour tenter d’élaborer une
réponse coordonnée (mais pas unanime puisque l’Iran en fait partie, et fera
entendre sa voix).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Jusqu’où s’appliqueront les sanctions américaines ?<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large; mso-bidi-language: FA;">Déjà dans la période précédente, de
2012 à 2015, les Iraniens avaient mis en place des dispositifs élaborés de contournement
des sanctions américaines, alors appuyées par des sanctions européennes. Ils
les ont réactivés depuis novembre dernier et vont, bien entendu, chercher à les
perfectionner. Pour l’essentiel, ces dispositifs consistent d’abord à offrir de
fortes réductions de prix pour convaincre les clients potentiels de braver les
sanctions. Ils consistent ensuite à effacer l’origine iranienne de ce pétrole en
combinant la réduction de la traçabilité des tankers iraniens par la coupure de
leurs liaisons satellitaires, le transfert discret de leur cargaison sur des navires
d’autres nationalités ou dans des installations portuaires non surveillées,
enfin le maquillage des documents d’accompagnement. Quant aux paiements, ils
peuvent se faire par accords de troc, en monnaies exotiques, en liquide, ou
encore en métaux précieux. En ce qui concerne la Turquie voisine, les choses
sont encore plus faciles. Certes, tout ceci ne peut couvrir qu’une partie des ventes
de l’Iran, peut-être un quart ou un cinquième. Les Iraniens dont les
exportations de pétrole ont déjà été réduites de 30 à 50% depuis le retour des
sanctions, doivent donc se préparer à de nouvelles réductions.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large; mso-bidi-language: FA;">Côté clients, les premières
réactions ont été plutôt retenues. La Chine, l’Inde, la Turquie évaluent leur
intérêt à résister à l’aune de leur relation globale avec l’Amérique. Le Japon,
la Corée du Sud ne désespèrent pas d’obtenir des exemptions discrètes. Les
Américains ne devraient pas s’interdire de faire quelques gestes, soit pour
faire baisser la tension sur les marchés, soit pour obtenir des gestes en
retour dans d’autres domaines : par exemple dans le cadre de leurs
négociations commerciales avec la Chine. Rien n’est encore joué.<o:p></o:p></span></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">*<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large; mso-bidi-language: FA;">Mais dans l’immédiat, l’urgence est
ailleurs. Elle est dans ce qu’il faut bien appeler une rafale de provocations
de l’Amérique, cherchant à pousser l’Iran à la faute : la première d’entre
elles étant une sortie de l’accord de Vienne qui débriderait son programme
nucléaire. Il deviendrait alors possible d’accuser la République islamique de
relancer la prolifération nucléaire au Moyen-Orient, et donc de mobiliser à
nouveau contre elle la communauté internationale. A vrai dire, le piège est
assez grossier, à l’image de son principal instigateur, John Bolton, conseiller
à la sécurité nationale auprès de Donald Trump, connu pour ses outrances et sa
brutalité. Le gouvernement d’Hassan Rouhani a vu où l’on voulait l’entraîner.
Jusqu’à présent, il a choisi d’être intelligent pour deux, et même pour trois
si l’on compte ses propres opposants prêts à en découdre avec l’Amérique. Dans
l’autre crise que vient de déclencher l’administration américaine en s’en
prenant au cœur des dispositions de l’accord nucléaire de Vienne, Rouhani a ainsi
opté pour une réponse soigneusement calibrée, qui laisse du temps et de
l’espace à la diplomatie. En cette passe difficile, il semble avoir fait sienne
la formule chinoise : « un combat évité est un combat gagné ».
Reste à espérer qu’il pourra s’y tenir.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large; mso-bidi-language: FA;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">(<a href="http://premium.lefigaro.fr/vox/monde/avec-l-iran-trump-joue-un-role-trop-dangereux-20190510">article paru dans Figaro Vox le 10 mai 2019</a>)</span></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-58598387247982900612019-05-04T22:24:00.000+02:002019-05-04T22:24:19.863+02:00MONSIEUR TRUMP ET LES PASDARAN<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Il y a d’abord eu, le 8 avril, une déclaration du Président Trump annonçant son intention de placer les Gardiens de la Révolution islamique, ou Pasdaran, sur la liste des organisations terroristes dressée par son Département d’État ; puis le 15 avril, l’inscription effective de l’organisation sur cette liste, y compris sa filiale, le mouvement de jeunesse dit des Bassidji ou « mobilisés ». Voilà donc les Pasdaran en bonne compagnie, aux côtés du Hezbollah libanais, du Hamas et du Jihad islamique palestiniens, mais aussi avec leurs pires ennemis : Da’esh, el Qaida. Au moins ne croiseront-ils pas dans cet enfer leurs vieux adversaires, les Moudjaheddine du Peuple iraniens : inscrits sur cette liste en 1997, mais rayés en 2012, grâce à l’intense lobbying d’amis américains tels que John Bolton ou Rudy Giuliani, gravitant aujourd’hui autour de Donald Trump.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Donald Trump et son secrétaire d’État, Mike Pompeo, ont tous deux souligné que les États-Unis qualifiaient pour la première fois d’organisation terroriste une institution d’État étranger, et rappelé que le régime iranien, par son usage systématique de la terreur, se différenciait fondamentalement de tout autre type de gouvernement. La décision de l’Administration visait à accroître encore la pression sur Téhéran pour le contraindre à mettre fin à ses agissements de hors-la-loi.</span></div>
<h3 class="yiv2019962043spip" style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, sans-serif; line-height: 1.14286em; margin: 0px 0px 0.2em; padding: 0px;">
<span style="font-size: small;"> De minces effets</span></h3>
<div style="font-family: arial, helvetica; font-size: 13.3333px;">
<span style="font-size: small;"><br clear="none" /></span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">En réalité, la mesure est, pour l’essentiel, symbolique. L’Organisation des Gardiens de la révolution et toutes ses succursales sont déjà sous sanctions américaines depuis huit à douze ans pour leurs entreprises terroristes, leur rôle en matière de prolifération nucléaire et balistique et leurs violations des droits de l’Homme. Elles sont d’ailleurs aussi sous sanctions européennes. Quant à l’État iranien lui-même, il est officiellement qualifié depuis janvier 1984 par le Département d’État de « soutien du terrorisme ».</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">La nouvelle mesure produit au plus deux effets. D’abord, tout membre de l’Organisation, voire ancien membre, et toute personne lui ayant apporté son soutien peut se voir interdire pour ce seul motif l’accès au sol américain, ou en être expulsé. Ce qui fait des millions de personnes, si l’on met dans le lot les fameux Bassidjis, sans oublier les étrangers. Mais, à vrai dire, depuis le « Muslim Ban » de Trump en février 2017, ce sont pratiquement tous les Iraniens qui sont interdits de territoire américain. Ensuite, l’échelle des peines pouvant frapper une personne physique ou morale apportant son soutien aux Pasdaran se trouve aggravée par la qualification d’action criminelle. Mais les peines antérieures, déjà fort lourdes, étaient pleinement efficaces, comme l’a démontré l’assèchement des échanges de tous genres avec l’Iran après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire de Vienne et le retour des sanctions américaines.</span></div>
<h3 class="yiv2019962043spip" style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, sans-serif; line-height: 1.14286em; margin: 0px 0px 0.2em; padding: 0px;">
<span style="font-size: small;"> Le diable dans les détails</span></h3>
<div style="font-family: arial, helvetica; font-size: 13.3333px;">
<span style="font-size: small;"><br clear="none" /></span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Côté américain, le projet a suscité l’opposition des bureaux du Département d’État et du Pentagone, conscients des risques de dérapage incontrôlé que pourrait générer un contact plus ou moins rugueux entre éléments armés, notamment dans les eaux ou l’espace aérien du Golfe persique. Trump est passé outre. Mais on peut faire confiance aux plus hauts gradés américains pour réduire les risques à près de zéro : depuis 2003 et le fiasco irakien, ils manifestent une aversion constante à toute idée de conflit avec l’Iran. Quant au Département d’État, il en est à préparer une série de directives pour que des officiels étrangers, des membres d’organisations non-gouvernementales ou même des hommes d’affaires ne se trouvent pas empêchés de pénétrer aux États-Unis pour avoir, entre autres exemples, serré la main d’un Pasdar.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Pour éviter toute escalade, on peut aussi faire confiance aux Pasdaran, fort conscients, malgré quelques rodomontades, de leur infériorité de moyens face à l’Amérique. Tout en développant des tactiques de combat du faible au fort, ils n’éprouvent aucune urgence à les mettre en œuvre. Ils démontrent d’ailleurs en Syrie leur capacité de « patience stratégique », selon l’expression de Barack Obama, en encaissant sans riposter les coups très durs que leur porte régulièrement l’aviation israélienne. Là, le seul but qui vaille est de parvenir à doter le Hezbollah libanais d’un arsenal de missiles de précision suffisamment nombreux, puissants et fiables pour tenir le territoire israélien sous leur menace. Alors, la donne au Moyen-Orient se trouverait radicalement changée. Mais y parviendront-ils ?</span></div>
<h3 class="yiv2019962043spip" style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, sans-serif; line-height: 1.14286em; margin: 0px 0px 0.2em; padding: 0px;">
<span style="font-size: small;"> Trois résultats collatéraux</span></h3>
<div style="font-family: arial, helvetica; font-size: 13.3333px;">
<span style="font-size: small;"><br clear="none" /></span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">La décision de Donald Trump a quand même produit à l’heure qu’il est trois résultats significatifs. Le premier a été de donner un coup de pouce à Benyamin Netanyahu en pleine campagne électorale. Dès l’annonce à Washington de la mesure, ce dernier a publiquement remercié le Président américain d’avoir ainsi répondu à une demande de sa part : façon de passer à l’électorat israélien le message qu’il avait le Président des États-Unis à sa main. À voir l’issue très serrée du scrutin, le geste de Trump a peut-être été décisif.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Le second résultat a été de déclencher en Iran un réflexe de solidarité nationale autour des Pasdaran. Oubliées les mises en cause de leurs façons d’agir, tant en Iran qu’à l’étranger. Les voilà transformés en cause sacrée. Le Président Rouhani, qui pourtant ne les aime guère, a déclaré que la décision de Trump était une « insulte à toutes les forces armées et plus largement au grand peuple iranien ». Les députés unanimes, conservateurs et réformateurs confondus, ont élaboré en urgence un projet de loi faisant miroir à la mesure de Washington en qualifiant de terroristes toutes les forces américaines stationnées au Moyen-Orient. Voilà donc les Pasdaran renforcés, légitimés comme jamais.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Le troisième résultat touche aux relations entre l’Europe et l’Iran. La désignation des Pasdaran comme organisation terroriste rend encore plus incertaine la mise du système bancaire et financier iranien aux normes du Groupe d’action financière (GAFI), organisation multi-gouvernementale qui traque à travers le monde le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Déjà beaucoup, au cœur du régime, mettent des bâtons dans les roues du gouvernement du Président Rouhani qui déploie son énergie à cette mise en conformité. La position des opposants se trouve désormais encore renforcée. Mais sans cette adhésion de l’Iran aux normes du GAFI, le dispositif de compensation dit INSTEX, en cours de montage, destiné à faciliter les échanges commerciaux entre l’Iran et l’Europe sans passer par le dollar, aura beaucoup de mal à fonctionner. Le piège est en train de se refermer sur la seule ouverture qu’avait imaginée l’Union européenne pour alléger, même à petite échelle, l’effet des sanctions américaines.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 13.3333px; margin-bottom: 1.42857em;">
<span style="font-size: small;">Comme l’écrivait naguère le grand humoriste iranien Ebrahim Nabavi, hélas depuis emprisonné puis exilé : « Heureusement que les Iraniens et les Américains ne sont pas les seuls habitants de la planète et que d’autres peuples existent, sinon il ne resterait rien de notre monde. »</span></div>
<div style="background-color: white; color: #434343; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; margin-bottom: 1.42857em;">
article paru le 4 mai 2019 sur le site <a href="https://www.boulevard-exterieur.com/"><img alt="Boulevard Extérieur" height="105" src="https://www.boulevard-exterieur.com/skel/img/logo.png" style="border: 0px; height: auto; max-width: 100%; vertical-align: middle;" width="555" /></a></div>
:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-70466705687204173162019-02-03T12:57:00.000+01:002019-02-03T13:07:56.473+01:00SYRIE, LE RETRAIT AMÉRICAIN : UNE AFFAIRE DE BON SENS<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<o:p><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">(écrit le 30 décembre 2018, publié par lemonde.fr le 30 janvier 2019)<b> </b></span></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Les Français déploraient l’affrontement des superpuissances durant la
Guerre froide, mais chaque fois qu’un dégel s’amorçait, se plaignaient de l’émergence
d’un condominium. Ils ont ainsi refusé en 1968 d’adhérer au Traité de
non-prolifération nucléaire. Ils s’élevaient contre la division de l’Europe, mais
faisaient la grimace à <i>l’Ostpolitik</i> de Willy Brandt. L’URSS disparue,
ils ont pointé du doigt l’hégémonisme américain, tout en théorisant la
naissance d’un monde multipolaire, lourd d’incertitudes. Déjà en 1996, Jacques
Chirac laissait percer sa nostalgie d’un monde bipolaire « critiquable
mais lisible ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Plus récemment, ils ont lourdement critiqué la dérobade de Barack Obama
quand il s’est agi de punir Bachar el Assad pour son utilisation de l’arme
chimique. La frappe avortée aurait dû déstabiliser le tyran, donner à
l’opposition armée la chance de le renverser. On a vu les effets de telles
interventions quand Trump, lui, a frappé, une première fois seul en 2017, puis
un an plus tard avec Français et Anglais. Cette seconde fois, une centaine de
missiles a été tirée. Assad ne s’en est pas plus mal porté. Selon notre
ministre des affaires étrangères, le raid avait détruit « une bonne
partie » de l’arsenal chimique syrien. Il en restait donc assez pour faire
de tristes dégâts. Saddam Hussein n’avait pas non plus bronché quand Bill
Clinton, en 1998, avait déversé sur l’Irak quelque mille bombes et missiles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Trump, après Obama<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">A présent, c’est le retrait des troupes américaines de Syrie,
brusquement décidé par Donald Trump, qui soulève un tollé, et d’abord dans les
milieux éclairés aux Etats-Unis. Il y a eu en France quelques plaintes et un
silence lourd de reproches : reproche de la confiance trahie, à l’égard
des Français et autres alliés, comme à l’égard des Kurdes. Et reproche
d’infidélité à la mission de l’Amérique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Dans la méthode, la désinvolture de Trump est extrême : aucune
consultation de ses alliés, ni même de ses subordonnés. Pour l’avenir, cela
pose problème. Restent aussi les modalités du retrait, qui pourraient réserver
des surprises. Mais sur le principe, comment ne pas voir le gros bon sens de la
décision ? A écouter les porte-paroles variés de leur Administration, les
Américains, avec deux mille hommes à terre (sans doute plus en réalité),
dispersés sur plusieurs bases, prétendaient éliminer les derniers partisans du
soi-disant État islamique, chasser l’Iran de Syrie, et pousser Bachar el Assad
vers la sortie. Et donner aussi en prime aux Kurdes un territoire au moins
autonome. Sur ces différents objectifs, ils n’avaient aucun espoir de
l’emporter, sauf à gonfler leur présence à un format comparable à celui de leur
intervention de 2003 en Irak, ce qui aurait ouvert de nouvelles inconnues.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Une victoire, vraiment ?<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">…Mais, va dire le lecteur, quel est ce Docteur Subtil qui veut tout doucement
nous habituer à l’idée de la victoire de l’Iran, de la Russie, et du Tyran de Damas ?
Pas forcément. Voilà ces trois acteurs, et aussi la Turquie, peut-être extraits
de la zone de confort que leur offrait la présence d’un évident adversaire. Les
voilà placés devant leurs responsabilités, obligés de gérer à eux quatre la
remise sur pied de la Syrie. Et à eux seuls, ils n’ont guère de chances d’y
arriver, incapables d’abord de financer le début d’une reconstruction du pays.
Nous les verrons peut-être un jour appeler à l’aide, et c’est alors qu’il
deviendra possible de composer, voire de leur tenir la dragée haute.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Déjà, pour les Kurdes, l’heure de vérité est arrivée. Ils ont préféré
ouvrir Manbij aux troupes d’Assad plutôt que de se laisser envahir par les
Turcs. Les Russes ont poussé en ce sens, et empêcheront Erdogan de s’installer sur
les terres kurdes situées à l’est de l’Euphrate. Reste aux Kurdes à trouver un
compromis durable avec Assad. Ils ont encore quelques cartes en main, notamment
celle d’une coopération pour réduire les débris de l’État islamique et
l’opposition armée au régime. Encore récemment, le Moyen-Orient était une
région où, selon la plaisante expression de Bertrand Badie « l’ennemi de
votre ennemi n’est pas forcément votre ami, ni l’ami de votre ennemi votre
ennemi, ni l’ennemi de votre ami votre ennemi, ni l’ami de votre ami votre
ami. » Le paysage commence à se clarifier.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><b>Les </b><b><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis, toujours là<o:p></o:p></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;">Alors, la rassurante présence des Etats-Unis dans la région ? Sur
ce thème, ceux qui pleurent d’un œil peuvent encore rire de l’autre. Après
quelques années de flottement, les Etats-Unis se retrouvent en Syrie dans leur
position précédente, c’est-à-dire parfaitement absents. <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">À</span> l’époque, personne n’y
trouvait à redire. Ils conservent dans la région du Golfe persique près de 40.000
soldats, marins et aviateurs, répartis sur de nombreuses bases. Ils sont
présents en Irak, au moins pour un temps. Avec leur puissance aérienne et
navale, ils peuvent frapper quand ils veulent, où ils veulent. La puissance américaine
a encore, là comme ailleurs, de beaux jours devant elle.<o:p></o:p></span></div>
<div style="mso-element: footnote-list;">
<!--[if !supportFootnotes]--><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br clear="all" />
</span><br />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<br />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: medium;"><br />
</span></div>
</div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-83050356522141476372019-01-01T15:45:00.000+01:002019-01-01T15:47:51.102+01:00L'EMPIRE OTTOMAN ET SES MINORITÉS<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">(paru dans le n°48 de la revue Après-demain, décembre 2018)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L’empire ottoman, l’un des plus puissants et des plus durables de
l’Histoire, a pris son essor sur le territoire de l’actuelle Turquie au XIVème
siècle. Il conquiert Constantinople en 1453, s’étend d’une part dans les
Balkans, d’autre part vers l’Egypte et le monde arabe, pousse jusqu’en Hongrie et
parvient à trois reprises aux portes de Vienne. Un long déclin s’amorce au
XVIIIème siècle et se poursuit au XIXème siècle malgré un grand effort de
réformes. La guerre de 1914-1918 lui est fatale. Dépecé, réduit à la surface de
l’Anatolie, il est aboli en 1923 par Atatürk, le fondateur de la République.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Cet empire laisse derrière lui le souvenir de grands massacres infligés
à ses minorités, Grecs au début du XIXème siècle, plus tard Serbes, Bulgares,
Arméniens, massacres culminant avec le génocide arménien au cours de la
Première guerre mondiale (plus d’un million de morts), dont la réalité, malgré
le déni persistant de la Turquie d’aujourd’hui, vient d’être confirmée par les
dernières recherches historiques. Il laisse aussi la trace de nombreux
massacres de moindre ampleur, souvent à l’initiative de gouverneurs locaux,
luttant contre des révoltes ponctuelles ou encore des hérésies au sein de
l’Islam. Il laisse enfin le souvenir de pratiques d’esclavage, ou encore de
rafles systématiques d’enfants chrétiens pour alimenter le corps militaire
d’élite des Janissaires.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Mais ceci ne doit pas masquer une autre réalité, celle d’un empire
multiculturel, ayant sur de longues périodes appliqué une politique de
tolérance très en avance sur ce qui se voyait alors en Europe. Au XVème siècle,
Mehmet II, le conquérant de Constantinople, organise les minorités de l’empire
en trois communautés protégées, grecque-orthodoxe, juive et arménienne, leur
reconnaît la liberté de culte et leur ouvre l’accès aux charges publiques. L’empire
accueille généreusement à la fin du XVème siècle plusieurs vagues de Juifs
chassés de différents coins d’Europe, d’Espagne, du Portugal, d’Italie, de
Sicile. Au milieu du XIXème siècle, il recueille plusieurs centaines de
milliers de Circassiens chassés de l’empire russe.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les libertés accordées aux minorités seront confirmées dans la période
de réformes, dite des <i>Tanzimat, </i>au XIXème siècle. Les communautés
religieuses, ou <i>millet</i>, dont le nombre a été élargi, disposent de l’autonomie
d’administration, et de tribunaux propres pour l’application de statuts
personnels. Ceci en échange d’une loyauté sans faille exigée à l’égard du
Sultan. Les Grecs, les Arméniens forment alors l’ossature de l’administration
et de la diplomatie de l’empire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ces équilibres sont mis à mal par le réveil des nationalités au début
du XIXème siècle. La guerre d’indépendance grecque s’ouvre par le massacre des
familles musulmanes du Péloponnèse. En Bulgarie, en Macédoine, parmi les
Arméniens, jusque dans Istanbul, des mouvements recourent à la violence armée,
parfois aveugle, pour exprimer leurs revendications. Pendant la Première guerre
mondiale, les Alliés encouragent les Arméniens à la révolte, les faisant apparaître
comme des ennemis de l’intérieur aux yeux d’une armée ottomane alors en
difficulté.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Et puis, au début du XXème siècle, la ferveur nationale a gagné les
Turcs acquis aux idées européennes, et pris par le sentiment que leur identité
s’est diluée dans un empire multiethnique et multiculturel. Après la défaite de
1918, ils s’insurgent contre le traité de paix léonin des puissances
victorieuses, reprennent le combat, restaurent l’intégrité du berceau de
l’empire, c’est-à-dire l’Anatolie. 500.000 Turcs y sont rapatriés, 1.500.000
Grecs en sont expulsés. Ce qui reste de l’empire ottoman ne contient
pratiquement plus de minorités. La République turque peut être proclamée.<o:p></o:p></span></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-18225185334720055502019-01-01T15:38:00.000+01:002019-01-01T15:48:58.752+01:00LA LAÏCITÉ EN FRANCE... ET AILLEURS<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">(paru dans le n° 48 de la revue "Après-demain", décembre 2018)</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Il existe à l’Organisation des Nations-Unies un Comité des droits de
l’Homme. Composé de 18 experts indépendants, il veille à la bonne application
du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, conclu en 1966
et ratifié par la France en février 1981. Le Comité peut ainsi recevoir des
plaintes de personnes s’estimant atteintes dans leurs droits et qui n’ont pas
obtenu satisfaction devant la justice de leur pays. Il émet alors ce qu’il
appelle une constatation dans laquelle, s’il estime la plainte justifiée, il
peut demander au pays concerné de rectifier sa façon d’agir, éventuellement
d’indemniser la victime.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La France deux fois désavouée<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La France vient tout récemment d’être désavouée par le Comité dans deux
affaires emblématiques de sa conception de la laïcité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La première affaire concerne le licenciement sans indemnité d’une
employée d’une crèche associative qui refusait de quitter son voile au travail.
C’est la fameuse affaire « Baby-Loup », dans laquelle les juges
français ont finalement donné tort à l’employée. Le Comité des droits de
l’Homme lui a au contraire donné raison, en considérant que son droit à
manifester librement sa religion avait été violé. Il a estimé que la France
n’avait pas démontré que le port du voile par une employée portait atteinte aux
droits fondamentaux des enfants ou des parents fréquentant la crèche.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La deuxième affaire concerne le cas de deux femmes condamnées à des
amendes pour avoir porté dans la rue le <i>niqab</i>, ou voile intégral, en
contravention avec une loi de 2010, interdisant de dissimuler son visage dans
l’espace public. Le Comité a estimé que cette interdiction pouvait se justifier
en certaines circonstances ou en certains lieux, par exemple à l’occasion de
contrôles d’identité, mais qu’une interdiction générale et absolue couvrant
l’ensemble de l’espace public était une mesure excessive qui portait atteinte
aux droits des personnes en question.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Voilà donc la justice française déstabilisée, et une partie de
l’opinion française désorientée par ces deux prises de position. Comment se
fait-il que notre vision de la laïcité soit si mal comprise à l’étranger ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Certes, les experts du Comité des droits de l’Homme viennent de tous
les coins de la terre. Mais parmi les douze experts ayant adopté la première
constatation, figurent trois Européens et deux Nord-américains, qui devraient en
principe assez bien nous comprendre. Les deux autres constatations, prises en
termes à peu près identiques, ont été adoptées par onze experts, avec quand
même deux opinions dissidentes donnant raison à la France, exprimées par les
experts tunisien et portugais.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La laïcité à travers le monde<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La laïcité prend donc des aspects très variés à travers le monde, certes
à partir d’un socle commun, dès que l’État, la loi, ne puisent plus leur
légitimité dans un ordre supérieur, défini par la foi et la religion. En
France, elle commence à apparaître dans les efforts des Rois pour se dégager de
la mainmise de la Papauté. Elle prend forme sous la Révolution avec la
Constitution civile du clergé, se conforte avec le Code civil et le Concordat
napoléonien, et adopte son aspect moderne sous la Troisième république, lorsque
la société s’affranchit par une série de lois de l’emprise du clergé. Mais
ailleurs, les parcours et les aboutissements sont fort différents. Voici
quelques exemples.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les régimes communistes, athées par principe, ont pratiqué une laïcité
fortement hostile à toutes les religions, détruisant les lieux de culte,
persécutant les fidèles, contrôlant très étroitement les pratiques religieuses
provisoirement tolérées dans l’attente d’un monde nouveau émancipé de toutes « superstitions ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">En Europe, beaucoup d’<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats se réfèrent à Dieu dans leur
Constitution, mais pour affirmer ensuite leur neutralité face à toutes les
croyances. La Constitution fédérale suisse est adoptée « au nom du Dieu
tout-puissant » mais affirme que nul ne peut subir de discrimination,
notamment du fait de ses convictions religieuses ou philosophiques. Le peuple
allemand adopte la Loi fondamentale « conscient de sa responsabilité
devant Dieu et devant les hommes ». Mais nul ne peut être discriminé en
raison de sa croyance ou de ses opinions religieuses ou politiques. La liberté
de culte est garantie. Un impôt destiné à financer les <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glises est perçu sur les
fidèles (de même qu’en Autriche ou en Suisse). Et l’enseignement religieux dans
les écoles est dispensé par des fonctionnaires n’appartenant à aucune
hiérarchie cléricale. Plus au nord, La Suède jusqu’en 2000, la Norvège jusqu’en
2012 ont eu des <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glises d’<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tat. <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">À</span> l’est, la Constitution
hongroise demande à Dieu de bénir les Hongrois et rappelle que leur pays est
une partie de l’Europe chrétienne. Mais elle établit la séparation des <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glises
et de l’<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tat.
Plus au sud, la Grèce cite abondamment la religion orthodoxe dans le préambule
de sa Constitution, mais proclame la liberté de conscience religieuse.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">De l’autre côté de la Manche, l’Angleterre, en une sorte de premier <i>Brexit</i>,
s’est séparée de l’Europe catholique au XVIème siècle et s’est dotée d’une<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;"> É</span>glise
d’État, l’<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glise
anglicane, placée sous l’égide du Souverain. L’<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>cosse est également dotée
d’une <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glise
d’État, l’<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glise
presbytérienne. Après une période de persécution des autres religions,
l’Angleterre a évolué vers la tolérance, au point d’apparaître dès le XVIIIème
siècle comme un modèle. Mais longtemps, les Catholiques, entre autres, n’ont pu
exercer de fonctions publiques. Tony Blair a attendu de n’être plus Premier
ministre pour se convertir officiellement au catholicisme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Aux <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis,
la Constitution interdit au Congrès de légiférer pour établir une religion ou
pour en interdire le libre exercice. C’est seulement en 1956 qu’est adoptée
comme devise officielle du pays « in God we trust » (« en Dieu
est notre foi »). Les <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glises échappent à l’impôt. Tout peut
être prêché sans entraves, y compris les doctrines les plus sectaires. Le
créationnisme, qui affirme que Dieu, comme le dit la Bible, a directement créé
tous les êtres vivants, homme compris, y est très populaire. Et le sentiment
religieux joue, on le sait, un rôle très important dans la vie publique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La Constitution canadienne proclame :« le Canada est fondé
sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la règle du
droit ». La Charte des droits et libertés protège la liberté de conscience
et de religion et les normes communes doivent s’adapter, dans la mesure du
possible, aux prescriptions religieuses. La jurisprudence a ainsi été amenée à
dégager la notion d’«accommodement raisonnable». Entre autres exemples, les
juges ont autorisé les Sikhs à porter sur eux leur poignard rituel, à condition
qu’il soit fermement cousu à l’intérieur de leur vêtement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Loin des pays de tradition judéo-chrétienne, la Turquie, née au
lendemain de la Première guerre mondiale sur les débris de l’empire ottoman,
s’est voulue un État laïque. En 1924, elle abolit le califat, qui faisait du
Sultan « l’ombre de Dieu sur terre » et donc le guide de tous les
Musulmans. Mais la première Constitution établit l’Islam comme « la
religion de l’État turc ». Une Direction des affaires religieuses,
toujours active à ce jour, vient gérer, financer et donc contrôler l’exercice
du culte musulman, plus précisément du culte sunnite hanafite, pratiqué par la
majorité de la population. Il faut attendre 1937 pour que la laïcité soit citée
dans la Constitution. Le principe a été conservé mais la laïcité a été
récemment ébranlée par l’arrivée aux commandes du pays de conservateurs,
défenseurs des traditions.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L’Islam est cité dans la plupart des Constitutions des pays arabo-musulmans,
du moins lorsqu’ils ont en une, et souvent la Charia, ou loi religieuse, est
posée comme source du Droit. Le Liban, pays multiconfessionnel, fait toutefois
exception. Mais les mêmes textes garantissent ensuite la liberté de conscience.
En réalité, les pratiques d’un pays à l’autre sont très diverses, le principe
de tolérance est en beaucoup d’endroits fort malmené, parfois par les sociétés
encore plus que par les <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">pouvoirs publics</span>. Dans la même région, le Parlement
israélien vient de proclamer Israël « État-nation du peuple juif ».
L’on semble donc loin de la laïcité. Mais la déclaration d’indépendance de
1948, par laquelle Israël s’engage à assurer « une complète égalité de
droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance,
de race ou de sexe » reste en vigueur. Au-delà des formules, il faut donc
voir, ici comme ailleurs, comment tout ceci s’applique et s’appliquera.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans beaucoup de pays d’Afrique, les Constitutions et les grandes lois tendent
à refléter les traditions juridiques dans laquelle ils ont baigné avant leur
indépendance. Mais rites et croyances y jouent un rôle majeur de cohésion
sociale. La laïcité n’y est l’affaire que de petits groupes. L’Asie offre, elle,
un paysage contrasté. Pour prendre deux exemples, l’Inde et le Japon, l’Inde,
dès son indépendance, s’affirme comme une République « séculière »,
portant un égal respect à toutes les religions. Sur cette base, le droit des
personnes combine règles générales et prescriptions que chacun peut invoquer en
vertu de sa religion. Et la vie quotidienne de l’immense majorité des Indiens
est irriguée par les religions. En outre, ces dernières années, la volonté de
faire de l’Inde une nation Hindoue a atteint le sommet de l’État, remettant en
cause les principes fondateurs du pays. Au Japon en revanche, si rites et
croyances circulent comme ailleurs, elles le font sur un mode discret. La
Constitution de 1946 a introduit une séparation radicale entre <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>glises
et État, qui est toujours scrupuleusement respectée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Retour en France<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">A l’issue de ce tour d’horizon, la laïcité « à la française »
apparaît dans toute son originalité, et peut-être sa solitude. D’autant qu’elle
a beaucoup évolué au cours de son histoire, avec des épisodes de tensions et
d’intolérance, mais aussi de très nombreux accommodements.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans la période récente, elle a semblé aller à l’encontre de l’adage « C’est
à l’État d’être laïque, pas aux individus », en cherchant à introduire
dans la vie sociale une sorte de laïcité des comportements, notion étrangère à
ses fondateurs historiques. Elle a donc tendu à s’éloigner de la conception de
la laïcité la plus répandue autour d’elle, fondée sur une neutralité tolérante,
et même bienveillante, plutôt que sur une attitude prescriptive.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Or c’est cette protection de la diversité qui imprègne les grands
textes fondateurs que sont la Déclaration universelle des droits de l’Homme
(1948), la Convention européenne des droits de l’Homme (1953) ou encore la
Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2007). Tous trois affirment
en effet à l’unisson : « Toute personne a droit à la liberté de
pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique… la liberté de
manifester sa religion ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu'en
privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des
rites ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">D’où le conflit qui vient de surgir entre la France et les gardiens du
Pacte relatif aux droits sociaux et politiques, dont l’article 18 proclame également
la liberté pour tout individu « de manifester sa religion ou sa
conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé ». Ceci
sans autres restrictions que celles « prévues par la loi » et « nécessaires
à la protection de la sécurité, de l'ordre et de la santé publique, ou de la
morale ou des libertés et droits fondamentaux d'autrui ». Mais il est vrai
aussi que ces formules laissent ouvert le dilemme qui nourrit à ce jour le
débat en France : quelles tolérances accorder aux adversaires de la tolérance ?
Comment, sans menacer les droits de tout un chacun, contenir les intégrismes de
toutes origines ?</span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: large;"><o:p></o:p></span></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-61800593835579927922018-11-04T16:42:00.000+01:002018-11-04T16:42:03.981+01:00IRAN 2028, UNE RÊVERIE POLITIQUE<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: left;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><i>(paru dans la revue "Politiques étrangères", automne 2018)</i></span></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" class="MsoTableGrid" style="border-collapse: collapse; border: none; mso-border-insideh: none; mso-border-insidev: none; mso-padding-alt: 0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; mso-yfti-tbllook: 1184;">
<tbody>
<tr style="mso-yfti-firstrow: yes; mso-yfti-irow: 0; mso-yfti-lastrow: yes;">
<td style="padding: 0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; width: 11.0cm;" valign="top" width="416">
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Il est difficile de faire des
prédictions<o:p></o:p></span></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>surtout quand elles concernent l’avenir
(anonyme)<o:p></o:p></span></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
</td>
<td style="padding: 0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; width: 141.25pt;" valign="top" width="188">
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Toujours l’inattendu arrive
(sagesse populaire)<o:p></o:p></span></span></i></div>
</td>
</tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Début 2028,
l’Iran se prépare à une nouvelle élection législative. La dernière décennie a
été agitée, entraînant des évolutions sensibles du régime et de la société. Sept
ans auparavant, le Guide suprême, affaibli par une longue maladie, avait dû se
retirer, quelques mois avant l’élection présidentielle du printemps 2021, marquant
la fin du mandat du Président en exercice. Le Guide avait évidemment préparé sa
succession en avançant le nom d’un fidèle. Mais l’Assemblée des experts,
composée de 88 religieux chargés d’élire son successeur, avait échoué à le
faire élire, la minorité modérée de l’Assemblée multipliant les obstacles pour bloquer
ce candidat conservateur, et poussant en revanche le nom du Président de la
République pour quelques mois encore. En outre, la majorité conservatrice s’était
finalement divisée entre deux candidats, l’un se revendiquant du Guide suprême
sortant, l’autre ensuite apparu, et doté clairement de titres plus éminents. Certes,
l’écho de ces querelles s’était trouvé amorti par le caractère secret des
débats, mais le blocage était devenu visible lorsque l’Assemblée, conformément
à la Constitution, avait mis en place un Conseil de guidance de deux membres,
chargé de gérer l’intérim. Au bout d’une quinzaine de jours toutefois, la
majorité conservatrice du Conseil était parvenue à s’unir autour d’un troisième
nom, ralliant une quasi-unanimité, y compris dans la minorité modérée, car âgé
de 80 ans, plutôt effacé, et se présentant comme un Pape de transition.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Mais ce
respectable exégète de la loi islamique se révèle assez vite un piètre
politique. Ceci ne se voit pas immédiatement, l’opinion étant d’abord mobilisée
par l’imminente élection présidentielle. Le Président en exercice, conformément
à la Constitution, ne peut plus se présenter. Sa fin de mandat, marquée par le
retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord nucléaire, conclu par six puissances
à Vienne en juillet 2015, a été très difficile. Après des débats feutrés au
cœur du régime, le consensus s’était fait fin 2018 sur l’idée de maintenir sans
bruit l’Iran dans l’accord, en vue de préserver la possibilité d’une relance
des échanges avec l’Europe, et de conserver le soutien de la Chine et de la
Russie : façon aussi de préserver l’avenir au cas où Donald Trump finirait
par disparaître au profit d’un Président plus pragmatique. Mais sous l’effet
des sanctions américaines, l’argent du pétrole s’est raréfié, mettant le budget
de l’</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">tat et l’économie nationale en état de choc. Malgré la mise
en place d’une « économie de la résistance » et surtout de réseaux de
contournement des sanctions, de nombreux produits naguère importés ont disparu des
marchés, la monnaie iranienne a filé face au dollar, et la hausse du coût de la
vie a rendu beaucoup de produits inaccessibles à la plupart des consommateurs.
La grogne s’est répandue, des manifestations parfois violentes ont éclaté dans
différents coins du pays. Plusieurs quartiers de Téhéran ont connu des jours
d’émeutes, la répression a fait des dizaines de morts. Beaucoup, à l’extérieur,
se sont mis à espérer – une fois de plus – la fin prochaine de la
République islamique.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Jeux
politiques et mouvements de société<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans ce
marasme, les élections législatives de 2020 ont marqué un fort recul du camp
des modérés, mais les conservateurs ont aussi reculé, le seul vainqueur étant
un marais de défenseurs d’intérêts locaux. Dans la campagne présidentielle de
2021, les conservateurs, instruits par les divisions qui les avaient précédemment
conduits à l’échec, parviennent à faire bloc autour d’un religieux… qui n’est
autre que leur meilleur candidat, quelques semaines auparavant, à la position
de Guide suprême. Ils avaient un moment sollicité un charismatique général,
mais celui-ci a confirmé qu’il ne souhaitait pas entrer en politique. C’est le
camp des modérés qui, cette fois-ci, s’effrite, avec plusieurs candidats
s’affichant les uns comme réformateurs, les autres comme centristes. A l’issue
du deuxième tour, dans une atmosphère de désenchantement créé par les
difficultés économiques, le candidat conservateur l’emporte, mais avec une
participation étriquée, à peine supérieure à 50%.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Le nouveau
président s’est donné six mois pour reposer la question de la sortie de
l’Accord de Vienne. Trump réélu à l’automne 2021, la décision d’en sortir est
prise au sein du Conseil suprême de sécurité nationale. Pour éviter une crise
internationale -- et peut-être des bombardements américains ou
israéliens --, l’Iran prend toutefois l’engagement de ne pas enrichir son
uranium au-delà de 5%, et pas au-delà de 20% pour des quantités destinées son
petit réacteur de recherche. Il prend également l’engagement de ne pas
développer une filière de retraitement, qui lui aurait donné accès à du
plutonium de qualité militaire. C’était le prix demandé par les Européens, mais
aussi les Russes et les Chinois, pour continuer à amortir l’effet ravageur des
sanctions américaines.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais au-delà
de ces jeux politiques, et malgré toutes ses difficultés, la société iranienne
a continué à rapidement évoluer au cours de la décennie. Les femmes et les
étudiants ont joué un rôle majeur dans l’émancipation de vastes segments de la
société. Dans les grandes villes, l’érosion des codes du régime a gagné les
classes populaires. En 2028, les citadins dans tout le pays ressemblent de plus
en plus à ceux de Téhéran. Seules les campagnes ont conservé leur aspect
traditionnel, mais elles ne représentent plus que 15% de la population totale
de l’Iran. Parmi les marqueurs les plus visibles de cette évolution, se
retrouve la très molle application des règles de modestie islamique : le
short est apparu l’été chez les hommes, les avant-bras nus chez les femmes, le
voile ou le foulard reste en principe obligatoire, mais tombe souvent sur les
épaules dès lors que sa propriétaire entre dans un espace couvert (ou encore
dans une automobile). De plus en plus de femmes conduisent des motocyclettes. Plus
sérieux, le taux de fécondité des femmes s’est constamment maintenu au-dessous
de deux enfants, la pratique des « mariages blancs », c’est-à-dire de
la vie en couple informelle, s’est développée, le taux des divorces a progressé,
la pratique religieuse a encore reculé. La société iranienne présente désormais
un aspect postislamique. L’expansion de l’usage d’internet, la popularité croissante
des réseaux sociaux, l’accès illimité au monde extérieur par satellite,
ordinateur ou tablette, ont joué un rôle majeur dans ces évolutions. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Reprise
en main conservatrice<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Le régime a
tenté de lutter contre ces phénomènes, sans succès. Avec l’élection en 2021
d’un Guide suprême et d’un Président à l’unisson dans le conservatisme, de nombreuses
fatwas et directives lancées par le premier, mises en œuvre par le second et
soutenues par un pouvoir judiciaire conservateur, se sont efforcées de
reprendre en main la société, mettant sur le relâchement des mœurs les
difficultés de la période. Les femmes, qui avaient été autorisées à assister à des
compétitions sportives, en sont à nouveau exclues. Les seuils d’application de
la peine de mort pour trafic de drogue, qui avaient été fortement relevés en
2017, épargnant des milliers de condamnés, sont à nouveau rabaissés, sans
toutefois retrouver leur étiage antérieur. La lutte contre les pratiques
contraceptives est relancée, sans effets probants. La police a été sommée de
procéder à un démontage massif des antennes satellitaires des particuliers, le
contrôle s’est renforcé sur les réseaux sociaux. Les tribunaux ont durci leurs
peines contre les comportements non-islamiques, appliquant systématiquement des
châtiments corporels en cas de consommation d’alcool, ou de tenue trop légère
des femmes. Rien n’y fait. Une résistance sourde a émergé de la société, la
police, mobilisée au-delà de ses capacités, a vu son zèle s’effriter, et la
plupart de ces mesures ont fini vidées de leur substance. Seule est demeurée la
hausse des exécutions capitales, mais là encore, l’évolution des sensibilités
collectives a obligé à abandonner l’usage des exécutions publiques, dont
certaines avaient généré de graves désordres. Et les prisons sont pleines à
déborder.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Grâce aux réseaux
sociaux, la pratique des manifestations surprises, ou <i>flashmobs</i>, aussi
soudainement réunies que dispersées, s’est répandue dans le pays, laissant
désemparées les forces de l’ordre. Les vidéos d’une manifestation de ce type,
réunissant place de la Liberté à Téhéran plusieurs milliers de femmes agitant
pendant trente secondes leur foulard à bout de bras, ont fait le tour du monde.
Du coup, le geste s’est reproduit dans plusieurs villes d’Iran, et même dans la
ville sainte de Qom. Dans le même temps, les difficultés croissantes de la
population dans une économie nationale en berne sous l’effet des sanctions, comme
la montée régulière du chômage, notamment du chômage des jeunes, que le nouveau
gouvernement n’est pas parvenu à enrayer malgré de grandiloquentes
déclarations, ont conduit à une extension des mécontentements réunissant
bourgeoisie, couches populaires et paysannerie.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Impasses
et ouvertures<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Ce sentiment
d’impasse en tous domaines s’est trouvé accentué par une crise environnementale
multiforme touchant l’ensemble du pays : pollution atmosphérique devenue
insupportable dans les grandes villes, notamment à Téhéran, répétition des
tempêtes de sable dans le sud-ouest de l’Iran, grave pénurie d’eau dans les
campagnes. A l’approche des élections législatives de 2024, l’opposition aux
conservateurs a relevé la tête et a commencé à s’organiser. Même si les
résultats du scrutin ont fait la part belle, une fois de plus, aux intérêts
locaux, le camp des conservateurs doctrinaires s’est trouvé réduit à la portion
congrue, et le gouvernement privé de soutien parlementaire assuré.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">En outre,
l’Assemblée des experts chargée de l’élection du Guide, qui était appelée par
la même occasion à se renouveler, penche pour la première fois de son histoire
vers la modération. C’est alors, à l’automne 2024, entre élections législatives
et présidentielles, qu’éclate un scandale majeur de corruption, à la suite de
la découverte d’un vaste réseau de compromissions organisé autour des
procédures de contournement des sanctions internationales, qui éclabousse
pratiquement tous les hiérarques du régime. L’entourage du Guide lui-même,
celui du Président de la République, et jusqu’au Président du pouvoir
judiciaire se retrouvent impliqués. Le Président de la Banque centrale s’enfuit
à l’étranger. L’on découvre alors qu’il avait la double nationalité iranienne
et irlandaise. Là encore, les réseaux sociaux jouent tout leur rôle pour
empêcher l’étouffement des affaires. La presse, même conservatrice, est obligée
de suivre, cherchant dans tout cela la main de l’étranger. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans cette
ambiance délétère, le Guide suprême tombe opportunément malade et s’efface peu
à peu de la scène publique, sans toutefois démissionner. L’ancien Président de
la République, qui a cultivé discrètement ses soutiens pendant cette traversée
du désert, prend alors la tête d’une campagne pour une révision de la Constitution
par référendum, prévoyant notamment l’abolition de la position de Guide suprême
au profit d’un triumvirat de docteurs de la loi, uniquement chargés
d’intervenir sur les questions d’éthique et les grands principes de
gouvernement. Les domaines jusque-là réservés du Guide -- police, armée,
gardiens de la Révolution, radio-télévision d’État – passeraient alors
sous la coupe de la Présidence de la République.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">À</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"> l’approche de novembre 2024, chacun en Iran retient son
souffle dans l’attente de l’élection présidentielle américaine, à laquelle
Donald Trump ne peut plus se présenter. Celui-ci avait encore durci les
sanctions américaines à l’orée de son deuxième mandat, persuadé qu’une dernière
poussée mettrait la République islamique à terre. Sous cette pression
croissante, le gouvernement iranien s’était résolu début 2022 à entrer
secrètement en contact avec Washington. Mais les exigences américaines, visant
au démantèlement complet des programmes iraniens d’enrichissement et de
développement balistique, ainsi qu’à la mise en place d’un système
d’inspections extraordinairement intrusif, sont jugées inacceptables à Téhéran.
Elles ressemblent trop aux conditions léonines imposées à Saddam Hussein en
1991. Les tirs d’essai balistiques, auxquels les conservateurs avaient donné
une nouvelle impulsion à leur arrivée, avaient été interrompus en signe de
bonne volonté dans la première phase de pourparlers, de même que la mise en
place de centrifugeuses plus performantes. Mais au bout d’une année, les
conversations se sont étiolées, et les rencontres espacées. L’activité de
recherche-développement dans le domaine balistique et de l’enrichissement de
l’uranium est relancé, mais sans s’accompagner comme naguère de déclarations
provocatrices.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Sur le
plan régional, le délitement de grandes espérances<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Sur cette
période, les grandes espérances nourries par l’Iran quant à son influence
régionale ont été loin de se concrétiser. Au milieu de la décennie 2020, Bachar
est toujours en Syrie, une nouvelle constitution de type parlementaire a été
adoptée à l’issue d’un référendum étroitement supervisé par les Nations Unies,
mais le maître de Damas conserve en sous-main l’essentiel des pouvoirs. Il
dispose d’ailleurs d’une majorité confortable au Parlement, qui lui a permis de
se faire élire à la Présidence de la République. Un cousin à lui est Premier
ministre. Le pays est en principe pacifié et réunifié, mais des poches
d’insécurité subsistent dans les campagnes. La région kurde a obtenu une large
autonomie et s’est placée sous protectorat de fait américain. Les Turcs gardent
encore à leur frontière quelques gages territoriaux en territoire syrien. Le
Hezbollah libanais est rentré chez lui, sauf pour un certain nombre
d’assistants et interprètes auprès des quelques dizaines de conseillers
iraniens demeurés sur place. En 2023, un populaire général des Pasdaran a été
grièvement blessé en un accident de la route entre Damas et Alep –ou
était-ce, comme la rumeur en a couru, par le tir d’un drone israélien ? Il
a dû se retirer du service actif et a été nommé conseiller du Guide. Les
dividendes de la victoire ont été finalement assez minces pour Téhéran. Le pays
dévasté avait peu à offrir : quelques projets immobiliers, quelques
concessions minières, mais l’argent international de la reconstruction est
arrivé au compte-goutte, et la plupart des donateurs ont veillé à ce que rien
n’en parvienne à l’Iran. L’axe routier Téhéran-Méditerranée, présenté comme
l’un des grands desseins de Téhéran, existe en effet mais ne soutient que peu
de trafic. Les projets d’axe ferroviaire, d’oléoduc et de gazoduc, annoncés en
grande pompe, restent dans les limbes.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Côté Irak, l’emprise
de l’Iran sur la classe politique s’est plutôt desserrée au fil des progrès,
certes timides, de la démocratie. La corruption demeure dans tous les secteurs,
les administrations restent tragiquement faibles, mais les élections jouent un
rôle réel sur les équilibres politiques, et la majorité chiite s’est plus
largement ouverte à des combinaisons politiques multiconfessionnelles. Les
Chiites, d’ailleurs, ne sont pas épargnés par la division. Quel que soit
l’attachement de certains à l’Iran, et la reconnaissance de tous pour son rôle
dans l’élimination de Da’esh, un point fait consensus dans tout l’Irak :
le refus d’application au pays d’un régime à l’iranienne.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">La
nouvelle donne de 2025<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">C’est dans
ce contexte qu’est élu un président américain républicain puisant dans le même
électorat que Donald Trump. Mais entre temps est passé sur le monde une sérieuse
récession économique, qui a ébranlé beaucoup de convictions. Le nouveau Président
ne dispose pas de majorité assurée au Congrès, ce qui limite ses capacités
d’action. Peu enclin à s’engager à l’extérieur, il ne change rien à la ligne
américaine sur les sanctions à l’égard de l’Iran, mais dit aussi à l’occasion
de son message de Norouz 2025 qu’« il appartient aux Iraniens de régler
les problèmes de l’Iran ». Quelques semaines plus tard, est élu à la
Présidence de la République islamique un candidat soutenu par le dernier président
modéré, qui n’était autre qu’un de ses ministres majeurs il y a quatre ans. Sa
campagne s’est axée sur quatre thèmes porteurs : réforme des institutions,
lutte sans merci contre la corruption, libération de l’économie, relance du
dialogue avec le monde extérieur. Le Général commandant les Pasdaran s’élève
publiquement contre la disparition possible de la fonction de Guide suprême, y
voyant une trahison de la pensée de l’Imam Khomeyni, mais son intervention
soulève un tel tollé qu’il est forcé de rentrer dans sa réserve.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Avant même l’entrée
en fonctions du nouveau Président, le Guide suprême, dont l’état de santé s’est
aggravé, n’a d’autre choix que de se retirer, malgré les efforts de son
entourage pour dissimuler la situation. Conformément à la Constitution, l’Assemblée
des experts met en place un conseil intérimaire, dont elle s’assure qu’il
donnera son accord à une révision constitutionnelle par référendum. La réforme
est adoptée en janvier 2026 par une très large majorité, traduisant
l’aspiration populaire à une profonde évolution des institutions.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Le nouveau
Conseil de guidance est alors formé, il comprend deux anciens présidents de la
République restés populaires dans l’opinion, et considérés comme réformateurs
ou modérés, ainsi qu’une personnalité conservatrice mais largement respectée,
un <i>Marja</i>, ou Source d’imitation, issu des écoles de théologie de Qom,
d’ailleurs partisan d’une séparation du politique et du religieux. Sa première
décision est de ramener l’administration du bureau du Guide, qui comptait près d’un
millier de fonctionnaires, à quelques douzaines de personnes. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Les débuts
du nouveau gouvernement sont toutefois difficiles. S’il lance résolument une
série de grandes réformes, les administrations ont peine à suivre, et la
population, impatiente, ne voit rien venir quant à son bien-être matériel. Elle
s’agite à nouveau, et les forces de l’ordre, prises dans des attentes
contradictoires, se montrent hésitantes sur la conduite à tenir. Quant à la
hiérarchie des Pasdaran, déstabilisée par les mesures prises pour desserrer son
emprise sur l’économie, elle ne fait rien pour faciliter la tâche du
gouvernement. Le Président paraît un moment vaciller, mais reprend finalement
la main après s’être assuré du soutien des principaux commandants de l’armée régulière.
Sur un propos critique à l’égard du gouvernement, le général responsable des
Pasdaran est démis de ses fonctions. Le Conseil suprême de guidance, s’appuyant
sur les propos de l’Imam Khomeyni, rappelle opportunément à cette occasion la
nécessité de subordination des forces armées au pouvoir politique et religieux.
A peu près à même époque, un nouveau responsable du pouvoir judiciaire est
nommé, avec instruction de consacrer tous ses efforts à la lutte contre la
corruption. Un tribunal spécial est mis à cet effet en place. Les premières
condamnations tombent, et même quelques exécutions. Mais ce début de mandat est
gâché par une grave émeute dans les quartiers pauvres du sud de Téhéran,
peut-être lancée en sous-main par des conservateurs radicaux. Elle est très
violemment réprimée, faisant naître le ressentiment dans les milieux
populaires.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Une
percée décisive à l’international<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Dans ce
climat intérieur tourmenté, il est urgent pour le gouvernement d’afficher
quelques succès sur d’autres terrains et, avant toutes choses, de desserrer
l’étau des sanctions. Répondant à l’attente de l’opinion, désireuse de voir le
gouvernement se recentrer sur les problèmes de sa propre population, le
Président de la République prononce dès septembre 2025 à la tribune de
l’Assemblée générale des Nations Unies un discours appelant à la réconciliation
et au pardon des offenses passées. Rompant un tabou majeur, il y déplore les
souffrances inutiles infligées aux diplomates américains pris en otage à
Téhéran 50 ans plus tôt. Il présente ses regrets pour la mise à sac de
l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran en 2017. Après avoir rappelé
l’illégitimité originelle de l’État d’Israël et condamné sa politique à l’égard
des Palestiniens, il dit son espoir de voir un jour Juifs et Arabes vivre
paisiblement côte à côte. Ces propos suscitent une prudente curiosité dans
l’opinion internationale et dans les capitales concernées. A Jérusalem, où le
gouvernement, ces dernières années, a détruit toute possibilité de coexistence
de deux Etats sur le territoire de l’ancienne Palestine, on rappelle que les
mots ne suffisent pas, qu’il faut passer aux actes et cesser de soutenir ceux
qui veulent la fin de l’État hébreu : Hamas, Jihad islamique, Hezbollah…
Washington reprend en revanche ses contacts avec Téhéran, en laissant filtrer
la nouvelle. Du côté iranien, l’on veut bien revenir, en l’actualisant, à
l’accord de Vienne, mais il n’est pas toujours pas question d’un démantèlement
du programme d’enrichissement, ni d’ailleurs d’un encadrement du programme
balistique. L’impasse demeure donc mais le contact n’est pas rompu et les
Européens, désireux d’en finir avec la crise, font pression sur les deux
parties. L’idée chemine d’un plafonnement et d’un contrôle régional des
arsenaux balistiques. L’Iran en accepte le principe, ainsi que celui d’un
moratoire sur les programmes balistiques des parties aux négociations, si sont
levées les sanctions américaines. Israël crée la surprise en laissant filtrer
qu’il pourrait se joindre à la négociation, si l’Iran abandonne l’idée de
pousser à la disparition de l’État hébreu. Téhéran fait alors savoir qu’il appuierait
le principe d’un État fédéral, ou confédéral, dans lequel Juifs et Arabes
disposeraient des mêmes droits. L’idée d’une conférence régionale prend forme, qui
s’organiserait autour de quatre corbeilles : le balistique, le nucléaire,
la question palestinienne, la coopération régionale. </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">Au printemps</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"> 2027, la plupart des sanctions américaines rétablies
en 2018 et renforcées au fil des ans sont suspendues, l’Iran obtient une trêve
indéfinie de ses amis du Hezbollah et du Hamas, « la conférence de
réconciliation régionale » s’ouvre à Beyrouth. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">L’inattendu
arrive<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Les premiers
mois, les discussions patinent. Mais pour l’Iran le résultat est là. La
population, qui au cours des deux dernières années s’était montrée inquiète,
rétive, se reprend à espérer et le gouvernement peut envisager avec optimisme
les élections législatives du printemps 2028. S’il y obtient, ce qui paraît
vraisemblable, une majorité pour le soutenir, il s’engage à accélérer les
réformes pour faire entrer l’Iran, selon les propos du Président lui-même,
« dans une nouvelle ère de la Révolution islamique ». Peu de gens
prêtent alors attention aux propos d’une équipe de sismologues évoquant la proche
éventualité d’un séisme dans la région de Téhéran. Au sortir cette épreuve
majeure qui surviendra début 2029, l’Iran entrera en effet, et de façon
radicale, dans une nouvelle époque.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">La France,
l’Europe<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Durant les
dix années écoulées, que s’est-il passé entre la France, l’Europe et
l’Iran ? Par des accords de troc, de modestes circuits de financement
sécurisé et l’utilisation des voies terrestres, les Européens sont parvenus à
maintenir un flux d’échanges avec l’Iran, croissant avec le temps. Ils lui ont
même permis d’écouler sous différents pavillons une partie de son pétrole. Les
dispositions européennes, ajoutées au soutien de la Russie, de la Chine et de
quelques autres pays, comme aux pratiques de contournement élaborées du côté
iranien, sans oublier le maintien du prix du pétrole à un cours favorable aux
producteurs, ont évité l’effondrement de l’économie iranienne. Le dialogue de
l’Europe avec l’Iran est néanmoins resté difficile, comme d’ailleurs avec les
Etats-Unis, et l’Europe s’est souvent divisée sur les conduites à tenir. La
France, dans ce contexte, a joué sa partie, poussant à la mise en place de
mesures palliatives à la politique de Washington, et tentant de faire évoluer les
comportements iranien et américain. Elle s’est aussi efforcée, ce faisant, de
ne pas dégrader sa relation avec les pays de la péninsule arabique. Sur ce
terrain, les succès ont été mitigés, du moins jusqu’à la révolution de palais
de 2022, appuyée par la rue saoudienne. Dès lors, le royaume wahhabite a adopté
une ligne de conduite moins agressive à l’égard de l’Iran, a mis fin à la
guerre du Yémen et s’est finalement rallié à l’idée d’une réconciliation
régionale. Début 2028, Riyadh doit enfin décider de la construction de trois centrales
électronucléaires. La France en espère sa part. Elle espère aussi, avec
l’Allemagne, vendre à Riyadh au moins 300 exemplaires de leur nouveau char de
combat construit en commun.<o:p></o:p></span></span></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-59587738653328542432018-11-04T16:23:00.002+01:002018-11-04T16:23:29.827+01:00L'Iran au Proche et Moyen-Orient : un hegemon incertain?<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<div class="MsoNormal">
<h4>
<i><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">(paru dans Ramses 2019, rapport annuel mondial de l'Institut français de Relations internationales)</span></i></h4>
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
</div>
<div class="MsoNormal">
</div>
<div class="MsoNormal">
<br />
<div class="MsoNormal">
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">La
diplomatie de l’Iran reste modelée par la concurrence entre deux mouvances datant
des débuts de la Révolution islamique. La première donne la priorité à sa
sauvegarde comme </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">tat-nation, favorisant la pérennité
du régime. Elle penche vers une pratique coopérative des relations
internationales. La seconde renoue avec la tradition des révolutions à
ambitions universelles. Cette fois-ci, il s’agit de répandre à travers le monde
un islam rénové, pénétré par la pensée khomeyniste, mais aussi par celle d’idéologues
comme l‘intellectuel iranien Ali Shariati, et à travers lui, Franz Fanon ou Che
Guevara. </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">En</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"> ces deux visions antinomiques, se retrouve l’éternel affrontement
entre doctrinaires et pragmatiques.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Du côté des
doctrinaires se trouve le cœur conservateur du régime, avec le Guide de la
Révolution, Ali Khamenei, les Pasdaran, garde prétorienne du régime, le pouvoir
judiciaire, la radio-télévision d’État, le vaste réseau des fondations
pieuses : autant d’institutions directement placées sous l’autorité du
Guide suprême, et échappant au contrôle du gouvernement. Du côté des
pragmatiques, se retrouvent beaucoup de diplomates, de gestionnaires de
l’économie, ainsi que les élus réformateurs et modérés, parfois dans
l’opposition, parfois aux affaires : mais presque toujours en position
subordonnée, tant le cœur du régime veille à conserver l’ascendant sur
l’essentiel. Ceci est vrai en particulier de la politique régionale de l’Iran.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Celle-ci
n’est toutefois pas exclusivement conduite dans un esprit doctrinaire. Personne
n’est totalement doctrinaire ou pragmatique. Et entre les deux mouvances, il y
a un dialogue permanent, même s’il est difficile. Il se noue au parlement et dans
les cercles où les uns et les autres se rencontrent. Les consensus se
cristallisent notamment au sein du Conseil suprême de sécurité nationale, qui
regroupe tous les responsables concernés par les sujets stratégiques et de
politique étrangère.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Les
conservateurs les plus radicaux peuvent alors se laisser convaincre de mener
des politiques coopératives, lorsque l’intérêt du régime est en jeu. Ceci s’est
vu dans la conclusion de l’accord nucléaire de Vienne, dit aussi JCPOA (Joint
Comprehensive Plan of Action). Bien que limité à la question nucléaire, il avait
fait naître l’espoir d’une détente entre l’Iran et le monde extérieur, à
commencer par ses voisins. Dans son préambule, les participants disaient ainsi s’attendre
à le voir « contribuer positivement à la paix et à la sécurité régionales
et internationales ». </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">Il</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"> n’en a rien été.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Deux visées
stratégiques, insupportables aux Occidentaux, continuent en effet d’inspirer la
politique régionale de l’Iran : la première concerne la construction d’un
« axe de la résistance » destiné à mettre en place une défense
avancée du pays, puis à étendre son empreinte aussi loin que possible. Cet
« axe » relie l’Iran à la Syrie de Bachar el Assad, au Hezbollah libanais,
ainsi qu’au Hamas palestinien, en traversant l’Irak. Il doit faire pièce à
Israël avec l’espoir, qui sait, d’entraîner un jour sa chute La deuxième visée
cherche à assurer la primauté de l’Iran dans la zone du Golfe persique, ou en
cas à empêcher qu’un autre pays, à savoir l’Arabie saoudite, ne s’en empare. Mais
en même temps, soucieux de démontrer son ouverture, l’Iran prêche pour une mise
en réseau des pays de la région et un dialogue sur les contentieux existants. Ce
discours peine à convaincre.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Construire, puis consolider « l’axe de la
résistance »<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Avec l’élimination en 2002 de Saddam Hussein, les </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">tats-Unis faisaient à l’Iran le plus inespéré des cadeaux. De
plus, en installant à Bagdad la démocratie parlementaire, ils garantissaient à
la majorité démographique chiite la gouvernance de l’Irak. Enfin, en 2011, le
départ des Américains offrait à l’Iran un glacis protecteur sur près de 1.500
kilomètres de frontière. Des perspectives nouvelles d’influence s’ouvraient dès
lors dans la région le séparant de la Méditerranée.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Cet avantage
engrangé, il n’était plus question de le perdre. Lorsque les mouvements djihadistes
prennent en Syrie l’ascendant sur les rebelles modérés, il est clair pour les
Iraniens que ces néo-Talibans, s’ils parvenaient à s’installer à Damas, chercheraient
aussitôt à déstabiliser le Liban ami, et surtout l’Irak voisin, pour y
installer des régimes à leur image. Ces mouvements n’étaient-ils pas soutenus
par l’Arabie saoudite, comme ceux qui, au Pakistan, en Afghanistan, avaient
imposé un islam rétrograde et fait la guerre aux Chiites ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Une stratégie
indirecte<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Comment
lutter contre cette menace ? l’armée iranienne, structurée pour la défense
de son territoire et faiblement équipée, sinon en missiles balistiques de peu
d’utilité en la circonstance, ne peut répondre au défi. C’est alors qu’entre en
scène la division des forces spéciales du corps des Pasdaran ou Gardiens de la
révolution, la force Qods. Elle avait déjà fait ses preuves en Irak, en menant
la vie dure aux Américains. Mais c’est en Syrie qu’elle va pleinement déployer
ses talents, conduite par un chef charismatique, le général Qassem Soleimani.
Devant l’ampleur du danger face à la modestie de ses moyens, Soleimani adopte
d’emblée une stratégie axée sur la constitution de milices, formées de Syriens,
d’Irakiens et aussi d’Afghans, pour beaucoup immigrés clandestins en Iran et
enrôlés contre la promesse d’une régularisation de leur situation. Et il fait
surtout appel au Hezbollah libanais. Le Hezbollah jettera plusieurs milliers de
soldats dans la bataille, et subira de lourdes pertes. Mais il jouera à
plusieurs reprises un rôle décisif, notamment pour la reconquête d’Alep. Enfin,
c’est Qasem Soleimani qui, à l’été 2015, convainc les Russes d’intervenir alors
que la fourniture à la rébellion par l’Arabie saoudite d armes antichar
efficaces fait vaciller l’armée de Bachar el Assad.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais
Soleimani est aussi sur un autre front. A la mi-2014, l’organisation
« État islamique », ou Da’esh, lance une offensive générale en Irak,
conquiert Mossoul, Falloudja, arrive devant Bagdad, pénètre le sud de la région
du Kurdistan, s’approche de l’Iran. La République islamique est alors la
première à réagir, formant et armant à la hâte les milices chiites constituées
à l’appel de l’Ayatollah Sistani, conseillant les Peshmerga kurdes, faisant
même pénétrer en Irak les éléments d’une division blindée pour chasser les
Jihadistes arrivés près de sa frontière. L’Iran peut affirmer avoir sauvé le
régime de Bagdad. Il développe le discours selon lequel il combat sans
concessions al Qaida et Da’esh en Syrie et en Irak, contrairement aux
Occidentaux et à la plupart des royaumes de la Péninsule arabique. Ayant
d’autre part fermement soutenu le pouvoir central irakien contre les velléités
d’indépendance kurde, il peut aussi se présenter comme le meilleur garant de la
stabilité de la région.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Faire pièce à Israël</span></b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Côté Liban, l’action de l’Iran est plus feutrée. Il s’y
appuie, bien entendu, sur la communauté chiite, la plus importante du pays. Il
apporte un soutien indéfectible au Hezbollah, qui le lui rend bien. En juin
2016, son secrétaire général, Hassan Nasrallah, déclarait: « Nous ne
cachons pas le fait que le budget du Hezbollah, ses ressources, ses dépenses,
ce que nous buvons et mangeons, ses armes et ses roquettes, viennent de la
République islamique d’Iran »<a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/ramses2019Iranpolitiqueregionaleiranarticle.docx#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 12pt; line-height: 107%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>.
De fait, il semble que le Hezbollah ait accumulé, grâce à l’Iran, plusieurs
dizaines de milliers de roquettes et missiles prêts à frapper Israël. Et sur un
plan politique, l’Iran veille à préserver au Liban un équilibre propice au
Hezbollah. Il retrouve ainsi face à lui l’Arabie saoudite. Cette confrontation a
longtemps paralysé le fonctionnement des institutions. Au printemps 20I8,
l’Iran est, sur ce terrain aussi, en position favorable, avec la victoire du
Hezbollah et de ses alliés aux élections législatives libanaises, qui leur
permet de contrôler le Parlement.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="page-break-after: avoid;">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Enfin, sur
la question palestinienne, l’Iran apparaît comme le dernier pays de la région hostile
à la solution « des deux </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">tats ». Il considère « l’entité
sioniste » comme illégitime et appelée à disparaître. Certes, les éléments
pragmatiques du régime glissent <i>mezza voce</i> que l’Iran ne s’opposerait
pas à une solution qui aurait l’accord des Palestiniens, mais Téhéran ne fait
rien pour rapprocher les différentes factions. Au contraire, il soutient les
deux mouvements refusant de renoncer à la lutte armée : le Hamas et le Djihad
islamique. Ce soutien prend la forme d’argent, d’armes, de formation et de
conseil. Il a été perceptible face à l’intervention israélienne « Plomb
durci », en 2008-2009. Un temps interrompu pour cause de divergences sur la
Syrie, il a finalement repris le dessus, l’enjeu principal l’ayant emporté sur
les autres considérations.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Rivalités
dans le Golfe persique<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Sur les
terrains syrien et libanais, l’affrontement entre l’Arabie saoudite et l’Iran
est donc hautement visible. Mais il a ses sources ailleurs. La République
islamique n’a jamais accepté la prétention de l’Arabie saoudite à régenter la
Péninsule arabique, ni à exercer une sorte de Califat sur le monde musulman.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">La rivalité entre
les deux pays prend naissance dans des années 1970, avec le retrait britannique
de la région. Le Chah se positionne alors en « gendarme du Golfe
persique ». La Révolution islamique, elle, s’en prend aux dirigeants
impies de son voisinage, fomente des troubles en Arabie saoudite, notamment lors
des grands pèlerinages, voire des attentats. L’Arabie saoudite encaisse
d’abord, puis contre-attaque, en redoublant de prosélytisme wahhabite dans le
monde musulman, en créant le Conseil de coopération du Golfe, en soutenant,
après une période d’hésitation, Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran
(1980-1988).<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Il y a bien
un effort d’apaisement après la mort de Khomeyni en 1989, mais le 11 Septembre
et l’intervention américaine en Irak remettent tout en cause. L’Arabie saoudite
ne supporte pas de voir des Chiites au pouvoir à Bagdad. Dès lors que la
démocratie est invoquée dans la vague des Printemps arabes, elle supporte mal aussi
le maintien au pouvoir en Syrie d’un clan issu de la petite minorité alaouite.
Elle supporte encore moins que la signature en 2015 d’un accord nucléaire entre
six puissances et l’Iran permette à celui-ci d’échapper à sa condition de hors-la-loi.
Et à la faveur de la prise de pouvoir <i>de facto</i> du jeune prince héritier,
Mohammed ben Salman, comme de l’arrivée de Donald Trump, l’Arabie saoudite
abandonne sa politique prudente, presque timide, qui réfrénait jusqu’alors
l’expression publique de son hostilité à l’Iran.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">L’Iran,
comme souvent, attend la faute de l’adversaire pour réagir. Lorsqu’en mars 2015,
Mohammed ben Salman lance contre les rebelles houthis du Yémen une campagne de
frappes aériennes, l’Iran vient discrètement à leur secours, juste assez pour maintenir
une plaie saignante au flanc de l’Arabie saoudite. La campagne, qui devait être
brève, dure toujours au printemps 2018. De même, lorsque l’Arabie saoudite,
suivie par quatre autres pays, rompt en juin 2017 ses relations diplomatiques
et économiques avec le Qatar, coupant ses liens de communication terrestre,
l’Iran s’empresse de l’approvisionner par voies maritime et aérienne.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Entre ces
deux épisodes, une crise sérieuse avait opposé les deux pays. En septembre
2015, un mouvement de foule au cours du grand pèlerinage à la Mecque entraîne
la mort d’environ 2.000 personnes, dont plus de 400 Iraniens. L’Iran proteste,
ravive sa revendication de voir la gestion des lieux saints transférée à une
organisation panislamique. En janvier 2016, la justice saoudienne décapite pour
activités terroristes un religieux populaire parmi les Chiites du royaume, qui
avait pourtant toujours prêché la non-violence. C’en est trop pour les
Iraniens. Des foules mollement retenues par la police mettent à sac l’ambassade
saoudienne à Téhéran et le consulat de Machhad. L’Arabie saoudite rompt les
relations diplomatiques.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">L’Iran
est-il allé trop loin ?<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Au terme de
ce tour d’horizon, quelles leçons tirer de l’action de l’Iran et des réactions
qu’elle suscite ? Il est encore possible d’espérer qu’entre l’Arabie
saoudite et l’Iran, les choses en restent à une guerre des mots, si l’on veut
bien oublier les opérations relevant des guerres de l’ombre, comme les soutiens
apportés à des minorités turbulentes, Chiites en Arabie saoudite, Baloutches,
Arabes ou Kurdes en Iran. L’inquiétude s’élève en revanche à l’examen du
théâtre syrien et de son environnement. L’Iran a pris en Syrie des positions
qu’il n’est pas prêt à abandonner</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;">. Pour les Israéliens, cette présence
est inacceptable. Ils l’ont démontré en frappant à de très nombreuses reprises
les entrepôts d’armes iraniens en Syrie. Au printemps 2018, la tension est
encore montée entre les deux adversaires et la perspective d’une escalade plus
ou moins maîtrisée qui impliquerait le Hezbollah, donc le territoire libanais,
n’est plus à écarter.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">Téhéran, qui a engrangé de brillants succès dans sa région au cours des
dernières années, serait-il allé trop loin ? Certes, il a renforcé ses
capacités tactiques, grâce à l’expérience du combat acquise sur les terrains
irakien et syrien. Son modèle d’intervention appuyé sur des milices est bien au
point, et reproductible sur d’autres théâtres. Son allié le Hezbollah s’est
aussi fortement aguerri et renforcé en moyens balistiques. Il forme aujourd’hui
la plus redoutable menace pour Israël. Mais le coût humain et matériel de ces
entreprises entraîne des réactions internes. Un certain malaise a pénétré les
rangs du Hezbollah et des Chiites libanais, qui s’interrogent sur le bien-fondé
de cette aide massive à Bachar el Assad. En Iran, comme l’ont montré les
slogans entendus dans les manifestations nées dans tout le pays au tournant de
l’année 2018, il existe une opposition diffuse aux aventures lointaines, avec
le sentiment que ceci se fait au détriment de la population iranienne.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;">L’Iran y a-t-il au moins gagné en influence durable ? En Irak, même si
l’on est reconnaissant du soutien apporté aux heures les plus sombres, il y a
chez la plupart des Irakiens la volonté de ne pas se laisser instrumentaliser. </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-language: FA; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">À</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"> cet égard, le
gouvernement de Haïdar el Abadi a pris soin de marquer sa différence avec le
précédent gouvernement de Nouri al Maliki, très proche de Téhéran. Et les
élections législatives de mai 2018 ont placé en tête le mouvement de Mouqtada
al Sadr, qui veut maintenir à égale distance les </span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-language: FA; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;">tats-Unis et l’Iran. Enfin, les hautes autorités du
chiisme irakien ont toujours rejeté le modèle iranien de soumission du politique
au religieux.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">De même en Syrie, malgré l’appui décisif de l’Iran, il est impossible de
distinguer l’émergence d’une relation intime, confiante, entre les dirigeants
iraniens et le cercle de Bachar al Assad. Seule se voit une convergence
d’objectifs et d’intérêts. Rien ne fait apparaître non plus une popularité des
Iraniens chez les Syriens loyaux au régime. Quant au futur, on peut douter de
la portée de l’influence iranienne dans un pays dévasté, dont les besoins de
reconstruction vont bien au-delà de la capacité d’intervention de l’Iran. Le
cas du Hezbollah est sans doute l’exception qui confirme la règle. Il se situe,
il est vrai, dans une longue histoire de proximité entre Chiites iraniens et
libanais. Il y a là fusion des doctrines et des volontés. Rien de ceci ne se
retrouve dans la relation avec le Hamas et le Djihad islamique. Et le
Hezbollah, si puissant soit-il, n’est pas tout le Liban.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">En somme, l’Iran peut-il espérer installer son influence, voire son
hégémonie, sur tout ou partie de ses voisins arabes ? L’ambition initiale
de la Révolution islamique de restructurer à son image le monde musulman a
clairement échoué. Reste l’ambition pérenne de l’Iran de peser sur son
environnement en sa qualité de pays majeur, démographiquement, culturellement,
historiquement. Autant d’attributs que très peu de pays de la région peuvent
revendiquer. Mais comment peser ? Se retrouvent alors les deux écoles
décrites en introduction. Les uns font le pari qu’à travers une politique
coopérative, l’Iran exercera naturellement son influence. Le ministre des
affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, plaide ainsi en faveur d’une
« région forte » plutôt que d’un « homme fort dans la
région » du Golfe persique. Il propose d’ouvrir avec ses voisins un
dialogue multiforme appelé à déboucher sur « un pacte régional de
non-agression ». En sens inverse, s’entendent des rodomontades de
responsables iraniens, affirmant par exemple que Bagdad est à nouveau la
capitale de l’Iran ou que l’Iran contrôle quatre capitales dans la région :
Bagdad, Damas, Beyrouth et Sana’a… elles produisent un effet désastreux auprès
des populations concernées.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">En réalité, pour exercer son influence sur le Proche et Moyen-Orient,
l’Iran est plutôt handicapé par sa profonde singularité : langue, mœurs,
culture, confession dominante… Pas mieux que le Shah, la République islamique
n’est parvenue à apprivoiser ses voisins. Ses positions de principe radicales,
notamment à l’égard d’Israël, ont tendu à l’isoler. Malgré tous ses efforts,
elle paraît, aujourd’hui comme naguère, incapable d’exercer dans sa région une hégémonie
à la fois positive et acceptée : deux conditions indispensables pour être
pérenne.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<u><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">pour aller plus loin<o:p></o:p></span></span></u></div>
<div class="MsoNormal">
<u><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></u></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">HOURCADE B. (2016), <i>Géopolitique de l’Iran, les défis d’une renaissance,</i>
Armand Colin, Paris.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">RAZOUX P. <i>Quelques clés pour décrypter la politique étrangère iranienne</i>,
in la revue <i>Hérodote</i>, n°169, printemps 2018<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="EN-GB" style="font-size: 12.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: EN-GB; mso-bidi-language: FA;"><span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;">KATZMAN K. <i>Iran’s Foreign and
Defense Policies, </i>Congressional Research Service, March 20, 2018 <span class="MsoHyperlink"><a href="https://fas.org/sgp/crs/mideast/R44017.pdf">https://fas.org/sgp/crs/mideast/R44017.pdf</a></span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div style="mso-element: footnote-list;">
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/ramses2019Iranpolitiqueregionaleiranarticle.docx#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 10pt; line-height: 107%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> dépêche
AFP du 24 juin 2016 <span class="MsoHyperlink"><a href="https://www.al-monitor.com/pulse/afp/2016/06/lebanon-hezbollah-banks.html">https://www.al-monitor.com/pulse/afp/2016/06/lebanon-hezbollah-banks.html</a></span>
<o:p></o:p></span></div>
</div>
</div>
<br /><br />
</div>
:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-3794671912010703622018-07-22T15:26:00.000+02:002020-06-18T12:01:37.589+02:00UN DEMI-SIÈCLE DE RELATIONS ENTRE L’EUROPE ET L’IRAN : UNE HISTOIRE SANS FIN<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">résumé : dans les dernières années du Chah, la relation Europe-Iran
n’a rien de saillant, sinon l’ambitieuse coopération nucléaire lancée avec
l’Allemagne et la France. La dimension cataclysmique de la Révolution islamique
marque un changement de paradigme. Une relation plus riche, mais aussi plus
tourmentée commence à se nouer. Elle est notamment ponctuée par le
positionnement européen dans la guerre Iran-Irak, puis par l’alternance de
crises (fatwa contre Salman Rushdie, assassinat d’opposants kurdes à Berlin…)
et d’accalmies. Mais à partir de 2002, c’est le dossier nucléaire qui va
mobiliser toutes les énergies. L’Europe cherche d’abord, mais sans succès, une
solution négociée. Elle s’oriente ensuite, en partenariat avec les États-Unis,
vers une politique de pressions et de sanctions croissantes. Ce sont finalement
les Etats-Unis qui trouveront, en 2015, la formule d’un accord. Mais l’arrivée
de Donald Trump rebat les cartes. La relation Europe-Iran entre dans une
nouvelle période d’incertitude.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">*</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Sur les cinquante dernières années, la relation entre l’Iran et
l’Europe (terme générique utilisé ici pour désigner la CEE, puis la Communauté
européenne, enfin l’Union européenne, et parfois tout ou partie des <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-membres)
n’a rien d’un long fleuve tranquille. Elle a commencé modestement, en 1963,
avec la conclusion d’un accord de commerce et de coopération qui facilitait
l’entrée en Europe des produits traditionnels iraniens : pistaches, tapis,
caviar (Tabatabaei, 2008). Les Européens sont certes alors présents en Iran,
notamment sur le plan économique : par exemple Allemands et Français pour
le développement du programme nucléaire ambitieux du Chah. Mais c’est seulement
en 1992, bien après la Révolution islamique, donc, que le Traité de Maastricht met
en place une politique extérieure et de sécurité commune. Jusque-là il n’existe
qu’une « coopération politique » largement informelle, et débouchant,
pour l’essentiel, sur des déclarations communes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L’Europe et l’arrivée de la Révolution islamique<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans les années 1970, les Européens accueillent, comme les <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis,
de nombreux étudiants iraniens envoyés par leur famille ou par le Chah se
former à l’étranger faute de capacités de formation suffisantes sur place. Un
certain nombre d’entre eux s’imprégneront d’ailleurs des idées révolutionnaires
de l’époque, et occuperont pour un temps limité des positions éminentes au sein
de la nouvelle République islamique : tels Abdolhassan Bani Sadr, ministre
des Affaires étrangères, puis Président de la République de février 1980 à juin
1981, avant de se réfugier en France, ou encore Sadegh Ghotbzadeh, brièvement
ministre des Affaires étrangères, avant d’être exécuté en 1982 pour complot
contre le régime. Tous deux avaient été proches de l’Ayatollah Khomeyni au
cours de son séjour à Neauphle-le-Château, d’octobre 1978 à février 1979. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">À compter de 1978, donc, les Européens voient monter avec sidération la
révolution islamique puis, après le départ du Chah, la mise en place d’un
régime d’un modèle non identifié. Ils accueillent, comme les <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis
et le Canada, de nombreux réfugiés politiques. La France, en particulier, à la
fureur du nouveau régime, accorde l’asile politique à de nombreux Moudjaheddine
du Peuple, victimes, mais aussi acteurs, des affrontements souvent sanglants
qui opposent les religieux aux militants progressistes ou d’extrême-gauche durant
les premiers temps de la révolution. Les Européens vibrent à l’unisson des
Américains lorsque l’ambassade des <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis à Téhéran est occupée en
novembre 1979, et que 52 diplomates sont pris en otage. Français et Allemands,
notamment, ne ménagent pas leur soutien à Saddam Hussein dans la guerre qui
l’oppose à l’Iran de 1980 à 1988. En Iran, s’ancre alors dans les mémoires
collectives le prêt par la France à l’Irak d’avions de combat Super-étendard,
ou les ventes par l’Allemagne de précurseurs contribuant à la fabrication
d’armes chimiques. <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">Et</span> la République islamique se venge sans attendre en
pilotant un certain nombre d’attentats et de prises d’otages.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Une reprise des relations plutôt mouvementée<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Avec le retour de la paix, les relations de l’Iran avec les Européens
tendent à s’apaiser, malgré l’émotion suscitée par la <i>fatwa</i> émise en février
1989 par l’Ayatollah Khomeyni, encourageant l’exécution pour blasphème de
l’écrivain britannique Salman Rushdie. Les Européens rappellent aussitôt leurs
ambassadeurs. Mais la mort peu après de l’Ayatollah permet de passer l’éponge,
les Ambassadeurs reviennent en juin. En 1988, la France avait repris ses
relations diplomatiques interrompues un an plus tôt. Elle règle aussi en 1991
son contentieux financier avec l’Iran relatif aux contrats nucléaires de
l’époque du Chah. Mais pas question pour les Européens de renouer des
coopérations nucléaires avec l’Iran : des rumeurs commencent à courir sur
les ambitions nucléaires militaires de Téhéran et les Américains veillent au
grain. Seuls les Russes osent défier Washington en acceptant d’achever la
construction du réacteur électronucléaire de Bouchehr, abandonnée par les
Allemands, faute d’être payés, à l’orée de la Révolution islamique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La véritable entrée en scène de l’Europe comme institution date de
décembre 1992, avec la décision prise à Edimbourg par le Conseil européen
d’ouvrir avec l’Iran un « dialogue critique ». L’assassinat, encore
mystérieux, au mois de septembre précédent, de trois dirigeants séparatistes
kurdes et de leur interprète dans un restaurant de Berlin, le Mykonos, n’a pas
vraiment marqué les esprits des diplomates. En revanche l’Europe, qui a soutenu
l’opération américaine de libération du Koweït, a apprécié la position de
retrait, au fond plutôt coopérative, de l’Iran en cette affaire. Elle prend
alors ses distances avec la ligne américaine, formalisée par l’administration
Clinton, du <i>dual containment</i> (double endiguement)<i> </i>à l’égard des
deux « <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-voyous »
Irak et Iran. L’Europe considère en effet qu’ils ne peuvent être l’un et
l’autre traités sur le même plan. Mais le qualificatif de
« critique » attaché au dialogue proposé, terme d’ailleurs peu
apprécié des Iraniens, marque quand même la désapprobation européenne, exprimée
dans les conclusions d’Edimbourg, du comportement de Téhéran en matière de
droits de l’homme et de terrorisme, sans oublier l’affaire Rushdie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ce « dialogue critique » peine en fait à prendre de la
substance. Il est interrompu à l’initiative de Téhéran lorsqu’un tribunal de
Berlin, en avril 1997, met en cause dans son verdict sur les assassinats du
Mykonos Ali Khamenei, Guide de la Révolution iranienne, et Ali Akbar
Rafsandjani, Président de la République. Les ambassadeurs européens sont alors
à nouveau rappelés dans leurs capitales. Ils ne reviennent qu’en décembre. Il
est vrai qu’entre temps une vague populaire a porté à la Présidence de la
République iranienne un candidat réformateur, ouvertement engagé à faire
évoluer le régime : Mohammad Khatami. Les Européens donnent une deuxième
chance à l’Iran en relançant alors leur dialogue, rebaptisé de façon plus amène
« dialogue global ». Des réunions plus ou moins formelles se
succèdent de six mois en six mois. Elles débouchent néanmoins sur peu de
résultats concrets : un, quand même : en 2002, le pouvoir judiciaire
iranien accepte, à force de pressions européennes, d’instaurer un moratoire sur
les lapidations pour adultère. Cette décision sera à peu près respectée. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les espoirs déçus de la Présidence Khatami<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">C’est aussi l’époque où le Président Khatami, qui a lancé l’idée du
« dialogue des civilisations », multiplie les déplacements à
l’étranger, notamment en Italie, en France, en Allemagne. Mais les visites
dites « retour » ne viennent pas. Les dirigeants européens restent
circonspects devant ces gestes d’ouverture, dont ils jugent qu’ils ne changent
rien à la véritable nature du régime. En outre, les sanctions américaines sur d’importants
domaines des échanges avec l’Iran demeurent : il est notamment impossible
de livrer à ce pays des produits ou équipements contenant plus de 10% de part
américaine, ce qui bloque la plupart des transferts de haute technologie. C’est
ainsi qu’Airbus est empêché de vendre des avions à l’Iran, dont la flotte
devient dangereusement vieillissante. Il est vrai d’autre part que Khatami ne
parvient pas à concrétiser ses velléités de réforme. Le noyau conservateur du
régime veille à bloquer toute initiative en ce sens. Faute de résultats, la
politique d’ouverture du Président iranien perd peu à peu son crédit dans la
population. Ceci facilitera l’élection à la Présidence de la République, en
2005, du démagogue Ahmadinejad.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans le cadre du « dialogue global » est néanmoins lancé en
2002 une négociation sur un accord de commerce et de coopération entre l’Europe
et l’Iran<a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>.
Peut-être est-ce alors une façon pour l’Europe de marquer sa distance avec le
discours sur l’état de l’Union prononcé en début d’année par George W. Bush,
qui plaçait l’Iran, aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord, dans un
« Axe du Mal ». Mais cette négociation patine très vite, tant les
positions de départ sont éloignées. Et surtout, quelques semaines plus tard, éclate
dans l’opinion internationale la surprise de la construction en Iran de deux
installations nucléaires hautement sensibles, une usine d’enrichissement d’uranium
et une usine de fabrication d’eau lourde, certes aussitôt présentées par l’Iran
comme à finalité civile, mais largement interprétées comme préparant les voies
d’une accession à la bombe atomique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La montée de la crise nucléaire : les Européens à l’initiative<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dès lors la question nucléaire prend son envol pour dominer de façon
presque exclusive la relation entre l’Europe et l’Iran. Le « dialogue
global » et le projet d’accord de commerce et de coopération en sont les
premières victimes. Plus question non plus, comme la Commission européenne en
avait un moment caressé l’idée, d’ouvrir à Téhéran une délégation permanente
officielle. Mais au départ, les prises de position européennes sur cette
nouvelle affaire nucléaire ne se distinguent pas par un relief particulier. Il
est vrai que les débuts de l’année 2003 sont occupées par l’intervention
américaine en Irak, sur laquelle les Européens, on s’en souvient, se montrent
très divisés. Dominique de Villepin, sans doute impatient de la faible
réactivité de l’Europe en ce début de crise, et inquiet à l’idée de voir les
Américains, sur la lancée de leur succès initial en Irak, s’en prendre militairement
à l’Iran, s’empare du dossier, et convainc ses homologues britannique et allemand,
Jack Straw et Joschka Fischer, d’abord d’écrire une lettre commune, début août,
à leur homologue iranien pour l’inviter au dialogue, puis d’aller au contact
des Iraniens pour arracher une solution négociée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">De façon plutôt surprenante, cette démarche risquée débouche sur un
succès. Le déplacement collectif à Téhéran de trois ministres européens majeurs,
geste entièrement inédit dans l’histoire des relations entre l’Iran et l’Europe,
flatte les Iraniens. Une déclaration commune est adoptée le 21 octobre à
Téhéran. Elle contient des concessions spectaculaires de la part de la
République islamique : suspension du programme d’enrichissement iranien,
signature par l’Iran du Protocole additionnel instaurant des contrôles
renforcés de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le
programme nucléaire dans son ensemble, et mise en œuvre de ce Protocole sans
même attendre sa ratification par le Parlement. Tout ceci dans l’attente de la
mise au point d’une solution définitive, fondée sur des « assurances satisfaisantes
» à fournir par l’Iran quant au caractère exclusivement pacifique de son
programme nucléaire. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Rancœurs durables et mutations de la négociation<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Mais les choses se gâtent ensuite assez vite. Les institutions
européennes, et les autres Européens eux-mêmes, apprécient peu une initiative
prise sans recueil de leur accord, ni même, semble-t-il, sans information
préalable détaillée, alors que les trois ministres ayant fait le déplacement
apparaissent aux yeux du monde comme ayant agi au nom de l’Europe. Le spectre
d’un directoire tripartite auto-proclamé de la politique étrangère européenne
agite les chancelleries. Les Trois s’efforcent de calmer la grogne de leurs
collègues tout en les informant le moins possible pour ne pas alourdir le
processus. Ils font quand même la concession d’introduire dans le jeu Javier
Solana, Haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune
(PESC). Celui-ci apparaît dans l’accord passé avec l’Iran le 15 novembre 2004
dans le prolongement de la déclaration de 2003, comme soutien des trois pays négociateurs.
Il se fait peu à peu accepter comme négociateur de proue dans les contacts avec
les Iraniens, en venant à représenter non seulement l’Europe, mais aussi les
trois autres membres permanents du Conseil de sécurité en sus de la France et
de la Grande-Bretagne, à savoir la Chine, la Russie et les Etats-Unis. L’Europe,
en effet, souhaite impliquer les Américains, pourtant fort réticents, dans la
négociation, afin d’en accroître la crédibilité. Début 2005, le Président
Chirac parvient même à convaincre le Président Bush de faire quelques gestes
d’ouverture en direction des Iraniens : autorisation de livraison de
pièces détachées pour leurs avions de ligne Boeing, levée du veto américain à
l’adhésion de l’Iran à l’Organisation mondiale du commerce. Mais cette embellie
sera de courte durée. L’adhésion à l’OMC ne se concrétisera pas.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Côté iranien, ceux-ci sont satisfaits de pouvoir s’adresser aux
Américains, qu’ils considèrent comme les vrais patrons en cette affaire. Ils
sont aussi heureux de voir arriver dans la négociation Chinois et Russes,
espérant les avoir comme alliés. Ils seront plutôt déçus sur ce point : les
deux pays, tout en aidant discrètement l’Iran, donneront la priorité la
cohésion de groupe. Ainsi se met en place, par touches successives, le format
de la négociation nucléaire avec l’Iran, dit P5+1 ou mieux encore E3/EU+3 <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
fonctionnant encore à ce jour, au-delà même de l’accord décisif enfin conclu à
Vienne le 14 juillet 2015, sous l’impulsion, cette fois-ci, des <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis.
Catherine Ashton, puis Federica Mogherini, qui succèdent l’une après l’autre à Javier
Solana à la tête de la PESC, joueront ainsi le rôle de coordinateur et de porte-parole
des interlocuteurs de l’Iran, sans toutefois jamais disposer d’une marge
visible d’initiative. Les nations restent à la manœuvre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Tout au long de la période, la primauté de trois <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-membres
sur les autres Européens demeure et continue de chagriner ces derniers. En 2006
par exemple, lors d’une réunion informelle des ministres européens des affaires
étrangères en Finlande, les ministres néerlandais et italien laissent filtrer dans
la presse leur irritation d’être écartés des secrets de la négociation, alors
que se dessine au Conseil de sécurité des Nations Unies la possibilité
d’imposer des sanctions à l’Iran. Parfois, lorsque les tensions sont fortes,
les Américains sont invoqués pour emporter la décision, généralement dans le
sens de la fermeté et de l’imposition de nouvelles sanctions. En ce jeu,
Anglais et Français interviennent d’ailleurs sur un double registre :
Européens certes, mais aussi membres permanents du Conseil de sécurité, ce qui
leur donne un accès privilégié aux Américains, et leur permet de faire passer
des messages dans les deux sens, beaucoup plus quand même dans le sens <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis-Europe
(Pouponneau, 2013). Dans cette veine, en 2009, à l’orée du Sommet du G20 à
Pittsburgh, le Président Barack Obama, le Président Nicolas Sarkozy et le
Premier Ministre Gordon Brown apparaissent ensemble en une conférence de presse
spectaculaire pour révéler au monde l’existence d’une usine souterraine
d’enrichissement en Iran. C’est l’usine de Fordo, d’ailleurs encore vide de
toute installation, qui entrera en activité, sous contrôle de l’AIEA, deux ans
plus tard. Les Allemands pour leur part, resteront tout au long de la
négociation beaucoup plus en retrait : façon de marquer leur réserve à l’égard
de l’activisme des Américains, des Français et des Anglais.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La marche irrésistible vers le Conseil de sécurité<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">En réalité, dès le lendemain du déplacement des trois Européens à
Téhéran en octobre 2003, l’essentiel est ailleurs. Les Iraniens n’imaginent pas
de suspendre leurs activités d’enrichissement plus que quelques mois. Ils sont
donc pressés d’aboutir, notamment par la définition d’un commun accord des
« garanties objectives » qui restaureront la confiance du monde
extérieur. Les Européens, en revanche, n’osent pas dire carrément aux Iraniens
que la seule garantie sérieuse à leurs yeux<span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">— </span>et surtout aux yeux des
Américains qui les talonnent en coulisse <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">— est l’arrêt complet du programme
iranien d’enrichissement. Or un tel recul est impensable pour la partie
iranienne, qui a fait de la maîtrise de l’enrichissement une grande cause
nationale. Le malentendu s’installe, et les Européens font traîner la
négociation en longueur, dans l’espoir, évidemment illusoire, qu’à la longue,
les Iraniens se résigneront à abandonner leur programme. En outre, en raison
des obstacles créés par les sanctions américaines, ils sont bien en peine de
présenter à leurs interlocuteurs un programme de coopération économique et
technologique crédible qui viendrait récompenser de possibles concessions iraniennes.
Toutes ces ambiguïtés finissent par se dissiper au printemps 2005. Les Iraniens
relancent progressivement leurs activités nucléaires suspendues, et les
Européens, toujours aiguillonnés par les Américains, se rallient à l’idée de saisir
le Conseil de sécurité des Nations Unies du dossier iranien, jusque-là traité à
niveau mi-technique, mi-politique par l’Agence internationale de l’énergie atomique.
C’est alors que Russes, Chinois et Américains rejoignent les Européens pour
constituer le groupe E3/EU+3 afin d’entretenir le contact avec l’Iran en cohérence
avec l’action menée au Conseil de sécurité.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Montée
des sanctions : États-Unis et Europe solidaires<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dès lors, de 2006 à 2010, six
résolutions se succèdent au Conseil <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
intimant à l’Iran, avec une force croissante et la mise en place d’une batterie
de sanctions, de restaurer la confiance de la communauté internationale :
pour ceci, l’Iran doit se plier aux demandes de contrôle renforcé de l’AIEA, suspendre
ses activités nucléaires les plus sensibles, enrichissement compris, et brider
ses activités balistiques. Dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces
résolutions, Américains, Anglais et Français jouent un rôle moteur. Les
sanctions adoptées par le Conseil restent néanmoins, sous l’influence de la
Russie et de la Chine, circonscrites aux activités en cause, nucléaires et de
défense.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les Etats-Unis voient bien
qu’elles seront insuffisantes pour faire céder l’Iran, et vont donc, à partir
de 2010, multiplier les sanctions supplémentaires autonomes, débordant
largement les domaines du nucléaire et de la défense. Leur dimension
extraterritoriale, dite aussi « secondaire », impacte les relations
économiques de l’Europe avec l’Iran. En d’autres temps, comme au début des
années 1980, lorsque l’administration Reagan tentait d’empêcher les Européens
de coopérer à la construction du gazoduc soviétique destiné à acheminer le gaz
de Sibérie vers l’Europe, ou dans les années 1990, quand la loi d’Amato-Kennedy
tentait d’interdire à toute compagnie pétrolière d’investir en Iran et en
Libye, l’Europe avait résisté, avec un certain succès. Dans le second cas, elle
avait saisi l’organe de règlement des différends de l’Organisation mondiale du
commerce, et adopté un règlement visant à protéger les entreprises européennes
des intrusions de la loi américaine <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>.
Cette façon d’agir avait payé, Clinton avait cédé, Total, BP, Shell, Statoil
avaient pu travailler en Iran.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Rien de tel dans les années
2010. L’Europe, faisant le choix de s’unir aux </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis pour faire céder Téhéran, adopte,
comme ceux-ci, ses propres sanctions, qui finissent par toucher l’ensemble des
activités économiques et financières essentielles de l’Iran, hors secteurs à
caract</span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">è</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">re humanitaire (agroalimentaire et santé). Même si un certain nombre d’</span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats renâclent </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">—</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;"> beaucoup de
« petits », mais aussi, comme déjà vu, l’Allemagne </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">—</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">, Anglais et Français imposent
leur vision des choses, et l’Europe se distingue par son allant dans ce déploiement
de sanctions. </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">Ainsi, à</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;"> la suite de la publication, le 11 novembre 2011, par l’AIEA, d’un
rapport, longtemps attendu, dressant le bilan des activités nucléaires
clandestines de l’Iran <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[5]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
le Royaume-Uni interdit à tous ses établissements financiers et de crédit de travailler
avec l’Iran, y compris avec sa Banque centrale. Les Iraniens mettent alors à
sac l’ambassade britannique à Téhéran. Au même moment le Président français, </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri;">Nicolas Sarkozy, réclame une mobilisation
internationale en vue d’un renforcement des sanctions. Il s’engage en ce sens
auprès du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, puis écrit aux chefs
d’État et de gouvernement d’Allemagne, du Canada, des États-Unis, du Japon, du
Royaume-Uni, ainsi qu’au président du Conseil européen et au président de la
Commission européenne, pour préconiser « des sanctions d’une ampleur sans
précédent </span>pour convaincre l’Iran qu’il doit négocier <span style="mso-bidi-font-family: Calibri;">» <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[6]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>. Il
propose en particulier le gel des avoirs à l’étranger de la Banque centrale
d’Iran et l’interruption des achats de pétrole iranien. Début</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;"> 2012, une décision, bientôt suivie d’un
règlement du Conseil de l’Union européenne, répond cet appel <span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" style="mso-footnote-id: ftn7;" title="">[7]</a>.</span></span><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref7" title=""><!--[endif]--></a></span></span>
En liaison avec les Américains, un embargo quasi général sur les échanges de
l’Iran avec le monde extérieur se met en </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri;">place. Tous les</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;"> avoirs
iraniens à l’étranger, secteurs public et privé confondus, sont gelés. Les
exportations iraniennes de pétrole chutent de moitié.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">La bonne volonté démontrée par
l’Europe à l’égard des </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis ne retient pas l’administration
américaine de poursuivre et punir les entreprises européennes contrevenant au
dispositif de sanctions élaboré à Washington. Sans que Bruxelles ou les
capitales des Etats-membres réagissent, sinon par des démarches diplomatiques
sans effet, plusieurs grandes banques européennes (Deutsche Bank, HSBC, ING,
Crédit Agricole, Standard Chartered, Barclays, Royal Bank of Scotland,
Commerzbank…) sont ainsi frappées de très lourdes amendes. Le record revient à
la banque BNP Paribas, qui accepte de payer en 2014 près de 9 milliards de
dollars pour avoir contourné les sanctions américaines à l’égard de l’Iran, du
Soudan et de Cuba, et surtout pour avoir longtemps tenté de jouer au plus fin
avec les enquêteurs américains.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Et puis des entreprises
européennes, dans des domaines divers, parfois très éloignés du cœur du litige,
sont amenées à se retirer du marché iranien. C’est le cas des constructeurs et
équipementiers automobiles français qui perdent en cette occasion plus d’un milliard
d’euros de chiffre d’affaires par an et plusieurs milliers d’emplois. Mais le
gouvernement français choisit de ne pas réagir. Les compagnies pétrolières
européennes mettent aussi en veilleuse toutes leurs activités en Iran. Les
grandes compagnies d’assurance et de réassurance de la City mettent fin à
d’importants contrats, notamment dans le domaine du transport maritime,
ébranlant par là-même leur quasi-monopole mondial sur ce secteur. Et même les
échanges culturels et universitaires entre l’Europe et l’Iran vont en
s’étiolant.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Contacts officiels et
contacts secrets<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Certes, tout au long de cette
période des rencontres se sont égrenées entre le groupe E3/EU+3 et les Iraniens,
ou encore entre les représentants des deux parties : Haut représentant
européen d’un côté, Secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de
l’autre. Plus d’une douzaine de réunions se tient ainsi jusqu’en mai 2013 entre
Bruxelles, Vienne, Ankara, Lisbonne, Téhéran, Genève, Istanbul, Bagdad, Moscou,
Almaty. Mais elles sont parfaitement stériles. Sur le fond, les interlocuteurs
de l’Iran exigent toujours que Téhéran suspende ses activités d’enrichissement
avant d’entrer dans le vif du sujet, et refusent de dévoiler leurs intentions
quant à l’acceptabilité, ou non, d’un programme d’enrichissement iranien. Et
les échanges sont plombés par la raideur et la lourdeur des interventions du
chef de la délégation iranienne, Saeed Jalili <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref8" style="mso-footnote-id: ftn8;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[8]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
glorieux mutilé de la guerre Irak-Iran, mais tout le contraire d’un diplomate. Ils
sont également plombés par la faible réactivité de la Haute-Représentante pour
la PESC, Catherine Ashton <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref9" style="mso-footnote-id: ftn9;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[9]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
et sa mince autorité sur la délégation composite qu’elle est censée coordonner.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Mais dans la période même où
se tiennent ces dernières réunions, et où l’Europe étend et durcit ses
sanctions, le Président Obama relance dans le plus grand secret sa quête d’une
solution négociée. Fin 2011, il mandate John Kerry, Président de la Commission
des Affaires étrangères du Sénat, qui remplacera en février 2013 Hillary
Clinton à la tête du Secrétariat d’État, pour rencontrer le Sultan Qaboos,
dirigeant d’Oman, afin de nouer un contact avec l’Iran. En juillet 2012, une
équipe réduite de diplomates américains rencontre pour la première fois à
Mascate des interlocuteurs iraniens. En mars 2013, les Américains laissent
entendre à la partie iranienne qu’ils accepteraient l’existence d’un programme
d’enrichissement iranien limité et étroitement contrôlé. Ils ne parlent plus
d’une suspension des activités sensibles iraniennes comme préalable à toute
négociation. C’est une ouverture décisive. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">En juin, Hassan Rouhani,
partisan lui aussi d’une solution négociée, est élu à la Présidence de la
République islamique. Tout va pouvoir s’accélérer. Mais de ceci, rien n’a
filtré. En septembre, un coup de fil historique est échangé entre les
Présidents Obama et Rouhani. Mais c’est seulement début novembre, après
l’ouverture à la mi-octobre à Genève d’une nouvelle session officielle de
négociation entre l’Iran, représenté par une nouvelle équipe de diplomates
issue des élections <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref10" style="mso-footnote-id: ftn10;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[10]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
et le groupe E3/EU+3, que les Européens, comme les Russes et les Chinois, découvrent
avec stupeur l’existence et l’avancement des conversations conduites par les
Américains. De fait, la délégation américaine met sur la table un projet
d’accord déjà négocié avec les Iraniens, qui définit en détail les modalités et
le calendrier de la négociation devant conduire à un règlement complet de la
crise nucléaire. Ce document, intitulé </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Joint Plan of Action <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref11" style="mso-footnote-id: ftn11;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="line-height: 107%;">[11]</span></b></span><!--[endif]--></span></span></a>, </i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">prévoit notamment la mise en place sans
attendre de gestes de bonne volonté des deux côtés : ralentissement du
programme nucléaire iranien d’une part, atténuation des sanctions
internationales d’autre part, notamment sur les exportations iraniennes de
pétrole. Russes et Chinois n’y trouvent rien à redire, puisque les Iraniens en
sont d’accord. Ni les Allemands, les Britanniques ou Mme Ashton, puisque les </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis en ont
décidé ainsi. Seuls les Français objectent, vigoureusement, aux faiblesses
qu’ils relèvent dans le texte. Le ministre des Affaires étrangères Laurent
Fabius, prenant de vitesse John Kerry, qui se dirige l’esprit tranquille vers
Genève pour boucler l’affaire, déclare au sortir de son avion qu’il n’est pas
question de se rallier à un « accord de dupes ». La formule, reprise
par les médias du monde entier, fait scandale, la négociation s’enraye. Elle
reprend une dizaine de jours plus tard, et aboutit à une correction du texte
sur des points d’importance plutôt modeste. Mais l’épisode laisse des traces
durables (Fabius, 2016).<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Marche finale vers un
accord<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Hormis ce moment particulier,
les Européens jouent un rôle discret dans la phase finale de la négociation qui
s’étend de début 2014 à la conclusion, le 14 juillet 2015, de l’accord
définitif baptisé </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Joint
Comprehensive Plan of Action <span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="line-height: 107%;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" style="mso-footnote-id: ftn12;" title="">[12]</a> </span></b></span><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref12" title=""><!--[endif]--></a></span></span></i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">(JCPOA</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">)</i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>John Kerry, appuyé sur une impressionnante
équipe d’experts et de diplomates, et Mohammad Javad Zarif, entouré de
collaborateurs aguerris, pilotent le processus et captent la lumière. Toutefois,
Helga Schmid, Secrétaire générale adjointe, puis secrétaire générale du service
européen d’action extérieure, qui tient depuis longtemps le dossier à Bruxelles,
s’impose à tous par son expertise. Elle intervient avec autorité dans la
supervision juridique, la mise en forme et en cohérence de tous les éléments
fort complexes qui aboutissent à un accord de 110 pages, à vrai dire pleinement
compréhensible pour les seuls-initiés (Windt, 2017). Les Français pour leur
part, cherchent à limiter les concessions aux Iraniens, au nom de la nécessité
d’atteindre un « accord robuste ». Il se flattent d’avoir inventé
l’habile dispositif dit de </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">snap-back <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref13" style="mso-footnote-id: ftn13;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="line-height: 107%;">[13]</span></b></span><!--[endif]--></span></span></a>, </i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">permettant de réimposer automatiquement et
instantanément toutes les sanctions levées par le Conseil de sécurité, dès lors
qu’un seul membre permanent du Conseil, suite à une infraction de l’Iran,
mettrait son veto à la perpétuation de leur suspension (Fabius, 2016).<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Courte embellie, retour en
force des problèmes<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Le JCPOA, dit aussi Accord de
Vienne, une fois adopté en juillet 2015, et surtout entré en vigueur en janvier
2016, l’Europe reprend des couleurs. De nombreuses sanctions ont été abolies ou
suspendues, l’heure est à la relance des relations économiques et commerciales
avec l’Iran. Pour l’Europe, c’est là son cœur de métier. Les délégations de
dirigeants des </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-membres, comme de l’Union européenne elle-même, se succèdent à
Téhéran. Elles sont accompagnées, suivies ou précédées d’importantes missions d’entrepreneurs
et d’hommes d’affaires. </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">lément favorable : les Américains, eux,
ont fait le choix de maintenir l’essentiel de leurs sanctions, en éliminant
simplement leur dimension secondaire qui pénalisait, notamment, les Européens. Du
coup, ils ne viennent pas concurrencer les entreprises européennes. </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">lément
défavorable : l’administration américaine en charge de l’application des
sanctions <a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftnref14" style="mso-footnote-id: ftn14;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[14]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
maintient des contrôles tatillons et interprète a minima le JCPOA ; ainsi,
les entreprises européennes demeurent punissables si, dans leurs relations avec
l’Iran, elles ont recours, même de façon mineure ou épisodique, au système
bancaire et financier américain, ou encore si elles associent un seul citoyen
américain à leurs affaires avec Téhéran. Les grandes banques européennes,
échaudées par les sanctions subies naguère, refusent de s’impliquer à nouveau
en Iran. Ceci empêche, ou rend au mieux extraordinairement difficile, le
montage financier de tout investissement significatif. Encore un élément
dissuasif : le système bancaire et financier iranien est profondément
sclérosé, et de plus gangrené par le laxisme de la période Ahmadinejad, comme
par les pratiques hétérodoxes mises alors en place pour détourner l’effet des
sanctions. Le gouvernement Rouhani s’efforce de le réformer, mais le processus
est forcément lent et difficile. Dernier handicap : Européens et Américains
ont maintenu leurs sanctions à l’égard du corps des Pasdaran et de toutes ses
entreprises associées, ce qui interdit toute relation avec cette mouvance. Mais
celle-ci pénètre tous les secteurs de la grande industrie, des travaux publics,
et même de la finance. Elle est très difficile à éviter. La reprise des
affaires entre Iran et Europe, même si elle est tout à fait significative,
reste donc très en deçà des espérances initialement manifestées des deux côtés.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Début 2017, la donne se trouve
à nouveau modifiée par l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump,
violemment hostile au JCPOA, « le pire accord jamais conclu par les </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis » selon
ses propres termes. Initialement contraint de le respecter, Trump menace avec
une insistance croissante d’en faire sortir son pays, si l’accord n’est pas
profondément amendé : renforcement et surtout prolongement indéfini dans
le temps des contraintes acceptées par l’Iran, imposition de contrôles et de
limitations sur le programme balistique iranien. Mais l’Iran, qui respecte
l’accord à la lettre, refuse de bouger. L’Europe, Bruxelles et capitales à
l’unisson, manifeste alors très clairement et de façon répétée son attachement
au JCPOA ; elle mène une campagne continue d’influence aux </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis, tant sur
l’administration que sur le Congrès, pour dissuader son grand partenaire de
s’extraire de l’accord. En juillet 2017, de façon fort symbolique, l’Union
européenne et l’Iran concluent à Téhéran, dans le cadre de la mise en œuvre du
JCPOA, un accord de coopération en matière de sûreté nucléaire, doté par
Bruxelles de 5 millions d’euros. Federica Mogherini, Haute représentante pour
la PESC, participe en première ligne au soutien européen à l’Accord de Vienne.
Elle se rend ainsi en novembre 2017 à Washington pour démarcher les décideurs
sur ce dossier. En janvier 2018 elle réunit autour d’elle à Bruxelles les
ministres allemand, britannique et français des Affaires étrangères, ainsi que
leur homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, pour réaffirmer ensemble leur
attachement au JCPOA. Et, bien entendu, elle continue, avec sa collaboratrice
Helga Schmid, à jouer son rôle de coordinateur des six interlocuteurs de l’Iran
au sein de la Commission mixte qui se réunit tous les trois mois, et aussi en
tant que de besoin, pour veiller à la bonne application de l’accord. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Gérer Trump<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">L’Europe s’efforce également
d’amadouer Donald Trump pour éviter le pire. Rex Tillerson, secrétaire d’</span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tat américain, au
cours d’une tournée en Europe, fin janvier 2018, obtient de ses homologues
allemand, britannique et français la création de groupes de travail chargés
d’identifier les insuffisances du JCPOA et les sujets de contentieux avec
l’Iran, ainsi que les façons de les résoudre. De fait, les dirigeants des trois
pays européens les plus concernés expriment régulièrement leurs inquiétudes sur
le comportement de l’Iran dans sa région, et sur le développement de son
programme balistique. C’est le cas, notamment, du Président français Emmanuel
Macron, qui a annoncé son intention de se rendre en Iran. Il reste néanmoins
très ferme sur ces sujets, avec le souci manifeste de ne pas se couper des </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis, ou encore
de l’Arabie saoudite. Mais l’Iran, avec la même opiniâtreté, répète qu’il est
exclu de soumettre de telles questions à négociation, la seule question qui
vaille étant d’appliquer le JCPOA tel qu’il est. Il insiste sur le fait qu’il
attend de l’Europe une politique beaucoup plus ferme de résistance à
Washington, et beaucoup plus active dans le sens du développement de la
relation avec Téhéran. Fin février 2018, le risque de voir bientôt les </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis se retirer
de l’accord reste entier : Trump a déclaré qu’il prendrait sa décision
vers le 12 mai.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">S’il choisit le retrait, la
question suivante sera de savoir si l’accord peut survivre entre l’Iran et les
cinq pays encore à bord, donc avec l’Europe. En principe, rien ne s’y oppose, dès
lors que l’Iran en serait d’accord, comme il l’a parfois laissé entendre. Mais
pour les Européens, il sera encore plus difficile qu’il y a seulement cinq ou
dix ans de ne pas subir de plein fouet le retour des sanctions américaines. En
effet, dans une économie de plus en plus mondialisée, plus n’est besoin pour
les </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis
de viser expressément les entreprises étrangères récalcitrantes : toute
société d’importance a des intérêts sur le sol américain, et peut être punie en
tant que société américaine. Pour une grande banque européenne, par exemple,
être interdite de travailler aux </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis, c’est être frappée de mort
civile. Et même une banque petite ou moyenne n’ayant pas d’intérêts aux </span><span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">tats-Unis serait mise
à l’index par ses consœurs européennes si elle contrevenait aux lois
américaines. Le même raisonnement peut être fait pour les constructeurs
aéronautiques et leurs fournisseurs, pour la plupart des constructeurs
automobiles et leurs sous-traitants, pour les industriels du nucléaire civil,
de l’électronique, de l’énergie, du transport ferroviaire, et de bien d’autres
secteurs.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Le pire n’étant pas toujours
sûr, il est encore possible que Trump recule à nouveau et se résigne à rester
dans l’accord. Mais pour ne pas trop paraître se désavouer, il redoublera alors
d’agressivité à l’égard de l’Iran. Ce dernier ne récoltera donc que de maigres
résultats d’un accord dont il avait tant espéré. Et la situation pèsera
forcément sur la relation entre l’Europe et l’Iran, comme d’ailleurs sur les
évolutions politiques, économiques et sociales à l’œuvre en Iran. Au-delà de ce
point, il impossible de rien prédire. L’Histoire ne s’arrête jamais.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<u><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Bibliographie<o:p></o:p></span></span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<u><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ouvrages<o:p></o:p></span></span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Hourcade B. (2016) </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Géopolitique de l’Iran, les défis d’une
renaissance </i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">éd. Armand Colin<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Hellot-Bellier F. (2007) </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">France-Iran, quatre cents ans de dialogue </i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">éd. Association pour l’avancement des études
iraniennes<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<u><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Articles<o:p></o:p></span></span></u></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Fabius L. (2016)
<i>Inside the Iran Deal: a French Perspective</i>, The Washington Quarterly, automne
2016<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Pouponneau F. (2013),
<i>Les dynamiques propres de l'Union européenne dans le système international. La
politique européenne envers le programme nucléaire iranien</i>, Politique européenne
2013/3 (n<span lang="EN-US">°</span>
41), p. 118-142. éd. L’Harmattan<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Tabatabaei S.M.
(2008) <i>Quel dialogue entre l’Iran et l’Europe ?</i> Revue Géostratégiques, mis
en ligne le 29 mars 2016<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span lang="EN-GB"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Windt A. (2017) <i>The participation of the EU in the
negotiation and implementation of the Iran nuclear agreement </i>EU
Non-Proliferation Consortium, Peace Research Institute Frankfurt, Institute of
World Economics of the Hungarian Academy of Science, juin 2017<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="mso-element: footnote-list;">
<!--[if !supportFootnotes]--><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br clear="all" />
</span><br />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<br />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
conclusions du Conseil européen du 17 juin 2002<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> E3 pour
l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, EU pour le Haut représentant pour
la PESC, 3 pour la Chine, les <span style="mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span>tats-Unis et la Russie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="line-height: 107%;"> <span style="mso-bidi-font-style: italic;">résolution 1696 (2006), résolution 1737 (2006), résolution 1747 (2007),
résolution 1803 (2008), résolution 1835 (2008), <span style="color: windowtext; text-decoration: none; text-underline: none;"><a href="https://www.iaea.org/sites/default/files/unsc_res1929-2010.pdf">résolution
1929 (2010)</a></span><o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="line-height: 107%;"><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></span></span></div>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span style="line-height: 107%;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span style="line-height: 107%;">[4]</span><!--[endif]--></span></span></a><span style="line-height: 107%;"> Règlement
(CE) n° 2271/96 du Conseil du 22 novembre 1996 portant protection contre les
effets de l'application extraterritoriale d'une législation adoptée par un pays
tiers, ainsi que des actions fondées sur elle ou en découlant.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="line-height: 107%;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></span></div>
</div>
<div id="ftn5" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><b><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="line-height: 107%;">[5]</span></b></span><!--[endif]--></span></b></span></a><b> </b>annexe au rapport GOV/2011/65 du directeur général de l’AIEA, intitulée
« Dimensions militaires possibles du programme nucléaire iranien »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn6" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[6]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> communiqué de la Présidence
de la République en date du 21 novembre 2011, recueil des déclarations
officielles de politique étrangère.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn7" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn7" style="mso-footnote-id: ftn7;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[7]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Décision 2012/35/PESC du
Conseil du 23 janvier 2012 modifiant la décision 2010/413/PESC concernant des
mesures restrictives à l'encontre de l'Iran, et règlement (UE) No 267/2012
du Conseil du 23 mars 2012 concernant l'adoption de mesures restrictives à l'encontre
de l'Iran et abrogeant le règlement (UE) no 961/2010.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn8" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn8" style="mso-footnote-id: ftn8;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[8]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> en
charge de la négociation nucléaire de 2007 à mi-2013. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn9" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn9" style="mso-footnote-id: ftn9;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[9]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> en
charge de la négociation nucléaire de 2009 à 2014.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn10" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn10" style="mso-footnote-id: ftn10;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[10]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> <span style="line-height: 107%;">Mohammad Javad Zarif, nouveau
ministre des affaires étrangères, notamment secondé par son vice-ministre,
Majid Takht-Ravanchi ;<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="line-height: 107%;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></span></div>
</div>
<div id="ftn11" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn11" style="mso-footnote-id: ftn11;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[11]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Plan
commun d’action<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn12" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn12" style="mso-footnote-id: ftn12;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[12]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Plan
commun global d’action<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn13" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn13" style="mso-footnote-id: ftn13;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[13]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
« clic sur bouton-pression »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
</div>
<div id="ftn14" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><a href="file:///G:/anic/livre,%20articles,%20conferences/Europeiranrelationarticleherodotenicoullaud.docx" name="_ftn14" style="mso-footnote-id: ftn14;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 107%;">[14]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> <i>Office
of Foreign Assets Control</i> (OFAC) ou Bureau de contrôle des actifs étrangers</span><o:p></o:p></span></div>
</div>
</div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-23650646498869385412018-06-12T14:03:00.000+02:002018-06-12T14:03:03.179+02:00 TRUMP, MACRON, ROUHANI : UNE TRIANGULATION IMPOSSIBLE ? <div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0.0001pt; text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Rude école pour
Emmanuel Macron que la gestion du dossier iranien. Il y découvre toutes les
chausse-trappes de la diplomatie dans le paysage tourmenté du Moyen-Orient. En
septembre dernier, à l’Assemblée générale des Nations-Unies, il avait présenté,
en un hymne au multilatéralisme, sa vision alternative à la ligne de Donald
Trump, qui, la veille, à la même tribune, avait décrit l’accord nucléaire de
Vienne comme « l’un des pires et plus biaisés » jamais conclus par
les États-Unis. Le Président français propose alors au contraire de le protéger,
tout en évoquant la nécessité de trouver des solutions à l’expiration dans le
temps de ses principales dispositions, ainsi qu’aux menaces soulevées par l’activité
balistique iranienne.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b><span style="font-size: 12.0pt;">Sauver l’accord
de Vienne<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Puis, à la
mi-octobre, quand Donald Trump « décertifie » l’accord de Vienne,
geste présenté comme un premier pas vers un retrait des États-Unis, Emmanuel
Macron, au cours d’une conversation avec le Président iranien, Hassan Rouhani, confirme
à nouveau l’attachement de la France à l’accord. Il fait aussi état de la
nécessité de « dialogue » et de « progrès » sur le
programme balistique iranien et les questions de sécurité régionale. Il annonce
la prochaine visite à Téhéran de son ministre des affaires étrangères pour
évoquer ces sujets. Le service de presse de l’Elysée précise enfin qu’« un
déplacement en Iran du président français, à l'invitation du président Rouhani,
a été envisagé ». Cette information – ce serait la première visite
d’un dirigeant occidental majeur sous la République islamique -- soulève alors
beaucoup d’attentes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">En novembre, le
Président français, au cours d’une conférence de presse à Dubaï avant de se
rendre à Riyadh pour y faire connaissance du Prince héritier, Mohammed ben
Salman <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">et tenter de régler le cas
Hariri</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">, </b>défend fermement la
relation franco-iranienne, réaffirme son attachement à l’accord de Vienne, mais
souligne la nécessité de le compléter « avec deux piliers, une négociation
sur l'activité balistique de l'Iran, avec des sanctions si besoin, et une
discussion stratégique encadrant l'hégémonie iranienne dans toute la
région ». Le glissement sémantique perceptible dans l’usage des mots
« négociation », « sanctions », « hégémonie », provoque
un sursaut à Téhéran, où l’on considère ces sujets comme non-négociables. Le
ton tend à s’aigrir. Si les propos officiels restent mesurés, il n’en est pas
de même dans les milieux d’opposition au Président Rouhani, d’autant que
quelques jours plus tard, Emmanuel Macron invite publiquement l’Iran à adopter
« une position moins agressive au Proche-Orient ». Le dialogue se
poursuit mais les propos à l’emporte-pièce commencent à voler. En décembre,
Jean-Yves le Drian, ministre des affaires étrangères, lance dans une émission
télévisée : « La présence iranienne et la volonté iranienne de faire
un axe de la Méditerranée à Téhéran, non ! ». Quelques jours plus tard,
Ali Akbar Velayati, conseiller diplomatique du Guide suprême, confie à une
agence de presse : « Si la France veut conserver sa crédibilité
internationale, elle ne devrait pas suivre aveuglément les Américains… le
Président français se comporte en ce moment comme le caniche de Donald
Trump ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; page-break-after: avoid; text-align: justify;">
<b><span style="font-size: 12.0pt;">Glissement vers le bas de la relation<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; page-break-after: avoid; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; page-break-after: avoid; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Malgré
ces échanges peu amènes, la visite de Jean-Yves le Drian à Téhéran pour évaluer
l’opportunité d’une visite du Président est maintenue. Il s’y rend en mars mais
se heurte à un mur dès qu’il évoque la possibilité d’une négociation sur le
balistique ou le rôle de l’Iran dans la région. Il est symptomatique qu’Ali
Shamkani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, le reçoive en grand
uniforme d’amiral (un an avant, il était en civil pour recevoir son
prédécesseur Jean-Marc Ayrault). Le ministre français conclut sobrement qu’il y
a « encore beaucoup de travail à faire ». L’on ne parle plus d’une
visite du Président.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; page-break-after: avoid; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">A la mi-avril, la
relation se dégrade encore avec les frappes françaises en Syrie, aux côtés des
Américains et des Britanniques, pour punir – plutôt symboliquement –
Bachar el Assad de son dernier usage de l’arme chimique. Le Guide suprême, Ali
Khamenei, accuse<b> </b>les dirigeants des trois nations d’avoir commis un
crime majeur. Même si les canaux de communication sont maintenus, la relation
touche un point bas.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b><span style="font-size: 12.0pt;">Convaincre Trump
de rester dans l’accord<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Les choses se
passent-elles mieux du côté de Donald Trump ? Fin 2017, début 2018, les
Européens se sont affairés pour définir avec les Américains les mesures qui
pourraient être prises pour les convaincre de demeurer dans l’accord de Vienne.
Les trois pays parties à l’accord, Allemagne, France et Grande-Bretagne, poussent
l’Union européenne à la prise de nouvelles sanctions contre l’Iran, mais
peinent à convaincre leurs partenaires. Emmanuel Macron, pour sa part, confiant
dans la relation personnelle qu’il a tissée avec Donald Trump, se rend fin
avril à Washington avec l’espoir de l’amener à revenir sur son intention de
quitter l’accord. Il va loin dans sa direction en évoquant un processus fondé
sur « quatre piliers » : renforcement de l’accord actuel, prolongation
de ses dispositions dans le temps, « endiguement de l’influence
militaire » de l’Iran dans sa région, « surveillance de son activité
balistique ». Mais rien n’y fait, le 8 mai, Donald Trump sort de l’accord.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b><span style="font-size: 12.0pt;">D’une séquence à
l’autre<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Quelles leçons tirer
de tous ces efforts ? Après coup, il est aisé d’expliquer pourquoi ils
n’avaient aucune chance d’aboutir. Mais Trump aurait pu retarder une fois de
plus son choix, ou encore assortir le retrait américain d’atténuation de ses
effets sur les entreprises européennes. Ceci aurait alors été salué comme une
victoire de la diplomatie française. Finalement, les positions des antagonistes
se sont révélées irréconciliables. Côté iranien, il était inutile d’espérer
convaincre la République islamique de modifier l’accord de Vienne ou de négocier
un élément crucial de souveraineté et de défense nationales comme son programme
balistique. L’évocation de possibles sanctions pour la faire céder a fait le
reste. Un regard sur l’histoire de ce pays, sur la façon dont il se crispe sous
la pression, aurait évité de se nourrir d’illusions. Côté États-Unis, l’affaire
a révélé ce qui n’était pas forcément concevable au départ, à savoir la haine
viscérale de Donald Trump à l’égard d’Obama, le menant à effacer, quel qu’en
soit le prix, les traces de son prédécesseur dans l’histoire :
l’« Obamacare », l’accord avec l’Iran.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Cette séquence
close, s’en ouvre une autre au moins aussi difficile, présentant une équation à
trois lourdes inconnues : comment éviter une guerre commerciale avec les États-Unis,
tout en maintenant l’Iran dans l’accord nucléaire par suffisamment de commerce
et d’investissement, sans mettre en péril l’unité européenne ? Que l’on
parle en cette affaire de l’isolement de l’Amérique rappelle la célèbre
manchette du Times (d’ailleurs apocryphe) : « Brouillard sur la
Manche, le continent isolé ». En cette affaire, hélas, l’Europe, pour le
moment, semble plus perdue dans le brouillard que l’Amérique de Trump. Elle a
certes réactivé une directive de 1996 censée bloquer en Europe les sanctions américaines,
et envisage de recourir à l’arbitrage de l’Organisation mondiale du commerce. <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">Mais la première décision ne vaut que pour
les entreprises n’ayant pas d’exposition aux États-Unis, ce qui les soumet de
fait à la loi américaine, et la deuxième ne produira ses effets qu’à l’issue
d’une longue procédure, si elle aboutit jamais.</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> <o:p></o:p></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b><span style="font-size: 12.0pt;">Négocier,
négocier sans cesse<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Il faut bien revenir
à la diplomatie. « Le dialogue, encore et toujours. Échanger, tenter de
convaincre, sans cesse, pour défendre les intérêts des Français et aussi de
tous ceux qui croient que le monde ne se construit qu'ensemble » vient de
nous dire Emmanuel Macron à la veille de la réunion du G7. Il a sans doute
conscience de faire écho à un illustre prédécesseur, rien moins que le Cardinal
de Richelieu, qui écrivait dans son testament politique (il aurait tweeté
aujourd’hui) : « négocier sans cesse, ouvertement ou secrètement, en
tous lieux, encore même qu’on n’en reçoive pas un fruit présent et que celui
que l’on peut en attendre à l’avenir ne soit pas apparent, est chose du tout
nécessaire pour le bien des Etats ». C’est bien la situation dans laquelle
l’on se trouve aujourd’hui. <i><span style="color: red;"><o:p></o:p></span></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b><span style="font-size: 12.0pt;">Rendre son sens à
une visite du Président français à Téhéran<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Au sortir de ces
généralités, de quelles cartes dispose notre Président pour espérer débloquer la
relation de l’Europe, donc de la France, avec l’Iran ? Pas plus qu’un deux
de trèfle sur le rôle de l’Iran dans la région, mais là, le temps va peut-être
faire son œuvre pour réduire les ambitions de Téhéran. Ses positions en Irak,
en Syrie, commencent à donner des signes de fragilité. Et rien n’empêche, au
contraire, d’aller dans le sens du discours du ministre iranien des Affaires
étrangères quand il prêche pour un dialogue multiforme appelé à déboucher sur
« un pacte régional de non-agression ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Sur le dossier
balistique iranien, plutôt que d’appeler simultanément à des négociations et à
des sanctions, ce qui répète les erreurs des négociations passées et ne conduit
évidemment à rien, mieux vaut, là encore, encourager au multilatéralisme.
L’Iran, sur cette question de souveraineté, ne fera de concessions que
mutuelles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Sur le nucléaire
enfin, pour tenter de conserver les Iraniens dans l’accord, la France peut
d’abord, dans le cadre européen, contribuer à mettre au point un programme
ambitieux de coopération et d’investissements dans des secteurs épargnés par
les sanctions américaines : l’agriculture, l’agro-alimentaire, la santé,
la protection de l’environnement, l’université. Mais il est inutile de vouloir chercher
à réviser l’accord nucléaire actuel, imparfait sans doute, mais comme tous les
accords, fondés par nature sur des compromis. Mieux vaudrait, tout simplement,
prendre rendez-vous pour le moment où ses principales clauses d’expiration
approcheraient de leur terme. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">Enfin, une visite du
Président français à Téhéran devrait pouvoir être remise dans la balance, si
l’Iran de son côté, s’engageait solennellement en cette occasion à continuer à
respecter l’accord de Vienne. Un tel déplacement prendrait alors tout son sens.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12.0pt;">(publié le 12 juin 2018 par <a href="https://orientxxi.info/magazine/trump-macron-rohani-une-triangulation-impossible,2506">Orient XXI</a>)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-81203263224914552582018-05-19T11:36:00.000+02:002018-05-19T11:36:39.523+02:00Trump, l’Iran, l’Europe : la révolte des agneaux ?<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">La décision de Donald Trump de sortir son
pays de l’accord nucléaire avec l’Iran est tombée avec une brutalité qui a pris
les Européens de court. Certes, depuis quelques jours, il ne se faisaient plus
guère d’illusions. Mais ils espéraient encore un délai de grâce qui leur
permettrait d’obtenir quelques gestes de l’Iran, ou des sanctions allégées en
remerciement de leurs efforts :« encore une minute, Monsieur le
bourreau » … Mais le couperet est tombé. Les sanctions américaines suspendues
par l’accord 14 juillet 2015 sont rétablies dans tous leurs effets. Ceux qui
sont déjà en affaires avec l’Iran ont, selon les cas, trois ou six mois pour
s’en dégager. Déjà, les Américains ne pouvaient pas commercer avec l’Iran, sauf
exceptions. C’est maintenant tout le monde qui se voit interdit d’acheter, de
vendre, ou d’investir en Iran. Or l’Allemagne a plus d’une centaine
d’entreprises implantées en Iran, et 10.000 qui commercent avec lui, les
Italiens sont très présents, les Français y ont Peugeot, Renault, Total... et l’Union
européenne achète 40% du pétrole exporté par l’Iran. Airbus venait d’y vendre
une centaine d’avions. Tout ceci doit s’arrêter.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">La première réaction européenne a été de
déclarer ce retour des sanctions « inacceptable ». La seconde a été
de rechercher comment contrer une telle décision. Deux exemples sont remontés à
la mémoire : du temps de Reagan, les neuf Européens avaient résisté avec
succès à une tentative américaine d’empêcher la construction d’un gazoduc allant
de Sibérie vers l’Europe. Du temps de Bill Clinton, les 15 </span><span style="font-size: 11.5pt; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 11.5pt;">tats-membres avaient obtenu des <i>waivers</i>, ou exemptions,
à une loi empêchant tout investissement dans l’industrie iranienne du pétrole. Pour
arracher cette concession, les Européens avaient adopté un règlement bloquant
l’application sur leur territoire de la loi américaine et la Commission avait
saisi l’Organisation mondiale du commerce.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">Mais depuis la situation s’est compliquée.
Les Européens ne sont plus neuf, ou quinze, mais 28. Ensuite, la mondialisation
a fait d’immenses progrès. Toute entreprise européenne un peu importante a des
intérêts aux États-Unis. Elle est donc soumise aux lois américaines. Tout
équipement un peu complexe a de bonnes chances d’inclure des éléments
américains. Or à partir de 10%, il tombe sous le coup des lois américaines.
C’est le cas, par exemple, des avions d’Airbus. Et puis, au moins 80% des
échanges internationaux passent par le dollar, en particulier les contrats
pétroliers, ce qui les rend passibles de la loi américaine. Voilà pourquoi les
grandes banques européennes, échaudées par de lourdes amendes, ont refusé, même
quand elles le pouvaient, de travailler à nouveau avec l’Iran.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-size: 11.5pt;">Que faire ? Que faire ?<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">Pour répondre à ces défis, plusieurs idées,
d’ailleurs complémentaires, circulent parmi les dirigeants européens. La
première est d’actualiser le règlement de 1996 bloquant l’effet des lois
américaines sur le territoire européen. Elle vient d’être adoptée à la réunion
européenne de Sofia. C’est un signal de résistance bienvenu. Mais il ne paraît
pas pouvoir régler le cas des sociétés ayant des intérêts aux </span><span style="font-size: 11.5pt; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 11.5pt;">tats-Unis, qui seront prises dans des obligations
contradictoires. De plus, les lois américaines permettent de punir non
seulement des sociétés, mais aussi des individus. Quel cadre d’entreprise
prendra le risque, s’il met le pied aux États-Unis, d’être aussitôt menotté et
présenté à un juge, par exemple pour soutien à des activités terroristes ?
La seconde idée serait de mettre en place des circuits financiers permettant de
se passer du dollar. Mais ceci prendra du temps, tant les habitudes sont
ancrées. Une troisième serait d’adopter des mesures de rétorsion dirigées vers
les entreprises américaines en Europe. Mais sur un tel principe, lourd de
conséquences, comment obtenir l’unanimité des Européens ? Une autre idée
encore serait de se passer des banques européennes récalcitrantes en créant des
circuits de financement public pour les affaires avec l’Iran. Mais sa
réalisation sera forcément complexe, si elle aboutit jamais. Dernière
cartouche : la Commission européenne pourrait attaquer les </span><span style="font-size: 11.5pt; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 11.5pt;">tats-Unis devant l’Organisation mondiale du commerce.
Malheureusement, le résultat sera long à venir. Dans l’immédiat, les entreprises
européennes n’ont d’autre choix que de solliciter auprès de Washington un
maximum de <i>waivers</i> leur permettant, au cas par cas, de travailler avec
l’Iran.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">Mais, même soutenues par leurs
gouvernements, elles risquent fort d’être éconduites. En effet, Donald Trump est
convaincu qu’Obama a eu tort de négocier trop tôt avec l’Iran, alors que la
vague de sanctions adoptées par les </span><span style="font-size: 11.5pt; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 11.5pt;">tats-Unis et par l’Europe entre 2010 et 2012 n’avait
pas produit son plein effet. Téhéran pouvait encore tenir tête. En rétablissant
les sanctions dans toute leur dureté, il compte mettre les Iraniens à genoux en
deux ou trois ans, et obtenir alors tout ce qui avait été refusé à Obama. Mais
le raisonnement ne vaut que si la multiplication de <i>waivers </i>ne crée pas
pour les Iraniens autant d’échappatoires. Les positions paraissent donc
inconciliables.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-size: 11.5pt;">Tirer quand même l’Iran du bon côté<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">Les Européens ont presque toujours été,
face à l’Amérique, timides et divisés. Maintenant qu’ils ont un mauvais berger,
les moutons vont-ils se révolter ? vont-ils devenir enragés ? Rien ne
le laisse prévoir. Depuis que l’Union européenne s’est élargie à l’Europe
centrale et de l’est, ses nouveaux membres, pour avoir connu le joug
soviétique, tiennent plus que tout à la protection américaine. Ils ne sont pas
les seuls. Il restera quelques </span><span style="font-size: 11.5pt; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-bidi-theme-font: minor-latin;">É</span><span style="font-size: 11.5pt;">tats,
les plus impliqués dans la relation avec l’Iran : Allemagne, France,
Grande-Bretagne, Italie… à se lancer sur une ligne de crête étroite, entre
l’Amérique de Donald Trump et l’Iran de Hassan Rouhani, pour protéger l’accord
nucléaire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: 11.5pt;">Un geste fort reste quand même à la
portée des Européens pour tirer l’Iran du bon côté : lui offrir de mettre
en œuvre sans tarder, sur un pied d’égalité, un grand partenariat multiforme portant
sur la lutte contre la pollution atmosphérique, la protection des ressources
hydrauliques, l’agriculture et l’agro-alimentaire, la gestion des villes, la
médecine et la santé publique, l’excellence universitaire… Toutes affaires cruciales
pour son développement durable et qui échappent à l’emprise des sanctions
américaines. Et si un tel programme suscitait l’intérêt d’autres pays de la
région, pourquoi ne pas les inviter à s’engager dans la même voie ?<o:p></o:p></span></div>
<br />:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-88054290159610804982018-05-09T23:04:00.005+02:002018-05-10T00:05:42.864+02:00AU LENDEMAIN DE LA SORTIE DE TRUMP<h2>
<span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">(paru ce jour dans liberation.fr)</span></span><br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt; font-weight: normal;">Forme et fond, la déclaration de Donald
Trump annonçant la sortie des États-Unis de l’accord nucléaire passé en 2015 à
Vienne entre six puissances et l’Iran est d’une extraordinaire brutalité.
Aucune concession, aucun délai, c’est un couperet. Ce genre de comportement semblait
l’apanage des chefs de régime autoritaire. Elle fera tache dans la politique
étrangère américaine. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt; font-weight: normal;">Un détail : les dirigeants du monde,
quand ils s’en prennent à l’Iran, prennent soin de distinguer entre la
détestable République islamique et le grand peuple iranien, pétri d’histoire et
de culture, assoiffé de liberté. Donald Trump n’y a pas manqué. Il y avait un
côté obscène à déclarer son amour aux Iraniens au moment de leur infliger une telle
punition collective. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt;">L’Europe et les sanctions<span style="font-weight: normal;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt; font-weight: normal;">Voilà rétablie la totalité des sanctions
américaines levées par l’accord de juillet 2015. Donald Trump a pris soin de
préciser qu’elles s’appliqueraient à nouveau dans leur dimension secondaire. Sauf
rares exceptions, les sociétés étrangères qui s’aviseront d’entrer en affaires avec
l’Iran seront donc punies. Quant aux contrats en cours, elles ont, selon les
cas, trois ou six mois pour les démonter. L’Europe va de nouveau se voir
interdire d’acheter du pétrole iranien, et ses grandes sociétés pétrolières ne
pourront plus travailler en Iran. Plus question non plus de contrats entre Airbus,
Boeing et les compagnies iraniennes dont les avions sont à bout de souffle.
Peugeot, Renault, qui venaient de retourner en Iran, vont se trouver en grande
difficulté. Ils avaient déjà été affectés par une décision américaine de 2013 les
empêchant de travailler en Iran, qui avait détruit plusieurs milliers d’emplois
en France. Assez lâchement, le gouvernement français de l’époque n’avait pas bougé.
Sera-t-il cette fois plus courageux ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt; font-weight: normal;">La question de la capacité de l’Europe à
se défendre est ainsi posée. Elle était parvenue, dans les années 1990, à faire
céder Washington, qui voulait interdire tout investissement en Iran dans le
domaine pétrolier et gazier. Ceci avait en particulier permis à Total de mener,
avec un succès complet, son plus grand chantier au monde en bordure du Golfe
persique. Maintenant, tout sera plus compliqué. La mondialisation a fait des
progrès. Les États-Unis ont pris conscience, au début des années 2000, de la
toute-puissance que leur confère l’usage du dollar dans les transactions
internationales. Même si l’Europe met en place un bouclier de protection pour
ses entreprises, beaucoup hésiteront à défier les États-Unis, dès lors qu’elles
y ont des intérêts. Ce sera le cas des grandes banques européennes, sans
lesquelles il sera difficile de faire de grandes affaires en Iran.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt;">Faire céder l’Iran ?<span style="font-weight: normal;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt; font-weight: normal;">Face aux États-Unis, la première réaction
de l’Iran a été remarquablement mature. Pour le Président Rouhani qui s'est investi
dans le dossier nucléaire dès 2003, la décision de Donald Trump est pourtant un
crève-cœur. L’accord de 2015 était le grand succès de son premier mandat. Avant
le 8 mai, des voix s’étaient élevés en Iran pour annoncer des mesures de
rétorsion qui feraient regretter à Washington une décision de sortie de
l’accord. A ce stade, Rouhani a simplement lancé des consultations avec les cinq partenaires restants en vue de le préserver.
Certes, l’Iran n’a aucun intérêt en cette affaire à une escalade avec plus fort
que lui. Il ne pourra résister qu’au sein d’un collectif. Mais les plus
radicaux du régime ne manqueront pas de tenter de tirer profit de tout signe de
faiblesse. Le gouvernement de Rouhani va se trouver gravement fragilisé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12pt; font-weight: normal;">C’est ce sur quoi parie Donald Trump. Avec
son entourage, il a la conviction que l’accord de Vienne a été négocié et
conclu trop tôt, avant que les sanctions américaines et européennes ne produisent
leur plein effet. Il se dit qu’en deux ou trois ans, il pourra, cette fois-ci,
mettre l’Iran à genoux, et entraîner soit l’effondrement du régime, soit son
entière soumission. C’est un pari risqué. Obama, lui, avait atteint la
conclusion que les sanctions, si punitives soient-elles, ne parvenaient pas à
arrêter la progression du programme nucléaire iranien.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 12.0pt;"><span style="font-weight: normal;">L’on peut s’inquiéter que les trois pays
européens ayant le plus investi en cette affaire – l’Allemagne, la France,
le Royaume-Uni – donnent dans leur première réaction le sentiment d’entrer
dans le calcul de Trump. En effet, tout en rappelant leur attachement à
l’Accord de Vienne, ils affirment vouloir « définir un cadre de long terme
pour le programme nucléaire de l’Iran » et « traiter de façon
rigoureuse les préoccupations largement partagées liées au programme balistique
de l’Iran et à ses activités régionales déstabilisatrices ». En soi, ces
objectifs sont légitimes. Mais en parler ainsi, à ce moment, c’est signaler que
les trois pays ne répugneraient pas à obtenir des concessions de Téhéran dans
le sillage des sanctions américaines. C’est se proposer de jouer au <i>good cop</i>
contre <i>bad cop</i>. C’est aussi prendre le risque d’avoir à se battre sur
deux fronts : desserrer au bénéfice des entreprises européennes et de
leurs clients l’étau des sanctions américaines, en user comme levier pour faire
plier l’Iran. Bon courage !</span><o:p></o:p></span></div>
<br /><br />
</h2>
:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-56992112668035464612018-01-05T11:45:00.000+01:002018-01-05T12:11:03.839+01:00PREMIERS ENSEIGNEMENTS DES TROUBLES EN IRAN<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les six jours de
manifestations et d’émeutes sporadiques qui viennent de se dérouler en Iran
démontrent la persistance dans la population d’une souffrance diffuse et
profonde, alimentée par le chômage, la pauvreté, l’absence de perspectives
économiques et politiques, alors que prospère d’autre part une richesse
insolente, soutenue par l’État, alimentée par la corruption.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">« Occupez-vous de
nous », crient les manifestants « plutôt que de vous occuper de la
Syrie, du Yémen, du Liban, des Palestiniens ». Il s’agit donc d’un appel
au secours, mêlée à la colère qui ose s’exprimer contre le gouvernement, et
même contre le Guide suprême. Mais pas de figures de proue, pas de ligne
directrice. L’on peut parier que la plupart des gens qui défilent n’ont jamais
voté, ou, s’ils ont voté, le faisaient pour ne pas se faire remarquer. À noter
que le Mouvement réformateur, qui aurait pu les soutenir, ou au moins leur
marquer un peu de sympathie, n’a fait aucun geste en ce sens.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<b><span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Entre France et Iran,
petit air de famille ?<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Mutatis mutandis, cette
désespérance n’est pas sans évoquer celle de nos banlieues, de nos quartiers,
alimentée par des phénomènes un peu comparables. Les images dramatiques des
incendies et des destructions de 2005 avaient donné au monde extérieur le
sentiment que notre République vacillait sur ses bases. Il n’en était
évidemment rien. La République islamique n’a pas été plus ébranlée par ce qui
vient de se passer, décevant tous ceux qui guettent avec constance les signes
de son effondrement.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Une des grandes différences
du mouvement avec nos propres troubles c’est qu’il a généré une vingtaine de
morts. C’était d’emblée faire apparaître la férocité du régime, qui n’a jamais
lésiné pour garantir sa sécurité. Et faire apparaître aussi l’écart qui le sépare
d’un État de droit. Encore n’a-t-il pas eu besoin de faire monter en ligne ses
Basidji et ses Pasdaran. C’est dire la disproportion des forces en présence,
qui condamnait les manifestations à l’échec, dès lors qu’après leur première
diffusion à travers le pays, elles ne parvenaient pas à monter en puissance
au-delà d’une ou quelques dizaines de milliers de participants, au mieux, pour
l’ensemble de l’Iran.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans de telles
circonstances, les tweets de Donald Trump ont atteint le grotesque et ont aidé
le régime à dénoncer, comme il se plaît tant à le faire, la main de l’étranger.
Ils ont donc nui au mouvement. La réaction mesurée des Européens a été plus
adaptée. Mieux valait en effet, pour la protection même des protestataires,
éviter de prendre des positions avantageuses devant leur propre opinion mais qui
ne feraient qu’attiser les braises. Comme vient de l’écrire le chercheur et
activiste irano-américain Reza Marashi : « les problèmes sont
iraniens, les manifestants sont iraniens, et la solution sera iranienne ».<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<b><span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Et maintenant,
l’avenir<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Quid de la suite ? À
l’heure qu’il est, la position du Président Rouhani n’est pas enviable. Ses
marges de manœuvre sont limitées. Il est pris dans l’étau du mécontentement
populaire, d’une part, et d’autre part de la surveillance tatillonne du cœur conservateur
du régime, qui ne fait rien pour l’aider. Malgré des efforts louables et
quelques succès, il ne parvient pas à faire émerger la prospérité que la
conclusion de l’accord nucléaire laissait espérer, en raison du sabotage de son
application par l’administration de Donald Trump. Il est enfin confronté au
chantier gigantesque de la rénovation d’un système économique sclérosé, atteint
par la corruption, plombé par les ardoises laissées par Ahmadinejad. Certes, il
va faire quelques gestes, en matière de subventions, de distribution de
produits de première nécessité. Il a prononcé des paroles de compréhension et
d’apaisement. Mais rien à l’horizon qui modifie la donne. L’on peut donc se
préparer à l’idée que dans quelques mois, un an ou deux peut-être, les mêmes
causes produiront à peu près les mêmes effets. <o:p></o:p></span></span></div>
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<br />
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Un mot pour ceux qui
guettent comme l’aurore la chute du régime. La société iranienne se détache peu
à peu, de façon irréversible, des fondements de cette République islamique. Elle
n’est cependant pas prête à ce jour à se lancer dans un nouveau cycle
révolutionnaire. Celui qu’elle a vécu il y a bientôt quarante ans lui a trop
coûté. Mais que le régime n’en retire pas un sentiment de sécurité. S’il ne
parvient pas à évoluer, à profondément se réformer, il finira en implosant sous
le poids de ses propres blocages, dissensions et contradictions, un peu comme
l’Union soviétique ou encore le régime de Franco. À cet égard, le choix du
prochain Guide de la Révolution, qui devrait intervenir d’ici à quelques années
– Ali Khamenei, né en 1939, a aujourd’hui 78 ans – pourrait jouer un rôle
décisif. </span><span style="font-size: 13.5pt;"><o:p></o:p></span></span><br />
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="color: #313132;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>paru le 5 janvier 2018 sur le site</i> </span></span><a href="https://www.boulevard-exterieur.com/" style="background-color: #f0f0f0; color: #27aae1; font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-size: 14.0014px; text-decoration-line: none;"><img alt="Boulevard Extérieur" height="105" src="https://www.boulevard-exterieur.com/skel/img/logo.png" style="border: 0px; height: auto; max-width: 100%; vertical-align: middle;" width="555" /></a></div>
:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-7671839088683857532017-12-17T16:08:00.000+01:002017-12-17T16:08:02.131+01:00FAIRE D'UNE CRISE UNE OCCASION DE PROGRÈS<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: large;"><i>(paru le 16 décembre 2017 dans "l'Orient le Jour")</i></span></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">Dès 2008, Obama a cherché avec l’Iran un accord permettant de mieux encadrer
son programme nucléaire. Il y est parvenu en juillet 2015 à Vienne, en
compagnie des Allemands, des Anglais, des Français, des Chinois et des Russes.
Mais pour apaiser son Congrès, très hostile à l’Iran, il a dû accepter de
certifier tous les trois mois que l’Iran respectait ses engagements et que l’accord
était bien dans l’intérêt de l’Amérique. Faute de quoi, le Congrès aurait la
liberté d’imposer à Téhéran de nouvelles sanctions entraînant le retrait des États-Unis
de l’accord.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p>Trump, lui, dès sa campagne électorale, a déclaré que l’accord de
Vienne était « le pire jamais signé par l’Amérique », et promis qu’il
le dénoncerait sans tarder. Une fois élu, sous la pression de collaborateurs de
bon sens, il a d’abord hésité. Mais le 13 octobre dernier, il a refusé de
certifier l’accord, l’envoyant donc à l’examen du Congrès.<br /><o:p> </o:p>La surprise est alors venue du Congrès, quand celui-ci s’est dérobé.
Beaucoup de Sénateurs et de Représentants, même hostiles à l’accord, ont tiré
les leçons du fait accompli et jugé qu’il serait désormais plus dangereux d’en
sortir que d’y rester.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><o:p><br /></o:p><b>À
la croisée de plusieurs chemins</b></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><b><br /></b><b> </b>La balle est donc revenue du côté du Président Trump. Celui-ci a le
pouvoir de prendre seul la décision de sortir de l’accord. S’il le fait, l’Iran
aura le choix, soit de continuer quand même à l’appliquer avec les cinq autres
pays partenaires, soit d’en sortir. On entrerait alors dans l’inconnu.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p>Mais il n’est pas exclu que Trump, pesant le risque de décrédibiliser
la parole de l’Amérique et de se retrouver une fois de plus isolé sur la scène
internationale, reste finalement dans l’Accord. En ce cas, il se vengera sans
doute de son échec en accentuant la pression sur l’Iran dans deux domaines sensibles
qui ne relèvent pas de l’accord de Vienne : le programme balistique de
Téhéran, et son influence régionale.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p>Sur ces points, la position de la France mérite d’être relevée. Le
Président Macron, dans l’espoir de renouer les fils du dialogue, s’est
positionné à mi-chemin des États-Unis et de l’Iran. Il défend très
fermement contre le Président Trump la survie de l’accord nucléaire. En
revanche, il le rejoint pour demander à l’Iran de limiter d’une part ses
ambitions balistiques, d’autre part ses ambitions régionales.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p>Mais il a peu de chances d’être entendu de Téhéran. Les Iraniens
considèrent, non sans quelque raison, que les affaires balistiques relèvent de
leur défense nationale, sujet non-négociable sous la contrainte. Ceci d’autant
plus qu’aucun autre pays de la région n’a accepté de limitations en ce domaine.
Quant à son influence régionale, ni la France, ni même les Etats-Unis n’ont
guère, en ce moment, de cartes en main pour l’obliger à abandonner ses acquis.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p>Le risque est alors que, pour faire plier l’Iran sur ces deux sujets,
les États-Unis,
éventuellement aidés d’autres pays, notamment européens, peut-être de la
France, multiplient les pressions et les sanctions. Ce serait une voie sans
issue. Ceux qui connaissent un peu les Iraniens savent que plus on insiste pour
les faire céder, plus ils ont tendance à se braquer. C’est ce qui s’est passé
dans la crise nucléaire. Elle ne s’est dénouée que lorsque les Américains ont
enfin accepté de leur parler sans conditions préalables, et sans a priori sur
la solution à trouver.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p><b>Lumières au bout du tunnel</b></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><b><br /></b><b> </b>Pour sortir de la nouvelle crise qui se dessine,
la voie est étroite. Mieux vaut, pour l’explorer, disposer de quelques repères.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /><o:p> </o:p>D’abord se dire qu’en matière stratégique et de défense, il n’y a de
limitations acceptables pour une nation souveraine (sauf si elle sort vaincue
d’une guerre, et encore…), que librement consenties, et partagées avec les
autres nations concernées. Il faut qu’à la fin du processus, chacun ait le
sentiment d’un résultat équitable, où il trouve son compte : un résultat
gagnant-gagnant, comme on dit aujourd’hui. Ceci est vrai, entre autres, dans le
domaine balistique.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><o:p> </o:p>Compte tenu de la lourdeur des contentieux déchirant les pays de la
région, mieux vaut aussi commencer par des sujets limités, traités de façon
discrète, entre spécialistes. Il y en a plusieurs sur lesquels les pays du
Proche et du Moyen-Orient ont des progrès à faire. Beaucoup, par exemple, n’ont
pas encore adhéré au Protocole additionnel de l’Agence internationale de
l’énergie atomique, pourtant indispensable pour se présenter en pays
respectable dans le domaine nucléaire. Beaucoup n’ont pas signé le Code de la
Haye, code minimal de transparence en matière balistique. Beaucoup n’ont pas rejoint
le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, alors qu’ils sont
pourtant membres du Traité de non-prolifération, et que cette adhésion ne
représenterait aucune obligation supplémentaire. Sur ces sujets et quelques
autres, chacun semble attendre que son voisin prenne l’initiative</span><span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;">.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Helvetica Neue", Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><o:p> </o:p>Sur de tels sujets, les pays extérieurs à la région, notamment les
Occidentaux, devraient, pour une fois, s’abstenir d’agir en donneurs de leçons.
S’ils voulaient être utiles, mieux vaudrait qu’ils interviennent de façon
indirecte, en convainquant quelques pays-clés de s’intéresser à ces dossiers et
de tenter d’entraîner leurs voisins. Sur les trois sujets évoqués, la Turquie,
par exemple, qui parvient à parler à tout le monde, pourrait jouer un rôle
moteur. Et le Liban, précisément parce qu’il ne fait d’ombre à personne, serait
aussi écouté s’il intervenait avec la finesse que l’on connaît à sa diplomatie.
En avançant ainsi pas à pas, le Proche et Moyen-Orient aurait une chance de
montrer qu’il est capable de progresser vers son autonomie.</span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Helvetica Neue, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
:::::à contre-courants:::::http://www.blogger.com/profile/14757431958956480156noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6674953879961932093.post-33686260070536367352017-11-30T13:01:00.002+01:002017-12-02T23:05:18.874+01:00QUELLES LEÇONS DE L'IRAN POUR LA CRISE NORD-CORÉENNE ?<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0.0001pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Avec son dernier test de missile intercontinental, la
Corée du Nord marque un nouveau progrès dans la phase la plus sensible de son
programme militaire nucléaire, celle où il s'agit de parcourir l’ultime étape
conduisant à la possession d'un arsenal nucléaire. En effet, la Corée du Nord
ne possède pas encore de dispositif nucléaire opérationnel. Si ses ingénieurs
ont bien déclenché sous terre six explosions nucléaires successives, ils n'ont
pas atteint la maîtrise du système d'armes combinant lanceur balistique,
dispositif de guidage et tête porteuse d'un engin nucléaire miniaturisé. L'on
se rappelle que Kim Jung Un avait déclaré en septembre dernier, peu après un
test de missile :"nous avons presque atteint le but", à savoir
"une capacité de riposte nucléaire à laquelle les États-Unis ne pourraient pas
échapper". Voilà donc la Corée du Nord entrée dans la zone de tous les
dangers, celle qu'il convient de traverser le plus vite possible avant de se
trouver à couvert, protégé par la possession du feu nucléaire. On comprend que
dans ce passage délicat, Pyongyang ne donne pas la priorité au dialogue. En
effet, plus le danger d'être arrêté dans son élan se précise, plus il faut
aller vite. Nous en sommes là aujourd'hui : les imprécations de Trump, la pluie
de sanctions internationales ont pour premier effet de pousser les Nord-Coréens
à redoubler d'efforts.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">le dialogue interrompu<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ce scénario n'était pourtant pas écrit d'avance. Qui se
souvient qu'en 1991, le Président George Bush (père) retirait de Corée du Sud
les armes nucléaires américaines qui y étaient entreposées ? Peu après,
les deux Corées adoptaient une déclaration commune de dénucléarisation de la
péninsule coréenne. Quelques mois plus tard, la Corée du Nord autorisait les
inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique sur son sol. Mais
les inspecteurs se révèlent plus efficaces que prévu. Ils sont donc rapidement
interdits de séjour. Commence alors un jeu du chat et de la souris qui, après
bien des péripéties, aboutit en 1994 à la conclusion d'un accord-cadre entre États-Unis
et Corée du Nord, par lequel celle-ci s'engage à geler, puis à démanteler ses
installations nucléaires sensibles en échange d'une importante aide
internationale. </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Des négociations se nouent ensuite sur la question balistique,
qui aboutissent en 1999 à un moratoire sur les essais. Et en 2000, les deux
Corées annoncent ensemble leur intention de travailler à la réunification de la
Péninsule. Tous ces processus cheminent cahin-caha lorsque le Président Bush
(junior) commence à faire machine arrière et place en 2002 la Corée du Nord
parmi les pays de "l'axe du mal". Même si des négociations se
tiennent encore dans les années suivantes, le cœur n'y est plus. En 2006, la
Corée du Nord procède à sa première explosion nucléaire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">la solution iranienne<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Bien loin de la Corée, une autre crise nucléaire a pris
à même époque son envol. Mais l'issue, à ce jour, en est fort différente.
L'Iran n'a pas la bombe et a accepté pour une quinzaine d'années des limitations
et des contrôles exceptionnels sur son programme nucléaire civil en échange de
la levée des sanctions qui le frappaient dans le domaine nucléaire.
Contrairement à la Corée du Nord, l'Iran reste, bien entendu, membre du Traité
de non-prolifération, ce qui implique qu’il renonce à toute ambition nucléaire
militaire, et le maintient sans limitation de durée sous contrôle de l'Agence
internationale de l'énergie atomique. Quelles leçons tirer de ce résultat, même
fragile, pour la crise nord-coréenne ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Si les condamnations du Conseil de sécurité et les
sanctions américaines et européennes ont maintenu sur l'Iran une indéniable
pression, si la perspective d'une levée des sanctions a constitué une monnaie
d'échange dans la négociation, ces sanctions n'ont pas été le facteur
déclenchant de la solution qui s'est esquissée à partir de 2013. Ceci confirme l'observation
selon laquelle plus l'économie et la société d'un pays sont isolées du monde
extérieur, et plus son régime est autoritaire, moins les sanctions qui lui sont
infligées sont susceptibles de le faire évoluer. Il faut s'en souvenir pour la
Corée du Nord (et d’ailleurs aussi pour l’Iran, si finalement, les États-Unis
se retiraient de l’accord…). </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Non, pour déboucher, il a fallu que les
Américains, suivis par les Européens, en rabattent, après de longues années,
sur leurs exigences initiales. Alors que les résolutions du Conseil de sécurité
réclamaient à l'Iran de suspendre ses activités nucléaires sensibles en
préalable à toute négociation de fond, les Américains ont passé outre et les
négociations de Genève en 2013 se sont déroulées tandis que tournaient les
centrifugeuses iraniennes. À même époque, Américains et Européens ont
abandonné l'objectif irréaliste d'un gel, puis d'un démantèlement, des éléments
sensibles du programme nucléaire iranien. Ils se sont satisfaits d'une
surveillance et d'un encadrement hautement renforcés. Ceci a suffi pour
éteindre la menace.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<b><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">la négociation, toujours<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La leçon de l'histoire est que tout accord est par
définition un compromis, que seules des négociations excluant menaces et
imprécations permettent d’élaborer. Un tel compromis est certes moins aisé à
atteindre dans le cas coréen qu’il ne l’a été avec l’Iran : Téhéran pour
sa part, n’a jamais procédé à une explosion nucléaire, ni même n’a été proche
de le faire. Pour la Corée du Nord, en revanche, l’on est en situation
d’urgence.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans un premier temps, il serait illusoire de vouloir
échapper à l'acceptation de l'état d'avancement technologique atteint par la
Corée du Nord dans ses programmes nucléaire et balistique. Mais ces programmes
pourraient être gelés -- pas de nouveau tir de missile, pas de nouvelle
explosion nucléaire -- en échange d’une suspension des sanctions votées
par le Conseil de sécurité, comme par les Etats-Unis et par l’Union européenne.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Si cette étape déjà difficile parvenait à être franchie, il deviendrait
possible de commencer à organiser la réintégration de Pyongyang dans l’économie
internationale. Le régime de Kim Jung Un, s’il veut survivre et prospérer dans
la durée, doit pouvoir commercer avec le monde extérieur pour répondre aux besoins
de sa population. Il lui faudrait aussi des assurances crédibles qu’on ne
chercherait pas à le déstabiliser. Pyongyang devrait alors s’engager à cesser
ses manœuvres d’intimidation à l’égard de la Corée du Sud. Il devrait surtout renoncer
au développement de ses capacités balistiques, arrêter définitivement ses
essais nucléaires, et préparer son retour au sein du Traité de non-prolifération.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Certes, une telle formule aboutirait à accepter la
Corée du Nord comme un "pays du seuil", c’est-à-dire comme un pays pouvant
atteindre en un, deux, ou trois ans la possession d’un début d’arsenal
nucléaire. Mais vu la périlleuse situation dans laquelle nous sommes déjà
fourvoyés, ce serait un moindre mal. Avec le temps, le spectre d’une
déflagration nucléaire dans la région devrait pouvoir s’effacer. La France, qui
n'a rien à gagner ou à perdre directement en cette affaire, pourrait utilement
tenter de peser en ce sens.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; tab-stops: 5.0cm;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">(publié le 29 novembre 2017 par <i>FigaroVox</i>)</span></div>
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