Revenons posément sur l'affaire des traders. Notre président est formidable. La formule qu'il a trouvée pour étêter leurs rémunérations mirobolantes– bonus quand on gagne de l'argent, malus quand on en perd – ouvre une nouvelle voie dans les relations du travail et même au-delà. Si cela marche pour les traders – et on ne voit pas pourquoi cela ne marcherait pas – il faudra songer à l'étendre à d'autres activités, aux sportifs par exemple. Les primes de victoire seraient désormais compensées par des amendes en cas de perte. Avec un tel système, quand Laure Manaudou, malgré tout l'argent dépensé en frais de déplacement par l'équipe de France et donc par le contribuable, échoue lamentablement aux Jeux de Pékin, elle passerait à la caisse, larme à l'oeil ou pas. Même principe pour les footballeurs de l'équipe de France. Même principe pour les cavaliers, et même pour leurs chevaux, dont on pourrait régler le picotin d'avoine en fonction du nombre d'obstacles franchis ou renversés.
L'on pourra ensuite passer aux primes des fonctionnaires, en tous cas pour ceux qui ne sont pas trop mal servis, comme les agents du ministère des finances. En cas de mauvaises rentrées fiscales, comme en ce moment, on ne voit pas pourquoi les inspecteurs des impôts n'en seraient pas un peu de leur poche. Les administrateurs de la direction du Budget seraient d'autant moins bien payés que le déficit serait plus élevé. Les militaires envoyés en opérations extérieures pourraient aussi voir baisser leur rémunération de campagne en cas de revers ou d'enlisement dans des combats douteux. Enfin, les diplomates verraient leur prime d'expatriation amputée en cas de dégradation des relations diplomatiques ou de la balance commerciale française avec leur pays d'accueil.
Revenons au coeur du sujet. Si notre Président a dû en arriver à une formule aussi complexe : étalement des primes sur trois ans, système de malus, c'est qu'il s'est lui-même interdit, avec son bouclier fiscal, le meilleur moyen, à savoir l'impôt, pour lutter contre les rémunérations exorbitantes tout en recyclant utilement les gains inappropriés. Un bon impôt bien lourd sur les bonus des traders, sur les parachutes dorés des dirigeants de grandes sociétés, et sur d'autres gains choquants pour le public, quoi de mieux pour dissuader les inventeurs et bénéficiaires de ces dispositifs? C'est vrai, les intéressés pourraient s'évader en Suisse ou en Belgique. Mais ceux qui ont envie de partir partent de toutes façons, et ne reviennent guère. Et s'il s'agit vraiment de parasites, où est la perte?
dimanche 13 septembre 2009
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