En cette fin d'année, alors que le Parti Socialiste se cherche un leader en se cherchant lui-même, voici, pour oublier un peu ces temps moroses, un bouquet de citations de celui qui, malgré ses gros défauts, avait su regrouper ses forces, les mettre en ordre de marche et les conduire à la victoire. Je veux parler de François Mitterrand. Curieux comme la mémoire fonctionne parfois à l'inverse des lois de la perspective : certains, en s'éloignant dans le passé, ne rapetissent pas comme ils le devraient. Au contraire, ils grandissent.
"Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort."
"L’homme politique s’exprime d’abord par ses actes ; c’est d’eux dont il est comptable ; discours et écrits ne sont que des pièces d’appui au service de son oeuvre d’action."
"Le socialisme n’est pas un dogme, ni une philosophie, moins encore une religion. C’est une méthode."
"On crée pour l’éternité même si elle se charge de démentir."
"On gouverne un pays par le souffle, pas seulement par le raisonnement."
"L’excès du langage est un procédé coutumier à celui qui veut faire diversion. "
"L’Europe abstraite, forme géométrique dessinée sur un papier blanc, c’est la caricature qu’en donnent ses détracteurs. La véritable Europe a besoin des patries comme un corps vivant de chair et de sang."
"Quelle leçon tirer de l’Histoire, s’il en est une, de ce tourbillon d’événements, sinon que rien n’est achevé, que rien ne s’achève jamais ? Que le combat change de forme mais pas de sens. Que de nouveaux orages surgissent du plus clair horizon, d’autres dominations se substituent à celles que l’on avait détruites, qu’apparaissent d’incessantes ruptures entre l’idéal et le réel ?"
"Une politique qui se borne à brasser des rêves les trompe tous. Une politique qui les ignore se trompe sur la nature de ceux qu’elle prétend conduire."
Et ma citation préférée :
"Dans les épreuves décisives on ne franchit correctement l’obstacle que de face."
Voilà, c'était mon bouquet de Noël!
Bonnes fêtes à tous, et rendez-vous à l'année prochaine!
lundi 17 décembre 2007
dimanche 9 décembre 2007
Iran nucléaire : la leçon de 2003
Notre ami Bruno Tertrais vient d'expliquer dans "le Monde" de samedi que le programme nucléaire militaire iranien s'était arrêté en 2003 sous l'effet des pressions internationales. C'est d'ailleurs l'analyse du rapport de la communauté américaine du renseignement.
Pour qui a vécu la période, la réalité est plus nuancée. Depuis la "découverte" de l'usine d'enrichissement de Natanz, en 2002, des pressions croissantes s'exerçaient en effet sur l'Iran et les Américains ne cachaient pas leur intention de le traîner au Conseil de Sécurité. C'est alors que, sous l'impulsion de Dominique de Villepin, trois ministres européens des affaires étrangères, Jack Straw, Joschka Fischer et lui-même, se rendent ensemble à Téhéran pour offrir une sortie de crise. C'est ce geste spectaculaire de bonne volonté qui fait baisser la tension et ramène, au moins provisoirement, les Iraniens sur le droit chemin.
Bruno se désole que la teneur du rapport américain rende aujourd'hui beaucoup plus difficile l'adoption de nouvelles sanctions au Conseil de Sécurité. Qu'il n'aie pas trop de regrets. Ce ne sont pas les sanctions des Nations Unies qui font mal aujourd'hui à l'Iran, mais les vieilles sanctions américaines, toujours en vigueur, et les nouvelles sanctions informelles, sous forme de pressions du Trésor américain sur les banques du monde entier, pour les décourager de traiter avec des Iraniens.
Mais surtout, contrairement à un discours répandu, ce n'est pas en alliant sanctions et offre de dialogue que l'on fera bouger l'Iran. Personne n'a jamais attiré quiconque à soi, même un âne, en agitant simultanément carotte et bâton. Mieux vaut les utiliser en ordre séquentiel. C'est la leçon de l'épisode de 2003.
Or l'on associe depuis deux ans l'offre d'une reprise des négociations avec l'Iran à l'exigence d'une interruption préalable de ses activités d'enrichissement de l'uranium. C'est ce qui occupe depuis deux ans le Conseil de Sécurité. Mais l'Iran, échaudé par une première expérience de suspension sans résultat, fait la sourde oreille. Et faute de négociation, il progresse sans entraves dans la maîtrise de cette technologie sensible. C'est le plus beau cadeau que l'on pouvait faire aux durs du régime. Continuons comme cela, et nous parviendrons en 2009 à faire réélire Ahmadinejad.
Deux ans de perdus, donc. Heureusement, le rapport de la communauté américaine du renseignement nous confirme que nous avons au moins trois ou quatre années devant nous avant que l'Iran ne puisse, s'il s'y décide, produire une bombe. Pourquoi ne pas consacrer le tiers ou le quart de ce temps à une vraie négociation, sans préjugé, sans préalable? Rien n'exclut qu'au fil des premières rencontres, nous parvenions déjà à obtenir des avancées que nous n'obtenons pas aujourd'hui. Rappelons que l'analyse américaine conclut à la capacité du régime iranien à agir rationnellement en termes de coûts et d'avantages.
Et si la négociation échoue, si l'on constate que les Iraniens se dirigent décidément vers la production d'une arme nucléaire, il sera encore amplement temps de revenir à la gamme des mesures coercitives du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Mais ce serait alors sur des bases mieux étayées.
Pour qui a vécu la période, la réalité est plus nuancée. Depuis la "découverte" de l'usine d'enrichissement de Natanz, en 2002, des pressions croissantes s'exerçaient en effet sur l'Iran et les Américains ne cachaient pas leur intention de le traîner au Conseil de Sécurité. C'est alors que, sous l'impulsion de Dominique de Villepin, trois ministres européens des affaires étrangères, Jack Straw, Joschka Fischer et lui-même, se rendent ensemble à Téhéran pour offrir une sortie de crise. C'est ce geste spectaculaire de bonne volonté qui fait baisser la tension et ramène, au moins provisoirement, les Iraniens sur le droit chemin.
Bruno se désole que la teneur du rapport américain rende aujourd'hui beaucoup plus difficile l'adoption de nouvelles sanctions au Conseil de Sécurité. Qu'il n'aie pas trop de regrets. Ce ne sont pas les sanctions des Nations Unies qui font mal aujourd'hui à l'Iran, mais les vieilles sanctions américaines, toujours en vigueur, et les nouvelles sanctions informelles, sous forme de pressions du Trésor américain sur les banques du monde entier, pour les décourager de traiter avec des Iraniens.
Mais surtout, contrairement à un discours répandu, ce n'est pas en alliant sanctions et offre de dialogue que l'on fera bouger l'Iran. Personne n'a jamais attiré quiconque à soi, même un âne, en agitant simultanément carotte et bâton. Mieux vaut les utiliser en ordre séquentiel. C'est la leçon de l'épisode de 2003.
Or l'on associe depuis deux ans l'offre d'une reprise des négociations avec l'Iran à l'exigence d'une interruption préalable de ses activités d'enrichissement de l'uranium. C'est ce qui occupe depuis deux ans le Conseil de Sécurité. Mais l'Iran, échaudé par une première expérience de suspension sans résultat, fait la sourde oreille. Et faute de négociation, il progresse sans entraves dans la maîtrise de cette technologie sensible. C'est le plus beau cadeau que l'on pouvait faire aux durs du régime. Continuons comme cela, et nous parviendrons en 2009 à faire réélire Ahmadinejad.
Deux ans de perdus, donc. Heureusement, le rapport de la communauté américaine du renseignement nous confirme que nous avons au moins trois ou quatre années devant nous avant que l'Iran ne puisse, s'il s'y décide, produire une bombe. Pourquoi ne pas consacrer le tiers ou le quart de ce temps à une vraie négociation, sans préjugé, sans préalable? Rien n'exclut qu'au fil des premières rencontres, nous parvenions déjà à obtenir des avancées que nous n'obtenons pas aujourd'hui. Rappelons que l'analyse américaine conclut à la capacité du régime iranien à agir rationnellement en termes de coûts et d'avantages.
Et si la négociation échoue, si l'on constate que les Iraniens se dirigent décidément vers la production d'une arme nucléaire, il sera encore amplement temps de revenir à la gamme des mesures coercitives du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Mais ce serait alors sur des bases mieux étayées.
jeudi 6 décembre 2007
Attention, rodéo, femmes voilées au volant!
Le chef de la police routière iranienne vient de se plaindre amèrement du comportement de certaines conductrices : "malheureusement, certaines femmes, nouvelles conductrices, ont surpassé les contrevenants professionnels et ont un comportement très dangereux au volant... au cours des deux dernières semaines, la police a saisi les voitures de cinq de ces femmes qui faisaient des zigzags sur les routes, insultaient les autres automobilistes et causaient des troubles pour les citoyens... certaines de ces nouvelles conductrices ont commis pas moins de cinquante infractions en moins d'un an depuis l'obtention de leur permis."
Mais jusqu'où les femmes iront-elles dans l'Iran d'Ahmadinejad? N'y a-t-il plus de limites? Et à pied, cela ne va pas mieux. C'est maintenant le chef de la police de Téhéran qui proteste: "avec le début de l'hiver la police va commencer une campagne visant les femmes qui portent des vêtements inappropriés... les pantalons serrés portés avec de grandes bottes et des manteaux courts sont contraires aux règles islamiques... porter un chapeau ou une casquette sous un voile est également contraire aux règles vestimentaires islamiques."
Pauvre, pauvre Iran! l'Imam Khomeyni doit se retourner dans sa tombe!
Mais jusqu'où les femmes iront-elles dans l'Iran d'Ahmadinejad? N'y a-t-il plus de limites? Et à pied, cela ne va pas mieux. C'est maintenant le chef de la police de Téhéran qui proteste: "avec le début de l'hiver la police va commencer une campagne visant les femmes qui portent des vêtements inappropriés... les pantalons serrés portés avec de grandes bottes et des manteaux courts sont contraires aux règles islamiques... porter un chapeau ou une casquette sous un voile est également contraire aux règles vestimentaires islamiques."
Pauvre, pauvre Iran! l'Imam Khomeyni doit se retourner dans sa tombe!
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