Le régime iranien a donc pendu jeudi deux des onze personnes déjà condamnées à mort dans le cadre du procès collectif dont nous avons pu abondamment voir les images en France puisqu'y figurait aussi Clotilde Reiss. Mohammad Reza Ali-Zamani et Arash Rahmanipour avaient été condamnés comme "ennemis de Dieu" pour avoir, au sein d'un obscur mouvement monarchiste, comploté contre la république islamique et préparé des attentats. Notons qu'aucun attentat précis ne leur a été imputé, même si une agence de presse iranienne a annoncé à l'occasion de leur exécution, sans que cela ait jamais été évoqué auparavant, qu'ils étaient mêlés à l'explosion d'une bombe à Shiraz en avril 2008. Le premier, Mohammad Reza Ali-Zamani, était âgé de trente-sept ans. L'autre, Arash Rahmanipour, était un tout jeune homme de dix-neuf ans. On les a vus d'ailleurs, comme Clotilde Reiss et dans le même cadre, se livrer à une confession publique dans le style des procès de Moscou. L'avocate d'Arash Rahmanipour vient de déclarer qu'elle n'a eu accès au dossier de son client que pendant une quinzaine de minutes, qu'elle n'y a trouvé aucune accusation précise et qu'elle n'a pu assister à son procès. Enfin, elle n'a pas été prévenue de son exécution, non plus que ses parents, qui l'ont appris par la radio.
A noter que tous deux avaient été arrêtés au mois d'avril 2009, et à leur domicile, plusieurs semaines avant les élections de juin dont le trucage allait provoquer la vague de protestations qui a sérieusement ébranlé le régime. Il est donc clair que ces jeunes gens, et quelques autres appartenant soit à la mouvance monarchiste, soit, à l'autre bout du spectre politique, aux Moudjaheddine du peuple, ont été agrégés aux nombreuses personnes arrêtées à la suite des manifestations populaires de juin pour créer l'amalgame entre des entreprises de subversion plus ou moins abouties et un sursaut d'indignation spontané qui visait initialement, non à faire chuter le régime, mais à l'obliger à se corriger.
Cette répugnante mise à mort, faisant suite à une caricature de procès, s'ajoute aux pages les plus sombres de l'histoire de la république islamique. Il est clair que le noyau dur du régime cherche en ce moment à intimider à tout prix une opposition qui se prépare à manifester à nouveau à l'occasion des fêtes anniversaires de la Révolution, début février.
Le porte-parole de la Maison Blanche a condamné l'exécution, les Ministres canadien et britannique des affaires étrangères ont aussi protesté. A noter que le gouvernement français n'a pas réagi à ce jour. Peut-être est-ce pour protéger Clotilde Reiss de mesures de rétorsion? Quand même, M.Kouchner, pourriez-vous dire un mot, juste un petit mot...
dimanche 31 janvier 2010
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