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dimanche 28 novembre 2010

Piètres stratèges

Notre président, pour justifier le dispositif de défense anti-missiles récemment adopté par l’OTAN, évoque le tir d’un missile iranien dont il serait "souhaitable que l’on puisse l’intercepter". Certes! Iranien ou autre, personne n’a envie de recevoir un missile sur la tête. Ce qui paraît moins clair, c’est l’enchaînement de circonstances qui conduirait un pays quelconque à envoyer -un missile- sur l’Europe. De deux choses l’une : ou ce pays hostile possède un arsenal sérieux, c’est-à-dire au moins une centaine de missiles, et l’on ne voit pas pourquoi il n’en tirerait, s’il est fâché, qu’un, ou même cinq ou six, pour subir ensuite de dures représailles. Ou il ne possède que quelques missiles, et là encore, on ne voit pas pourquoi il viderait son stock pour aller marcher sur la queue d’un tigre nucléaire en allant provoquer l’Europe ou l’Amérique.

Curieusement, l’éminent expert en affaires stratégiques, Bruno Tertrais, reprend aussi dans l’édition du Monde du 19 novembre cette hypothèse de tir d’un missile, qui pourrait être "accidentel ou non autorisé". Pour un tir accidentel, l’on sait que tout missile, ne serait-ce que pour la sécurité de ses propriétaires, est doté d’un dispositif de destruction en vol. Quand au tir non autorisé, on peut toujours imaginer qu’une équipe de gens mal intentionnés s’empare d’un missile balistique et le mette à feu. Mais c’est quand même une opération qui demande de prendre le contrôle d’un site de tir, de mettre la main sur les codes adéquats et de disposer de dizaines de personnes bien formées. Cela se voit dans les bandes dessinées, mais reste clairement hors de portée des terroristes du monde réel, d’el Qaeda à l’ETA.

Sur la base d’arguments aussi désinvoltes, la mise en place de ce bouclier anti-missiles va quand même mobiliser des milliards de dollars sur au moins une dizaine d’années. Il faudra ensuite entretenir le système. Et même arrivé à maturité, il ne pourra répondre qu’à un spectre étroit d’hypothèses. Il serait en effet saturé par une frappe massive, telle qu’on l’imagine dans un holocauste nucléaire. Il ne vise en outre que les seuls missiles balistiques, passant donc par l’espace extra-atmosphérique, et sera en particulier impuissant face à des missiles dits de croisière, volant à basse altitude.

Cette menace de frappe d’un nombre limité de missiles balistiques sur les forces ou les territoires de l’Occident mérite-t-elle une telle priorité ? Rappelons que Condoleezza Rice, le jour même du 11 septembre 2001, s’apprêtait à prononcer un discours sur l’importance de la défense anti-missiles pour la protection des États-Unis. Elle a dû le rempocher. Mais elle s’insérait, il est vrai, dans une longue file de défenseurs du concept. Il faut reconnaître à l’Amérique de la suite dans les idées. Cela fait cinquante ans, un président après l’autre, que ses administrations investissent dans la mise au point d’un tel dispositif, insensibles aux nombreux déboires subis dans la mise au point de projets successifs. L’on voit à l’œuvre une machine militaro-industrielle apparemment impossible à arrêter.

Mais le réseau extraordinairement complexe de moyens de commandement, de communication, de détection et d’interception qui va se mettre en place entre l’Europe et l’Amérique, à terre, sur mer et dans les airs, représente en tous cas une magnifique machine à intégrer. C’est ce que l’OTAN était du temps de la Guerre froide, qu’il n’est plus depuis la chute de l’empire soviétique, et qu’il va donc redevenir. La menace toute proche de l’Armée rouge à ses frontières obligeait à disposer d’états-majors, de planifications et de moyens opérationnels à bref délai, donc intégrant à un haut degré les forces armées des pays membres de l’Alliance. Même les forces françaises, en dépit de notre décision politique de retrait, s’étaient à petit bruit insérées dans le dispositif, en assumant le rôle essentiel de réserve générale vouée à monter sur tout point du front risquant de céder.

Tout ceci s’est délité après la chute du Mur, et l’OTAN est devenu une sorte de coordination assez lâche, de réservoir de moyens, cherchant à se rendre utile au gré des circonstances: Bosnie, Kossovo, Irak, Afghanistan. Mais tout change à présent: la nouvelle menace balistique ainsi invoquée appelle des temps de réaction -de l’ordre de la minute- encore plus courts que la vieille menace soviétique, et donc des dispositifs hautement intégrés, dans lesquels un ordinateur tapi quelque part en Amérique sera probablement le vrai décideur. Et l’OTAN accédera enfin au statut d’alliance globale: hyper-intégrée pour la défense de son territoire, mais aussi, très au-delà des termes de l’accord qui l’a fondée, prête à se projeter partout dans le monde au nom de l’idée qu’elle se fait de ses valeurs, de ses intérêts et de sa sécurité.

vendredi 25 juin 2010

Héroïne afghane

Avec un million et demi d’héroïnomanes et une consommation de 70 tonnes par an (20% de la consommation mondiale), provoquant chaque année environ 30.000 morts, la Russie est la première victime au monde de l’héroïne. Le reste de l’Europe en consomme 88 tonnes par an et les Français, en particulier, dix tonnes. Toute cette héroïne vient d’Afghanistan. En 2009, huit ans après l’arrivée des Américains et de leurs alliés de l’OTAN, l’on estime que ce pays a produit près de 7.000 tonnes d’opium, soit 90% de la production mondiale. Ceci après un record absolu de 8.200 tonnes en 2007. Il en produisait 200 tonnes en 1980, juste après l’arrivée des Russes, 1.500 tonnes en 1990, peu après leur retrait, 3.200 tonnes en 2000, un an avant le départ des Taliban, et peut-être pas plus de 500 tonnes en 2001, qui a vu en fin d’année l’intervention américaine.

Viktor Ivanov, chargé en Russie de la lutte contre la drogue, s’est beaucoup plaint auprès de son homologue américain et des responsables de l’OTAN de la faible motivation en la matière des Occidentaux présents en Afghanistan. De fait, ceux-ci, malgré leur présence massive, ne sont parvenus à enrayer ni la croissance de la culture du pavot, ni le trafic correspondant d’opium et d’héroïne. Selon le rapport 2010 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, les saisies d’opium en Afghanistan se sont situées en dessous de 50 tonnes en 2009, soit 0,5 pour mille de la production. Les saisies d’héroïnes se sont élevées, elles, à moins de 3 tonnes en 2008 pour une production supérieure à 500 tonnes. Notons que l’Iran et la Turquie, par lesquels passe l’essentiel du trafic de la « route des Balkans » s’achevant en Europe occidentale, ont respectivement saisi en 2008 23 et 15 tonnes d’héroïne afghane, donc beaucoup plus que les Afghans eux-mêmes.

L’on comprend la frustration des Russes. Viktor Ivanov s’est fait répondre par le porte-parole de l’OTAN : «Nous ne pouvons nous mettre en une situation où nous retirerions leur seule source de revenu à des gens vivant dans le deuxième pays le plus pauvre du monde, sans être capables de leur proposer une alternative.». Mais si l’on hésite à viser les cultivateurs, l’on pourrait s’attaquer aux trafiquants. Leurs réseaux, dans les dernières années, se sont considérablement renforcés. Mais rien ne semble pouvoir les atteindre. Rencontrant en mai dernier son homologue américain, Ivanov lui a remis une liste de neuf grands barons de la drogue, établis en Afghanistan ou en Asie centrale. L’on serait heureux de connaître, même à demi-mot, les suites données à cette information.

Tout ceci est d’autant plus paradoxal que chacun s’accorde à penser que le trafic de drogue est la principale source de financement du terrorisme et des mouvements subversifs hostiles à l’Occident. Or, si l’on a bien compris, c’est pour lutter contre la terreur qui menace nos cités que nos soldats traquent les Taliban, pour l’essentiel des paysans pachtouns, dans les hautes vallées d’Afghanistan.

Pendant ce temps-là, l’argent de la drogue n’a jamais autant coulé à flots, ni corrompu autant d’hommes et d’institutions sur les chemins qu’il emprunte. Toujours selon les Nations Unies, le marché mondial de l’héroïne et de l’opium représente une masse annuelle de 65 milliards de dollars dont 58 générés par la production afghane. Sur cette masse, guère plus de 400 millions reviennent aux cultivateurs afghans, les seuls dignes de compassion en cette affaire.

Au regard de ce chiffre plutôt modeste, notons que la guerre en Afghanistan coûtera au bas mot 73 milliards de dollars aux Américains en 2010, et 330 millions d’euros aux Français. Les Taliban, qui avaient d’abord laissé filer la culture du pavot, étaient parvenus, d’ailleurs sous la pression de la communauté internationale qui leur reprochait de pourrir la terre entière avec l'opium afghan, à réduire très sensiblement la production dans la dernière période de leur domination. Avec tous les moyens dont nous disposons, avec tout l’argent que nous dépensons pour ce pays, pourquoi n’arrivons-nous pas à faire au moins aussi bien qu’eux ?

mardi 10 novembre 2009

La malédiction du Pharaon

Il doit peser une sorte de malédiction du Pharaon sur les relations franco-américaines. La France, qui a fait dans son histoire la guerre à tout le monde, n'a, par un heureux hasard, jamais fait la guerre aux Etats-Unis. Elle a même sérieusement contribué à leur naissance. Et pourtant, Dieu sait si ces relations ont été presque continûment crispées, aigres, traversées de méfiances et de malentendus. L'on se souvient en particulier, tout au long de la Guerre froide, de la façon dont les Français se désolaient des tensions entre Etats-Unis et URSS, formant obstacle au bonheur de l'Europe, mais dénonçaient avec vigueur le condominium des super-puissances dès que les deux Grands parvenaient à s'entendre sur un quelconque sujet. C'est sur ce motif, par exemple, que nous avons refusé pendant un quart de siècle de signer le Traité de non-prolifération nucléaire.

Avec Nicolas Sarkozy, nous avions enfin touché un ami et admirateur assumé de l'Amérique, bien décidé de ne plus s'encombrer de l'héritage gaulliste, ou même chiraquien. Il a ainsi pris le risque d'afficher dans sa campagne électorale son intention de ramener les forces françaises dans l'organisation intégrée de l'OTAN, et a tenu promesse sur ce point qui lui tenait clairement à coeur contre la grande majorité de la classe politique française, qui s'accommodait fort bien du statu quo. Difficile de faire mieux comme déclaration d'amour à l'Amérique. Et patatras! avec l'arrivée d'Obama, tout repart sur les vieux schémas. Comment? Pourquoi?

L'on avait pourtant bien commencé avec les vacances américaines de notre président à l'été 2007 et sa rencontre avec George W. Bush. Ni la bouderie de Cecilia, ni la façon dont Nicolas Sarkozy avait rembarré, de façon impensable en ce pays, les journalistes et photographes américains, n'avaient empêché le courant de passer. Encore tout retourné de ce qu'il avait entendu de son nouvel ami, il présentait de retour à Paris à la réunion des ambassadeurs "l'alternative catastrophique" qui se profilait : "la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". Et sur l'Afghanistan, il décidait d'y envoyer 700 hommes supplémentaires au nom des droits de l'Homme et de la lutte contre le terrorisme, garantissant notre présence là-bas "jusqu'à la victoire".

Aujourd'hui, la situation est à nouveau dégradée entre la France et les Etats-Unis, notamment autour du dossier iranien. Obama juge clairement que la France en a trop fait dans l'interpellation des gens du régime, dans l'énoncé de son scepticisme face à tout essai de dialogue, et dans l'agitation de la menace de sanctions renforcées, le tout mettant en péril sa politique de la main tendue, déjà sur le fil du rasoir. Du coup, la France n'a été informée que tardivement du projet américain de récupérer l'uranium déjà enrichi en Iran et pouvant, en théorie, finir en bombe, pour le retourner sous la forme inoffensive de combustible destiné à un réacteur de recherche. Bien qu'appelée à fabriquer ce combustible, elle a boudé l'idée, y voyant une façon de légitimer les opérations contestées d'enrichissement conduites par l'Iran. Notre président a aussi tenté de se remettre en scène avec la communication planétaire des trois leaders, Obama, Brown et lui-même, dénonçant la découverte d'une usine clandestine d'enrichissement d'uranium en Iran, mais les inspecteurs de l'AIEA, après s'être rendus sur place, ont dû constater qu'ils n'avaient rien vu d'inquiétant. Et dernière humiliation, ce sont les Iraniens eux-mêmes qui ont dit lors d'une réunion à Vienne qu'ils ne souhaitaient pas voir les Français à la même table de négociation qu'eux, les considérant comme des interlocuteurs non fiables.

Au fond, à le voir évoluer, l'on se dit que l'Amérique qu'aime notre président, c'est l'Amérique qu'aime aussi son ami, notre Johnny national : celle des grands espaces et des chevauchées, celle des cow-boys taciturnes, des barbecues géants et de la puissance décomplexée, l'Amérique de John Wayne et de George W. Bush. C'est cette Amérique qu'il s'efforce, comme Johnny dans son genre, d'imiter, galopant en Camargue, descendant les marches de l'Elysée comme celles d'un Saloon. Cette Amérique n'a évidemment rien à voir avec celle d'Obama, unissant un monde intellectuel et patricien, branché sur les grandes universités de la côte Est, au monde des classes moyennes, aussi peu exotiques que possible dans quelque pays que se soit, et aussi au monde des pauvres, évidemment à peu près invisible aux vacanciers.

Donc, une fois de plus, c'est raté. On y avait cru pourtant aux débuts de François Mitterrand, précédé d'une solide réputation d'atlantiste, et aussi aux débuts de Jacques Chirac, qui s'était risqué à dire à la télévision américaine, et même en anglais, son amour des Fast Food et des hamburgers. Mais Reagan pour le premier, l'Irak pour le second, sont passés par là... Quel Enchanteur, quel prince ou quelle princesse pourra un jour dissiper la malédiction du Pharaon? Et avec quelle formule magique? Qui a là-dessus une petite idée? J'attends là-dessus vos commentaires, quitte à revenir sur le sujet.

vendredi 20 juin 2008

aide française à l'Afghanistan : du discours à la réalité

L'on se souvient des récents propos du Président de la République, en direction des dirigeants des pays de l'OTAN, en direction aussi des Français, pour expliquer que l'effort militaire de la France en Afghanistan, qui allait s'accroître, devait être vu comme l'un des éléments de l'effort global visant à la reconstruction du pays. C'est ce qui lui permettait de dire le 24 avril dernier à la télévision :"nous sommes aux côtés des Afghans" et à trois reprises "ce n'est pas la guerre".

Quoi que l'on pense du reste, l'on s'était donc réjoui d'entendre notre président annoncer à la dernière réunion des donateurs à Paris, le 12 juin, un doublement de l'aide française. A y regarder de plus près, le geste semble néanmoins plus que modeste. Depuis 2002, l'aide totale française à l'Afghanistan s'élèverait à 113 millions. A la Conférence de Paris, nous venons d'annoncer un engagement de 107 millions d'euros pour la période 2008-2010, soit 36 millions d'euros par an.

C'est quand même très peu : 107 millions sur trois ans, c'est 0,5% de l'aide promise le 12 juin par la communauté internationale sur la période. Si l'on est sceptique sur la réalité de ces promesses, prenons pour exemple le Canada qui a déjà dépensé fin 2007 plus de 600 millions de dollars en Afghanistan, et compte en 2011 avoir doublé ce chiffre. Notre effort est faible aussi à l'égard du coût de notre engagement militaire, que notre ministre de la défense évalue à 139 millions d'euros pour 2008, hors financement des prochains renforts. Ces 36 millions d'euros d'aide que nous serions prêts à dépenser par an sont enfin sans doute bien moins que ce que l'armée américaine dépense en un seul jour pour sa guerre en Afghanistan.

Certes, pourrait-on dire, la France contribue à l'aide de l'Union européenne, qui a déboursé un milliard d'euros sur la période 2002-2006, et qui compte en dépenser 640 de plus entre 2007 et 2010. Or nous finançons environ 17% de ces montants. Mais l'Allemagne, également gros contributeur, à près de 19%, et la Grande-Bretagne dans une moindre mesure, autour de 10%, parviennent à faire un effort d'aide bilatérale beaucoup plus significatif que nous en Afghanistan : l'Allemagne a promis de verser 420 millions d'euros entre 2008 et 2010, soit quatre fois plus que nous, et la Grande-Bretagne 1,2 milliard de dollars sur cinq ans, soit en moyennne annuelle cinq fois plus que nous.

Comment, dans ces conditions, prendre au sérieux le propos de notre Président au Sommet de l'OTAN du 3 avril dernier : "L’enjeu essentiel pour nous, c’est la reconstruction"? L'on a le droit d'être économe. L'on a le droit de penser qu'une part importante de l'aide déversée sur l'Afghanistan n'atteint jamais ses destinataires. Mais qu'on nous épargne alors ces doctes conseils sur les moyens de faire accéder les Afghans, et les Afghanes, aux bienfaits de la civilisation.

jeudi 27 mars 2008

Réponse à "Nicolas, le Terrible et le Parti socialiste"

Je crois intéressant de diffuser la réponse à mon dernier papier que je viens de recevoir de mon ami Georges Le Guelte, fin connaisseur des affaires nucléaires et de prolifération.

"D'accord avec ton message sur le discours de Sarkozy à Cherbourg, bien que je sois moins indulgent que toi à son égard. La seule mesure nouvelle qu'il ait annoncée est en effet la réduction du nombre d'avions et de têtes. Pour le reste, il s'est contenté de gommer quelques-unes des élucubrations les plus ridicules du discours de Chirac le 19 janvier 2006, telles que l'idée d'inclure l'approvisionnement en hydrocarbures parmi les intérêts relevant de la dissuasion nucléaire.

En particulier pour ce qui concerne le désarmement, il se borne à reprendre le discours le plus traditionnel : nous avons donné l'exemple, et maintenant nous ne bougerons plus avant que les autres aient fait les mêmes gestes que nous. Comme position de négociation, c'est de bonne guerre, et il serait peu avisé, me semble-t-il, de faire du désarmement unilatéral sans rien demander aux autres. Mais comme tu le soulignes, j'aurais aimé qu'il réponde à Gordon Brown et le soutienne. Je crains qu'il ne le fasse pas plus lors de sa visite à la reine.

Cela dit, je regrette aussi qu'il redonne un intérêt au TICE (traité d'interdiction complète des essais) et à la convention d'interdiction de la production de matières fissiles militaires, deux traités qui n'ont aucun intérêt pour personne. Exiger qu'ils soient ratifiés par les autres pays avant d'accepter de nouvelles mesures de désarmement revient à dire que l'on refuse toute nouvelle négociation, puisqu'on sait très bien que le Sénat américain ne les ratifiera pas.

En revanche, mille fois d'accord avec toi sur le silence du PS, mais on pourrait en dire autant s'agissant de l'envoi de nouvelles troupes en Afghanistan. Que vont-elles y faire? Combattre le terrorisme-international-équipé-d'armes-de- destruction-massive-et-de-missiles-balistiques? Ou essayer de reconstituer une société? Et dans ce cas, les militaires ne devraient-ils pas être accompagnés de spécialistes civils de toutes sortes, y compris des ingénieurs pour construire des infrastructures collectives, etc...

Dans ma naïveté, je pensais que la décision d'envoyer de nouvelles troupes nous donnait un moyen de négocier sur les objectifs et le calendrier de l'OTAN en Afghanistan. Espère-t-on autre chose qu'une nouvelle invitation à déjeûner avec Bush? Sur ce sujet aussi, le PS aurait pu dire des choses, d'autant qu'à ma connaissance, il n'y a pas eu le moindre débat au Parlement sur le sujet. Si le PS n'est pas capable de dire quoi que ce soit sur la présence de troupes françaises en Afghanistan, du moins aurait-il pu exposer sa conception de la démocratie."

jeudi 8 novembre 2007

Afghanistan : la grande godille

Tout ceci aura été mis en valeur par les éditorialistes lorsque vous lirez ces lignes, mais je ne résiste pas à l’envie de mettre personnellement en parallèle quatre propos de Nicolas Sarkozy, émis en un délai de six mois.

6 mai 2007, " A vous de juger ", France 2

"Il était certainement utile qu'on les envoie dans la mesure où il y avait un combat contre le terrorisme, mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive… Il y a eu un moment donné pour aider le gouvernement de M. Karzaï, où il fallait faire un certain nombre de choix, et d'ailleurs le président de la République a pris la décision de rapatrier nos forces spéciales et un certain nombre d'éléments. C'est une politique que je poursuivrai."

5 juin 2007, interview au New York Times

"Nous d’avons pas mission de rester la-bas indéfiniment, mais partir maintenant montrerait un manque d’unité avec nos alliés."

27 août 2007, discours aux Ambassadeurs

" Face à des crises internationales telles que celle de l'Irak, il est aujourd'hui établi que le recours unilatéral à la force conduit à l'échec ; mais les institutions multilatérales, qu'elles soient universelles, comme l'ONU, ou régionales, comme l'OTAN, peinent à convaincre de leur efficacité, du Darfour à l'Afghanistan. "

et curieusement, dans le même discours :

" Notre devoir, celui de l'Alliance atlantique, est aussi d'accentuer nos efforts en Afghanistan... Mais nos actions en Afghanistan seraient vaines si, de l'autre côté de la frontière, le Pakistan demeurait le refuge des Talibans et d'Al Qaeda, avant d'en devenir, peut-être, la victime. Je suis convaincu qu'une politique plus déterminée de la part de toutes les autorités pakistanaises est possible et qu'elle est dans leur intérêt à long terme. Nous sommes naturellement prêts à les y aider. "

…Ce qui semble laisser entendre que l’on pourrait intervenir, non seulement en Afghanistan, mais aussi au Pakistan.

Enfin, le 7 novembre, devant le Congrès américain :

"Je vous le dis solennellement aujourd'hui : la France restera engagée en Afghanistan aussi longtemps qu'il le faudra, car ce qui est en cause dans ce pays, c'est l'avenir de nos valeurs et celui de l'Alliance atlantique."

Notons bien désormais que l’avenir de l’OTAN se joue entre Hérat, Kandahar et Kaboul…

Comprendra qui pourra. Ou faut-il comprendre que Nicolas Sarkozy tient à chacun, de l’électeur français au Congressman américain, le discours que celui-ci veut entendre ?