Le Parti Socialiste affiche tous les symptômes de l'agonie. Même la SFIO des années 1960, portant tout le poids de la guerre d'Algérie et de la fin de la IVème République, n'était pas agitée des soubresauts que connaît aujourd'hui son successeur.
Nous sommes bien en une fin de cycle, ouverte par le départ impromptu de Lionel Jospin en 2002. L'on ne dira jamais assez les lourdes conséquences de ce geste solitaire de dépit, pris en dehors de toute analyse politique collective, qui a rompu la chaîne de légitimité au sein du Parti.
Le voilà aujourd'hui peu à peu transformé en parti d'élus locaux : l'on tient des régions, des départements, des communes. Autant de niches qui permettent de voir venir, de récompenser des milliers de militants fidèles, de se consoler des échecs nationaux. Mais ces niches, comme le Parti Communiste en son temps, le Parti Socialiste les perdra à son tour. Si l'on continue ainsi, il lui restera le socialisme municipal par lequel il a commencé, à la fin du XIXème siècle, quelques fêtes de la Rose, puis plus rien.
L'on nous dit que le Parti socialiste, avant même d'avoir besoin d'un leader, a besoin d'un projet. C'est vrai. Pour être lisible et audible aujourd'hui, il devrait être bref, du format que l'on peut lire et commenter à une tribune, et résumer en une minute à la télévision. Le Programme de Bad Godesberg (1959), pourtant très allemand, tenait en sept ou huit pages. La Charte d'Amiens (1905), perfection du genre, contenait trois idées, développées en trente lignes. Elle a porté le projet syndical pendant un demi-siècle, et l'un des principes posés - la séparation entre syndicats et partis - marque encore aujourd'hui notre culture politique.
Enfin ce projet devra être crédible. Il devra pour cela éviter les formules usées ("le juste partage des fruits de la croissance"), et le pathos ("le post-matérialisme"). Il devra s'inscrire d'emblée dans le seul espace de référence qui ait un sens pour agir sur le réel et construire du durable, l'espace européen. Plus personne n'osant croire à l'Europe, c'est donc une longue marche qu'il devra annoncer. Mais ceux qui ont fondé le socialisme n'avaient pas peur de la longue durée. Il faut retrouver le même courage.
Lisible, audible, crédible, ce projet devra enfin être rassembleur. Comment ne pas retomber dans les tristes luttes de motions et de courants? Peut-être en procédant, sur la base de ce projet, au renouvellement général des adhésions. Pour être membre du Parti socialiste rénové, chacun, ancien ou nouveau, aurait à le solliciter et manifesterait par là-même son adhésion au nouveau projet. Un certain nombre, sans doute, choisira alors de partir. Mais d'autres, nouveaux, devraient entrer. Et tous, anciens et nouveaux, se retrouveraient pour adopter, notamment, de nouveaux statuts mettant en place une structure allégée... qu'il serait opportun de doter d'une mécanique inoxydable de contrôle des adhésions et des votes internes.
Bien entendu, pour être pleinement mobilisateur, le nouveau projet devrait s'incarner dans un leader. C'est certainement le point le plus difficile. Peu importe son origine, son parcours politique, son âge ou son profil. Il n'y a pas de règle en la matière, l'histoire enseigne que souvent l'inattendu, et même l'improbable, arrive. L'idéal serait que ce leader émerge dans le processus même d'élaboration du projet, et qu'il en soit le principal inspirateur.
Une telle opération de renouveau peut-elle être conduite dans les deux ans qui nous séparent de la dernière ligne droite avant la prochaine présidentielle? Oui, tout juste, vraiment tout juste, si elle démarrait aujourd'hui. Sinon, la prochaine chance ne se présentera qu'en 2013. Mais que la Gauche gagne ou perde en 2012, la nécessité d'une résurrection du parti : nouveau projet, nouveaux statuts, nouveau mode de fonctionnement, paraît désormais incontournable.
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dimanche 9 août 2009
mercredi 19 novembre 2008
Ils sont fous, ces socialistes!
Nous sommes un peu bizarres, nous les Français, et surtout les Français de gauche, et encore plus les membres du parti socialiste. Dans la plupart de l'Europe civilisée, un parti, quand le résultat des élections lui donne une chance de gouverner, regarde autour de lui quelles sont les autres formations avec lesquelles, au vu du choix des électeurs, il pourrait former une coalition. Il entre alors en négociations avec ces partenaires potentiels, se met ou ne se met pas d'accord en fonction de ce qu'il considère comme essentiel et accessoire dans son programme, de ce qu'il juge acceptable ou inacceptable chez les autres, et dans le cas favorable, met au point avec eux une coalition de gouvernement. Le processus peut prendre en effet quelques semaines, car chacun se bat pied à pied sur les points qui lui tiennent à coeur. Pendant ce temps, comme l'on est dans un monde civilisé, l'on fait confiance au gouvernement sortant pour gérer les affaires courantes.
Chez nous, si tout n'est pas réglé dans les trois jours suivant les élections sur la façon de gouverner et la formation des équipes ministérielles pour les années à venir, l'on se croit déshonoré, et en péril de subir les plus noirs complots. Chez nous, les socialistes, -pire encore- des annnées avant que les électeurs ne soient appelés aux urnes, nous avons l'ambition de décider pour eux de la meilleure des combinaisons pour accéder aux bienfaits d'un gouvernement conduit par nos chefs. L'on prétend donc leur expliquer pour qui ils seraient bien inspirés de voter, s'ils ne parviennent pas à voter pour notre parti lui-même.
Et c'est là que tout se complique! car l'on raisonne sur des formations dont personne ne sait ce qu'elles seront dans trois ou quatre ans, des formations dont on connaît à peine les intentions, et encore moins le poids parlementaire qu'elles pourront afficher au moment décisif, qu'elles se situent à droite ou à gauche de notre cher et grand parti.
Au fond, quelle outrecuidance, quelle condescendance pour le corps électoral! quelle ignorance du fait que le jour venu, celui-ci, comme il l'a fait en tant d'occasions passées, dosera à sa façon la combinaison des forces politiques auxquelles il souhaite confier son destin pour les années à venir.
Si nous croyons vraiment à la souveraineté du peuple, commençons par nous présenter humblement à lui pour ce que nous sommes, avant de pérorer sur nos hypothétiques alliances. Définissons clairement ce que nous voulons, nous et personne d'autre, et l'essentiel de que nous aspirons à réaliser le temps d'un mandat populaire. Et laissons au peuple le soin de nous répondre s'il souhaite que nous agissions seuls, ou alliés avec tel ou tel autre, qu'il saura bien nous désigner.
Les coalitions ont du bon. Elles obligent au compromis. Elles sont le plus sûr moyen de trier le réalisable des idées à l'emporte-pièce, conçues pour emporter les applaudissements des congrès. Elles renforcent les capacités de mettre en oeuvre les bons projets. Au fil de l'exercice du pouvoir, elles instaurent des contrepoids naturels aux tentations d'omnipotence. Enfin, elles se dissolvent d'elles-mêmes quand elles ont épuisé leurs vertus, obligeant en ce cas à retourner devant les décideurs en dernier ressort, c'est-à-dire devant les électeurs.
Sur un tel sujet, faut-il que nous nous fassions moucher par le jeune Besancenot? voilà ce qu'il inscrit dans les principes de son nouveau parti anticapitaliste : "Dans les institutions électives, nous soutiendrons toutes les mesures qui amélioreraient la situation des travailleurs et les droits démocratiques. Nous contribuerions à leur mise en oeuvre, si les électeurs nous en donnaient la responsabilité. Mais nous resterions fidèles à ce pourquoi nous luttons et ne participerions à aucune coalition contradictoire avec ce combat." Voilà, pris à la lettre, du solide bon sens. Voilà des propos de stratège aguerri dont nous devrions nous inspirer, plutôt que de prolonger nos stériles querelles.
Chez nous, si tout n'est pas réglé dans les trois jours suivant les élections sur la façon de gouverner et la formation des équipes ministérielles pour les années à venir, l'on se croit déshonoré, et en péril de subir les plus noirs complots. Chez nous, les socialistes, -pire encore- des annnées avant que les électeurs ne soient appelés aux urnes, nous avons l'ambition de décider pour eux de la meilleure des combinaisons pour accéder aux bienfaits d'un gouvernement conduit par nos chefs. L'on prétend donc leur expliquer pour qui ils seraient bien inspirés de voter, s'ils ne parviennent pas à voter pour notre parti lui-même.
Et c'est là que tout se complique! car l'on raisonne sur des formations dont personne ne sait ce qu'elles seront dans trois ou quatre ans, des formations dont on connaît à peine les intentions, et encore moins le poids parlementaire qu'elles pourront afficher au moment décisif, qu'elles se situent à droite ou à gauche de notre cher et grand parti.
Au fond, quelle outrecuidance, quelle condescendance pour le corps électoral! quelle ignorance du fait que le jour venu, celui-ci, comme il l'a fait en tant d'occasions passées, dosera à sa façon la combinaison des forces politiques auxquelles il souhaite confier son destin pour les années à venir.
Si nous croyons vraiment à la souveraineté du peuple, commençons par nous présenter humblement à lui pour ce que nous sommes, avant de pérorer sur nos hypothétiques alliances. Définissons clairement ce que nous voulons, nous et personne d'autre, et l'essentiel de que nous aspirons à réaliser le temps d'un mandat populaire. Et laissons au peuple le soin de nous répondre s'il souhaite que nous agissions seuls, ou alliés avec tel ou tel autre, qu'il saura bien nous désigner.
Les coalitions ont du bon. Elles obligent au compromis. Elles sont le plus sûr moyen de trier le réalisable des idées à l'emporte-pièce, conçues pour emporter les applaudissements des congrès. Elles renforcent les capacités de mettre en oeuvre les bons projets. Au fil de l'exercice du pouvoir, elles instaurent des contrepoids naturels aux tentations d'omnipotence. Enfin, elles se dissolvent d'elles-mêmes quand elles ont épuisé leurs vertus, obligeant en ce cas à retourner devant les décideurs en dernier ressort, c'est-à-dire devant les électeurs.
Sur un tel sujet, faut-il que nous nous fassions moucher par le jeune Besancenot? voilà ce qu'il inscrit dans les principes de son nouveau parti anticapitaliste : "Dans les institutions électives, nous soutiendrons toutes les mesures qui amélioreraient la situation des travailleurs et les droits démocratiques. Nous contribuerions à leur mise en oeuvre, si les électeurs nous en donnaient la responsabilité. Mais nous resterions fidèles à ce pourquoi nous luttons et ne participerions à aucune coalition contradictoire avec ce combat." Voilà, pris à la lettre, du solide bon sens. Voilà des propos de stratège aguerri dont nous devrions nous inspirer, plutôt que de prolonger nos stériles querelles.
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mardi 12 août 2008
Retour sur la réforme constitutionnelle
Loin de la Géorgie, loin des sujets brûlants du jour, un petit retour à tête reposée sur la réforme constitutionnelle.
Les commentateurs de cette réforme ont célébré l'apparition dans notre paysage politique du référendum d'initiative populaire. La lecture du texte adopté par le Congrès de Versailles révèle un dispositif beaucoup plus ambigu, qui laisse au Parlement, s'il le souhaite, le dernier mot en la matière.
Selon les nouvelles dispositions de l'article 11, l'initiative appartient d'abord aux parlementaires eux-mêmes. Il en faudra un cinquième, soit 184 députés ou sénateurs, pour déclencher la procédure. Il faudra ensuite que cette initiative soit soutenue par un dixième des électeurs, soit environ 4,5 millions de personnes.
Que se passera-t-il une fois cette immensité de signatures récoltée? Malgré toute l'énergie ainsi dépensée, le référendum n'est pas encore de droit. Il n'interviendra en effet que si le Parlement n'examine pas le texte dans un délai donné. C'est alors seulement que le président de la République aura à le soumettre au suffrage populaire.
On l'a donc compris, le Parlement peut rejeter le texte en question, qu'il examine comme une proposition de loi ordinaire. Il peut d'ailleurs aussi l'amender à sa guise. L'on voit que tout ceci demeure très contrôlé. La majorité parlementaire, et à travers elle le gouvernement et le président de la République disposent de tous les leviers utiles pour ne pas se laisser déborder. Ils veilleront, s'il le faut, à ce que la montagne des millions de signatures recueillies n'accouche que d'une souris, voire de rien du tout.
L'on est néanmoins tenté de saisir l'occasion pour remettre sur l'ouvrage les trois évolutions majeures de la vie politique que la récente réforme constitutionnelle a écartées (d'où la légitime colère du parti socialiste, quel que soit le jugement que l'on puisse porter sur l'opportunité de son vote négatif). Il s'agit du non-cumul des mandats, du blocage du mode d'élection des sénateurs (garantissant à la droite de toujours contrôler la chambre haute), enfin de l'introduction de la proportionnelle pour l'élection des députés.
Voilà un intéressant chantier offert au Parti socialiste pour démontrer qu'il n'a pas désarmé et qu'il est capable de mobiliser en faveur d'une réforme, d'une vraie réforme, de nos institutions. Au moins sur le thème du non cumul d'un mandat de parlementaire avec un autre mandat, et sur celui de la proportionnelle, il devrait être rejoint par de nombreux Français très au-delà de son électorat et du clivage droite-gauche.
Il serait donc intéressant de voir arriver une proposition de loi sur ces trois sujets, portée par des millions d'électeurs, et de voir aussi comment la majorité, le gouvernement, le président de la Républiques réagiraient: oseraient- ils bloquer une telle demande? une chance s'offrirait peut-être alors de réintroduire par la fenêtre les réformes essentielles pour l'évolution de notre vie politique au nez desquelles la droite vient de claquer la porte.
Les commentateurs de cette réforme ont célébré l'apparition dans notre paysage politique du référendum d'initiative populaire. La lecture du texte adopté par le Congrès de Versailles révèle un dispositif beaucoup plus ambigu, qui laisse au Parlement, s'il le souhaite, le dernier mot en la matière.
Selon les nouvelles dispositions de l'article 11, l'initiative appartient d'abord aux parlementaires eux-mêmes. Il en faudra un cinquième, soit 184 députés ou sénateurs, pour déclencher la procédure. Il faudra ensuite que cette initiative soit soutenue par un dixième des électeurs, soit environ 4,5 millions de personnes.
Que se passera-t-il une fois cette immensité de signatures récoltée? Malgré toute l'énergie ainsi dépensée, le référendum n'est pas encore de droit. Il n'interviendra en effet que si le Parlement n'examine pas le texte dans un délai donné. C'est alors seulement que le président de la République aura à le soumettre au suffrage populaire.
On l'a donc compris, le Parlement peut rejeter le texte en question, qu'il examine comme une proposition de loi ordinaire. Il peut d'ailleurs aussi l'amender à sa guise. L'on voit que tout ceci demeure très contrôlé. La majorité parlementaire, et à travers elle le gouvernement et le président de la République disposent de tous les leviers utiles pour ne pas se laisser déborder. Ils veilleront, s'il le faut, à ce que la montagne des millions de signatures recueillies n'accouche que d'une souris, voire de rien du tout.
L'on est néanmoins tenté de saisir l'occasion pour remettre sur l'ouvrage les trois évolutions majeures de la vie politique que la récente réforme constitutionnelle a écartées (d'où la légitime colère du parti socialiste, quel que soit le jugement que l'on puisse porter sur l'opportunité de son vote négatif). Il s'agit du non-cumul des mandats, du blocage du mode d'élection des sénateurs (garantissant à la droite de toujours contrôler la chambre haute), enfin de l'introduction de la proportionnelle pour l'élection des députés.
Voilà un intéressant chantier offert au Parti socialiste pour démontrer qu'il n'a pas désarmé et qu'il est capable de mobiliser en faveur d'une réforme, d'une vraie réforme, de nos institutions. Au moins sur le thème du non cumul d'un mandat de parlementaire avec un autre mandat, et sur celui de la proportionnelle, il devrait être rejoint par de nombreux Français très au-delà de son électorat et du clivage droite-gauche.
Il serait donc intéressant de voir arriver une proposition de loi sur ces trois sujets, portée par des millions d'électeurs, et de voir aussi comment la majorité, le gouvernement, le président de la Républiques réagiraient: oseraient- ils bloquer une telle demande? une chance s'offrirait peut-être alors de réintroduire par la fenêtre les réformes essentielles pour l'évolution de notre vie politique au nez desquelles la droite vient de claquer la porte.
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jeudi 27 mars 2008
Réponse à "Nicolas, le Terrible et le Parti socialiste"
Je crois intéressant de diffuser la réponse à mon dernier papier que je viens de recevoir de mon ami Georges Le Guelte, fin connaisseur des affaires nucléaires et de prolifération.
"D'accord avec ton message sur le discours de Sarkozy à Cherbourg, bien que je sois moins indulgent que toi à son égard. La seule mesure nouvelle qu'il ait annoncée est en effet la réduction du nombre d'avions et de têtes. Pour le reste, il s'est contenté de gommer quelques-unes des élucubrations les plus ridicules du discours de Chirac le 19 janvier 2006, telles que l'idée d'inclure l'approvisionnement en hydrocarbures parmi les intérêts relevant de la dissuasion nucléaire.
En particulier pour ce qui concerne le désarmement, il se borne à reprendre le discours le plus traditionnel : nous avons donné l'exemple, et maintenant nous ne bougerons plus avant que les autres aient fait les mêmes gestes que nous. Comme position de négociation, c'est de bonne guerre, et il serait peu avisé, me semble-t-il, de faire du désarmement unilatéral sans rien demander aux autres. Mais comme tu le soulignes, j'aurais aimé qu'il réponde à Gordon Brown et le soutienne. Je crains qu'il ne le fasse pas plus lors de sa visite à la reine.
Cela dit, je regrette aussi qu'il redonne un intérêt au TICE (traité d'interdiction complète des essais) et à la convention d'interdiction de la production de matières fissiles militaires, deux traités qui n'ont aucun intérêt pour personne. Exiger qu'ils soient ratifiés par les autres pays avant d'accepter de nouvelles mesures de désarmement revient à dire que l'on refuse toute nouvelle négociation, puisqu'on sait très bien que le Sénat américain ne les ratifiera pas.
En revanche, mille fois d'accord avec toi sur le silence du PS, mais on pourrait en dire autant s'agissant de l'envoi de nouvelles troupes en Afghanistan. Que vont-elles y faire? Combattre le terrorisme-international-équipé-d'armes-de- destruction-massive-et-de-missiles-balistiques? Ou essayer de reconstituer une société? Et dans ce cas, les militaires ne devraient-ils pas être accompagnés de spécialistes civils de toutes sortes, y compris des ingénieurs pour construire des infrastructures collectives, etc...
Dans ma naïveté, je pensais que la décision d'envoyer de nouvelles troupes nous donnait un moyen de négocier sur les objectifs et le calendrier de l'OTAN en Afghanistan. Espère-t-on autre chose qu'une nouvelle invitation à déjeûner avec Bush? Sur ce sujet aussi, le PS aurait pu dire des choses, d'autant qu'à ma connaissance, il n'y a pas eu le moindre débat au Parlement sur le sujet. Si le PS n'est pas capable de dire quoi que ce soit sur la présence de troupes françaises en Afghanistan, du moins aurait-il pu exposer sa conception de la démocratie."
"D'accord avec ton message sur le discours de Sarkozy à Cherbourg, bien que je sois moins indulgent que toi à son égard. La seule mesure nouvelle qu'il ait annoncée est en effet la réduction du nombre d'avions et de têtes. Pour le reste, il s'est contenté de gommer quelques-unes des élucubrations les plus ridicules du discours de Chirac le 19 janvier 2006, telles que l'idée d'inclure l'approvisionnement en hydrocarbures parmi les intérêts relevant de la dissuasion nucléaire.
En particulier pour ce qui concerne le désarmement, il se borne à reprendre le discours le plus traditionnel : nous avons donné l'exemple, et maintenant nous ne bougerons plus avant que les autres aient fait les mêmes gestes que nous. Comme position de négociation, c'est de bonne guerre, et il serait peu avisé, me semble-t-il, de faire du désarmement unilatéral sans rien demander aux autres. Mais comme tu le soulignes, j'aurais aimé qu'il réponde à Gordon Brown et le soutienne. Je crains qu'il ne le fasse pas plus lors de sa visite à la reine.
Cela dit, je regrette aussi qu'il redonne un intérêt au TICE (traité d'interdiction complète des essais) et à la convention d'interdiction de la production de matières fissiles militaires, deux traités qui n'ont aucun intérêt pour personne. Exiger qu'ils soient ratifiés par les autres pays avant d'accepter de nouvelles mesures de désarmement revient à dire que l'on refuse toute nouvelle négociation, puisqu'on sait très bien que le Sénat américain ne les ratifiera pas.
En revanche, mille fois d'accord avec toi sur le silence du PS, mais on pourrait en dire autant s'agissant de l'envoi de nouvelles troupes en Afghanistan. Que vont-elles y faire? Combattre le terrorisme-international-équipé-d'armes-de- destruction-massive-et-de-missiles-balistiques? Ou essayer de reconstituer une société? Et dans ce cas, les militaires ne devraient-ils pas être accompagnés de spécialistes civils de toutes sortes, y compris des ingénieurs pour construire des infrastructures collectives, etc...
Dans ma naïveté, je pensais que la décision d'envoyer de nouvelles troupes nous donnait un moyen de négocier sur les objectifs et le calendrier de l'OTAN en Afghanistan. Espère-t-on autre chose qu'une nouvelle invitation à déjeûner avec Bush? Sur ce sujet aussi, le PS aurait pu dire des choses, d'autant qu'à ma connaissance, il n'y a pas eu le moindre débat au Parlement sur le sujet. Si le PS n'est pas capable de dire quoi que ce soit sur la présence de troupes françaises en Afghanistan, du moins aurait-il pu exposer sa conception de la démocratie."
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lundi 24 mars 2008
Nicolas, le "Terrible" et le Parti socialiste
Notre Président vient de s'exprimer à Cherbourg sur le format et l'avenir de notre force nucléaire. Il a aussi abordé les questions de désarmement.
Dans le fil de mesures prises par ses prédécesseurs, il a ainsi annoncé que le nombre d'armes, de missiles et d'avions de la composante aérienne de notre force de dissuasion serait réduit d'un tiers. Le nombre d'avions tombera donc à quarante. Il précise que la force française sera alors dotée au total de moins de trois cents têtes nucléaires. Elle en avait à peu près sept cents à la fin de la Guerre froide.
Il a aussi lancé quelques initiatives en matière de contrôle des arsenaux et de désarmement : invitation d'inspecteurs internationaux à constater le démantèlement des sites français de production de matières fissiles militaires (Pierrelatte et Marcoule), invitation à toutes les puissances dotées de l'arme nucléaire à adhérer au traité d'interdiction complète des essais et à démanteler leurs sites d'essais, invitation aux cinq puissances nucléaires militaires reconnues par le Traité de non prolifération à mettre au point des mesures de transparence, appel à l'élaboration d'un traité mettant fin à la production de matières fissiles militaires et moratoire immédiat sur leur production. D'autres idées ont été également lancées en matière de désarmement balistique.
Il faut sur ces différents points décerner à notre président un satisfecit, même si l'élève Sarkozy peut mieux faire. Dommage qu'il n'ait pas osé rejoindre Gordon Brown, qui s'est formellement engagé à faire ses meilleurs efforts pour présenter à la prochaine conférence d'examen du Traité de non prolifération nucléaire, en 2010, un dispositif de contrôle mutuel des arsenaux nucléaires ayant comme objectif affiché de parvenir un jour à leur démantèlement complet.
Non, ce qui est un peu triste en cette affaire c'est le silence de la gauche française, et notamment du Parti socialiste. Pourquoi, depuis qu'il est dans l'opposition, et notamment depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy, n'a-t-il pas présenté sa propre vision des choses? Où est passé le souvenir de sa longue tradition de soutien au désarmement? Où sont ses dirigeants et ses experts? Pourquoi n'avoir pas devancé les propositions de notre président alors que chacun savait qu'il allait prendre la parole sur ces affaires? Serions-nous à ce point satisfaits de nos victoires locales que nous ayons perdu toute ambition d'avoir des idées novatrices sur de grands sujets?
Dans le fil de mesures prises par ses prédécesseurs, il a ainsi annoncé que le nombre d'armes, de missiles et d'avions de la composante aérienne de notre force de dissuasion serait réduit d'un tiers. Le nombre d'avions tombera donc à quarante. Il précise que la force française sera alors dotée au total de moins de trois cents têtes nucléaires. Elle en avait à peu près sept cents à la fin de la Guerre froide.
Il a aussi lancé quelques initiatives en matière de contrôle des arsenaux et de désarmement : invitation d'inspecteurs internationaux à constater le démantèlement des sites français de production de matières fissiles militaires (Pierrelatte et Marcoule), invitation à toutes les puissances dotées de l'arme nucléaire à adhérer au traité d'interdiction complète des essais et à démanteler leurs sites d'essais, invitation aux cinq puissances nucléaires militaires reconnues par le Traité de non prolifération à mettre au point des mesures de transparence, appel à l'élaboration d'un traité mettant fin à la production de matières fissiles militaires et moratoire immédiat sur leur production. D'autres idées ont été également lancées en matière de désarmement balistique.
Il faut sur ces différents points décerner à notre président un satisfecit, même si l'élève Sarkozy peut mieux faire. Dommage qu'il n'ait pas osé rejoindre Gordon Brown, qui s'est formellement engagé à faire ses meilleurs efforts pour présenter à la prochaine conférence d'examen du Traité de non prolifération nucléaire, en 2010, un dispositif de contrôle mutuel des arsenaux nucléaires ayant comme objectif affiché de parvenir un jour à leur démantèlement complet.
Non, ce qui est un peu triste en cette affaire c'est le silence de la gauche française, et notamment du Parti socialiste. Pourquoi, depuis qu'il est dans l'opposition, et notamment depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy, n'a-t-il pas présenté sa propre vision des choses? Où est passé le souvenir de sa longue tradition de soutien au désarmement? Où sont ses dirigeants et ses experts? Pourquoi n'avoir pas devancé les propositions de notre président alors que chacun savait qu'il allait prendre la parole sur ces affaires? Serions-nous à ce point satisfaits de nos victoires locales que nous ayons perdu toute ambition d'avoir des idées novatrices sur de grands sujets?
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lundi 17 septembre 2007
Jusqu'où réformer le Parti socialiste? (1/4)
Je n'osais trop me lancer dans une réflexion que je craignais ringarde, mais à l'occasion de l'examen de conscience que suscite notre défaite, je vois ressurgir, en des termes à peine nouveaux, ce vieux débat qui agite le socialisme depuis sa naissance : réforme ou révolution? insertion dans l'existant pour mieux le transformer, ou au contraire concentration de toutes les forces pour le renverser? rassemblement du plus grand nombre ou au contraire mobilisation de minorités agissantes?
L'Histoire progressant d'une certaine façon en spirale, nous nous trouvons aujourd'hui à peu près dans le même type de situation que celle qui a précédé l'émergence de la SFIO au début du XXème siècle, ou qu'à l'époque de l'agonie de la même SFIO et de l'émergence du Parti Socialiste d'Epinay.
Le meilleur signal de la décadence d'un mouvement politique est l'écart croissant entre son langage et sa pratique. Avec la SFIO de la guerre d'Algérie, où les Congrès se gagnaient encore en se drapant dans les principes du marxisme, le fossé était devenu un abîme.
Mais le même fossé, avouons-le, s'est rapidement creusé entre les programmes de gouvernement du Parti Socialiste d'avant 1981, qui prévoyaient sans état d'âme la rupture avec le capitalisme, et la réalité éminemment pragmatique de l'exercice du pouvoir par François Mitterrand.
Sous Jospin, ligotés par la cohabitation, tétanisés par la focalisation sur la conquête de la Présidence, nous n'avons plus osé avoir de doctrine. Il y avait la pratique, puis un ravin, puis plus rien. Tout devait se juger au bilan. Mal nous en a pris.
Et depuis, il n'y a même plus de fossé entre deux rives. Il n'y a plus de théorie, et nous voilà privés de pratique. Nous sommes sur des sables mouvants. La médiocrité conceptuelle du projet de notre Parti pour la dernière élection présidentielle en a été le signe. Sa rédaction avait pourtant été confiée à de beaux esprits. Mais l'on ne pouvait qu'être inquiet d'entendre au Congrès du Mans l'un des meilleurs d'entre eux, pourtant connu pour sa familiarité avec les milieux d'affaires et sa gestion fort classique du ministère de l'économie et des finances, se lancer dans des envolées qui semblaient annoncer le Grand Soir :
"Nous avons le devoir de changer la vie de ceux qui souffrent le plus... Nous mobiliserons les moyens de l’État, et lorsqu’il le faudra, nous imposerons des nationalisations temporaires... Nous voulons transformer en profondeur la société. Nous voulons l’extension du domaine du possible. Nous ne promettons pas le changement en cent jours, nous promettons le changement dès le premier jour et le changement jusqu’au dernier jour" etc. etc.
Là, nous revenions aux derniers jours de la SFIO!
Il est temps de reprendre notre marche. Mais avant de démarrer, trois questions nous barrent la route :
1. pour la doctrine, devons-nous rejoindre la social-démocratie, c'est-à-dire dans l'esprit de ceux qui le recommandent, renoncer à tout projet global de transformation sociale?
2. notre pratique peut-elle, doit-elle se résumer à la mise en oeuvre de réformes?
3. Enfin, sur la tactique, jusqu'où peut-on aller dans la volonté de rassemblement sans diluer notre propre identité?
Mieux vaut s'arrêter là pour ne pas vous fatiguer. Ces trois points feront donc l'objet de trois prochains articles.
L'Histoire progressant d'une certaine façon en spirale, nous nous trouvons aujourd'hui à peu près dans le même type de situation que celle qui a précédé l'émergence de la SFIO au début du XXème siècle, ou qu'à l'époque de l'agonie de la même SFIO et de l'émergence du Parti Socialiste d'Epinay.
Le meilleur signal de la décadence d'un mouvement politique est l'écart croissant entre son langage et sa pratique. Avec la SFIO de la guerre d'Algérie, où les Congrès se gagnaient encore en se drapant dans les principes du marxisme, le fossé était devenu un abîme.
Mais le même fossé, avouons-le, s'est rapidement creusé entre les programmes de gouvernement du Parti Socialiste d'avant 1981, qui prévoyaient sans état d'âme la rupture avec le capitalisme, et la réalité éminemment pragmatique de l'exercice du pouvoir par François Mitterrand.
Sous Jospin, ligotés par la cohabitation, tétanisés par la focalisation sur la conquête de la Présidence, nous n'avons plus osé avoir de doctrine. Il y avait la pratique, puis un ravin, puis plus rien. Tout devait se juger au bilan. Mal nous en a pris.
Et depuis, il n'y a même plus de fossé entre deux rives. Il n'y a plus de théorie, et nous voilà privés de pratique. Nous sommes sur des sables mouvants. La médiocrité conceptuelle du projet de notre Parti pour la dernière élection présidentielle en a été le signe. Sa rédaction avait pourtant été confiée à de beaux esprits. Mais l'on ne pouvait qu'être inquiet d'entendre au Congrès du Mans l'un des meilleurs d'entre eux, pourtant connu pour sa familiarité avec les milieux d'affaires et sa gestion fort classique du ministère de l'économie et des finances, se lancer dans des envolées qui semblaient annoncer le Grand Soir :
"Nous avons le devoir de changer la vie de ceux qui souffrent le plus... Nous mobiliserons les moyens de l’État, et lorsqu’il le faudra, nous imposerons des nationalisations temporaires... Nous voulons transformer en profondeur la société. Nous voulons l’extension du domaine du possible. Nous ne promettons pas le changement en cent jours, nous promettons le changement dès le premier jour et le changement jusqu’au dernier jour" etc. etc.
Là, nous revenions aux derniers jours de la SFIO!
Il est temps de reprendre notre marche. Mais avant de démarrer, trois questions nous barrent la route :
1. pour la doctrine, devons-nous rejoindre la social-démocratie, c'est-à-dire dans l'esprit de ceux qui le recommandent, renoncer à tout projet global de transformation sociale?
2. notre pratique peut-elle, doit-elle se résumer à la mise en oeuvre de réformes?
3. Enfin, sur la tactique, jusqu'où peut-on aller dans la volonté de rassemblement sans diluer notre propre identité?
Mieux vaut s'arrêter là pour ne pas vous fatiguer. Ces trois points feront donc l'objet de trois prochains articles.
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social-démocratie,
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