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jeudi 5 juin 2008

DGCID : le silence des agneaux?

Pour ceux qui s'intéressent à l'avenir du ministère des affaires étrangères, et en particulier de sa Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID), qui gère l'action culturelle de la France au sens le plus large, voici un petit billet d'humeur que je lance comme une bouteille à la mer.

Entre les exercices de "révision générale des politiques publiques" et de rédaction d'un Livre blanc sur l'avenir du ministère des affaires étrangères lancés par le gouvernement, entre cabinets et réunions d’arbitrages, se poursuit la vente à la découpe de la DGCID. Certes, après presque dix ans d’existence, il était temps de tout remettre à plat. Tout change et le modèle d’une Régie, empêtrée dans toutes les contraintes d’une administration centrale, n’était plus tenable pour gérer de façon réactive, et dans un monde hautement compétitif, l’action culturelle et la coopération internationale de la France.

Mais pourquoi faut-il que la réflexion des décideurs s’oriente vers les plus mauvaises solutions possibles : une dispersion des fonctions d’opérateur de la DGCID en deux ou trois agences, peut-être plus, et une gestion des personnels culturels confiée à une Direction générale de l’administration qui les a toujours considérés comme une population de second rayon, comparée aux agents du « cœur de métier » diplomatique ?

Tout ceci, semble-t-il, par crainte de créer une Agence trop puissante pour être aisément contrôlée. En organisant la dispersion, l’on faciliterait l’exercice de la tutelle. En gardant la gestion directe des personnels culturels, on s’assurerait de leur soumission hiérarchique.

Mais comment ne pas voir qu’en agissant ainsi, l’on est en train d’installer sur deux parallèles d'une part des agences parisiennes, dotées certes de moyens d’action mais sans réseau, d'autre part un réseau mondial de services et centres culturels et de coopération, mais sans moyens ?


Comment ne pas voir que ces agences succédant à la DGCID seront, prises une à une, en dessous du pouvoir séparateur de l’œil dans un environnement où il s’agit de tenter d'exister aux côtés de la Banque mondiale ou du Fonds européen de développement ? Comment ne pas voir que sera ainsi brisé le continuum de toutes les activités de coopération – culturelle, scientifique, technologique, de bonne gouvernance... – qui convergent vers le développement humain ?

Notre ministère a-t-il perdu à ce point confiance en lui-même qu’il se juge incapable d’exercer le pilotage stratégique d’une agence puissante, cohérente, dotée à la fois des moyens et des personnels nécessaires, occupant en matière de coopération et de francophonie tout le terrain laissé libre par les deux agences déjà existantes, l’Agence française de développement (AFD) d’une part, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) d’autre part ?

Il suffirait pourtant qu’il se dote précisément d’une Direction générale du développement humain, traitant avec la hauteur de vues nécessaire de la diversité culturelle, du développement politique, économique et social, de la protection de l’environnement, de la régulation du marché mondial et des droits de l’Homme. Une telle direction, à condition qu’elle se dote de moyens d’évaluation et d’analyse adéquats, aurait toute la légitimité et toute l’autorité pour assurer la tutelle politique, non seulement de l’agence héritière de la DGCID, mais aussi de l’AFD et de l’AEFE.

Là, l’on aurait enfin les moyens d’une action extérieure cohérente, bien mieux qu’en se voyant octroyer la présidence ou le secrétariat de tel conseil ou comité que l’on nous fait en ce moment miroiter. Car le « cœur de métier » de la diplomatie de demain, ce sera, et de façon de plus en plus pressante, l'organisation de la société internationale pour lutter contre la faim, contre le réchauffement climatique, contre l’oppression, contre la pauvreté matérielle et culturelle. Le ministère des affaires étrangères va-t-il passer à côté ?