dimanche 9 août 2009

Parti Socialiste : quel Au-delà?

Le Parti Socialiste affiche tous les symptômes de l'agonie. Même la SFIO des années 1960, portant tout le poids de la guerre d'Algérie et de la fin de la IVème République, n'était pas agitée des soubresauts que connaît aujourd'hui son successeur.

Nous sommes bien en une fin de cycle, ouverte par le départ impromptu de Lionel Jospin en 2002. L'on ne dira jamais assez les lourdes conséquences de ce geste solitaire de dépit, pris en dehors de toute analyse politique collective, qui a rompu la chaîne de légitimité au sein du Parti.

Le voilà aujourd'hui peu à peu transformé en parti d'élus locaux : l'on tient des régions, des départements, des communes. Autant de niches qui permettent de voir venir, de récompenser des milliers de militants fidèles, de se consoler des échecs nationaux. Mais ces niches, comme le Parti Communiste en son temps, le Parti Socialiste les perdra à son tour. Si l'on continue ainsi, il lui restera le socialisme municipal par lequel il a commencé, à la fin du XIXème siècle, quelques fêtes de la Rose, puis plus rien.

L'on nous dit que le Parti socialiste, avant même d'avoir besoin d'un leader, a besoin d'un projet. C'est vrai. Pour être lisible et audible aujourd'hui, il devrait être bref, du format que l'on peut lire et commenter à une tribune, et résumer en une minute à la télévision. Le Programme de Bad Godesberg (1959), pourtant très allemand, tenait en sept ou huit pages. La Charte d'Amiens (1905), perfection du genre, contenait trois idées, développées en trente lignes. Elle a porté le projet syndical pendant un demi-siècle, et l'un des principes posés - la séparation entre syndicats et partis - marque encore aujourd'hui notre culture politique.

Enfin ce projet devra être crédible. Il devra pour cela éviter les formules usées ("le juste partage des fruits de la croissance"), et le pathos ("le post-matérialisme"). Il devra s'inscrire d'emblée dans le seul espace de référence qui ait un sens pour agir sur le réel et construire du durable, l'espace européen. Plus personne n'osant croire à l'Europe, c'est donc une longue marche qu'il devra annoncer. Mais ceux qui ont fondé le socialisme n'avaient pas peur de la longue durée. Il faut retrouver le même courage.

Lisible, audible, crédible, ce projet devra enfin être rassembleur. Comment ne pas retomber dans les tristes luttes de motions et de courants? Peut-être en procédant, sur la base de ce projet, au renouvellement général des adhésions. Pour être membre du Parti socialiste rénové, chacun, ancien ou nouveau, aurait à le solliciter et manifesterait par là-même son adhésion au nouveau projet. Un certain nombre, sans doute, choisira alors de partir. Mais d'autres, nouveaux, devraient entrer. Et tous, anciens et nouveaux, se retrouveraient pour adopter, notamment, de nouveaux statuts mettant en place une structure allégée... qu'il serait opportun de doter d'une mécanique inoxydable de contrôle des adhésions et des votes internes.

Bien entendu, pour être pleinement mobilisateur, le nouveau projet devrait s'incarner dans un leader. C'est certainement le point le plus difficile. Peu importe son origine, son parcours politique, son âge ou son profil. Il n'y a pas de règle en la matière, l'histoire enseigne que souvent l'inattendu, et même l'improbable, arrive. L'idéal serait que ce leader émerge dans le processus même d'élaboration du projet, et qu'il en soit le principal inspirateur.

Une telle opération de renouveau peut-elle être conduite dans les deux ans qui nous séparent de la dernière ligne droite avant la prochaine présidentielle? Oui, tout juste, vraiment tout juste, si elle démarrait aujourd'hui. Sinon, la prochaine chance ne se présentera qu'en 2013. Mais que la Gauche gagne ou perde en 2012, la nécessité d'une résurrection du parti : nouveau projet, nouveaux statuts, nouveau mode de fonctionnement, paraît désormais incontournable.

2 commentaires:

Robert - Le Crotoy a dit…

Entièrement d'accord.

Le problème est clairement et simplement posé.

Les réponses sont claires et simples.

Sur d'autres sites, j'avais rappelé le programme du CNR qui lui aussi était très court et qui a été un moteur excellent de notre vie politique après la guerre (et souvent, très souvent encore valable).

La "procédure" de nouvelle adhésion me semble un chemin très intéressant et...clair.

Allons-y
Cordialement

Elisabeth Barg a dit…

en lisant ces propos, me reviennent ces quelques mots tirés du conte de notre enfance.
"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir?Non, je ne vois que le chemin qui poudroye et l'herbe qui verdoye.." Tu pardonneras cette allusion qui, dans ma pensée n'est pas un manque de respect pour tes propos mais parce que dans les fables ou les contes, il y a une fin heureuse.Tes propos sont faits d'attente et d'espoir et pourtant teintés d'une certaine impatience car, comme dans le conte de Barbe-bleue, de l'arrivée du cavalier-sauveur dépend l'avenir.

Nous l'attendons depuis longtemps.Et si les projets de Ségoléne Royal aux dernières élections présidentielles étaient sympathiques, portés de bonnes intentions, ils étaient quelque peu désordonnés.Et si le sentiment d'abandon a envahi beaucoup d'entre nous, c'est que le pouvoir en place et certains détracteurs internes au parti lui-même n'ont pas hésité à en faire un bouffon mettant bien en relief tous les épisodes dramatico-burlesques de la succession de François Hollande.

Dans toute construction qu'elle soit humaine ou le fait de la nature, il y a un principe de dualité: le masculin et le féminin,le noir et le blanc,le jour et la nuit.De ces contrastes naissent l'équilibre, l'harmonie.Et pourtant tout semble les opposer et tout ne se fait pas dans la facilité.Dans notre système politique actuel, il manque l'autre élèment de cette dualité.En contraste avec le gouvernement actuel qui multiplie les actions, le P.S représente le vide.A l'heure où les difficultés auraient permis une véritable résurgence d'un mouvement social, nous n'avons trouvé qu'un ventre mou.C'est de ce vide, de cette absence que souffrent les socialistes et les sympathisants de gauche.

Tes propositions font appel au bon sens de chacun et à l'intérêt général.Le P.S est devenu un système bloqué parce que ne se renouvelant qu'avec ses éléments intérieurs.D'une organisation structurée, animée d'un idéal, nous sommes passés avec le temps à un système figé quasiment oligarchique où le pouvoir est devenu l'un des moteurs.Prendre le pouvoir et le garder, si possible à vie!Il n'y a plus d'échanges donc plus de mouvement.Ce n'est qu'une déformation de la démocratie à la limite de la caricature.Le P.S ne crée plus pour les générations montantes comme le faisaient les créateurs du mouvement. Nous sommes loin de Cincinnatus qui, une fois son oeuvre accomplie se retirait derrière sa charrue.Ramené à notre époque, il reprendrait le rythme métro, boulot, dodo....!

C'est pour cela que le prochain parti devra accepter le principe du non-cumul des mandats et le mettre dans sa charte de constitution afin de permettre un brassage d'idées et à des inconnus de se révéler.Faute d'avoir limité les mandats en nombre et dans le temps, le parti socialiste s'est fossilisé.Faudra-t-il que l'exemple vienne d'ailleurs et ce, de nos adversaires politiques?
Bien sûr, cela ne fait pas un programme mais permettrait à des inconnus de faire surface apportant des visions nouvelles.Il n'y a pas que dans les contes de notre enfance que tout se termine bien.Ce leader finira bien par arriver d'un horizon inconnu!