L'aide au développement est un travail de longue haleine, dont le résultat n'est perceptible que dans la durée.
Le plus beau succès de la coopération française est sans doute le développement dans les pays du Sahel africain, et au-delà, des filières nationales intégrées de production du coton. En dépit de toutes les variations des cours, du "coulage" assez répandu on s'en doute, et de la concurrence déloyale des Etats-Unis qui subventionnent lourdement leurs producteurs de coton, cette entreprise de développement a en plus d'un demi-siècle profondément modifé la vie de millions d'agriculteurs, a introduit au moins une petite prospérité dans des dizaines de milliers de villages, et inséré les pays concernés dans l'économie mondiale.
Ces filières, en effet gérées de façon centralisée, ont été un temps mises à mal par le dogmatisme libéral de la Banque Mondiale, qui avait enjoint aux pays concernés de les faire disparaître au profit de la libre concurrence et de la loi du marché. Le résultat désastreux des premières expériences de démantèlement a peu à peu amené la Banque Mondiale à mettre une sourdine à son enthousiasme libéral.
Or le suivi par notre Coopération de ce dispositif mis en place il y a plus de soixante ans par des ingénieurs et des fonctionnaires "coloniaux" visionnaires ne s'est jamais interrompu. L'Agence française de développement est aujourd'hui la lointaine héritière de ces pionniers.
Voici un autre bel exemple de succès produit par la continuité de l'effort, certes à plus petite échelle, mais, malheureusement, avec un résultat final plus mitigé.
Dans les années suivant la chute du Mur de Berlin, l'un de nos ministres -peut-être d'ailleurs était-ce Bernard Kouchner-, s'était rendu en Albanie pour y faire une évaluation de son système de santé. Le ministre et sa suite y avaient découvert avec surprise que de très nombreux postes clefs de grands établissements de santé étaient tenus par des médecins parfaitement francophones, formés aux méthodes françaises.
De retour à Paris, les collaborateurs du ministre s'étaient enquis auprès du ministère des affaires étrangères des voies et moyens d'un tel résultat. A la direction concernée, l'on était tout aussi intrigué et bien en peine de répondre. Finalement un vieil agent s'est souvenu que son voisin de bureau, parti depuis quelques années à la retraite, s'était en effet occupé des crédits de bourses sur cette partie du monde pendant une bonne vingtaine d'années: "Comme son propre prédécesseur, il donnait bon an mal an une ou deux bourses d'études à des étudiants en médecine albanais. Comme personne ne s'intéressait à lui, on le laissait faire."
-"et maintenant?"
-"comme je vous l'ai dit, il est parti à la retraite et n'a pas été remplacé. Et puis les crédits de bourses ont beaucoup baissé, cela doit bien faire cinq ou six ans que nous ne faisons plus venir en France de médecins albanais..."
Combien de chefs de service hospitalier albanais parlent aujourd'hui français et travaillent "à la française"? et combien seront-ils dans quinze ans?
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1 commentaire:
Bonjour!
je viens de lire votre post et je vois que vous mettez le mot "coloniaux" entre griffe. Pourquoi? Avez vous du mal avec le fait ue ces gens étaient réellement des colons??... Merci mais je ne crois pas que ces gens aient besoin de cette coopération interessée de l'AFD! Vous qui avez été ambassadeur, vous savez mieux que moi comment le systeme fonctionne! Alors un peu de courage, dénoncez le au lieu d'en faire l'éloge, de faire l'éléoge d'une coopération française qui serait "entravée" par une concurence déloyale des américians qui "subventionne leurs agriculteurs"? Comme si la france ne subventionnait pas les siens!!! Stop à la condescendance! L'Afrique, on ne l'aidera pas en soutenant des dictateurs et en éliminant des opposants comme ça a été fait apres les "indépendances" (et là y a vraiment matiere a mettre des griffes, et en tuant l'espoir! Alors vous prétendez de gauche? Agissez au lieu de faire dans l'auto jubilation!
Bien à vous!
PS: J'espere au moins que vous aurez l'élégance d'afficher mon commentaire et que vous ne le censurerez pas!
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