jeudi 24 janvier 2008

Dieu, le Pape, le Roi et notre Président

Le Président de la République a fait le choix d'étaler ses convictions religieuses aux yeux des Français, et même du monde entier, puisqu'il parle de Dieu et de ses prophètes dans ses déplacements à l'étranger, notamment auprès de fins connaisseurs, comme le Pape ou le Roi d'Arabie saoudite.

L'on est tenté de dire qu'il n'a pas été élu pour cela. "Dieu n'asservit pas l'homme, mais le libère" a-t-il assené à Riyad. C'est pourtant Dieu qui a conseillé au Président Bush, selon ses confidences télévisuelles, d'aller faire la guerre en Irak. C'est le même Dieu qui, à travers le Douzième Imam, encourage le Président Ahmadinejad à s'intéresser à l'énergie nucléaire et à "rayer Israël de la carte". Dieu sait (c'est le cas de le dire) ce qu'Il va souffler à l'oreille de notre Président. Espérons qu'en matière de restauration du pouvoir d'achat des Français, Il offrira à Nicolas Sarkozy des conseils plus pertinents, mutatis mutandis, que ceux qu'il glisse aux Présidents américain et iranien.

"Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n'y croient pas" nous explique doctement Nicolas Sarkozy. C'est vraiment la moindre des choses pour le Président de tous les Français. "La France a besoin de catholiques" nous dit-il encore à Saint-Jean de Latran. Quel est le rapport? Soyons charitables, classons cela dans les propos de circonstance. En bord de mer, il est normal de dire que la France a besoin de marins-pêcheurs.

Á d'autres moments, l'on voit percer un inquiétant raisonnement en trois temps : 1° "je ne connais pas de pays dont l'héritage n'ait pas de racines religieuses" 2° "les racines de la France sont essentiellement chrétiennes" 3° "j'ai le devoir de préserver l'héritage d'une longue histoire". Et notre Président explique alors que "la République a besoin "d'hommes et de femmes qui espèrent". Il appelle en conséquence à considérer les religions "comme un atout".

Quelle purée! elle veut d'abord faire croire qu'on ne peut espérer qu'au travers des religions. Elle mélange surtout deux notions distinctes : les croyances, qui relèvent des convictions individuelles, même quand elles sont partagées, et les religions, qui sont des faits sociaux, pesant donc sur l'évolution des sociétés, notamment au travers de leurs Églises. A cette aune, l'action des Églises dans l'histoire de France et l'histoire du monde a-t-elle été "globalement positive"? Á chacun son idée, nous n'avons pas besoin du Président pour nous la dicter.

Comme il est rafraîchissant de revenir aux sources : " La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. Elle ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte." Ce sont les phrases clefs de la loi de 1905. Serions-nous capables d'écrire, et de faire voter, ces simples phrases aujourd'hui?

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