lundi 22 février 2021

Le "nous et les autres" chez les Hongrois

Si l’Histoire avait des lois immuables, le petit peuple hongrois aurait dû depuis longtemps disparaître, perdre sa langue et se fondre dans les autres grands peuples qui l’entourent, le monde slave et le monde germanique. Or il a non seulement protégé son identité et sa langue, qui ne ressemble à aucune autre, au long d’un millénaire mais, en dépit de sa taille réduite, il est apparu au XXème siècle comme un pays de premier plan dans les domaines scientifique et culturel. Comment s’explique ce mystère ?

Les Hongrois, ou Magyars comme ils s’appellent eux-mêmes, ne sont à l’origine ni Indo-européens, ni Sémites. Ce sont des Turco-mongols, membres de tribus ougriennes, venant de la région des monts Altaï, situés en Asie centrale entre le Kazakhstan et la Mongolie d’aujourd’hui. Poussés par des migrations successives, ils arrivent au début du Xème siècle à leur destination définitive, la riche plaine de Pannonie, traversée par le Danube, entourée en partie par la chaîne montagneuse des Carpathes. Ils renoncent peu à peu à leurs pratiques de raids et de rapines, et avec le roi Étienne, autour de l’an mil, se sédentarisent, se christianisent, et créent un début d’administration territoriale.

Une symbiose originale

Ou plutôt, ils ne se christianisent qu’en partie, puisque, dès leur ultime migration, se trouvaient mêlées à eux des tribus amies, de religion juive, non pas originaires du Proche-Orient mais converties par des missionnaires venus d’Iran à l’époque de l’empire khazar, créé au VIIème siècle des deux côtés de la Volga. Ces Juifs retrouvent des coreligionnaires romanisés présents dans le bassin du Danube. Dès l’origine, se forme une symbiose très spécifique entre Juifs et Magyars.

Puis les rois hongrois, pour mettre, leur royaume à niveau de leurs voisins occidentaux plus avancés, pratiquent une politique active d’immigration, qui fait s’établir en Hongrie d’abord des Allemands, mais aussi des Slaves, des Italiens, des Français : moines, artisans, commerçants, cultivateurs. Et viennent aussi de l’Inde lointaine les Roms, qui représentent aujourd’hui près de 10 % de la population hongroise. Malgré son aspect très composite, cette population développe au fil des siècles un fort sentiment d’identité, traversant les invasions mongoles du XIIIème siècle, une occupation ottomane de plus de 150 ans entre XVIème et XVIIème siècles, puis la domination des Habsbourg jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale.

Certes, les mauvaises pratiques portées par les moines prêcheurs et les bulles papales à l’égard des communautés juives n’épargnent pas entièrement la Hongrie. Mais dans la grande vague de persécutions et de massacres de Juifs qui parcourt l’Europe dans la première moitié du XIVème siècle, ce pays est pour les Juifs un havre de paix et de sécurité. Un siècle plus tard, le roi Mathias dote la communauté juive d’un préfet, Judah Mendel, doté de contingents armés pour l’assister dans ses tâches d’administration. Il sera suivi par une lignée de six autres préfets. C’est ce Judah Mendel qui, lors de l’entrée solennelle de Mathias à Buda à l’occasion de son mariage, l’accueille à cheval, épée au côté, entouré d’une cohorte de jeunes cavaliers, avec habits et harnachements d’apparat, trompettes, armes et bannières.

L’occupation ottomane sur la plus grande partie du territoire hongrois coupe le pays du progrès des idées et des moeurs qui se déploie ailleurs en Europe. Elle protège en revanche la Hongrie de la contre-Réforme menée par les Habsbourg, et y préserve ainsi le protestantisme qui a prospéré dans l’est du pays. Elle protège également les Juifs. Les Ottomans en sont récompensés puisque lors d’un des sièges de Buda par les Impériaux, ces loyaux sujets du Sultan installent et servent à l’une des portes de la ville un canon de fort calibre qui fait des ravages chez l’ennemi.

Le passage à la modernité

Les Juifs sont en revanche massacrés quand Buda tombe définitivement aux mains des Habsbourg. Lors de la longue domination de ces derniers, l’originalité de la relation entre Juifs et Magyars tend à s’estomper. Le nouvel antisémitisme de l’ère industrielle pénètre aussi en Hongrie. Mais le début du XIXème siècle voit aussi se raviver le sentiment de cohésion nationale. De grands projets de modernisation sont mis en oeuvre, la langue est rénovée. Elle s’enrichit d’une littérature, et s’impose à la Diète, sorte de proto-parlement, où l’on discourait jusqu’alors en latin.

Lors du Compromis de 1867 entre les Habsbourg et les Hongrois qui vient panser les plaies de la guerre perdue d’indépendance de 1848, le pays acquiert une notable autonomie et recouvre sa souveraineté sur la Transylvanie, terre de langue hongroise, détachée de la Hongrie depuis le XVIème siècle. Dans la grande Hongrie qui est alors dessinée, les Magyars étendent leur propre domination sur de très importantes minorités : Slovaques, Roumains, Serbes, Croates. Seuls les Croates obtiennent une certaine dose d’autonomie. Les autres populations minoritaires sont faiblement représentées aux échelons locaux et centraux de l’administration et de la politique. Elles sont fortement bridées dans l’expression de leur propre sentiment national. Condamnées à l’altérité, elles n’appartiendront jamais à la nation hongroise.

Quant aux Juifs, ils acquièrent à la fin du XIXème siècle pleines égalité et citoyenneté. Si l’antisémitisme moderne a progressé, les idées libérales aussi. Et puis, la question s’est alors posée de les considérer, ou non, comme une minorité parmi d’autres. Si oui, la proportion de Hongrois tombait nettement en-dessous de 50 % de la population totale du pays. Les Juifs représentaient alors 5% de la population hongroise, et 20% de celle de Budapest. Pour légitimer la prédominance des Hongrois dans leur propre patrie, mieux valait donc avoir des Hongrois juifs que des Juifs hongrois. L’on entre dans l’Âge d’or de Budapest et du rôle éminent des Juifs dans la vie intellectuelle, littéraire, artistique, économique de la Hongrie. Si l’antisémitisme est bien là, il n’a rien d’institutionnel. Les jeunes Juifs entrent librement à l’université. Certes, ils y sont humiliés par leurs condisciples, mais ils se mettent alors à l’escrime pour affronter en duel leurs persécuteurs, deviennent rapidement les meilleurs et fondent ainsi la brillante tradition hongroise de ce sport.

La fin du pacte

Puis vient la tragédie de la Première guerre mondiale. Le Traité de Trianon, pour répondre à l’aspiration des minorités à s’affranchir du joug hongrois, retire à la Hongrie vaincue des deux tiers de son territoire. Elle perd en particulier au profit de la Roumanie le joyau qu’était la Transylvanie, mais où les Hongrois ne représentaient plus que 30 % de la population contre plus de 50 % aux Roumains. Avec le tracé des nouvelles frontières du pays, trois millions de Hongrois se trouvent désormais rejetés à l’extérieur, et réduits à leur tour à l’état de minoritaires en Roumanie, en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie. Les Hongrois « de l’intérieur » sont seuls désormais avec eux-mêmes. Ils n’ont plus besoin des Juifs pour conforter leur légitimité sur leur propre territoire. En outre, le gouvernement éphémère de Béla Kun, imitant la révolution soviétique, a eu le malheur d’être animé par une majorité d’intellectuels juifs. L’amiral Horthy, qui met fin à l’expérience, laisse se développer une « Terreur blanche » contre les Bolcheviks et leurs amis, donc contre les Juifs. Le pacte multiséculaire entre Magyars et Juifs est désormais en voie de se rompre.

Au lendemain de la Guerre, la Hongrie est le premier pays d’Europe à adopter une loi antisémite, en introduisant un numerus clausus à l’entrée de l’université. Il y en aura plusieurs autres, de plus en plus discriminantes. Mais rien n’ébranle la loyauté des Juifs à l’égard de leur patrie. Lorsque les communautés juives d’Europe et des États-Unis s’émeuvent, lorsqu’est saisie la Société des Nations, ils désavouent la sollicitude dont ils sont l’objet et demandent qu’on les laisse seuls régler leurs problèmes. Ils sont, comme tous les Hongrois, de fervents partisans d’une révision du Traité de Trianon, dont le régime a fait une grande cause nationale. Ils participent sans réserve à la campagne de magyarisation des patronymes d’origine étrangère (c’est ainsi que Blum devient Virág, qui veut aussi dire Fleur), et de réduction des dernières poches d’usage de la langue allemande, qui était encore la première langue de certains milieux ouvriers et d’une partie de la bourgeoisie. Rien n’y fait, les discriminations vont croissant sous l’effet de la fascinante montée du nazisme tout proche.

Lorsqu’éclate la Seconde guerre mondiale, la Hongrie se tient d’abord à l’écart. Puis, en 1941, Horthy rejoint Hitler dans l’invasion de l’URSS. Les Juifs mobilisés ne sont pas jugés dignes de porter le même uniforme que leurs compatriotes. Ils sont donc incorporés dans des bataillons de travailleurs spéciaux, voués aux tâches les plus pénibles et les plus dangereuses, et subissent de très lourdes pertes. En mars 1944, Hitler informé des tentatives de paix séparée conduites par le Régent Horthy, décide d’envahir le pays. Horthy, même s’il reste le chef de l’État en titre, est cantonné dans une semi-retraite. Il ne proteste pas contre la prise de contrôle des institutions par le parti nazi hongrois, les Croix Fléchées. Plus aucun obstacle n’empêche l’application à la Hongrie de la Solution finale, qui aboutit à l’extermination en quelques mois de plus de 400.000 Juifs. Police, gendarmerie et Croix Fléchées se comportent alors en collaborateurs zélés des Nazis.

Ainsi s’achève dans le drame l’histoire de la fusion intime des Magyars et des Juifs. Après 1945, plus rien ne pourra être comme avant. Le régime communiste dénie toute spécificité aux Juifs. Une fois celui-ci tombé, et après vingt ans d’expériences libérales et d’ouverture sur l’Europe, le retour à la tête du gouvernement de Viktor Orbán inaugure un tournant conservateur. Il n’y pas d’antisémitisme institutionnel, mais toute la politique menée est marquée par la nostalgie de la période Horthy et par une posture défensive à l’égard de l’extérieur, du cosmopolitisme, des atteintes au caractère hongrois. Orbán reprend un discours doloriste à l’égard du Traité de Trianon. Il ne réclame certes pas sa révision, mais veut ramener dans la nation hongroise tous les Hongrois situés depuis 1920 à l’extérieur des frontières. Le principal moteur de sa politique est la peur pour l’existence de la communauté, selon la formule utilisée en 1946 par le génial politologue István Bibó dans son livre sur la Misère des petits États d’Europe de l’Est. Et Bibó ajoutait cette phrase fulgurante, qui éclaire a contrario la situation actuelle de la Hongrie : Être démocrate, c’est être délivré de la peur.

Mais alors que se dissolvait le pacte entre Juifs et Magyars, quel feu d’artifice pour clôturer cette histoire ! Au cours de la première moitié du XXème, les émigrés hongrois, juifs pour la plupart, jouent un rôle éminent dans l’essor des arts nouveaux que sont la photographie et le cinéma. Et surtout, ils récoltent une dizaine de prix Nobel scientifiques, apportant une contribution décisive à la maîtrise de l’énergie atomique comme des mathématiques modernes et de l’informatique. À Los Alamos, dans l’enceinte du programme américain de la bombe atomique, les autres chercheurs regardent avec une perplexité admirative la table des Extraterrestres, où les Hongrois se retrouvent ensemble pour déjeuner…

Enfin, ces autres autres, les Roms

Un mot, pour terminer, des Roms, cette autre communauté présente sur tout le territoire, notamment dans l’est du pays, et située dans l’entre-deux hongrois du nous et des autres. Souvent soumis aux temps anciens à l’esclavage, divisés entre eux, à la fois craints et méprisés, les Roms se trouvent aujourd’hui enfermés dans une sorte de contre-culture, sur laquelle il est difficile d’agir. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux ont été assassinés par les Nazis. Par solidarité prolétarienne, le régime communiste a fait en leur faveur un important effort d’insertion. Il les intègre dans les fermes collectives et utilise leur force de travail dans ses ensembles industriels. Mais avec l’écroulement du système soviétique, l’agriculture redevient une affaire privée, et les grandes usines, désormais non-compétitives, s’arrêtent. Les Roms retombent donc dans leur situation antérieure. L’hostilité se ravive, car si l’on s’inquiétait peu de la disparition de pommes ou de poules collectives, on ne l’accepte plus quand elles relèvent de la propriété privée. L’extrême-droite hongroise a fait du rejet des Roms un de ses thèmes favoris.

La loi hongroise reconnaît aux Roms le statut de minorité, mais peu d’avantages concrets en découlent. Les enfants Roms sont ségrégués de fait dans le système scolaire et quittent tôt l’école. La plupart des familles vivent d’aides sociales. Le gouvernement de Viktor Orbán a mis en place, avec des résultats variables, un dispositif conditionnant le versement de certaines aides à la participation à des travaux d’intérêt collectif. Personne n’est encore parvenu à régler ou même à atténuer durablement ce lourd problème, ni en Hongrie, ni d’ailleurs dans les pays voisins également dotés d’une importante population rom. Une mobilisation à l’échelle européenne donnerait-elle de meilleurs résultats ? Peut-être, mais il faudrait en avoir vraiment envie, y mettre les moyens, et surtout être décidés à persévérer sur au moins deux ou trois générations.

mardi 9 février 2021

REVENIR AU PLUS VITE DANS L'ACCORD SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN

S’exprimant tout récemment sur l’actualité internationale devant l’Atlantic Council, Emmanuel Macron, abordant la crise nucléaire iranienne, s’est réjoui de la volonté de dialogue manifestée par la nouvelle administration américaine, en se déclarant « présent et disponible… pour tâcher d’être un médiateur dévoué et sans parti pris dans ce dialogue ». Cette offre éminemment positive a été aussitôt suivie par l’énoncé de ses vues sur le sujet : urgence de mener à bien de nouvelles négociations avec l’Iran, le pays étant « bien plus proche de la bombe nucléaire qu’il ne l’était avant la signature de l’accord » de juillet 2015 ; nécessité d’aborder « les questions des missiles balistiques et de la stabilité de la région" ; intérêt à trouver « un moyen de faire participer l’Arabie saoudite et Israël à ces discussions ». Ce sont en effet de vraies questions. Malheureusement, les afficher d’emblée risque de saper la crédibilité de la médiation envisagée. La tâche d’un médiateur est d’abord d’écouter et de sonder les uns et les autres, puis d’élaborer de façon aussi neutre que possible, par approches successives, une solution acceptable par tous. Le tout dans une totale discrétion. L’objectif semble désormais difficile à atteindre.

          L’Iran plus proche de la bombe ?


Que penser en outre des prises de position de notre Président ? L’Iran est-il bien plus proche de la bombe qu’à la veille de l’accord de Vienne ? Pas exactement. À la veille de cet accord, l’Iran disposait d’un stock d’uranium faiblement enrichi de plus du double de ce qu’il est aujourd’hui. Il disposait également d’un stock d’uranium enrichi à 20% plus de cinq fois supérieur à son stock actuel. Encore ce stock initial d’uranium à 20%, le plus inquiétant, avait-il été déjà divisé par deux en signe de bonne volonté peu après le début des négociations entamées en 2013. En revanche, après l’entrée en vigueur de l’accord conclu en 2015, le stock d’uranium de l’Iran s’est drastiquement réduit. Le stock d’uranium faiblement enrichi passe de quelque 7.000 à 300 kilogrammes, et le stock d’uranium enrichi à 20% disparaît. Mais l’Iran, à ce jour, en raison des infractions commises, a bien recommencé à reconstituer ses stocks. Si le souci principal est vraiment de l’éloigner de la capacité à produire l’arme nucléaire, la priorité absolue devrait donc être de revenir au plus vite à la pleine application de la lettre et de l’esprit de l’accord de Vienne : à savoir la stricte limitation de la production iranienne d’uranium enrichi en échange de la levée des sanctions. Ce qui implique le plein retour des Américains dans l’accord.

Et s’il est ensuite un but de négociation qui devrait l’emporter sur tous les autres, ce serait de consolider et de prolonger dans le temps cet accord, dont la principale faiblesse est la durée limitée. En effet, les contraintes acceptées par l’Iran commencent à se desserrer dès 2025. Les quatre ans qui nous séparent de cette date doivent être mis à profit, d’abord pour restaurer la confiance sérieusement écornée par l’application minimaliste de l’accord par les États-Unis, suivie de leur abrupte sortie en 2018. Ensuite pour bâtir dans l’esprit initial de l’accord un dispositif plus pérenne.

          Programme balistique, influence régionale


Restent, bien entendu, les autres questions soulevées par notre Président, qui rejoignent d’ailleurs la vision de l’administration Biden. Que penser d’une limitation du programme balistique iranien ? Un certain nombre de pays de la région ne pourraient que s’en réjouir. Pour pouvoir progresser sur ce sujet, encore faut-il comprendre la conception qu’en ont les Iraniens. Leur arsenal compense à leurs yeux le déficit de l’Iran en matière d’avions de combat, puisqu’il n’a pas accès aux grands fournisseurs internationaux, et que sa flotte aérienne est totalement obsolète. D’autre part, il voit ses missiles comme un instrument de deuxième frappe, donc de riposte au cas où son territoire se trouverait agressé. C’est donc pour lui sa meilleure, et même sa seule arme crédible de dissuasion. Ceci pour dire que l’on aura du mal à obtenir de lui des garanties en la matière si ceux qui l’inquiètent n’en n’offrent pas d’équivalentes. L’Iran n’a aucune raison d’être le seul à se laisser limer les dents. Il ne saurait y avoir de « mauvais missiles » iraniens et de « bons missiles » et avions de combat saoudiens ou israéliens.

La question fort importante de la stabilité de la région et de l’influence que l’Iran y exerce se pose à peu près dans les mêmes termes. Pour faire bref, l’un des moyens d’affaiblir « le front de la résistance » constitué autour de l’Iran serait de progresser dans la solution de la question israélo-palestinienne. Cela ne réglerait pas tout mais autoriserait enfin une détente sur le front régional. Ce jour venu, peut-être Israël et l’Arabie saoudite pourraient être associés à la concertation que le Président de la République appelle de ses vœux.

          La raison de l’Iran


L’Iran a fait dans le passé de grosses bêtises, il en fera encore à l’avenir. Ceci n’exclut pas qu’il puisse avoir parfois raison. Quand son ministre des Affaires étrangères Djavad Zarif appelle à la définition d’une« chorégraphie » permettant d’aboutir simultanément au plein retour des États-Unis dans l’accord de Vienne et au plein retour de l’Iran à ses propres obligations, la proposition paraît relever du simple bon sens. Il est curieux qu’elle se heurte encore à des tergiversations.

De même, quand le Guide suprême Ali Khamenei fait allusion à l’intérêt d’un processus de vérification de la mise en œuvre loyale des engagements pris par les partenaires de l’Iran, notamment en matière de levée de sanctions, de même que l’AIEA vérifie la bonne exécution des engagements nucléaires de l’Iran, il soulève une vraie question. Mais surtout, en cette affaire, il s’agit maintenant d’aller vite. Le temps utile pour dénouer la crise ne dépasse plus les quelques semaines. Car vient ensuite l’élection présidentielle iranienne, qui renvoie la capacité de renouer des contacts utiles avec Téhéran au-delà de l’été. Donc dans un futur incertain, si l’on considère à la fois les surprises pouvant sortir de l’élection et les troubles qui agitent la région.

Paru le 9 février dans Boulevard Extérieur