samedi 7 septembre 2013

Syrie : à la guerre on paye comptant

Clauzewitz expliquait en substance qu’à la guerre il y a un moment où il faut payer comptant. Nous y sommes en Syrie. Trop longtemps, nous avons un peu étourdiment tiré des traites sur l’avenir, en annonçant d’abord la chute prochaine de Bachar el Assad (et donc en négligeant de soutenir les efforts de Kofi Annan pour bâtir une solution politique), en promettant ensuite de fournir aux rebelles des armes (que nous n’avons toujours pas fournies), en déclarant enfin que ne nous ne tolérerions jamais l’usage d’armes chimiques. Ces traites arrivent maintenant à échéance, et nous voilà bien ennuyés. On pourrait envisager de les repousser, mais elles nous reviendraient alors plus tard, avec des intérêts aggravés.

Nous nous préparons donc à frapper Assad et à négocier avec celui que nous aurons frappé. C’est le sens des propos de Laurent Fabius au Sénat : « Nous voulons à la fois sanctionner et dissuader, répondre à cette atrocité pour éviter qu’elle ne se reproduise. Nous voulons aussi montrer à M. Bachar Al-Assad qu’il n’a pas d’autre solution que la négociation » et plus loin « La sanction n’est pas en contradiction avec la négociation politique, elle en est la condition. En effet, au nom de quoi peut-on penser que le dictateur Bachar Al-Assad reverra sa position et se rendra à la table des négociations si aucune sanction ne répond aux exactions abominables qui ont été commises ? ». Reste à convaincre Assad de venir négocier une sortie de crise dont nous avons toujours dit qu’il devait être exclu. Et de convaincre aussi l’opposition armée de venir négocier avec Assad, ce qu’elle a toujours refusé. Ce n’est pas le plus simple à régler de la lourde addition que nous avons accumulée.