vendredi 11 février 2011

Eyjafjallajokul, Stuxnet, même combat?

En 2007-2008, George W.Bush, qui envisage de frapper l’Iran, se heurte à la résistance de ses généraux qui n'ont aucune envie d'ouvrir un troisième front s'ajoutant à l'Irak et à l'Afghanistan. Il se rabat alors sur le choix d’un programme clandestin de déstabilisation du programme nucléaire iranien visant à dérégler ses systèmes électroniques de contrôle et de commande. C’était aussi une façon de dissuader Israël de mener une opération aérienne contre les installations nucléaires iraniennes. Obama, informé par son prédécesseur à son arrivée à la Maison Blanche, donne son aval à la poursuite du programme. C’est ainsi qu’est né le virus Stuxnet dans le Laboratoire national de l’Idaho, relevant du complexe nucléaire américain. Après avoir été testé par les Israéliens à Dimona sur des centrifugeuses proche du modèle iranien, Stuxnet est introduit en Iran courant 2009. Le virus est conçu pour pénétrer dans les ordinateurs avec lesquels il entre en contact par clef USB ou par liaison entre ordinateurs. Il y sommeille jusqu’à la rencontre de logiciels de pilotage de systèmes industriels, en l’occurrence ceux de Siemens. Il modifie alors les instructions de ces systèmes tout en émettant des informations faisant croire que tout fonctionne normalement. Il prévoit aussi de s’autodétruire, soit à date fixe, soit s’il est en danger d’être détecté. C'est ainsi qu'il à mis hors d’état de fonctionner un nombre important de centrifugeuses de l’usine de Natanz en déréglant leur rythme de rotation, et qu'il s’est introduit dans la centrale électronucléaire de Bushehr, construite avec l’aide des Russes.

C'est seulement à l’été 2010 que Stuxnet est identifié par les experts de la société biélorusse VirusBlokAda, sollicitée par les Iraniens. Entre-temps, il a migré dans un certain nombre de pays au-delà de l’Iran. Il y a quelque temps, l’ambassadeur de Russie à l’OTAN indiquait qu’un tel virus pourrait produire dans une centrale électro-nucléaire un accident de type Tchernobyl. Stuxnet apparaît donc comme un nouveau type d’arme majeure de la guerre électronique. A présent capturé et analysé, d’autres, à niveau étatique ou infra-étatique, vont pouvoir le faire évoluer pour viser de nouvelles cibles. L'on pense alors, entre autres exemples, aux ordinateurs du contrôle aérien ou à l'électronique embarquée de l'aviation civile. Une simple menace un peu crédible dans ce secteur pourrait semer dans les aéroports du monde entier, et par ricochet dans l'économie mondiale, un désordre au moins comparable à celui causé par l'éruption du sympathique volcan islandais Eyjafjallajokul.

mardi 8 février 2011

Tout ce que vous vouliez savoir sur l'Afghanistan...

... ou en tous cas sur la crise afghane, enfin compréhensible grâce à une "carte sonore" élaborée sur la base des textes et des enregistrements fournis par mon ami Georges Lefeuvre, et éditée par le journal de Genève le Temps. Elle est consultable en cliquant ici. Allez à la rencontre des groupes et des gens dont vous entendez constamment parler sans savoir exactement qui ils sont, où ils sont, ni ce qu'ils font. Retrouvez aussi le jeu des acteurs que sont les pays voisins, le rappel de ce qu'est la ligne Durand, ou des indications sur les voies de sortie de crise. Vous pourrez même conserver une trace écrite de tout cela en cliquant en bas à droite de la page pour obtenir une version PDF de ce beau travail.

Georges Lefeuvre, pour ceux qui ne le connaissent pas, est anthropologue et politologue, et l'un des plus fins connaisseurs de la région composée de l'Afghanistan et du Pakistan. Auteur de nombreux articles et études, il a en particulier publié dans le Monde diplomatique d'octobre dernier une analyse intitulée La frontière afghano-pakistanaise, source de guerre, clef de la paix, lecture indispensable pour ceux qui s'intéressent à la crise en cours. Il est aussi l'auteur de l'inoubliable article Ici, il n'y a pas la guerre ou Le voyage inutile, paru dans le Monde du 4 octobre 2001, qui racontait un voyage au coeur de l'Afghanistan à la veille du 11 Septembre et des orages de fer et de feu qui allaient bientôt s'y déverser.

Dans l'immédiat, allez vite regarder... et écouter! la carte dont je viens de vous parler.