mardi 28 août 2007

la France, l'Occident et les autres

Les Français de l'étranger membres du Parti socialiste ont élaboré à l'occasion de leur réunion annuelle à Paris un très bon papier d'analyse du discours de notre Président aux Ambassadeurs. J'espère qu'il sera diffusé par leur Fédération. Dommage que les journalistes et même les dirigeants de gauche qui se sont exprimés ne l'aient pas lu avant d'ouvrir la bouche.

Cela leur aurait en particulier évité d'y voir une quelconque inflexion dans les positions de Nicolas Sarkozy sur la question de l'adhésion turque à l'Europe. Pour qui lit bien le discours, notre Président ne s'oppose certes pas à la poursuite des négociations, mais sur les seules questions qui ne préjugent pas du choix entre adhésion pleine et entière et simple association.

Et notre président d'enfoncer le clou : "Je ne vais pas être hypocrite. Chacun sait que je ne suis favorable qu'à l'association. C'est l'idée que j'ai portée pendant toute la campagne électorale. C'est l'idée que je défends depuis des années. Je pense que cette idée d'association sera un jour reconnue par tous comme la plus raisonnable... J'ai dit au Premier Ministre turc : occupons-nous des trente chapitres compatibles avec l'association, on verra pour la suite. Il me semble que c'est une solution qui ne trahit pas le souhait des Français et qui, en même temps, permet à la Turquie d'avoir une espérance. Il est évident que si on devait refuser cette formule de compromis, je veux simplement rappeler que, pour la poursuite des discussions, il faut l'unanimité."

Comme on l'a compris, notre Président ne souhaite donc pas que l'on aille au delà de négociations compatibles avec l'association, et n'hésitera pas, si l'Europe franchissait cette ligne, à utiliser son droit de veto à Bruxelles. Franchement où est "l'inflexion" saluée par nos bons analystes?

Et puis, comme le souligne fort bien le papier des militants socialistes, mais ils sont pour le moment bien seuls à le dire, il y a, pour reprendre leurs termes, "le ton anxiogène du discours, basé essentiellement sur la notion totalement inacceptable de confrontation entre l'Islam (une religion) et l'Occident (un ensemble géographique). Cette vision du monde occidentalo-centriste est proche du néo-conservatisme américain et confirme une vision judéo-chrétienne de l'Europe. Il s'intéresse uniquement à la "securité du monde occidental" et exprime une phobie du monde arabe."

Il n'y a pas une virgule à changer à cette critique. Et quant aux solutions pour éviter cet affrontement apocalyptique, que propose notre Président? tout simplement "encourager, aider, dans chaque pays musulman les forces de modération et de modernité à faire prévaloir un Islam ouvert, un Islam tolérant, acceptant la diversité comme un enrichissement... Je souhaite que notre coopération renforce les programmes tournés vers l'ouverture et le dialogue des sociétés etc."

Nous sommes donc invités à convaincre les gentils Musulmans modérés de se débarrasser de leurs terroristes et à progresser vers... vers... pas la démocratie quand même, le mot n'est pas prononcé, on sait que ces gens-là en sont incapables, mais vers..."un mouvement des sociétés, encouragé par les gouvernements"... Là on marche sur la pointe des pieds...

Quel triste mélange de paternalisme et d'interventionisme! décidément, l'on est dans la droite ligne du discours de Dakar, où l'on a vu notre président célébrer "la souffrance de l'homme noir", puis "la profondeur et la richesse de l'âme africaine", sans oublier sa "sagesse ancestrale", ni "l'homme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires", mais pour rappeler aimablement que "dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Franchement, quelle politique étrangère va sortir d'une telle vision du monde?

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