mardi 30 septembre 2008

de l'amiante, de la faim, et du vent dans les éoliennes...

Mon ami l'éminent épidémiologiste Marcel Goldberg faisait remarquer que les risques de l'amiante n'ont vraiment commencé à intéresser les gens qu'au moment où des professeurs et des étudiants d'université, à Jussieu notamment, ont découvert qu'ils étaient insidieusement menacés par leur environnement. Jusque là, l'amiante ne tuait ou n'handicapait que des prolétaires, on le savait, mais les faiseurs d'opinion ne se sentaient pas concernés.

De même, les problèmes de la faim n'ont commencé à nous agiter, et surtout à émouvoir la Banque mondiale et bien d'autres spécialistes du développement, que lorsque la faim a commencé à toucher les gens des villes. La faim, on le savait bien, régnait déjà dans les campagnes du monde pauvre, mais il fallait des poussées de grandes famines pour déclencher des interventions humanitaires. Encore celles-ci ne résolvaient rien au fond. Car la faim dans les villages faisait partie, et fait encore partie, de l'ordre des choses.

La grande peur du nucléaire se nourrit aussi du sentiment général d'être menacé dans son quotidien par un ennemi invisible. Les risques statistiques, malgré les fuites deci delà de matières fissiles, et même malgré Tchernobyl, sont pourtant très faibles. Là où le nucléaire crée sans doute le plus de dommages, c'est dans sa partie amont, dans les processus d'extraction et de traitement du minerai d'uranium, mais là, l'on retrouve l'indifférence qui a longtemps entouré le sort des travailleurs de l'amiante. Et bien entendu, l'uranium tue infiniment moins que le charbon : officiellement, dix morts de mineurs par jour en Chine, et sans doute bien plus, si l'on considère le caractère informel de beaucoup d'exploitations.

Même les gentilles éoliennes qui nous fabriquent une énergie si propre, et qui rassurent notre mauvaise conscience quant au sort que nous préparons aux générations futures, posent aussi quelques problèmes : c'est qu'il faut d'abord les fabriquer, puis les insérer dans un milieu donné, enfin les entretenir. Les travailleurs espagnols d'une entreprise de réparation de pales d'éolienne ont été récemment très lourdement intoxiqués par les résines et les peintures qu'ils devaient utiliser. L'on ne manquera pas de voir un jour les inconvénients de l'énergie éolienne pour l'environnement quand elles seront plantées par centaines, peut-être par milliers, sur le plateau continental à proximité de nos côtes océaniques.

Question du même ordre en ce qui concerne les panneaux solaires. Les trois quarts de panneaux que s'apprête à installer l'Europe sur son territoire sont ou seront importés de Chine. Dans quelles conditions y sont-ils fabriqués? Lorsque l'on connaît le lourd ratio de production de CO2 des sources d'énergie chinoises, est-on bien sûr qu'au final le bilan de l'énergie ainsi produite sera aussi innocent qu'on le rêverait?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et moi qui les trouvais si élancées les éoliennes, tournant élegamment au gré du vent sans émettre de gaz toxique ! Adieu veaux, vaches, cochons, couvées....
Tragique destinée de l'homme. Doit-il retourner dans les cavernes et y dessiner des aurochs après avoir découvert le feu qui l'a sorti des ténèbres ?