Je ne peux m'empêcher de revenir sur le discours de notre président et sa tonalité profondément "anxiogène", comme l'ont si bien pointé nos militants socialistes de l'étranger.
Quel que soit le choc ressenti devant le terrorisme qui nous frappe, du 11 Septembre aux attentats de Londres, de Madrid, ou de la station de métro Saint-Michel, n'oublions jamais qu'il s'agit en quelque sorte des dégâts collatéraux d'un conflit qui déchire au premier chef le monde musulman lui-même. Les deuils qu'il crée dans ce monde-là, de l'Afghanistan au Maroc, en passant par l'Irak, le Proche-Orient et la Tchéchénie, sont infiniment plus nombreux que ceux qu'il a créés aux pires moments de crise en Amérique ou en Europe.
Quand Oussama ben Laden frappe les Twin Towers, il sait bien qu'il ne va pas faire s'effondrer les Etats-Unis et, avec eux, la "civilisation occidentale". Il cherche à démontrer qu'il est capable de prendre le leadership moral, puis politique, du monde musulman pour conquérir ensuite le reste du monde. Et ce fantasme marche en effet fort bien auprès de ces individus coincés par leur parcours personnel entre deux mondes, et frustrés de n'appartenir entièrement ni à l'un ni à l'autre. C'est bien le profil des auteurs des attentats du 11 septembre.
Le tragique en toute cette affaire, ce n'est pas "l'affrontement entre l'Islam et l'Occident", comme croit l'avoir découvert notre président, c'est l'implosion du monde musulman sur lui-même, c'est le malheur terrible que l'exaltation suicidaire de petites minorités fait peser sur lui.
Et notre président n'a pas à prendre ce ton docte pour lui expliquer comment se débarrasser de cette maladie qui le ronge. Après tout, il a fallu à cet "Occident" si volontiers donneur de leçons une guerre mondiale, ayant coûté au moins cinquante millions de morts, pour nous débarrasser de cette autre exaltation meurtrière qu'étaient le fascisme et le nazisme. Et là aussi, que de dégâts collatéraux provoqués par ce drame collectif!
S'il vous plaît, Monsieur le Président, assez de ces propos apocalyptiques destinés à faire peur aux bons Français. Dans la bouche de celui qui doit guider et incarner notre pays, ils sont aussi malvenus que le genre "y'a bon Banania" de votre déjà fameux discours de Dakar.
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