Le 5 juillet dernier un homme est lapidé en Iran pour adultère. La femme concernée attend son exécution.
Le 20 juillet je m'étonne dans mon tout nouveau blog du silence du gouvernement français, alors que de nombreux pays et institutions ont fait connaître leur émotion.
Le 27 juillet, le porte-parole du Quai d'Orsay annonce dans sa conférence de presse habituelle que le chargé d'affaires iranien a été convoqué au ministère "à la demande de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme" pour se voir notifier "l'extrême préoccupation" du gouvernement français à la suite de diverses exécutions en Iran : douze pendaisons le 22 juillet, s'ajoutant à une lapidation pour adultère.
Voilà donc le cas traité dans une protestation "omnibus", émise auprès d'un diplomate iranien qui n'est même pas l'ambassadeur, et non par Mme Yade elle-même, la chose n'étant sans doute pas de son niveau, mais par un fonctionnaire français d'un rang non révélé, mais que l'on peut présumer modeste. C'est ce qu'on appelle en diplomatie une démarche de routine. Et en bon français un service minimum.
Quelques jours avant, deux journalistes iraniens avaient été condamnés à mort pour "espionnage", mais de cela, le Quai d'Orsay, sans doute mal informé, n'a même pas parlé.
L'on a du mal, après cela, à prendre au sérieux les déclarations de Mme Yade, fort sympathique au demeurant, faites à la presse française le 24 juillet: "Je veux que, sur le terrain des Droits de l'Homme, chacun sache que la France est de retour. Qu'elle n'a jamais cessé d'être la patrie des Droits de l'Homme... Si je parviens à faire en sorte que les Droits de l'Homme soient au cœur de notre diplomatie, j'aurai rempli ma mission."
Si la France est de retour, disons, pour être charitable, qu'elle revient sur la pointe des pieds.
Enfin, il y a une brillante exception à cette discrétion: l'affaire libyenne!
Lisons à nouveau Mme Yade dans une déclaration à ce sujet: "Aujourd'hui, la libération des infirmières et du médecin bulgares est une victoire des Droits de l'Homme. Les négociations ont été dures, et leur libération jusqu'au bout incertaine, mais l'important est qu'ils soient enfin libres.
Le rôle essentiel de la France dans cette libération, par l'action courageuse et sans relâche de Cécilia et Nicolas Sarkozy, rappelle que la France, berceau des Droits de l'Homme, a plus que n'importe quel autre pays un devoir en matière de défense des droits fondamentaux."
Ah! qu'en termes galants ces choses-là sont dites! "L'action courageuse et sans relâche" du Président de la République et de son épouse a été, chacun le sait, de brève durée, et tout à fait subsidiaire dans cette libération, où l'Union européenne (incarnée en ce cas par Mme Benita Ferrero-Waldner), et non la France, a joué "le rôle essentiel". L'envoi d'un avion de la République française pour ramener les otages, et les risettes prodiguées au colonel Khadafi ne changent rien à l'affaire.
Non, Monsieur le Président de la République, non, Madame Sarkozy, il n'est pas décent d'instrumentaliser ainsi la cause des Droits de l'Homme au profit de votre image personnelle et du tirage des magazine "people".
Non, Madame le Secrétaire d'Etat, nous ne pouvons qu'être mal à l'aise de vous voir ainsi encenser vos supérieurs dans le plus pur style du culte de la personnalité. Les droits de l'homme méritent un autre langage que celui de la flatterie et de l'auto-satisfaction.
La France, patrie des Droits de l'Homme? c'est une démonstration qui doit être faite tous les jours, sur notre propre sol comme à travers le monde, par un travail opiniâtre, ingrat, souvent obscur, et pas simplement par un bon coup de pub!
actualité politique, vie internationale, coopération culturelle et aide au développement, français de l'étranger.
lundi 30 juillet 2007
samedi 28 juillet 2007
enseignement français à l'étranger: une ténébreuse promesse
La promesse de Nicolas Sarkozy d'instaurer dès la prochaine rentrée la gratuité pour les élèves français de seconde, de première et de terminale dans les établissements français de l'étranger est tout à fait révélatrice, à l'échelle de la communauté des français expatriés, d'une part des convictions profondes du candidat, d'autre part des ravages que celles-ci ne vont pas manquer d'entraîner, là comme en d'autres domaines.
De toutes les formules possibles pour séduire les électeurs français de l'étranger, le candidat a en effet choisi, comme en tant d'autres occasions, celle qui était la plus favorable aux riches, et la plus discriminatoire.
La plus favorable aux riches, car dans cette population d'élèves du lycée, les enfants de familles les plus démunies sont déjà titulaires de bourses, et n'ont donc rien à y gagner.
Suivent les familles à revenus moyens, non aidées, pour lesquelles l'éducation des enfants est une lourde charge, compte tenu des coûts élevés des écolages dans nos établissements à l'étranger. Celles-là seront gagnantes, et c'est justice.
Mais vient ensuite un effet d'aubaine incompréhensible pour les familles à hauts, voire très hauts revenus (pensons aux fameux exilés fiscaux, célèbres ou discrets) ainsi que pour les entreprises qui finançaient jusque là sans problème la scolarité des enfants de leurs cadres expatriés.
La plus discriminatoire aussi, car elle va créer une différence brutale de régime entre enfants français scolarisés dans notre système selon qu'ils ont atteint, ou non, le second cycle du secondaire.
Les ravages de la mesure dans nos communautés à l'étranger vont être visibles dès la prochaine rentrée, lorsque commenceront à se réunir les commissions de bourses, et que telle famille à la limite de l'éligibilité verra rejeter son dossier au moment même où tel enfant de famille fortunée se verra accueillir sans bourse délier.
Malgré ces crises annoncées, la tentation était-elle donc à ce point irrésistible de plaire toujours aux mêmes: les prospères, les puissants, les héritiers?
Question subsidiaire: d'ordinaire, lorsque l'on voit apparaître une mesure de ce type dans le programme d'un candidat, c'est qu'elle a été mûrie, portée et défendue par un parti, une association, un cercle de réflexion, un groupe de pression.
Dans cette affaire, c'est le mystère. L'idée n'était jamais apparue jusqu'à présent de financer ainsi, et de façon exclusive, le dernier cycle du secondaire à l'étranger. Le candidat n'ayant pas une connaissance intime des problèmes des Français établis hors de France, quelqu'un, forcément un notable, bien introduit dans son entourage, a dû la lui souffler.
En s'appuyant sur quels arguments, sur quelle logique? et qui donc peut-il bien être?
Peut-être un élu important des Français de l'étranger, appartenant à la mouvance politique du Président. Peut-être une personnalité dont les enfants, les petits-enfants, les neveux ou les petits-neveux pourraient se retrouver aujourd'hui ou demain bénéficiaires de la mesure.
L'on serait heureux que ce conseiller secret du Président de la République veuille bien se faire connaître. Qu'il veuille bien prendre ses responsabilités, face aux Français de l'étranger de toutes conditions et de toutes ressources. Beaucoup de choses se trouveront clarifiées. Le débat démocratique ne pourra qu'y gagner.
De toutes les formules possibles pour séduire les électeurs français de l'étranger, le candidat a en effet choisi, comme en tant d'autres occasions, celle qui était la plus favorable aux riches, et la plus discriminatoire.
La plus favorable aux riches, car dans cette population d'élèves du lycée, les enfants de familles les plus démunies sont déjà titulaires de bourses, et n'ont donc rien à y gagner.
Suivent les familles à revenus moyens, non aidées, pour lesquelles l'éducation des enfants est une lourde charge, compte tenu des coûts élevés des écolages dans nos établissements à l'étranger. Celles-là seront gagnantes, et c'est justice.
Mais vient ensuite un effet d'aubaine incompréhensible pour les familles à hauts, voire très hauts revenus (pensons aux fameux exilés fiscaux, célèbres ou discrets) ainsi que pour les entreprises qui finançaient jusque là sans problème la scolarité des enfants de leurs cadres expatriés.
La plus discriminatoire aussi, car elle va créer une différence brutale de régime entre enfants français scolarisés dans notre système selon qu'ils ont atteint, ou non, le second cycle du secondaire.
Les ravages de la mesure dans nos communautés à l'étranger vont être visibles dès la prochaine rentrée, lorsque commenceront à se réunir les commissions de bourses, et que telle famille à la limite de l'éligibilité verra rejeter son dossier au moment même où tel enfant de famille fortunée se verra accueillir sans bourse délier.
Malgré ces crises annoncées, la tentation était-elle donc à ce point irrésistible de plaire toujours aux mêmes: les prospères, les puissants, les héritiers?
Question subsidiaire: d'ordinaire, lorsque l'on voit apparaître une mesure de ce type dans le programme d'un candidat, c'est qu'elle a été mûrie, portée et défendue par un parti, une association, un cercle de réflexion, un groupe de pression.
Dans cette affaire, c'est le mystère. L'idée n'était jamais apparue jusqu'à présent de financer ainsi, et de façon exclusive, le dernier cycle du secondaire à l'étranger. Le candidat n'ayant pas une connaissance intime des problèmes des Français établis hors de France, quelqu'un, forcément un notable, bien introduit dans son entourage, a dû la lui souffler.
En s'appuyant sur quels arguments, sur quelle logique? et qui donc peut-il bien être?
Peut-être un élu important des Français de l'étranger, appartenant à la mouvance politique du Président. Peut-être une personnalité dont les enfants, les petits-enfants, les neveux ou les petits-neveux pourraient se retrouver aujourd'hui ou demain bénéficiaires de la mesure.
L'on serait heureux que ce conseiller secret du Président de la République veuille bien se faire connaître. Qu'il veuille bien prendre ses responsabilités, face aux Français de l'étranger de toutes conditions et de toutes ressources. Beaucoup de choses se trouveront clarifiées. Le débat démocratique ne pourra qu'y gagner.
jeudi 26 juillet 2007
non, Marx n'est pas mort!
Le marxisme-léninisme est mort, le stalinisme est mort (sauf dans son dernier refuge, la Corée du Nord, où il agonise encore). Le fascisme est mort, le national-socialisme est mort. Et on nous explique que le temps des idéologies est fini.
On nous explique que nous sommes parvenus à "la fin de l'Histoire", c'est-à-dire à la fin du temps où les hommes vivaient dans l'illusion qu'ils pourraient, en s'appuyant sur quelques idées simples, en se confiant à quelques-uns, se forger consciemment un avenir collectif, un avenir meilleur.
La leçon de l'échec des vieilles idéologies c'est qu'en effet les sociétés humaines sont beaucoup trop complexes pour pouvoir être conduites par quelques-uns, au nom quelques idées. Aujourd'hui, l'on nous explique que l'exaltation du capitalisme débridé, de la concurrence mondialisée, n'est pas une nouvelle idéologie, simplement une soumission aux lois de la nature.
Oui, bien sûr, au marché, oui à la concurrence, oui à l'initiative et à la libre entreprise. Mais penser que le jeu de ces quelques idées, conduit par quelques uns -les maîtres de la finance, de l'industrie, ou d'internet- puisse à lui seul conduire l'humanité au bonheur, c'est précisément retomber dans les illusions des vieilles idéologies.
Marx est mort, comme sont mortes les idéologies issues de sa pensée. Mais Marx disait: "je ne suis pas marxiste". La pensée de Marx, comme méthode de discernement des forces cachées, mais bien réelles, à l'oeuvre sous les idéologies triomphantes à tel ou tel moment de l'histoire, est elle, plus que jamais, vivante.
Comment ne pas voir que le capitalisme mondialisé conduit à l'émergence d'un prolétariat lui-même mondialisé? où chacun est mis en concurrence avec tout le monde? bien sûr, au moins dans les pays les plus avancés, la grande masse des salariés a atteint un évident bien-être par rapport au prolétariat du XIXème siècle. Sont-ils pour cela moins aliénés? moins soumis aux aléas du marché? moins sensibles au discours venu du fond des âges, et tenu aujourd'hui par tous les dirigeants du monde, de la Chine aux quatre coins d'Europe, qu'en travaillant plus, ils pourront gagner plus, et donc réaliser enfin leurs rêves?
Comment ne pas voir, comme l'avait prédit le vieux Marx, que ce capitalisme mondialisé conduit à la concentration croissante des fortunes, et surtout du pouvoir conféré par la fortune, qu'on la détienne en propre ou qu'on en soit l'intendant fidèle?
Un communiste hongrois désabusé m'avait confié un jour : "au fond, le cynisme était devenu le stade suprême du stalinisme". Avec le cynisme des Jaffré, des Messier, des Forgeard, des grands patrons de la finance et de l'industrie assis sur des salaires inouïs et des montagnes de stock-options, n'est-on pas en train d'atteindre le stade suprême du capitalisme?
On nous explique que nous sommes parvenus à "la fin de l'Histoire", c'est-à-dire à la fin du temps où les hommes vivaient dans l'illusion qu'ils pourraient, en s'appuyant sur quelques idées simples, en se confiant à quelques-uns, se forger consciemment un avenir collectif, un avenir meilleur.
La leçon de l'échec des vieilles idéologies c'est qu'en effet les sociétés humaines sont beaucoup trop complexes pour pouvoir être conduites par quelques-uns, au nom quelques idées. Aujourd'hui, l'on nous explique que l'exaltation du capitalisme débridé, de la concurrence mondialisée, n'est pas une nouvelle idéologie, simplement une soumission aux lois de la nature.
Oui, bien sûr, au marché, oui à la concurrence, oui à l'initiative et à la libre entreprise. Mais penser que le jeu de ces quelques idées, conduit par quelques uns -les maîtres de la finance, de l'industrie, ou d'internet- puisse à lui seul conduire l'humanité au bonheur, c'est précisément retomber dans les illusions des vieilles idéologies.
Marx est mort, comme sont mortes les idéologies issues de sa pensée. Mais Marx disait: "je ne suis pas marxiste". La pensée de Marx, comme méthode de discernement des forces cachées, mais bien réelles, à l'oeuvre sous les idéologies triomphantes à tel ou tel moment de l'histoire, est elle, plus que jamais, vivante.
Comment ne pas voir que le capitalisme mondialisé conduit à l'émergence d'un prolétariat lui-même mondialisé? où chacun est mis en concurrence avec tout le monde? bien sûr, au moins dans les pays les plus avancés, la grande masse des salariés a atteint un évident bien-être par rapport au prolétariat du XIXème siècle. Sont-ils pour cela moins aliénés? moins soumis aux aléas du marché? moins sensibles au discours venu du fond des âges, et tenu aujourd'hui par tous les dirigeants du monde, de la Chine aux quatre coins d'Europe, qu'en travaillant plus, ils pourront gagner plus, et donc réaliser enfin leurs rêves?
Comment ne pas voir, comme l'avait prédit le vieux Marx, que ce capitalisme mondialisé conduit à la concentration croissante des fortunes, et surtout du pouvoir conféré par la fortune, qu'on la détienne en propre ou qu'on en soit l'intendant fidèle?
Un communiste hongrois désabusé m'avait confié un jour : "au fond, le cynisme était devenu le stade suprême du stalinisme". Avec le cynisme des Jaffré, des Messier, des Forgeard, des grands patrons de la finance et de l'industrie assis sur des salaires inouïs et des montagnes de stock-options, n'est-on pas en train d'atteindre le stade suprême du capitalisme?
mardi 24 juillet 2007
aide au développement : le secret du succès
L'aide au développement est un travail de longue haleine, dont le résultat n'est perceptible que dans la durée.
Le plus beau succès de la coopération française est sans doute le développement dans les pays du Sahel africain, et au-delà, des filières nationales intégrées de production du coton. En dépit de toutes les variations des cours, du "coulage" assez répandu on s'en doute, et de la concurrence déloyale des Etats-Unis qui subventionnent lourdement leurs producteurs de coton, cette entreprise de développement a en plus d'un demi-siècle profondément modifé la vie de millions d'agriculteurs, a introduit au moins une petite prospérité dans des dizaines de milliers de villages, et inséré les pays concernés dans l'économie mondiale.
Ces filières, en effet gérées de façon centralisée, ont été un temps mises à mal par le dogmatisme libéral de la Banque Mondiale, qui avait enjoint aux pays concernés de les faire disparaître au profit de la libre concurrence et de la loi du marché. Le résultat désastreux des premières expériences de démantèlement a peu à peu amené la Banque Mondiale à mettre une sourdine à son enthousiasme libéral.
Or le suivi par notre Coopération de ce dispositif mis en place il y a plus de soixante ans par des ingénieurs et des fonctionnaires "coloniaux" visionnaires ne s'est jamais interrompu. L'Agence française de développement est aujourd'hui la lointaine héritière de ces pionniers.
Voici un autre bel exemple de succès produit par la continuité de l'effort, certes à plus petite échelle, mais, malheureusement, avec un résultat final plus mitigé.
Dans les années suivant la chute du Mur de Berlin, l'un de nos ministres -peut-être d'ailleurs était-ce Bernard Kouchner-, s'était rendu en Albanie pour y faire une évaluation de son système de santé. Le ministre et sa suite y avaient découvert avec surprise que de très nombreux postes clefs de grands établissements de santé étaient tenus par des médecins parfaitement francophones, formés aux méthodes françaises.
De retour à Paris, les collaborateurs du ministre s'étaient enquis auprès du ministère des affaires étrangères des voies et moyens d'un tel résultat. A la direction concernée, l'on était tout aussi intrigué et bien en peine de répondre. Finalement un vieil agent s'est souvenu que son voisin de bureau, parti depuis quelques années à la retraite, s'était en effet occupé des crédits de bourses sur cette partie du monde pendant une bonne vingtaine d'années: "Comme son propre prédécesseur, il donnait bon an mal an une ou deux bourses d'études à des étudiants en médecine albanais. Comme personne ne s'intéressait à lui, on le laissait faire."
-"et maintenant?"
-"comme je vous l'ai dit, il est parti à la retraite et n'a pas été remplacé. Et puis les crédits de bourses ont beaucoup baissé, cela doit bien faire cinq ou six ans que nous ne faisons plus venir en France de médecins albanais..."
Combien de chefs de service hospitalier albanais parlent aujourd'hui français et travaillent "à la française"? et combien seront-ils dans quinze ans?
Le plus beau succès de la coopération française est sans doute le développement dans les pays du Sahel africain, et au-delà, des filières nationales intégrées de production du coton. En dépit de toutes les variations des cours, du "coulage" assez répandu on s'en doute, et de la concurrence déloyale des Etats-Unis qui subventionnent lourdement leurs producteurs de coton, cette entreprise de développement a en plus d'un demi-siècle profondément modifé la vie de millions d'agriculteurs, a introduit au moins une petite prospérité dans des dizaines de milliers de villages, et inséré les pays concernés dans l'économie mondiale.
Ces filières, en effet gérées de façon centralisée, ont été un temps mises à mal par le dogmatisme libéral de la Banque Mondiale, qui avait enjoint aux pays concernés de les faire disparaître au profit de la libre concurrence et de la loi du marché. Le résultat désastreux des premières expériences de démantèlement a peu à peu amené la Banque Mondiale à mettre une sourdine à son enthousiasme libéral.
Or le suivi par notre Coopération de ce dispositif mis en place il y a plus de soixante ans par des ingénieurs et des fonctionnaires "coloniaux" visionnaires ne s'est jamais interrompu. L'Agence française de développement est aujourd'hui la lointaine héritière de ces pionniers.
Voici un autre bel exemple de succès produit par la continuité de l'effort, certes à plus petite échelle, mais, malheureusement, avec un résultat final plus mitigé.
Dans les années suivant la chute du Mur de Berlin, l'un de nos ministres -peut-être d'ailleurs était-ce Bernard Kouchner-, s'était rendu en Albanie pour y faire une évaluation de son système de santé. Le ministre et sa suite y avaient découvert avec surprise que de très nombreux postes clefs de grands établissements de santé étaient tenus par des médecins parfaitement francophones, formés aux méthodes françaises.
De retour à Paris, les collaborateurs du ministre s'étaient enquis auprès du ministère des affaires étrangères des voies et moyens d'un tel résultat. A la direction concernée, l'on était tout aussi intrigué et bien en peine de répondre. Finalement un vieil agent s'est souvenu que son voisin de bureau, parti depuis quelques années à la retraite, s'était en effet occupé des crédits de bourses sur cette partie du monde pendant une bonne vingtaine d'années: "Comme son propre prédécesseur, il donnait bon an mal an une ou deux bourses d'études à des étudiants en médecine albanais. Comme personne ne s'intéressait à lui, on le laissait faire."
-"et maintenant?"
-"comme je vous l'ai dit, il est parti à la retraite et n'a pas été remplacé. Et puis les crédits de bourses ont beaucoup baissé, cela doit bien faire cinq ou six ans que nous ne faisons plus venir en France de médecins albanais..."
Combien de chefs de service hospitalier albanais parlent aujourd'hui français et travaillent "à la française"? et combien seront-ils dans quinze ans?
dimanche 22 juillet 2007
Napoléon et Nicolas, même combat?
Ressemblances troublantes entre Nicolas Sarkozy et Napoléon Bonaparte :
1. tous deux sont, au moins par leur père, Français de première génération,
2. tous deux sont d'une ambition effrénée , prêts à tout pour arriver. Le jeune Bonaparte fait sa cour aux Directeurs, et notamment à Barras, dont il épouse la maîtresse, Joséphine, quand celui-ci veut lui faire une fin pour s'en débarrasser. Il fait tirer par la troupe sur les manifestants de la rue Saint-Honoré, ce qui lui permet d'obtenir le commandement de l'armée d'Italie,
3. tous deux sont évidemment hyperactifs au point de fasciner tous ceux qui les observent. Ils s'occupent de tout, s'intéressent à tout, savent tout mieux faire que les autres. Par voie de conséquence, ils considèrent leurs collaborateurs comme des incapables, et ne leur laissent aucune initiative. C'est la façon dont Napoléon se comportait avec ses Maréchaux,
4. tous deux veulent refonder les institutions, sont pris d'une boulimie législative et réglementaire : Bonaparte avec le Code civil, l'instauration du Consulat, la mise en place des préfets, Nicolas Sarkozy avec sa volonté de fonder une sorte de VIème république, et de créer un nouveau code du Travail (contrat unique, limitation du droit de grève, heures supplémentaires défiscalisées...),
5. tous deux ont un sens aigu de la communication. Toute entreprise, même médiocrement aboutie, est un brillant succès. Napoléon mène un certain nombre de batailles indécises, au résultat très lourdement payé. Mais dans les bulletins de la Grande Armée, chaque bataille livrée est une grande victoire. L'expédition d'Egypte est un désastre, le jeune Bonaparte regagne la France en abandonnant ses troupes, mais peu importe, l'image qui en reste, c'est "du haut des Pyramides, 40 siècles vous contemplent...",
De même, chaque fois que Nicolas Sarkozy va à Bruxelles, il y remporte, à l'entendre, un triomphe. Ce n'est que peu à peu qu'on apprend que les Polonais n'ont pas vraiment donné leur accord, que le traité dit "simplifié" est en fait fort compliqué, ou encore que les ministres des finances européens n'ont été qu'à moitié convaincus par l'exposé présidentiel de la politique économique française,
6. tous deux mènent à l'égard de leur opposition une politique combinée de cajôleries et d'intimidation. Bonaparte aussi, dès qu'il est Premier Consul, mène une politique de ralliement systématique des émigrés, et sème le trouble dans leurs rangs, comme aujourd'hui Sarkozy le sème au Parti socialiste,
7. tous deux, enfin, ont une mère pleine de bon sens. L'on peut parier que la maman de Nicolas soupire chaque soir avant de se coucher: "pourvu que ça dure...".
Et pour conclure, cette citation de Chateaubriand (qui l'écrivait, bien sûr, en pensant à Napoléon) : "En général, on parvient aux affaires par ce que l'on a de médiocre, et l'on y reste par ce que l'on a de supérieur. Cette réunion d'éléments antagonistes est la chose la plus rare, et c'est la raison pour laquelle il y a si peu d'hommes d'Etat."
1. tous deux sont, au moins par leur père, Français de première génération,
2. tous deux sont d'une ambition effrénée , prêts à tout pour arriver. Le jeune Bonaparte fait sa cour aux Directeurs, et notamment à Barras, dont il épouse la maîtresse, Joséphine, quand celui-ci veut lui faire une fin pour s'en débarrasser. Il fait tirer par la troupe sur les manifestants de la rue Saint-Honoré, ce qui lui permet d'obtenir le commandement de l'armée d'Italie,
3. tous deux sont évidemment hyperactifs au point de fasciner tous ceux qui les observent. Ils s'occupent de tout, s'intéressent à tout, savent tout mieux faire que les autres. Par voie de conséquence, ils considèrent leurs collaborateurs comme des incapables, et ne leur laissent aucune initiative. C'est la façon dont Napoléon se comportait avec ses Maréchaux,
4. tous deux veulent refonder les institutions, sont pris d'une boulimie législative et réglementaire : Bonaparte avec le Code civil, l'instauration du Consulat, la mise en place des préfets, Nicolas Sarkozy avec sa volonté de fonder une sorte de VIème république, et de créer un nouveau code du Travail (contrat unique, limitation du droit de grève, heures supplémentaires défiscalisées...),
5. tous deux ont un sens aigu de la communication. Toute entreprise, même médiocrement aboutie, est un brillant succès. Napoléon mène un certain nombre de batailles indécises, au résultat très lourdement payé. Mais dans les bulletins de la Grande Armée, chaque bataille livrée est une grande victoire. L'expédition d'Egypte est un désastre, le jeune Bonaparte regagne la France en abandonnant ses troupes, mais peu importe, l'image qui en reste, c'est "du haut des Pyramides, 40 siècles vous contemplent...",
De même, chaque fois que Nicolas Sarkozy va à Bruxelles, il y remporte, à l'entendre, un triomphe. Ce n'est que peu à peu qu'on apprend que les Polonais n'ont pas vraiment donné leur accord, que le traité dit "simplifié" est en fait fort compliqué, ou encore que les ministres des finances européens n'ont été qu'à moitié convaincus par l'exposé présidentiel de la politique économique française,
6. tous deux mènent à l'égard de leur opposition une politique combinée de cajôleries et d'intimidation. Bonaparte aussi, dès qu'il est Premier Consul, mène une politique de ralliement systématique des émigrés, et sème le trouble dans leurs rangs, comme aujourd'hui Sarkozy le sème au Parti socialiste,
7. tous deux, enfin, ont une mère pleine de bon sens. L'on peut parier que la maman de Nicolas soupire chaque soir avant de se coucher: "pourvu que ça dure...".
Et pour conclure, cette citation de Chateaubriand (qui l'écrivait, bien sûr, en pensant à Napoléon) : "En général, on parvient aux affaires par ce que l'on a de médiocre, et l'on y reste par ce que l'on a de supérieur. Cette réunion d'éléments antagonistes est la chose la plus rare, et c'est la raison pour laquelle il y a si peu d'hommes d'Etat."
vendredi 20 juillet 2007
lapidations en Iran
Début juillet, un homme a été lapidé en Iran. Cela s'est passé en province, sur l'ordre d'un juge qui avait condamné un couple pour adultère. La femme attend.
Pourtant, en 2002, suite aux protestations des pays européens représentés à Téhéran, le pouvoir judiciaire avait déclaré un "moratoire" sur les lapidations. Il y avait eu ensuite des condamnations, mais toutes avaient été suspendues sur l'ordre de la Cour suprême, à qui doit être soumise toute condamnation à mort avant exécution.
Il semble que le juge de cette dernière affaire n'ait pas attendu le retour du dossier de la Cour suprême pour ordonner la mise à exécution de sa sentence. Une enquête administrative a été ouverte sur place.
Quoi qu'il en soit, plusieurs pays, notamment européens, ont protesté auprès du gouvernement iranien contre la rupture de la parole donnée.
La France n'a encore rien fait, en tous les cas publiquement. Madame Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, par ailleurs éminemment sympathique, n'a apparemment pas bougé.
Le Président de la République avait pourtant déclaré au soir du deuxième tour : "Je veux dire... à toutes les femmes martyrisées dans le monde, je veux leur dire que la fierté, le devoir de la France sera d'être à leurs côtés... la France n'abandonnera pas les femmes qu'on condamne à la burqa, la France n'abandonnera pas les femmes qui n'ont pas la liberté. La France sera du côté des opprimés du monde."
Est-on bien certain d'avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir pour cette femme qui attend en prison? pour obtenir du pouvoir iranien l'assurance que l'affreuse "bavure" qui vient d'avoir lieu ne se reproduira pas?
post-scriptum : comme chacun sait, la lapidation n'est pas prescrite par le Coran. Le Prophète Mohammad punissait l'adultère de coups de fouet, et encore sur témoignage de quatre personnes. Pour le VIIème siècle après Jésus-Christ, du temps des Mérovingiens, ce n'était pas si mal... Comment avoir ainsi régressé?
Pourtant, en 2002, suite aux protestations des pays européens représentés à Téhéran, le pouvoir judiciaire avait déclaré un "moratoire" sur les lapidations. Il y avait eu ensuite des condamnations, mais toutes avaient été suspendues sur l'ordre de la Cour suprême, à qui doit être soumise toute condamnation à mort avant exécution.
Il semble que le juge de cette dernière affaire n'ait pas attendu le retour du dossier de la Cour suprême pour ordonner la mise à exécution de sa sentence. Une enquête administrative a été ouverte sur place.
Quoi qu'il en soit, plusieurs pays, notamment européens, ont protesté auprès du gouvernement iranien contre la rupture de la parole donnée.
La France n'a encore rien fait, en tous les cas publiquement. Madame Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, par ailleurs éminemment sympathique, n'a apparemment pas bougé.
Le Président de la République avait pourtant déclaré au soir du deuxième tour : "Je veux dire... à toutes les femmes martyrisées dans le monde, je veux leur dire que la fierté, le devoir de la France sera d'être à leurs côtés... la France n'abandonnera pas les femmes qu'on condamne à la burqa, la France n'abandonnera pas les femmes qui n'ont pas la liberté. La France sera du côté des opprimés du monde."
Est-on bien certain d'avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir pour cette femme qui attend en prison? pour obtenir du pouvoir iranien l'assurance que l'affreuse "bavure" qui vient d'avoir lieu ne se reproduira pas?
post-scriptum : comme chacun sait, la lapidation n'est pas prescrite par le Coran. Le Prophète Mohammad punissait l'adultère de coups de fouet, et encore sur témoignage de quatre personnes. Pour le VIIème siècle après Jésus-Christ, du temps des Mérovingiens, ce n'était pas si mal... Comment avoir ainsi régressé?
mardi 17 juillet 2007
bonjour, blog!
Un peu fatigué d'envoyer des messages à tout le monde, je saute moi aussi le pas et crée mon propre Blog. Qui m'aime (ou ne m'aime pas , ou même ne me connaît pas...) me lise!