jeudi 26 juillet 2007

non, Marx n'est pas mort!

Le marxisme-léninisme est mort, le stalinisme est mort (sauf dans son dernier refuge, la Corée du Nord, où il agonise encore). Le fascisme est mort, le national-socialisme est mort. Et on nous explique que le temps des idéologies est fini.

On nous explique que nous sommes parvenus à "la fin de l'Histoire", c'est-à-dire à la fin du temps où les hommes vivaient dans l'illusion qu'ils pourraient, en s'appuyant sur quelques idées simples, en se confiant à quelques-uns, se forger consciemment un avenir collectif, un avenir meilleur.

La leçon de l'échec des vieilles idéologies c'est qu'en effet les sociétés humaines sont beaucoup trop complexes pour pouvoir être conduites par quelques-uns, au nom quelques idées. Aujourd'hui, l'on nous explique que l'exaltation du capitalisme débridé, de la concurrence mondialisée, n'est pas une nouvelle idéologie, simplement une soumission aux lois de la nature.

Oui, bien sûr, au marché, oui à la concurrence, oui à l'initiative et à la libre entreprise. Mais penser que le jeu de ces quelques idées, conduit par quelques uns -les maîtres de la finance, de l'industrie, ou d'internet- puisse à lui seul conduire l'humanité au bonheur, c'est précisément retomber dans les illusions des vieilles idéologies.

Marx est mort, comme sont mortes les idéologies issues de sa pensée. Mais Marx disait: "je ne suis pas marxiste". La pensée de Marx, comme méthode de discernement des forces cachées, mais bien réelles, à l'oeuvre sous les idéologies triomphantes à tel ou tel moment de l'histoire, est elle, plus que jamais, vivante.

Comment ne pas voir que le capitalisme mondialisé conduit à l'émergence d'un prolétariat lui-même mondialisé? où chacun est mis en concurrence avec tout le monde? bien sûr, au moins dans les pays les plus avancés, la grande masse des salariés a atteint un évident bien-être par rapport au prolétariat du XIXème siècle. Sont-ils pour cela moins aliénés? moins soumis aux aléas du marché? moins sensibles au discours venu du fond des âges, et tenu aujourd'hui par tous les dirigeants du monde, de la Chine aux quatre coins d'Europe, qu'en travaillant plus, ils pourront gagner plus, et donc réaliser enfin leurs rêves?

Comment ne pas voir, comme l'avait prédit le vieux Marx, que ce capitalisme mondialisé conduit à la concentration croissante des fortunes, et surtout du pouvoir conféré par la fortune, qu'on la détienne en propre ou qu'on en soit l'intendant fidèle?

Un communiste hongrois désabusé m'avait confié un jour : "au fond, le cynisme était devenu le stade suprême du stalinisme". Avec le cynisme des Jaffré, des Messier, des Forgeard, des grands patrons de la finance et de l'industrie assis sur des salaires inouïs et des montagnes de stock-options, n'est-on pas en train d'atteindre le stade suprême du capitalisme?

2 commentaires:

  1. je suis d'accord sur le fait de reconnaitre dans l'analyse de Marx beaucoup de pertinence sur l'évolution du capitalisme financier actuel et qu'il faut le garder comme grille de comprehension. Une grande différence cependant m'apparait dans l'anonymat des plus grands "capitalistes" actuels que sont les fonds de pensions. Si on ne prend pas garde de maintenir la solidarité entre les générations par les retraites par répartition on ne peut que céder à la pression du "retour sur investissement" pour payer les retraites par capitalisation. C'est un grand danger d'exacerber la concurrence entre la rentabilité du capital au détriment de l'attribution de la plus value au facteur travail. C'est un système pervers à dénoncer et prendre en compte dans notre analyse et nos propositions pour le projet socialiste. nicole f.

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  2. C'est ça qui est drôle avec Karl le cousin de Groucho, c'est qu'il n'était pas lui même marxiste, mais qu'il a réussi à faire croire en la substance de la matière. Il remplacé l'idée de Dieu en bon athée qu'il était par un ensemble de lois historiques conduisant à un dessein caché de l'Histoire, et il a réussi à vendre la fable à ses contemporains révolutionnaires et à leurs survivants en tant que loi scientifique. Un faussaire fabriquant une grossière contrefaçon arrivant à vendre sa camelote à des illuminés. Un bel exemple marchand montrant que la Science descriptive du réel n'est qu'une représentation de ce dernier. Marx a été le premier scientiste établissant un lien fallacieux avec la philosophie. Pas étonnant donc que lorsque l'on a tenté de réaliser sa vison, cela ait toujours lamentablement échoué. Le point de départ sur lequel il a échafaudé sa théorie, croire que l'on a accès au réel et que l'Histoire en constitue son développement était vicié et il ne pouvait en avoir conscience. Chaque époque limite la vision que l'on peut se faire du réel, et c'est tout ce que l'on peut en dire.

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