Avant de partir pour l'Iran je tombe sur cet extrait de l'allocution de notre Président aux Français des Etats-Unis, très significative de sa façon de fonctionner et de décider : méfiance à l'égard des fonctionnaires, confiance dans le cercle doré des amis fortunés.
Il s'agit en l'occurrence de la mise en place cet automne de la gratuité pour les élèves de classe de terminale dans les établissements français à l'étranger. Première étape d'une mesure promise en effet par le candidat au cours de sa campagne. Mesure qui n'était soutenue par personne, à droite comme à gauche. Car le bon sens conduisait à constater que la gratuité réservée à la fin du secondaire créait un effet de discrimination difficilement supportable entre niveaux scolaires, et aboutissait à dépenser de l'argent public pour un certain nombre de familles qui n'en avaient pas besoin. La mesure s'applique en effet sans plafond de ressources pour les familles, ni plafond des écolages pour les établissements.
Voici donc les propos du Président :
"Je vais vous parler très librement ... Il y avait tellement de choses à faire que j'étais presque au point de me laisser faire par la machine administrative qui m'avait dit : "naturellement votre engagement de campagne, c'est un engagement de campagne. Il faut l'oublier". "Eh bien, non. Vous allez voir, on va faire la même chose". Oui, c'était peut-être la même chose, mais cela coûtait beaucoup moins cher. Je me suis quand même dit, à un moment, que ce n'était pas tout à fait la même chose, "on va multiplier les bourses, vous allez voir, cela va arriver". Guy m'a téléphoné en me disant que je n'avais pas le droit de faire cela.
Je suis quand même heureux parce que la scolarité en terminale, c'est gratuit et c'est quand même quelque chose qu'il fallait et que j'avais promis. "
Qui est le fameux Guy dont le coup de téléphone a emporté la conviction du Président, contre l'avis de toutes les associations de parents d'élèves, de tous les syndicats d'enseignants, de l'administration des Affaires étrangères et de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger? car tous considéraient que le même argent serait plus utilement et équitablement distribué en abondant le niveau des bourses scolaires, tous niveaux confondus.
Il s'agit de Guy Wildenstein, Français tout à fait honorable, puisqu'il siège à l'Assemblée des Français de l'étranger. Il est aussi marchand d'art connu dans le monde entier, à la tête d'une immense fortune. L'a-t-il constituée à la force du poignet? non, il l'a héritée de son père, lui-même marchand de tableaux, qui avait fait l'essentiel de la réputation de la galerie Wildenstein.
Joue-t-il un rôle social positif, prend-il des risques importants, en promouvant de jeunes créateurs, en défendant l'art contemporain? non, son fond de commerce est la peinture du XVème au XIXème siècle. Son coeur de métier est donc purement spéculatif : il s'agit d'acheter le moins cher possible et de revendre le plus cher possible des artistes morts depuis longtemps, dont la célébrité a été faite par d'autres. Pour être complet, reconnaissons aussi qu'il est un généreux mécène.
Et ajoutons, pour revenir au coeur de notre sujet, qu'il réside à New-York et qu'il a fait toutes ses études au Lycée français de cette ville. A-t-il eu, a-t-il encore en classe terminale de ce célèbre établissement privé des enfants, ou des petits-enfants, ou des neveux, que sais-je? A vrai dire peu importe, mais le monde qu'il fréquente en a certainement. Il ne sont pas dans le besoin. Ils n'ont en particulier besoin ni de bourses, ni de gratuité de l'enseignement. Ce sont eux, cependant, qui ont forgé sur ce sujet la conviction de notre Président.
mardi 20 novembre 2007
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1 commentaire:
En effet, voir ci-dessous. J'ignorais cependant qu'un appel téléphonique était à l'origine de la décision.
Peut-être devrions-nous utiliser ce même procédé pour obtenir l'abandon de cette mesure ?!
Titre : 6 Novembre 2007, Washington DC, Rencontre du Président avec la communauté française
Description : Plus de 1200 Français de la côte Est des Etats-Unis s?étaient réunis à l?Ambassade de France de Washington pour écouter le chef de l?Etat le 6 novembre dernier. Accueilli chaleureusement, le discours du Président Sarkozy à l?adresse de la communauté française expatriée a loué les valeurs de courage et de travail des concitoyens qui prennent parfois de grands risques personnels pour s?établir hors de France. A ce titre, le Président a souligné le rôle déterminant de Guy Wildenstein pour décider le gouvernement à instaurer la gratuité des frais de scolarité dans les lycées français. «Pourquoi pénaliser davantage les Français qui prennent des risques ?» a déclaré le chef de l?Etat, qui a ajouté sous des applaudissements tonitruants que chaque année, la gratuité serait étendue à une nouvelle classe du lycée de la Terminale à la seconde.
Date d'envoi : 14/11/2007
Médias : 5
Lien : http://www.jeunesumpusa.com/adm/ajax.php?section=/albums/list_objects&id=28
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