(traduction de l’anglais, texte paru sur le site américain Lobelog)
Pour comprendre l’émotion unanime qui s’est emparée de la
population française et la soulève encore aujourd’hui à la suite du massacre
qui s’est produit au siège de Charlie Hebdo, il faut garder à l’esprit que les
journalistes et les caricaturistes de cet hebdomadaire étaient immensément
populaires chez les Français : non comme des stars des médias, non comme d’intimidants
intellectuels, mais comme des bons copains vivant pas très loin, sur lesquels l’on
est toujours content de tomber au café d’à côté pour partir dans une bonne poilade,
un feu d’artifice de blagues sur l’actualité française et mondiale. Plus c’est
gros, mieux ça passe, il n’est plus question de bon ou mauvais goût. A vrai
dire, le mauvais goût s’était imposé dès la mort de de Gaulle, avec la fameuse
couverture : « bal tragique à Colombey, un mort » et est resté
depuis omniprésent. Mais les plaisanteries n’étaient jamais haineuses ;
même leurs pires ennemis : le Pen et sa fille, les Nazis, les néo-Nazis et
tous les bigots du monde, n’étaient jamais dépouillés de leur personnalité, de
leur qualité d’être humain. L’on pouvait presque croire qu’après un dernier
éclat de rire, et une grande claque dans le dos, tout pourrait s’arranger.
Et ceci a fonctionné pendant plus de quarante ans. Au moins
deux générations de Français ont baigné dans cet humour, non seulement à
travers Charlie Hebdo, dont les premières pages étaient visibles chaque semaine
dans tous les dépôts de journaux, mais aussi à travers les dessins et les
chroniques (à l’humour un peu mieux bridé) que les mêmes journalistes livraient
à de nombreux journaux et magazines. Wolinsky, Cabu, étaient en particulier extraordinairement
prolifiques et leur coup de crayon était familier à tous les foyers français.
Les collaborateurs de Charlie Hebdo savaient bien sûr que
leurs plaisanteries sur l’Islam et ses dérives pourraient leur attirer de très
mauvaises plaisanteries en retour. Après l’incendie criminel qui avait frappé
leur siège en 2011, ils avaient fait le choix de ne pas varier de ligne. Leur
directeur, Charb, avait lâché : « mieux vaut mourir debout que vivre
à genoux ». C’est ce qui est arrivé le 7 janvier dernier.
Paix à ces cœurs braves et purs… Beaucoup de grandes rigolades
là-haut… et merci en leur nom pour tout le soutien qui s’est si immédiatement
et spontanément exprimé à travers le monde.
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