C’est là que vivent sur un mode tribal environ 700.000 Amérindiens répartis en quelque 200 communautés. Ils représentent une petite part des descendants des dix à quinze millions d’autochtones présents au Brésil à l’époque de la conquête européenne. L’immense majorité des descendants de ces derniers – pour ceux qui n’ont pas été massacrés ou décimés par les maladies – s’est fondue dans la population d’origine européenne et africaine et en a adopté les modes de vie.
Le souci de protection des Indiens dans leur mode de vie
traditionnel est apparu au Brésil au début du XXème siècle. La première
institution de cet objet, le Service de protection des Indiens (SPI), a
imparfaitement rempli son rôle et a mal résisté à la pression constante d’appropriation
de terres amazoniennes, notamment à l’époque de la dictature militaire. Celle-ci (parfois avec l’aide de la Banque mondiale), lance dans les années 1960 de
grands projets d’intégration de la région dans l’économie moderne, notamment
autour de la construction des 4.000 kilomètres de la route transamazonienne.
A
la suite d’un scandale portant sur ses façons d’agir : massacres, mises en
esclavage, abus sexuels, corruption, expropriations…, le SPI est remplacé en
1967 par la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI), toujours en place
aujourd’hui. En 1988, la nouvelle constitution du Brésil démocratique définit
les droits des peuples autochtones. Le dispositif est très protecteur mais les
moyens peinent à suivre. Le processus de cadastrage des terres protégées se
fait lentement et donne lieu à de nombreux conflits. Beaucoup de colons et
d’entreprises agissent en contravention ouverte avec les lois existantes.
Faute
d’une politique de protection drastique, la forêt amazonienne continue de reculer,
au Brésil d’abord, mais aussi, et pour les mêmes raisons, dans les pays voisins.
La construction en cours du grand barrage de Belo Monte sur l’un des affluents
de l’Amazone est l’un des exemples les plus visibles des modifications
apportées à l’écosystème et à l’ethnosystème amazoniens. Les communautés
indiennes d’Amazonie sont pénétrées par le monde moderne, et la survivance de tribus
isolées, vivant en autosuffisance de pêche, de chasse, de cueillette,
d’agriculture sur brûlis, apparaît comme un phénomène de plus en plus marginal.
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