mercredi 16 juillet 2008

Volontaires internationaux : vers une relance du dispositif?

Une bonne nouvelle, au moins au niveau des intentions, nous arrive du secrétaire d'Etat à la coopération : Alain Jouyandet vient d'annoncer le projet de tripler le nombre de volontaires internationaux sur le continent africain en réorganisant profondément le dispositif actuel. Il indique aussi sa volonté de mieux mobiliser qu'aujourd'hui les retraités récents prêts à apporter leur expérience à l'étranger. A l'horizon 2012, 15.000 coopérants devraient ainsi être à l'oeuvre sur le terrain en Afrique.

Il était temps, huit ans après la loi de 2000 qui a créé les volontaires internationaux pour remplacer les volontaires du service national, disparus avec le service obligatoire.
En effet, malgré une première réforme par la loi en 2005, le dispositif est aujourd'hui nettement sous-utilisé. Ceux qui en ont tiré le meilleur parti ont été les entreprises : 5.500 volontaires à leur service en 2007. Du côté des administrations, 1.000 volontaires servent actuellement à l'étranger pour le ministère des affaires étrangères et 200 environ auprès du ministère des finances, pour l'essentiel dans les missions économiques.

Viennent enfin les volontaires de solidarité internationale, envoyés sur le terrain par des organisations non-gouvernementales. La première de ces ONG est l'Association française des volontaires du progrès, d'ailleurs subventionnée à 50% par le ministère des affaires étrangères. L'on compte environ 2.000 volontaires de solidarité internationale à travers le monde.

Mais enfin, par rapport à tous les autres, ces volontaires de terrain sont en minorité, ce qui est vraiment dommage. Les entreprises utilisent fort naturellement leurs volontaires en fonction de leurs objectifs économiques, et l'administration trop souvent dans des emplois de confort (cuisiniers, maîtres d'hôtel dans les ambassades), ou de bouche-trous dans différents services, notamment culturels : beaucoup d'informaticiens gèrent ainsi les parcs d'ordinateurs du réseau diplomatique, ou s'occupent des sites internet des ambassades et consulats. L'administration dispose de cette façon d'une main-d'oeuvre d'appoint à bon marché. Mais on est vraiment très loin des objectifs initiaux de formation et d'ouverture au monde par le service apporté aux autres : ce devrait être cela, le "co-développement"!

Reste maintenant à traduire les intentions en actes. Nous regarderons de près la montée en puissance du dispositif. Mais saluons dès à présent la chance qui s'ouvre de voir renaître, sous une forme rénovée, cette coopération "à la française", appuyée sur un réseau dense d'assistants techniques proches des populations, que l'indifférence et les restrictions budgétaires avaient presque entièrement laminée au fil des ans.

P.S. Sans attendre, un chiffre intéressant : les volontaires de solidarité internationale, coopérants de terrain, donc, comptent aujourd'hui plus de femmes (55%) que d'hommes (45%). Bravo les filles!

1 commentaire:

Sgen-CFDT de l'étranger a dit…

C’est avec inquiétude (et non pas regret) que je vois évoluer/disparaître notre coopération tandis que la présence d’acteurs de terrain dans ce cadre me semble indispensable. Une autre évolution est possible et en cours, celle que vous décrivez, et elle est souhaitable. Néanmoins, j’attire votre attention sur un point susceptible d’avoir des effets négatifs sur le volontariat de solidarité internationale (VSI) : un décret venant d’être publié (décret 2007-1796 du 19-12-2007) met un frein au départ de fonctionnaires sur des postes de VSI.
Ce décret met fin à l'exonération des cotisations sociales pour les différents opérateurs recrutant des fonctionnaires pour des missions éducatives (je prends ce champ d’activité en exemple car je le connais mais il ne doit pas être unique) ou de solidarité ou de coopération à l’étranger : il constitue un véritable recul pour les ONG et leurs missions.
Aujourd'hui, à la suite de cette publication, certaines ONG du secteur éducatif sont en effet contraintes, leur budget n’étant pas extensible, de demander à leurs volontaires de solidarité internationale fonctionnaires de se mettre en disponibilité pour partir à l'étranger dans le cadre de la coopération. Ces fonctionnaires perdent alors les quelques avantages, pas énormes précisé-je (avancement, etc.), liés à leur statut. Par ailleurs, auparavant, ces mêmes fonctionnaires qui formaient le projet de partir en tant que volontaires de solidarité internationale bénéficiaient d’un détachement direct (de droit). Ils doivent maintenant demander une disponibilité pour convenances personnelles (qui n’est pas de droit) et se voient parfois contraints de renoncer à leur projet à la suite d’un refus de leur hiérarchie de leur accorder une disponibilité.
Tout n’est pas toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Cordialement,
Pascale Canova