vendredi 28 septembre 2007

jusqu'où réformer le Parti Socialiste? (3/4)

La seconde question que nous rencontrons au début de notre réfexion sur la rénovation du parti socialiste est la suivante : notre pratique peut-elle, doit-elle se résumer à la mise en oeuvre de réformes?

L'on pourrait répondre pour faire simple : notre tradition est révolutionnnaire, notre idéal est révolutionnaire, notre méthode est la réforme.

Notre tradition est révolutionnaire, nous avons vu dans un précédent article comment et pourquoi. L'oublier serait accepter d'être débranchés de toute une histoire qui a forgé notre identité. Nous ne serions plus alors que l'ombre de nous-mêmes.

Notre idéal est révolutionnaire, puisque la société de fraternité et de justice qui forme notre horizon est à l'extrême opposé de celle que nous vivons. Utopie? certainement, mais utopie féconde puisqu'elle forme la ligne directrice de tous nos efforts.

Et notre méthode est la réforme. Pourquoi? parce que les tragédies du XXème siècle nous ont appris que la volonté de transformer une société dans son ensemble par la volonté d'un seul ou de quelques-uns ne pouvait être que l'expression d'un orgueil démesuré, et aboutir à des sociétés de cauchemar. C'est l'Union soviétique avec le stalinisme et le goulag. C'est la Chine de Mao avec le Grand bond en avant, responsable de millions de morts, et la Révolution culturelle. Sans parler du nazisme qui, lui, faisait du cauchemar l'instrument même de transformation de sa société.

Non, Dieu merci, les sociétés humaines sont trop complexes pour être modelées par quelques-uns. Vaclav Havel, interrogé sur sa capacité à accélérer les changements dans son pays après la chute du communisme, rappelait plaisamment qu'on ne fait pas pousser une plante en la tirant vers le haut.

Reste à chacun, là où il est, et dans la mesure de ses capacités, à chercher à modifier ce qui l'entoure, en chaque occasion possible, dans le sens de "la liberté, de l'égalité et de la fraternité"pour reprendre la devise dont nous disions précédemment toute la charge révolutionnaire. Et si nous agissons non pas isolément mais ensemble, dans le cadre d'un mouvement politique rénové, là, nous pouvons commencer à faire apparaître des changements visibles à l'échelle de toute une société. Comme le disait Jaurès, décidément incontournable sur ces sujets : "dans un Parti vraiment et profondément socialiste, l’esprit révolutionnaire réel est en proportion de l’action réformatrice efficace et l’action réformatrice efficace est en proportion de la vigueur même de la pensée et de l’esprit révolutionnaires."

Voilà pourquoi toutes les réformes ne se valent pas et que nous ne pouvons être confondus avec ceux qui ne voient dans les réformes que le moyen de mieux protéger l'existant : de ne le faire évoluer, moyennant si nécessaire quelques sacrifices, que pour mieux sauvegarder l'essentiel de leurs privilèges.

Jaurès, encore : "parce que le Parti socialiste est un parti essentiellement révolutionnaire, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur". Puissions-nous être dignes de cette formule lancée il y a presque un siècle, au congrès de Toulouse de 1908!

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