(paru dans Ramses 2019, rapport annuel mondial de l'Institut français de Relations internationales)
La
diplomatie de l’Iran reste modelée par la concurrence entre deux mouvances datant
des débuts de la Révolution islamique. La première donne la priorité à sa
sauvegarde comme État-nation, favorisant la pérennité
du régime. Elle penche vers une pratique coopérative des relations
internationales. La seconde renoue avec la tradition des révolutions à
ambitions universelles. Cette fois-ci, il s’agit de répandre à travers le monde
un islam rénové, pénétré par la pensée khomeyniste, mais aussi par celle d’idéologues
comme l‘intellectuel iranien Ali Shariati, et à travers lui, Franz Fanon ou Che
Guevara. En ces deux visions antinomiques, se retrouve l’éternel affrontement
entre doctrinaires et pragmatiques.
Du côté des
doctrinaires se trouve le cœur conservateur du régime, avec le Guide de la
Révolution, Ali Khamenei, les Pasdaran, garde prétorienne du régime, le pouvoir
judiciaire, la radio-télévision d’État, le vaste réseau des fondations
pieuses : autant d’institutions directement placées sous l’autorité du
Guide suprême, et échappant au contrôle du gouvernement. Du côté des
pragmatiques, se retrouvent beaucoup de diplomates, de gestionnaires de
l’économie, ainsi que les élus réformateurs et modérés, parfois dans
l’opposition, parfois aux affaires : mais presque toujours en position
subordonnée, tant le cœur du régime veille à conserver l’ascendant sur
l’essentiel. Ceci est vrai en particulier de la politique régionale de l’Iran.
Celle-ci
n’est toutefois pas exclusivement conduite dans un esprit doctrinaire. Personne
n’est totalement doctrinaire ou pragmatique. Et entre les deux mouvances, il y
a un dialogue permanent, même s’il est difficile. Il se noue au parlement et dans
les cercles où les uns et les autres se rencontrent. Les consensus se
cristallisent notamment au sein du Conseil suprême de sécurité nationale, qui
regroupe tous les responsables concernés par les sujets stratégiques et de
politique étrangère.
Les
conservateurs les plus radicaux peuvent alors se laisser convaincre de mener
des politiques coopératives, lorsque l’intérêt du régime est en jeu. Ceci s’est
vu dans la conclusion de l’accord nucléaire de Vienne, dit aussi JCPOA (Joint
Comprehensive Plan of Action). Bien que limité à la question nucléaire, il avait
fait naître l’espoir d’une détente entre l’Iran et le monde extérieur, à
commencer par ses voisins. Dans son préambule, les participants disaient ainsi s’attendre
à le voir « contribuer positivement à la paix et à la sécurité régionales
et internationales ». Il n’en a rien été.
Deux visées
stratégiques, insupportables aux Occidentaux, continuent en effet d’inspirer la
politique régionale de l’Iran : la première concerne la construction d’un
« axe de la résistance » destiné à mettre en place une défense
avancée du pays, puis à étendre son empreinte aussi loin que possible. Cet
« axe » relie l’Iran à la Syrie de Bachar el Assad, au Hezbollah libanais,
ainsi qu’au Hamas palestinien, en traversant l’Irak. Il doit faire pièce à
Israël avec l’espoir, qui sait, d’entraîner un jour sa chute La deuxième visée
cherche à assurer la primauté de l’Iran dans la zone du Golfe persique, ou en
cas à empêcher qu’un autre pays, à savoir l’Arabie saoudite, ne s’en empare. Mais
en même temps, soucieux de démontrer son ouverture, l’Iran prêche pour une mise
en réseau des pays de la région et un dialogue sur les contentieux existants. Ce
discours peine à convaincre.
Construire, puis consolider « l’axe de la
résistance »
Avec l’élimination en 2002 de Saddam Hussein, les États-Unis faisaient à l’Iran le plus inespéré des cadeaux. De
plus, en installant à Bagdad la démocratie parlementaire, ils garantissaient à
la majorité démographique chiite la gouvernance de l’Irak. Enfin, en 2011, le
départ des Américains offrait à l’Iran un glacis protecteur sur près de 1.500
kilomètres de frontière. Des perspectives nouvelles d’influence s’ouvraient dès
lors dans la région le séparant de la Méditerranée.
Cet avantage
engrangé, il n’était plus question de le perdre. Lorsque les mouvements djihadistes
prennent en Syrie l’ascendant sur les rebelles modérés, il est clair pour les
Iraniens que ces néo-Talibans, s’ils parvenaient à s’installer à Damas, chercheraient
aussitôt à déstabiliser le Liban ami, et surtout l’Irak voisin, pour y
installer des régimes à leur image. Ces mouvements n’étaient-ils pas soutenus
par l’Arabie saoudite, comme ceux qui, au Pakistan, en Afghanistan, avaient
imposé un islam rétrograde et fait la guerre aux Chiites ?
Une stratégie
indirecte
Comment
lutter contre cette menace ? l’armée iranienne, structurée pour la défense
de son territoire et faiblement équipée, sinon en missiles balistiques de peu
d’utilité en la circonstance, ne peut répondre au défi. C’est alors qu’entre en
scène la division des forces spéciales du corps des Pasdaran ou Gardiens de la
révolution, la force Qods. Elle avait déjà fait ses preuves en Irak, en menant
la vie dure aux Américains. Mais c’est en Syrie qu’elle va pleinement déployer
ses talents, conduite par un chef charismatique, le général Qassem Soleimani.
Devant l’ampleur du danger face à la modestie de ses moyens, Soleimani adopte
d’emblée une stratégie axée sur la constitution de milices, formées de Syriens,
d’Irakiens et aussi d’Afghans, pour beaucoup immigrés clandestins en Iran et
enrôlés contre la promesse d’une régularisation de leur situation. Et il fait
surtout appel au Hezbollah libanais. Le Hezbollah jettera plusieurs milliers de
soldats dans la bataille, et subira de lourdes pertes. Mais il jouera à
plusieurs reprises un rôle décisif, notamment pour la reconquête d’Alep. Enfin,
c’est Qasem Soleimani qui, à l’été 2015, convainc les Russes d’intervenir alors
que la fourniture à la rébellion par l’Arabie saoudite d armes antichar
efficaces fait vaciller l’armée de Bachar el Assad.
Mais
Soleimani est aussi sur un autre front. A la mi-2014, l’organisation
« État islamique », ou Da’esh, lance une offensive générale en Irak,
conquiert Mossoul, Falloudja, arrive devant Bagdad, pénètre le sud de la région
du Kurdistan, s’approche de l’Iran. La République islamique est alors la
première à réagir, formant et armant à la hâte les milices chiites constituées
à l’appel de l’Ayatollah Sistani, conseillant les Peshmerga kurdes, faisant
même pénétrer en Irak les éléments d’une division blindée pour chasser les
Jihadistes arrivés près de sa frontière. L’Iran peut affirmer avoir sauvé le
régime de Bagdad. Il développe le discours selon lequel il combat sans
concessions al Qaida et Da’esh en Syrie et en Irak, contrairement aux
Occidentaux et à la plupart des royaumes de la Péninsule arabique. Ayant
d’autre part fermement soutenu le pouvoir central irakien contre les velléités
d’indépendance kurde, il peut aussi se présenter comme le meilleur garant de la
stabilité de la région.
Faire pièce à Israël
Côté Liban, l’action de l’Iran est plus feutrée. Il s’y
appuie, bien entendu, sur la communauté chiite, la plus importante du pays. Il
apporte un soutien indéfectible au Hezbollah, qui le lui rend bien. En juin
2016, son secrétaire général, Hassan Nasrallah, déclarait: « Nous ne
cachons pas le fait que le budget du Hezbollah, ses ressources, ses dépenses,
ce que nous buvons et mangeons, ses armes et ses roquettes, viennent de la
République islamique d’Iran »[1].
De fait, il semble que le Hezbollah ait accumulé, grâce à l’Iran, plusieurs
dizaines de milliers de roquettes et missiles prêts à frapper Israël. Et sur un
plan politique, l’Iran veille à préserver au Liban un équilibre propice au
Hezbollah. Il retrouve ainsi face à lui l’Arabie saoudite. Cette confrontation a
longtemps paralysé le fonctionnement des institutions. Au printemps 20I8,
l’Iran est, sur ce terrain aussi, en position favorable, avec la victoire du
Hezbollah et de ses alliés aux élections législatives libanaises, qui leur
permet de contrôler le Parlement.
Enfin, sur
la question palestinienne, l’Iran apparaît comme le dernier pays de la région hostile
à la solution « des deux États ». Il considère « l’entité
sioniste » comme illégitime et appelée à disparaître. Certes, les éléments
pragmatiques du régime glissent mezza voce que l’Iran ne s’opposerait
pas à une solution qui aurait l’accord des Palestiniens, mais Téhéran ne fait
rien pour rapprocher les différentes factions. Au contraire, il soutient les
deux mouvements refusant de renoncer à la lutte armée : le Hamas et le Djihad
islamique. Ce soutien prend la forme d’argent, d’armes, de formation et de
conseil. Il a été perceptible face à l’intervention israélienne « Plomb
durci », en 2008-2009. Un temps interrompu pour cause de divergences sur la
Syrie, il a finalement repris le dessus, l’enjeu principal l’ayant emporté sur
les autres considérations.
Rivalités
dans le Golfe persique
Sur les
terrains syrien et libanais, l’affrontement entre l’Arabie saoudite et l’Iran
est donc hautement visible. Mais il a ses sources ailleurs. La République
islamique n’a jamais accepté la prétention de l’Arabie saoudite à régenter la
Péninsule arabique, ni à exercer une sorte de Califat sur le monde musulman.
La rivalité entre
les deux pays prend naissance dans des années 1970, avec le retrait britannique
de la région. Le Chah se positionne alors en « gendarme du Golfe
persique ». La Révolution islamique, elle, s’en prend aux dirigeants
impies de son voisinage, fomente des troubles en Arabie saoudite, notamment lors
des grands pèlerinages, voire des attentats. L’Arabie saoudite encaisse
d’abord, puis contre-attaque, en redoublant de prosélytisme wahhabite dans le
monde musulman, en créant le Conseil de coopération du Golfe, en soutenant,
après une période d’hésitation, Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran
(1980-1988).
Il y a bien
un effort d’apaisement après la mort de Khomeyni en 1989, mais le 11 Septembre
et l’intervention américaine en Irak remettent tout en cause. L’Arabie saoudite
ne supporte pas de voir des Chiites au pouvoir à Bagdad. Dès lors que la
démocratie est invoquée dans la vague des Printemps arabes, elle supporte mal aussi
le maintien au pouvoir en Syrie d’un clan issu de la petite minorité alaouite.
Elle supporte encore moins que la signature en 2015 d’un accord nucléaire entre
six puissances et l’Iran permette à celui-ci d’échapper à sa condition de hors-la-loi.
Et à la faveur de la prise de pouvoir de facto du jeune prince héritier,
Mohammed ben Salman, comme de l’arrivée de Donald Trump, l’Arabie saoudite
abandonne sa politique prudente, presque timide, qui réfrénait jusqu’alors
l’expression publique de son hostilité à l’Iran.
L’Iran,
comme souvent, attend la faute de l’adversaire pour réagir. Lorsqu’en mars 2015,
Mohammed ben Salman lance contre les rebelles houthis du Yémen une campagne de
frappes aériennes, l’Iran vient discrètement à leur secours, juste assez pour maintenir
une plaie saignante au flanc de l’Arabie saoudite. La campagne, qui devait être
brève, dure toujours au printemps 2018. De même, lorsque l’Arabie saoudite,
suivie par quatre autres pays, rompt en juin 2017 ses relations diplomatiques
et économiques avec le Qatar, coupant ses liens de communication terrestre,
l’Iran s’empresse de l’approvisionner par voies maritime et aérienne.
Entre ces
deux épisodes, une crise sérieuse avait opposé les deux pays. En septembre
2015, un mouvement de foule au cours du grand pèlerinage à la Mecque entraîne
la mort d’environ 2.000 personnes, dont plus de 400 Iraniens. L’Iran proteste,
ravive sa revendication de voir la gestion des lieux saints transférée à une
organisation panislamique. En janvier 2016, la justice saoudienne décapite pour
activités terroristes un religieux populaire parmi les Chiites du royaume, qui
avait pourtant toujours prêché la non-violence. C’en est trop pour les
Iraniens. Des foules mollement retenues par la police mettent à sac l’ambassade
saoudienne à Téhéran et le consulat de Machhad. L’Arabie saoudite rompt les
relations diplomatiques.
L’Iran
est-il allé trop loin ?
Au terme de
ce tour d’horizon, quelles leçons tirer de l’action de l’Iran et des réactions
qu’elle suscite ? Il est encore possible d’espérer qu’entre l’Arabie
saoudite et l’Iran, les choses en restent à une guerre des mots, si l’on veut
bien oublier les opérations relevant des guerres de l’ombre, comme les soutiens
apportés à des minorités turbulentes, Chiites en Arabie saoudite, Baloutches,
Arabes ou Kurdes en Iran. L’inquiétude s’élève en revanche à l’examen du
théâtre syrien et de son environnement. L’Iran a pris en Syrie des positions
qu’il n’est pas prêt à abandonner. Pour les Israéliens, cette présence
est inacceptable. Ils l’ont démontré en frappant à de très nombreuses reprises
les entrepôts d’armes iraniens en Syrie. Au printemps 2018, la tension est
encore montée entre les deux adversaires et la perspective d’une escalade plus
ou moins maîtrisée qui impliquerait le Hezbollah, donc le territoire libanais,
n’est plus à écarter.
Téhéran, qui a engrangé de brillants succès dans sa région au cours des
dernières années, serait-il allé trop loin ? Certes, il a renforcé ses
capacités tactiques, grâce à l’expérience du combat acquise sur les terrains
irakien et syrien. Son modèle d’intervention appuyé sur des milices est bien au
point, et reproductible sur d’autres théâtres. Son allié le Hezbollah s’est
aussi fortement aguerri et renforcé en moyens balistiques. Il forme aujourd’hui
la plus redoutable menace pour Israël. Mais le coût humain et matériel de ces
entreprises entraîne des réactions internes. Un certain malaise a pénétré les
rangs du Hezbollah et des Chiites libanais, qui s’interrogent sur le bien-fondé
de cette aide massive à Bachar el Assad. En Iran, comme l’ont montré les
slogans entendus dans les manifestations nées dans tout le pays au tournant de
l’année 2018, il existe une opposition diffuse aux aventures lointaines, avec
le sentiment que ceci se fait au détriment de la population iranienne.
L’Iran y a-t-il au moins gagné en influence durable ? En Irak, même si
l’on est reconnaissant du soutien apporté aux heures les plus sombres, il y a
chez la plupart des Irakiens la volonté de ne pas se laisser instrumentaliser. À cet égard, le
gouvernement de Haïdar el Abadi a pris soin de marquer sa différence avec le
précédent gouvernement de Nouri al Maliki, très proche de Téhéran. Et les
élections législatives de mai 2018 ont placé en tête le mouvement de Mouqtada
al Sadr, qui veut maintenir à égale distance les États-Unis et l’Iran. Enfin, les hautes autorités du
chiisme irakien ont toujours rejeté le modèle iranien de soumission du politique
au religieux.
De même en Syrie, malgré l’appui décisif de l’Iran, il est impossible de
distinguer l’émergence d’une relation intime, confiante, entre les dirigeants
iraniens et le cercle de Bachar al Assad. Seule se voit une convergence
d’objectifs et d’intérêts. Rien ne fait apparaître non plus une popularité des
Iraniens chez les Syriens loyaux au régime. Quant au futur, on peut douter de
la portée de l’influence iranienne dans un pays dévasté, dont les besoins de
reconstruction vont bien au-delà de la capacité d’intervention de l’Iran. Le
cas du Hezbollah est sans doute l’exception qui confirme la règle. Il se situe,
il est vrai, dans une longue histoire de proximité entre Chiites iraniens et
libanais. Il y a là fusion des doctrines et des volontés. Rien de ceci ne se
retrouve dans la relation avec le Hamas et le Djihad islamique. Et le
Hezbollah, si puissant soit-il, n’est pas tout le Liban.
En somme, l’Iran peut-il espérer installer son influence, voire son
hégémonie, sur tout ou partie de ses voisins arabes ? L’ambition initiale
de la Révolution islamique de restructurer à son image le monde musulman a
clairement échoué. Reste l’ambition pérenne de l’Iran de peser sur son
environnement en sa qualité de pays majeur, démographiquement, culturellement,
historiquement. Autant d’attributs que très peu de pays de la région peuvent
revendiquer. Mais comment peser ? Se retrouvent alors les deux écoles
décrites en introduction. Les uns font le pari qu’à travers une politique
coopérative, l’Iran exercera naturellement son influence. Le ministre des
affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, plaide ainsi en faveur d’une
« région forte » plutôt que d’un « homme fort dans la
région » du Golfe persique. Il propose d’ouvrir avec ses voisins un
dialogue multiforme appelé à déboucher sur « un pacte régional de
non-agression ». En sens inverse, s’entendent des rodomontades de
responsables iraniens, affirmant par exemple que Bagdad est à nouveau la
capitale de l’Iran ou que l’Iran contrôle quatre capitales dans la région :
Bagdad, Damas, Beyrouth et Sana’a… elles produisent un effet désastreux auprès
des populations concernées.
En réalité, pour exercer son influence sur le Proche et Moyen-Orient,
l’Iran est plutôt handicapé par sa profonde singularité : langue, mœurs,
culture, confession dominante… Pas mieux que le Shah, la République islamique
n’est parvenue à apprivoiser ses voisins. Ses positions de principe radicales,
notamment à l’égard d’Israël, ont tendu à l’isoler. Malgré tous ses efforts,
elle paraît, aujourd’hui comme naguère, incapable d’exercer dans sa région une hégémonie
à la fois positive et acceptée : deux conditions indispensables pour être
pérenne.
pour aller plus loin
HOURCADE B. (2016), Géopolitique de l’Iran, les défis d’une renaissance,
Armand Colin, Paris.
RAZOUX P. Quelques clés pour décrypter la politique étrangère iranienne,
in la revue Hérodote, n°169, printemps 2018
KATZMAN K. Iran’s Foreign and
Defense Policies, Congressional Research Service, March 20, 2018 https://fas.org/sgp/crs/mideast/R44017.pdf
[1] dépêche
AFP du 24 juin 2016 https://www.al-monitor.com/pulse/afp/2016/06/lebanon-hezbollah-banks.html
Remarquable article, qui dit tout sur le sujet.Renaud Girard .
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