La petite communauté des Parsis a joué un rôle immense dans
l’histoire de l’Inde. Ces Zoroastriens, pratiquant donc le culte du feu comme
symbole de la divinité, ont quitté l’Iran entre le VIIIème et le Xème siècles,
après la conquête de leur pays par les Arabes musulmans, pour s’établir sur les
côtes voisines de la région indienne du Gujarat. Sont-ils partis, à la manière
de « boat people », pour des raisons économiques, ou encore pour
échapper à l’obligation de se convertir à la religion de leurs envahisseurs? Probablement
en un mélange des deux.
Ils ont d’abord vécu dans leur nouvel habitat comme de
modestes agriculteurs. Peut-être y ont-ils aussi apporté des talents de marchand
et d’entrepreneur qui allaient ensuite faire leur prospérité. Mais l’essor de
leur communauté ne s’amorce qu’au XVIIème siècle avec l’installation à Surat, puis
plus au sud de la côte ouest de l’Inde, à Bombay, de la Compagnie britannique
des Indes orientales. Celle-ci applique le principe de neutralité religieuse là
où elle s’installe, et recherche des collaborateurs échappant au système des
castes. Ceci fait l’affaire des Parsis, qui se mettent donc à son service pendant
qu’elle étend son emprise sur l’ensemble du sous-continent indien. Ils se font
apprécier pour leur sérieux, leur travail, leur honnêteté, et occupent des positions de confiance de plus en plus
élevées. Leurs enfants, qu’ils éduquent à l’anglaise, fondent leurs propres
sociétés de navigation et de commerce. Ils participent notamment aux échanges
triangulaires fondés sur le thé chinois, l’opium indien et les produits de
l’industrie britannique, se lancent dans la banque, puis dans
l’industrie : filatures, industrie légère, puis industrie lourde. La
communauté parsie prend ainsi un rôle déterminant dans le développement de
l’économie indienne moderne.
Parmi les empires industriels qui sont alors fondés, le plus
emblématique est celui de la famille Tata, créé au XIXème siècle, toujours en
place et plus puissant que jamais. Il forme un conglomérat d’une trentaine de
compagnies majeures, intervenant sur tous les continents et dans tous les
grands domaines de l’industrie et des services. Comme la plupart des
entreprises fondées et contrôlées par des familles parsies, il se distingue par
la rigueur et l’éthique de ses méthodes de gestion, et par un fort
investissement philanthropique. Mais les Parsis ne se sont pas limités au monde
de l’économie. Ils ont aussi donné à l’Inde des artistes, des intellectuels, des
militaires, des sportifs, ainsi que de grands savants, notamment dans le
domaine du nucléaire. Le mari d’Indira Gandhi, Feroze Gandhi, homme politique
et journaliste éminent, était aussi un Parsi.
La communauté parsie, qui a conservé son centre de gravité à
Bombay, aujourd’hui Mumbai, n’a pourtant sans doute jamais dépassé le chiffre
de 200.000 membres. Elle a depuis inexorablement diminué sous l’effet de sa
très faible fécondité, de l’affaiblissement de ses liens communautaires au fil de
mariages mixtes de plus en plus répandus et de sa dispersion vers d’autres
continents. Ne comptant plus que quelques dizaines de milliers de membres
attachés à leur identité et à leurs traditions, elle est aujourd’hui menacée d’effacement
progressif en quelques générations.
Vous qui avez vécu si longtemps en Iran, comment pouvez-vous méconnaître autant la religion zoroastrienne en affirmant que ses adeptes pratiquent le culte du feu !
RépondreSupprimerNon, les zoroastriens ne sont pas des adorateurs du feu. Ils vénèrent un seul Dieu, le feu n'étant qu'un véhicule qui porte leurs prières de la terre vers les cieux.
mais nous sommes bien d'accord, j'ai parlé de "culte du feu", pas "d'adoration du feu". De la même façon parle-t-on du "culte des reliques" ce qui ne veut pas dire qu'on adore des bouts d'os ou de vêtements, mais que ces traces matérielles servent en quelque sorte d'aide à la communication entre le fidèle et le saint auquel il s'adresse.
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