dimanche 27 mai 2012

Une bonne soirée


Ma femme et moi avons regardé l'Eurovision hier soir. Il y avait aussi "les Maîtres chanteurs" sur Mezzo, mais "les Maîtres chanteurs" repassent tous les six mois, et nous avions envie de rejoindre les 99.999.998 téléspectateurs de l'émission.

Tout était très bien, musique boum boum partout pareil, choréraphies genre concours de danse de parquet, le tout calibré comme à la sortie d'une patisserie industrielle. Les deux commentateurs français, un homme une femme, voulant marquer qu'ils étaient de corvée, ont pris ce ton supérieur et légèrement persifleur auquel se prête si bien notre belle langue. Ayant assisté à la répétition générale, ils recommandaient d'admirer la choucroute de la concurrente albanaise (en fait, plutôt un gros chignon bicolore), annonçaient que l'on allait voir la petite culotte de la chanteuse monténégrine (ou bosniaque, je ne me souviens plus très bien, et d'ailleurs je n'ai pas bien vu), et que le compétiteur suédois était en fait d'origine iranienne. Ils se sont aussi longuement esclaffés sur le groupe de grand-mères russes, en profitant pour envoyer beaucoup de bisous-bisous-bisous à leurs propres mamans.

Heureusement, le ton s'est recueilli lorsque l'on est arrivé à la concurrente française. Là, plus question de rigoler. Pas question de prévenir qu'on allait voir sa petite culotte. Non, l'on nous a expliqué que sa robe avait été spécialement dessinée par le grand Jean-Paul Gaultier, que toute l'équipe avait énormément travaillé (plus que les autres?), qu'elle avait de bonnes chances de gagner si les dés n'étaient pas pipés. Personnellement, j'ai trouvé son numéro pas mal, sauf qu'il ressemblait plutôt à un clip de vente de parfum, où l'on voit une créature de rêve passer d'un salon à l'autre avec de temps en temps un coup de ventilateur dans les voiles, pour symboliser la montée du désir. Finalement, elle a terminé 22ème sur 26, ce qui est plutôt humiliant pour un grand pays de culture comme le nôtre. Peut-être pour la punir de chanter en français? A vrai dire, je n'ai pas vraiment saisi dans quelle langue elle s'exprimait.

Ce qui était très bien aussi, c'étaient les images de l'Azerbaïdjan que l'on pouvait admirer dans les intervalles d'un numéro à l'autre. Les paysages de montagne sont sublimes, Bakou transformée par Bouygues est apparue comme une grande métropole moderne, tous les Azerbaïdjanais pètent de santé.

Et tous ceux qu'on a vus pendant le spectacle parlaient très bien l'anglais, ou plutôt l'américain avec un accent nasillard à souhait. Je dis moi aussi "américain" comme dans les polars où l'on voit maintenant écrit "traduit de l'américain". Quand j'était petit, on écrivait encore "traduit de l'anglais". Puis, il y a eu "traduit de l'anglais (américain)". Demain, pour un polar britannique, l'on lira peut-être "traduit de l'américain (anglais)". Enfin, espérons que pour un auteur canadien français, l'on n'osera jamais mettre "traduit du québécois". Sinon, gare à la levée de boucliers!

Les Azebaïdjanais sont donc mûrs pour entrer dans l'Union européenne. On pourrait même les installer à la place des Grecs, on aura enfin du caviar et du pétrole. Que demander de plus?

En somme, ma femme et moi n'avons rien regretté, c'était une très bonne soirée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire