Depuis bientôt six mois que nous voyons notre président à l'oeuvre, une question me travaille. Peut-on être totalement tranquille à l'idée que Nicolas Sarkozy ait à portée de doigt, de par sa fonction de Chef des Armées, le bouton nucléaire?
Question saugrenue? qui ne se pose pas aujourd'hui? Mais si la France se donne la peine, près de vingt ans après la fin de la guerre froide, de maintenir en veille permanente, toujours prêtes à frapper, nos forces nucléaires aériennes et sous-marines, c'est bien parce que nos dirigeants estiment qu'à tout moment, aussi improbable que cela puisse paraître, il y a au moins un risque résiduel que, par un enchaînement de circonstances imprévisibles, la question puisse se poser. Sinon, pourquoi se fatiguer?
Et je reviens à mon souci. Peut-on faire confiance à Nicolas Sarkozy pour gérer une situation de ce type avec la détermination, mais aussi la maîtrise de soi, la hauteur de vues, le sens des responsabilités indispensables? Devant le fameux bouton, compte tenu de ce que l'on perçoit de son profil, pourrait-il faire le mauvais choix?
Bien sûr, à vue humaine, on ne va pas faire la guerre à la Russie. Mais Chirac avait laissé entendre que face à une entreprise terroriste qui menacerait nos intérêts vitaux, la France pourrait envisager de mettre en oeuvre l'arme nucléaire. Et l'on sait que notre dispositif a été repensé pour n'être pas prisonnier d'un seul scénario, celui de frappes de destruction massive. Dans le même ordre d’idées, rappelons que les Etats-Unis maintiennent, et même améliorent, leur capacité d'utiliser des engins atomiques très précis pour détruire des cibles invulnérables à des bombes classiques. De tels cas de figure pourraient se présenter un jour ou l'autre, et qui sait, plus rapidement que prévu. C'est peut-être ce qu'a voulu dire Kouchner en disant qu'il fallait "se préparer au pire, c'est-à-dire à la guerre".
Donc, comment se comporterait l'homme que nous connaissons dans une situation de ce genre?
Vous vous souvenez de la question que l'on posait en Amérique à propos de Nixon :"achèteriez-vous une bagnole d'occasion à ce type?". Si on me la posait à propos de Nicolas Sarkozy, je répondrai oui à la rigueur, si j'arrive à lui faire croire que je suis riche et célèbre (et expatrié fiscal en Suisse). Car dans ce cas, j’arriverais peut-être à lui tirer un bon prix.
Mais je répondrais non s'il fallait lui confier les clefs de ma voiture. C'est sûr, elle n'est pas flambante. Mais nerveux et impulsif comme il est, j'aurais trop peur qu'il me la ramène toute esquintée. Alors la clef des codes atomiques...
actualité politique, vie internationale, coopération culturelle et aide au développement, français de l'étranger.
mardi 30 octobre 2007
jeudi 25 octobre 2007
Lagardère, EADS et la loi salique
Le jeune Arnaud Lagardère s’explique en ce moment dans divers enceintes : l’Assemblée générale d’EADS, l’Autorité des marchés financiers, des commissions parlementaires… Tout ceci ouvre d’intéressants aperçus sur les entrailles du capitalisme au plus haut niveau.
Rappelons que la constitution de ce groupe européen de la défense, de l’aéronautique et de l’espace a été conçue et réalisée au sein du cabinet de Lionel Jospin. La clef de voûte en était la forte personnalité de Jean-Luc Lagardère, industriel de haute volée, certainement sans états d’âmes, mais avec une vision stratégique des intérêts de son entreprise de pointe, Matra, qu’il percevait comme liés aux intérêts de la «maison France» et même de la «maison Europe».
C’est en partant de là que Lionel Jospin, soutenu par Dominique Strauss-Kahn, a fait le pari de la privatisation du fleuron public qu’était l’Aérospatiale et de sa fusion dans un grand groupe européen, pour l’essentiel franco-allemand (mais dont le siège est aux Pays-Bas, pour des raisons fiscales et autres que je vous laisse deviner). Et l’Etat français, sur la foi des engagements de Jean-Luc Lagardère, a d’avance renoncé à peser sur la gestion du nouveau groupe. EADS est né.
En 2003, Jean-Luc Lagardère meurt à la suite d’une opération de la hanche. Il avait 75 ans. Et son fils Arnaud lui succède à l’âge de 42 ans. On ne connaissait alors à ce jeune homme aucun talent particulier. On n’en a pas découvert depuis. Il aime le sport, et surtout le tennis. Il s'intéresse beaucoup plus à la dernière passion de son père, la presse et les médias, qu'à l'aéronautique, l'espace et la défense. Voilà pourtant l'homme qui pèse, dans une mesure non négligeable, sur l'avenir de notre pays et de l'Europe dans des secteurs stratégiques.
Inutile de raconter les catastrophes qui ont suivi. Ce qui est intéressant en cette affaire est de voir que des enjeux d'un tel niveau, dans des sociétés aussi développées, aussi sophistiquées que les nôtres, se trouvent soumis aux aléas de circonstances remontant à la nuit des temps : la maladie, la mort subite, l'application d'une loi gothique comme la loi salique en matière de succession.
Et encore, dans beaucoup de sociétés primitives, ou même de sociétés traditionnelles contemporaines, les successions s'organisent à l'avance, et l'on choisit dans l'entourage du chef, même si le lien du sang est parfois fort ténu, voire inexistant, celui qui est collectivement jugé le plus apte à lui succéder. Ce qui fonctionne au fond de la jungle birmane, ou pour le royaume d'Arabie saoudite, ne peut donc pas s’appliquer à la tête d’une entreprise de pointe comme EADS? Où est alors la rationalité du système capitaliste, qu'on nous présente comme un modèle indépassable pour le progrès de nos sociétés?
Et pour la bonne bouche, une intéressante citation d'Arnaud Lagardère, attestée par plusieurs personnes: «C’est quoi l’indépendance en matière de presse ? Du pipeau. Avant de savoir s’ils sont indépendants, les journalistes feraient mieux de savoir si leur journal est pérenne.» Voilà comment l'on en vient à virer Alain Genestar de la direction de Paris Match pour avoir publié des photos de Cécilia en galante compagnie, ou que l'on gomme le disgracieux pneu qui orne le ventre de notre Président lorsqu'il se fait photographier en maillot de bain.
Rappelons que la constitution de ce groupe européen de la défense, de l’aéronautique et de l’espace a été conçue et réalisée au sein du cabinet de Lionel Jospin. La clef de voûte en était la forte personnalité de Jean-Luc Lagardère, industriel de haute volée, certainement sans états d’âmes, mais avec une vision stratégique des intérêts de son entreprise de pointe, Matra, qu’il percevait comme liés aux intérêts de la «maison France» et même de la «maison Europe».
C’est en partant de là que Lionel Jospin, soutenu par Dominique Strauss-Kahn, a fait le pari de la privatisation du fleuron public qu’était l’Aérospatiale et de sa fusion dans un grand groupe européen, pour l’essentiel franco-allemand (mais dont le siège est aux Pays-Bas, pour des raisons fiscales et autres que je vous laisse deviner). Et l’Etat français, sur la foi des engagements de Jean-Luc Lagardère, a d’avance renoncé à peser sur la gestion du nouveau groupe. EADS est né.
En 2003, Jean-Luc Lagardère meurt à la suite d’une opération de la hanche. Il avait 75 ans. Et son fils Arnaud lui succède à l’âge de 42 ans. On ne connaissait alors à ce jeune homme aucun talent particulier. On n’en a pas découvert depuis. Il aime le sport, et surtout le tennis. Il s'intéresse beaucoup plus à la dernière passion de son père, la presse et les médias, qu'à l'aéronautique, l'espace et la défense. Voilà pourtant l'homme qui pèse, dans une mesure non négligeable, sur l'avenir de notre pays et de l'Europe dans des secteurs stratégiques.
Inutile de raconter les catastrophes qui ont suivi. Ce qui est intéressant en cette affaire est de voir que des enjeux d'un tel niveau, dans des sociétés aussi développées, aussi sophistiquées que les nôtres, se trouvent soumis aux aléas de circonstances remontant à la nuit des temps : la maladie, la mort subite, l'application d'une loi gothique comme la loi salique en matière de succession.
Et encore, dans beaucoup de sociétés primitives, ou même de sociétés traditionnelles contemporaines, les successions s'organisent à l'avance, et l'on choisit dans l'entourage du chef, même si le lien du sang est parfois fort ténu, voire inexistant, celui qui est collectivement jugé le plus apte à lui succéder. Ce qui fonctionne au fond de la jungle birmane, ou pour le royaume d'Arabie saoudite, ne peut donc pas s’appliquer à la tête d’une entreprise de pointe comme EADS? Où est alors la rationalité du système capitaliste, qu'on nous présente comme un modèle indépassable pour le progrès de nos sociétés?
Et pour la bonne bouche, une intéressante citation d'Arnaud Lagardère, attestée par plusieurs personnes: «C’est quoi l’indépendance en matière de presse ? Du pipeau. Avant de savoir s’ils sont indépendants, les journalistes feraient mieux de savoir si leur journal est pérenne.» Voilà comment l'on en vient à virer Alain Genestar de la direction de Paris Match pour avoir publié des photos de Cécilia en galante compagnie, ou que l'on gomme le disgracieux pneu qui orne le ventre de notre Président lorsqu'il se fait photographier en maillot de bain.
jeudi 18 octobre 2007
journée mondiale bla bla bla
J'adore le dernier communiqué du Quai d'Orsay sur la journée mondiale de la misère. Le voilà, à déguster bien installé dans son fauteuil :
"La France s'associe à la journée mondiale du refus de la misère, co-organisée par l'ONU et ATD Quart-monde, dont nous célébrons aujourd'hui le 20ème anniversaire.
La France, qui participe activement à la lutte conte la misère menée par les organisations internationales, a porté la question de l'extrême pauvreté aux Nations unies dans le prolongement des actions entreprises par le père Wresinski.
L'extrême pauvreté empêche les plus vulnérables de jouir de leurs droits fondamentaux. Elle constitue une atteinte inadmissible à la dignité de la personne. Il convient de la combattre en rendant effectifs les droits existants, dont chaque être humain doit pouvoir jouir.
C'est dans cet esprit que nous soutenons, en liaison avec ATD Quart monde, l'émergence de principes directeurs sur l'extrême pauvreté au Conseil des Droits de l'Homme et que nous allons demander le renouvellement du mandat de l'expert indépendant des Nations unies sur les Droits de l'Homme et l'extrême pauvreté.
La France ne ménagera pas ses efforts pour que de nouveaux progrès dans la lutte contre la misère puissent être accomplis au sein des enceintes multilatérales."
Le paragraphe central qui explique que la misère empêche les gens d'accéder à leurs droits fondamentaux, et que pour la combattre il faut rendre effectifs ces mêmes droits fondamentaux laisse en particulier rêveur. C'est le serpent qui se mort la queue. Imaginons un instant que ces droits fondamentaux deviennent effectifs. Comment les gens pourront-ils y accéder puisqu'ils sont toujours dans la misère?
A moins que ces droits fondamentaux, en devenant effectifs, ne suppriment aussitôt la misère? C'est cela, j'ai compris. le Quai d'Orsay veut nous faire passer le lumineux message que le droit fondamental de tous les miséreux c'est la suppression de la misère. Sommes-nous plus avancés?
Mais si, le Quai d'Orsay nous donne ensuite la formule. Deux choses très importantes à faire pour faire disparaître la misère. D'abord, faire émerger des principes directeurs sur l'extrême pauvreté au Conseil des Droits de l'Homme. Ensuite renouveler le mandat de l'expert des Nations Unies sur la question. Deux tâches herculéennes. La Patrie des Droits de l'Homme va-t-elle y arriver? On retient son souffle...
Après un tel communiqué, la misère qui règne sur ce bas monde doit se sentir dans ses petits souliers. Car la France, vous l'avez lu, "ne ménage pas ses efforts". La misère peut-elle continuer encore longtemps à embêter les pauvres? Si j'en crois le Quai d'Orsay, je ne donnerais pas cher de sa peau.
"La France s'associe à la journée mondiale du refus de la misère, co-organisée par l'ONU et ATD Quart-monde, dont nous célébrons aujourd'hui le 20ème anniversaire.
La France, qui participe activement à la lutte conte la misère menée par les organisations internationales, a porté la question de l'extrême pauvreté aux Nations unies dans le prolongement des actions entreprises par le père Wresinski.
L'extrême pauvreté empêche les plus vulnérables de jouir de leurs droits fondamentaux. Elle constitue une atteinte inadmissible à la dignité de la personne. Il convient de la combattre en rendant effectifs les droits existants, dont chaque être humain doit pouvoir jouir.
C'est dans cet esprit que nous soutenons, en liaison avec ATD Quart monde, l'émergence de principes directeurs sur l'extrême pauvreté au Conseil des Droits de l'Homme et que nous allons demander le renouvellement du mandat de l'expert indépendant des Nations unies sur les Droits de l'Homme et l'extrême pauvreté.
La France ne ménagera pas ses efforts pour que de nouveaux progrès dans la lutte contre la misère puissent être accomplis au sein des enceintes multilatérales."
Le paragraphe central qui explique que la misère empêche les gens d'accéder à leurs droits fondamentaux, et que pour la combattre il faut rendre effectifs ces mêmes droits fondamentaux laisse en particulier rêveur. C'est le serpent qui se mort la queue. Imaginons un instant que ces droits fondamentaux deviennent effectifs. Comment les gens pourront-ils y accéder puisqu'ils sont toujours dans la misère?
A moins que ces droits fondamentaux, en devenant effectifs, ne suppriment aussitôt la misère? C'est cela, j'ai compris. le Quai d'Orsay veut nous faire passer le lumineux message que le droit fondamental de tous les miséreux c'est la suppression de la misère. Sommes-nous plus avancés?
Mais si, le Quai d'Orsay nous donne ensuite la formule. Deux choses très importantes à faire pour faire disparaître la misère. D'abord, faire émerger des principes directeurs sur l'extrême pauvreté au Conseil des Droits de l'Homme. Ensuite renouveler le mandat de l'expert des Nations Unies sur la question. Deux tâches herculéennes. La Patrie des Droits de l'Homme va-t-elle y arriver? On retient son souffle...
Après un tel communiqué, la misère qui règne sur ce bas monde doit se sentir dans ses petits souliers. Car la France, vous l'avez lu, "ne ménage pas ses efforts". La misère peut-elle continuer encore longtemps à embêter les pauvres? Si j'en crois le Quai d'Orsay, je ne donnerais pas cher de sa peau.
samedi 13 octobre 2007
Nicolas aime les petits pois
Avez-vous remarqué l'intérêt de notre Président pour les petits pois? Il y a quelque temps, il qualifiait ainsi de hauts magistrats. Plus récemment, c'est à des petits pois, tous semblables, tous bien calibrés, qu'il comparait les fonctionnaires. Et en une autre occasion, il invitait les parlementaires de sa majorité à ne pas leur ressembler.
Dans le langage politique , les images de ce genre ne sont pas innocentes. Par exemple, un seuil symbolique est franchi lorsque l'on traite ses adversaires de noms d'animaux. Ceci implique qu'on peut les éliminer sans état d'âme. C'est ainsi vrai des rats, des cloportes, des moucherons. L’on se souvient des hyènes capitalistes et des vipères lubriques de la grande époque de l’Union soviétique. Ceux qui ont connu la guerre d'Algérie ont en mémoire les communiqués de fins d'opération donnant le nombre de « rebelles abattus ». On exécute, on tue des humains, on abat les animaux, dans des abattoirs. C’était nier aux gens d’en face la qualité d’homme.
Mitterrand, une fois, a traité des gens de chiens, après la mort de Pierre Bérégovoy, qu’il imputait aux journalistes. Sans doute était-ce voulu, mais l’émotion a été considérable.
On a aussi les « mort aux vaches ! ». Mais là, c’est moins méchant. Sans doute parce que l'expression ne vient pas de l’animal, même si tout le monde l’a oublié, mais du mot allemand « die Wache », la garde.
Encore plus bas que les animaux, il y a les choses : roulure, traînée, paillasse, boudin et j’en passe. Là, ce sont plutôt, qui sait pourquoi, les femmes qui trinquent. A côté de ces qualificatifs, celui de souris est presque affectueux. Il y a aussi les numéros, les matricules qui réduisent les êtres humains à des chiffres dans une colonne.
Et il y a maintenant les petits pois : minuscules, insipides, asexués, uniformes dans leur taille et leur couleur, indiscernables les uns des autres, qu’on avale ou qu’on écrase d’un coup de fourchette. Voilà le peuple des petits pois. J’en suis, vous en êtes. Que l’œil du Président se pose sur nous, et l’on se dit qu’il va peut-être nous gober sans penser à mal. 60 millions de petits pois, pardon 60 millions de Français, non, non, de petits pois, cela fait combien de repas à l’Elysée ?
Dans le langage politique , les images de ce genre ne sont pas innocentes. Par exemple, un seuil symbolique est franchi lorsque l'on traite ses adversaires de noms d'animaux. Ceci implique qu'on peut les éliminer sans état d'âme. C'est ainsi vrai des rats, des cloportes, des moucherons. L’on se souvient des hyènes capitalistes et des vipères lubriques de la grande époque de l’Union soviétique. Ceux qui ont connu la guerre d'Algérie ont en mémoire les communiqués de fins d'opération donnant le nombre de « rebelles abattus ». On exécute, on tue des humains, on abat les animaux, dans des abattoirs. C’était nier aux gens d’en face la qualité d’homme.
Mitterrand, une fois, a traité des gens de chiens, après la mort de Pierre Bérégovoy, qu’il imputait aux journalistes. Sans doute était-ce voulu, mais l’émotion a été considérable.
On a aussi les « mort aux vaches ! ». Mais là, c’est moins méchant. Sans doute parce que l'expression ne vient pas de l’animal, même si tout le monde l’a oublié, mais du mot allemand « die Wache », la garde.
Encore plus bas que les animaux, il y a les choses : roulure, traînée, paillasse, boudin et j’en passe. Là, ce sont plutôt, qui sait pourquoi, les femmes qui trinquent. A côté de ces qualificatifs, celui de souris est presque affectueux. Il y a aussi les numéros, les matricules qui réduisent les êtres humains à des chiffres dans une colonne.
Et il y a maintenant les petits pois : minuscules, insipides, asexués, uniformes dans leur taille et leur couleur, indiscernables les uns des autres, qu’on avale ou qu’on écrase d’un coup de fourchette. Voilà le peuple des petits pois. J’en suis, vous en êtes. Que l’œil du Président se pose sur nous, et l’on se dit qu’il va peut-être nous gober sans penser à mal. 60 millions de petits pois, pardon 60 millions de Français, non, non, de petits pois, cela fait combien de repas à l’Elysée ?
lundi 8 octobre 2007
jusqu'où peut-on changer le Parti Socialiste? (4/4)
Avec ce quatrième papier, j'aborde la dernière question posée en introduction de ma réflexion sur l'évolution du Parti Socialiste :
"Jusqu'où peut-on aller dans la volonté de rassemblement sans diluer notre propre identité?"
Avant d'explorer l'avenir, il est toujours bon d'interroger le passé. Nous vivons en ce moment une période de désarroi, mêlée à la conviction qu'il nous faut profondément rénover notre parti pour pénétrer dans une nouvelle époque. Avec l'extinction du Parti Communiste, nous arrivons aussi à la fin d'un cycle ouvert en 1920 où le monde du travail était représenté par deux mouvements en dure concurrence. François Mitterrand, comme chacun sait, a beaucoup contribué à affaiblir le Parti Communiste. L''effondrement du Bloc soviétique a tari sa raison d'être. Aujourd'hui, si mal en point que nous soyons, nous sommes les seuls à gauche, à l'exception quelques groupuscules. Le terrain est dégagé pour reconstruire.
Mais en 1920, précisément, alors que le Parti Socialiste, après quinze ans d'unité sous le label de la SFIO, subissait les assauts de la nouvelle Internationale Communiste, que disait Léon Blum pour sauver ce qui pouvait rester de la "vieille maison"?
"Le Parti était un parti de recrutement aussi large que possible et pour cette raison bien simple, c'est que, comme le disaient Marx et Engels dans "Le Manifeste communiste", en l'appliquant au vrai Parti communiste, au Parti communiste d'autrefois, le socialisme n'est pas un parti face à d'autres partis. Il est la classe ouvrière toute entière. Son objet, c'est de rassembler, par leur communauté de classe, les travailleurs de tous les pays".
Et un peu plus loin :
"Il n'y a pas d'autre limite à un parti socialiste, dans l'étendue et le nombre, que le nombre des travailleurs et des salariés. Notre parti était donc un parti de recrutement aussi large que possible. Comme tel, il était un parti de liberté de pensée, car les deux idées se tiennent et l'une dérive nécessairement de l'autre. Si vous voulez grouper dans le même parti tous les travailleurs, tous les salariés, tous les exploités, vous ne pouvez les rassembler que sur des formules simples et générales."
Voilà ce qui, à mon avis, devrait être pour nous une source d'inspiration. En termes d'aujourd'hui, notre Parti a vocation a représenter l'ensemble du monde salarial et tous ceux dont le travail forme la source principale de revenu. C'est ce monde que nous devons reconquérir à partir d'idées simples.
Donc, pas trop de commissions, de sous-commissions et de rapports. Quelles idées peuvent nous permettre de convaincre au-delà des viviers actuels de notre Parti - les intellectuels, les fonctionnaires...-, d'atteindre le peuple des entreprises, les jeunes, notamment chez les jeunes débutant dans la vie professionnelle? et s'il faut aller chasser sur les terrres du centrisme, pourquoi pas? Comme le disait plaisamment un vieux dirigeant de gauche : "c'est chez les civils qu'on recrute les militaires, c'est chez les non-socialistes que l'on doit recruter les socialistes".
Et si dans ce processus, nous pouvions découvrir en notre sein un grand dirigeant, un dirigeant fédérateur de toutes les énergies, comme Jaurès, comme Blum, un dirigeant capable de regrouper et de mettre au travail la génération suivante, comme l'a été Mitterrand, alors nous serions comblés. Les victoires à venir seraient assurées!
"Jusqu'où peut-on aller dans la volonté de rassemblement sans diluer notre propre identité?"
Avant d'explorer l'avenir, il est toujours bon d'interroger le passé. Nous vivons en ce moment une période de désarroi, mêlée à la conviction qu'il nous faut profondément rénover notre parti pour pénétrer dans une nouvelle époque. Avec l'extinction du Parti Communiste, nous arrivons aussi à la fin d'un cycle ouvert en 1920 où le monde du travail était représenté par deux mouvements en dure concurrence. François Mitterrand, comme chacun sait, a beaucoup contribué à affaiblir le Parti Communiste. L''effondrement du Bloc soviétique a tari sa raison d'être. Aujourd'hui, si mal en point que nous soyons, nous sommes les seuls à gauche, à l'exception quelques groupuscules. Le terrain est dégagé pour reconstruire.
Mais en 1920, précisément, alors que le Parti Socialiste, après quinze ans d'unité sous le label de la SFIO, subissait les assauts de la nouvelle Internationale Communiste, que disait Léon Blum pour sauver ce qui pouvait rester de la "vieille maison"?
"Le Parti était un parti de recrutement aussi large que possible et pour cette raison bien simple, c'est que, comme le disaient Marx et Engels dans "Le Manifeste communiste", en l'appliquant au vrai Parti communiste, au Parti communiste d'autrefois, le socialisme n'est pas un parti face à d'autres partis. Il est la classe ouvrière toute entière. Son objet, c'est de rassembler, par leur communauté de classe, les travailleurs de tous les pays".
Et un peu plus loin :
"Il n'y a pas d'autre limite à un parti socialiste, dans l'étendue et le nombre, que le nombre des travailleurs et des salariés. Notre parti était donc un parti de recrutement aussi large que possible. Comme tel, il était un parti de liberté de pensée, car les deux idées se tiennent et l'une dérive nécessairement de l'autre. Si vous voulez grouper dans le même parti tous les travailleurs, tous les salariés, tous les exploités, vous ne pouvez les rassembler que sur des formules simples et générales."
Voilà ce qui, à mon avis, devrait être pour nous une source d'inspiration. En termes d'aujourd'hui, notre Parti a vocation a représenter l'ensemble du monde salarial et tous ceux dont le travail forme la source principale de revenu. C'est ce monde que nous devons reconquérir à partir d'idées simples.
Donc, pas trop de commissions, de sous-commissions et de rapports. Quelles idées peuvent nous permettre de convaincre au-delà des viviers actuels de notre Parti - les intellectuels, les fonctionnaires...-, d'atteindre le peuple des entreprises, les jeunes, notamment chez les jeunes débutant dans la vie professionnelle? et s'il faut aller chasser sur les terrres du centrisme, pourquoi pas? Comme le disait plaisamment un vieux dirigeant de gauche : "c'est chez les civils qu'on recrute les militaires, c'est chez les non-socialistes que l'on doit recruter les socialistes".
Et si dans ce processus, nous pouvions découvrir en notre sein un grand dirigeant, un dirigeant fédérateur de toutes les énergies, comme Jaurès, comme Blum, un dirigeant capable de regrouper et de mettre au travail la génération suivante, comme l'a été Mitterrand, alors nous serions comblés. Les victoires à venir seraient assurées!
mercredi 3 octobre 2007
le Bal de la Honte
Vous avez peut-être déjà lu à cette heure l'article du Monde racontant la fête somptueuse organisée à la mi-septembre par un dirigeant et camarade du Parti Socialiste pour célébrer son mariage avec une personnalité du cinéma et de la télévision. Vous en avez au moins entendu parler. 800 invités du monde de la politique, de l'argent et du show-biz étaient de la soirée. L'ambiance, paraît-il, était euphorique...
J'ai hésité un moment à prendre la plume, car je n'aime pas faire du "basisme" facile. Je ne citerai pas les noms des personnalités du Parti Socialiste qui se trouvaient là, car je suis persuadé que beaucoup d'entre elles se sont rendues à cette invitation pour faire plaisir à un vieux camarade, sans savoir dans quoi elles allaient tomber.
Et je ne suis pas contre les fêtes. C'est une dimension importante de la vie. De par mon métier, j'ai organisé de belles fêtes, en particulier de beaux "14 Juillet". J'y ai donné et reçu beaucoup de plaisir, et j'avais le sentiment de faire aussi mon devoir.
Je suis néanmoins catastrophé de l'insouciance que la tenue d'une telle soirée démontre à l'égard de la tristesse actuelle du peuple de gauche, et des connivences qu'elle révèle au sein d'un petit monde où se mêlent argent, célébrité et politique. Ce bal sur les ruines de notre défaite est une vraie provocation. Et cette provocation sème le discrédit, non seulement sur ses organisateurs, ce qui est très mérité, mais aussi sur des camarades sincères et dévoués.
Imagine-t-on Blum, Jaurès ou Mitterrand dans une fête de ce type? Je déteste les surenchères de l'extrême-gauche, mais cette fois-ci, me voilà forcé d'être d'accord avec "Rouge", qui écrit : "ce dîner politico-mondain... montre que nous ne vivons pas dans le même monde et n'avons pas la même conception de la politique".
J'ai hésité un moment à prendre la plume, car je n'aime pas faire du "basisme" facile. Je ne citerai pas les noms des personnalités du Parti Socialiste qui se trouvaient là, car je suis persuadé que beaucoup d'entre elles se sont rendues à cette invitation pour faire plaisir à un vieux camarade, sans savoir dans quoi elles allaient tomber.
Et je ne suis pas contre les fêtes. C'est une dimension importante de la vie. De par mon métier, j'ai organisé de belles fêtes, en particulier de beaux "14 Juillet". J'y ai donné et reçu beaucoup de plaisir, et j'avais le sentiment de faire aussi mon devoir.
Je suis néanmoins catastrophé de l'insouciance que la tenue d'une telle soirée démontre à l'égard de la tristesse actuelle du peuple de gauche, et des connivences qu'elle révèle au sein d'un petit monde où se mêlent argent, célébrité et politique. Ce bal sur les ruines de notre défaite est une vraie provocation. Et cette provocation sème le discrédit, non seulement sur ses organisateurs, ce qui est très mérité, mais aussi sur des camarades sincères et dévoués.
Imagine-t-on Blum, Jaurès ou Mitterrand dans une fête de ce type? Je déteste les surenchères de l'extrême-gauche, mais cette fois-ci, me voilà forcé d'être d'accord avec "Rouge", qui écrit : "ce dîner politico-mondain... montre que nous ne vivons pas dans le même monde et n'avons pas la même conception de la politique".