Je ne peux m'empêcher de revenir sur le discours de notre président et sa tonalité profondément "anxiogène", comme l'ont si bien pointé nos militants socialistes de l'étranger.
Quel que soit le choc ressenti devant le terrorisme qui nous frappe, du 11 Septembre aux attentats de Londres, de Madrid, ou de la station de métro Saint-Michel, n'oublions jamais qu'il s'agit en quelque sorte des dégâts collatéraux d'un conflit qui déchire au premier chef le monde musulman lui-même. Les deuils qu'il crée dans ce monde-là, de l'Afghanistan au Maroc, en passant par l'Irak, le Proche-Orient et la Tchéchénie, sont infiniment plus nombreux que ceux qu'il a créés aux pires moments de crise en Amérique ou en Europe.
Quand Oussama ben Laden frappe les Twin Towers, il sait bien qu'il ne va pas faire s'effondrer les Etats-Unis et, avec eux, la "civilisation occidentale". Il cherche à démontrer qu'il est capable de prendre le leadership moral, puis politique, du monde musulman pour conquérir ensuite le reste du monde. Et ce fantasme marche en effet fort bien auprès de ces individus coincés par leur parcours personnel entre deux mondes, et frustrés de n'appartenir entièrement ni à l'un ni à l'autre. C'est bien le profil des auteurs des attentats du 11 septembre.
Le tragique en toute cette affaire, ce n'est pas "l'affrontement entre l'Islam et l'Occident", comme croit l'avoir découvert notre président, c'est l'implosion du monde musulman sur lui-même, c'est le malheur terrible que l'exaltation suicidaire de petites minorités fait peser sur lui.
Et notre président n'a pas à prendre ce ton docte pour lui expliquer comment se débarrasser de cette maladie qui le ronge. Après tout, il a fallu à cet "Occident" si volontiers donneur de leçons une guerre mondiale, ayant coûté au moins cinquante millions de morts, pour nous débarrasser de cette autre exaltation meurtrière qu'étaient le fascisme et le nazisme. Et là aussi, que de dégâts collatéraux provoqués par ce drame collectif!
S'il vous plaît, Monsieur le Président, assez de ces propos apocalyptiques destinés à faire peur aux bons Français. Dans la bouche de celui qui doit guider et incarner notre pays, ils sont aussi malvenus que le genre "y'a bon Banania" de votre déjà fameux discours de Dakar.
actualité politique, vie internationale, coopération culturelle et aide au développement, français de l'étranger.
vendredi 31 août 2007
mardi 28 août 2007
la France, l'Occident et les autres
Les Français de l'étranger membres du Parti socialiste ont élaboré à l'occasion de leur réunion annuelle à Paris un très bon papier d'analyse du discours de notre Président aux Ambassadeurs. J'espère qu'il sera diffusé par leur Fédération. Dommage que les journalistes et même les dirigeants de gauche qui se sont exprimés ne l'aient pas lu avant d'ouvrir la bouche.
Cela leur aurait en particulier évité d'y voir une quelconque inflexion dans les positions de Nicolas Sarkozy sur la question de l'adhésion turque à l'Europe. Pour qui lit bien le discours, notre Président ne s'oppose certes pas à la poursuite des négociations, mais sur les seules questions qui ne préjugent pas du choix entre adhésion pleine et entière et simple association.
Et notre président d'enfoncer le clou : "Je ne vais pas être hypocrite. Chacun sait que je ne suis favorable qu'à l'association. C'est l'idée que j'ai portée pendant toute la campagne électorale. C'est l'idée que je défends depuis des années. Je pense que cette idée d'association sera un jour reconnue par tous comme la plus raisonnable... J'ai dit au Premier Ministre turc : occupons-nous des trente chapitres compatibles avec l'association, on verra pour la suite. Il me semble que c'est une solution qui ne trahit pas le souhait des Français et qui, en même temps, permet à la Turquie d'avoir une espérance. Il est évident que si on devait refuser cette formule de compromis, je veux simplement rappeler que, pour la poursuite des discussions, il faut l'unanimité."
Comme on l'a compris, notre Président ne souhaite donc pas que l'on aille au delà de négociations compatibles avec l'association, et n'hésitera pas, si l'Europe franchissait cette ligne, à utiliser son droit de veto à Bruxelles. Franchement où est "l'inflexion" saluée par nos bons analystes?
Et puis, comme le souligne fort bien le papier des militants socialistes, mais ils sont pour le moment bien seuls à le dire, il y a, pour reprendre leurs termes, "le ton anxiogène du discours, basé essentiellement sur la notion totalement inacceptable de confrontation entre l'Islam (une religion) et l'Occident (un ensemble géographique). Cette vision du monde occidentalo-centriste est proche du néo-conservatisme américain et confirme une vision judéo-chrétienne de l'Europe. Il s'intéresse uniquement à la "securité du monde occidental" et exprime une phobie du monde arabe."
Il n'y a pas une virgule à changer à cette critique. Et quant aux solutions pour éviter cet affrontement apocalyptique, que propose notre Président? tout simplement "encourager, aider, dans chaque pays musulman les forces de modération et de modernité à faire prévaloir un Islam ouvert, un Islam tolérant, acceptant la diversité comme un enrichissement... Je souhaite que notre coopération renforce les programmes tournés vers l'ouverture et le dialogue des sociétés etc."
Nous sommes donc invités à convaincre les gentils Musulmans modérés de se débarrasser de leurs terroristes et à progresser vers... vers... pas la démocratie quand même, le mot n'est pas prononcé, on sait que ces gens-là en sont incapables, mais vers..."un mouvement des sociétés, encouragé par les gouvernements"... Là on marche sur la pointe des pieds...
Quel triste mélange de paternalisme et d'interventionisme! décidément, l'on est dans la droite ligne du discours de Dakar, où l'on a vu notre président célébrer "la souffrance de l'homme noir", puis "la profondeur et la richesse de l'âme africaine", sans oublier sa "sagesse ancestrale", ni "l'homme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires", mais pour rappeler aimablement que "dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Franchement, quelle politique étrangère va sortir d'une telle vision du monde?
Cela leur aurait en particulier évité d'y voir une quelconque inflexion dans les positions de Nicolas Sarkozy sur la question de l'adhésion turque à l'Europe. Pour qui lit bien le discours, notre Président ne s'oppose certes pas à la poursuite des négociations, mais sur les seules questions qui ne préjugent pas du choix entre adhésion pleine et entière et simple association.
Et notre président d'enfoncer le clou : "Je ne vais pas être hypocrite. Chacun sait que je ne suis favorable qu'à l'association. C'est l'idée que j'ai portée pendant toute la campagne électorale. C'est l'idée que je défends depuis des années. Je pense que cette idée d'association sera un jour reconnue par tous comme la plus raisonnable... J'ai dit au Premier Ministre turc : occupons-nous des trente chapitres compatibles avec l'association, on verra pour la suite. Il me semble que c'est une solution qui ne trahit pas le souhait des Français et qui, en même temps, permet à la Turquie d'avoir une espérance. Il est évident que si on devait refuser cette formule de compromis, je veux simplement rappeler que, pour la poursuite des discussions, il faut l'unanimité."
Comme on l'a compris, notre Président ne souhaite donc pas que l'on aille au delà de négociations compatibles avec l'association, et n'hésitera pas, si l'Europe franchissait cette ligne, à utiliser son droit de veto à Bruxelles. Franchement où est "l'inflexion" saluée par nos bons analystes?
Et puis, comme le souligne fort bien le papier des militants socialistes, mais ils sont pour le moment bien seuls à le dire, il y a, pour reprendre leurs termes, "le ton anxiogène du discours, basé essentiellement sur la notion totalement inacceptable de confrontation entre l'Islam (une religion) et l'Occident (un ensemble géographique). Cette vision du monde occidentalo-centriste est proche du néo-conservatisme américain et confirme une vision judéo-chrétienne de l'Europe. Il s'intéresse uniquement à la "securité du monde occidental" et exprime une phobie du monde arabe."
Il n'y a pas une virgule à changer à cette critique. Et quant aux solutions pour éviter cet affrontement apocalyptique, que propose notre Président? tout simplement "encourager, aider, dans chaque pays musulman les forces de modération et de modernité à faire prévaloir un Islam ouvert, un Islam tolérant, acceptant la diversité comme un enrichissement... Je souhaite que notre coopération renforce les programmes tournés vers l'ouverture et le dialogue des sociétés etc."
Nous sommes donc invités à convaincre les gentils Musulmans modérés de se débarrasser de leurs terroristes et à progresser vers... vers... pas la démocratie quand même, le mot n'est pas prononcé, on sait que ces gens-là en sont incapables, mais vers..."un mouvement des sociétés, encouragé par les gouvernements"... Là on marche sur la pointe des pieds...
Quel triste mélange de paternalisme et d'interventionisme! décidément, l'on est dans la droite ligne du discours de Dakar, où l'on a vu notre président célébrer "la souffrance de l'homme noir", puis "la profondeur et la richesse de l'âme africaine", sans oublier sa "sagesse ancestrale", ni "l'homme africain qui vit en symbiose avec la nature depuis des millénaires", mais pour rappeler aimablement que "dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Franchement, quelle politique étrangère va sortir d'une telle vision du monde?
samedi 25 août 2007
Aide française au développement : que peut-on attendre du nouveau ministre?
Jean-Marie Bockel, nous le savons, est un socialiste qui a accepté l'appel de Nicolas Sarkozy à travailler au sein de la nouvelle majorité présidentielle, comme secrétaire d'Etat chargé de la coopération et de la francophonie.
Je ne parlerai pas ici de son choix politique, mais du discours qu'il a prononcé à la mi-juillet à l'occasion des Journées de la coopération internationale et du développement. Indépendamment de tout le reste, force est de reconnaître que c'était un discours de qualité, allant droit au coeur des grandes questions du développement.
En disant tout d'abord que, malgré les succès de la mondialisation, les inégalités continuaient à se creuser entre les nations : "En dépit des engagements pris à l'aube du XXIème siècle par la communauté internationale, les pays qui étaient les plus pauvres en l'an 2000 le sont tout autant ou presque, en 2007." Ceci est particulièrement vrai de l'Afrique.
En dégageant ensuite cinq défis en matière de développement.
- défi écologique. Le réchauffement de la planète, l'extension des déserts, la raréfaction des ressources en eau potable pèsent d'abord sur les pays les plus pauvres,
-défi démographique. "Voilà dix ans que le continent africain connaît une croissance de son PIB de l'ordre de 5 à 6 % en moyenne (...) La moitié de cette croissance est absorbée mécaniquement par l'augmentation démographique.(...) Au Niger, pays parmi les plus pauvres au monde, la fécondité atteint le niveau record de 7,46 enfants par femme. Sa population pourrait passer à 50 millions d'habitants en 2050, contre 12,5 millions en 2006 et 2 millions en 1950." La réponse à ce défi, poursuit le ministre, doit d'abord être recherchée dans les politiques de santé et d'éducation,
-défi du contrôle de l'urbanisation accélérée à l'échelle mondiale, combiné avec celui du développement rural,
-défi de la qualité de la gouvernance, à tous niveaux : mondial, régional, national, sans laquelle les efforts de développement se trouvent gaspillés,
-enfin, défi de la diversité culturelle et linguistique.
Face à ces défis, le ministre passe ensuite aux méthodes, soulignant la nécessité d'adapter nos stratégies d'aide au développement à trois types de situation : les pays à faible gouvernance, les pays à gouvernance démocratique, les pays intermédiaires.
Il poursuit en mettant en valeur deux impératifs.
Le premier est de "recouvrer des marges dans notre aide bilatérale. En 2005, sur un budget de plus de 8 milliards d'euros d'aide publique au développement, nous avons consacré moins de 3 milliards à l'aide bilatérale, hors allègements de dettes. Il nous faut trouver un point d'équilibre. Nous ne pouvons compter exclusivement sur les autres pour réaliser nos ambitions et mettre en œuvre notre vision."
La deuxième concerne l'utilisation accrue des acteurs non-gouvernementaux : ONG, collectivités territoriales, mais aussi migrants, entreprises, fondations.
La dernière partie du discours fixe à l'administration ses pistes de travail, parmi lesquelles l'augmentation des moyens consacrés à la gouvernance démocratique, la concentration sur le pilotage stratégique, l'organisation de la relève de générations, l'augmentation de l'effort de communication.
Un bon discours en vérité, porteur d'une vraie vision, dont il faut espérer qu'il produira ses fruits. Malgré toute la déception que nous a inspirée le choix de Jean-Marie Bockel, les affaires de coopération internationale sont trop cruciales pour être prises en otage d'enjeux de politique interne. En ce qui concerne le fond des choses, c'est-à-dire l'aide au développement, bonne chance, donc, à Jean-Marie Bockel et à ses équipes!
Je ne parlerai pas ici de son choix politique, mais du discours qu'il a prononcé à la mi-juillet à l'occasion des Journées de la coopération internationale et du développement. Indépendamment de tout le reste, force est de reconnaître que c'était un discours de qualité, allant droit au coeur des grandes questions du développement.
En disant tout d'abord que, malgré les succès de la mondialisation, les inégalités continuaient à se creuser entre les nations : "En dépit des engagements pris à l'aube du XXIème siècle par la communauté internationale, les pays qui étaient les plus pauvres en l'an 2000 le sont tout autant ou presque, en 2007." Ceci est particulièrement vrai de l'Afrique.
En dégageant ensuite cinq défis en matière de développement.
- défi écologique. Le réchauffement de la planète, l'extension des déserts, la raréfaction des ressources en eau potable pèsent d'abord sur les pays les plus pauvres,
-défi démographique. "Voilà dix ans que le continent africain connaît une croissance de son PIB de l'ordre de 5 à 6 % en moyenne (...) La moitié de cette croissance est absorbée mécaniquement par l'augmentation démographique.(...) Au Niger, pays parmi les plus pauvres au monde, la fécondité atteint le niveau record de 7,46 enfants par femme. Sa population pourrait passer à 50 millions d'habitants en 2050, contre 12,5 millions en 2006 et 2 millions en 1950." La réponse à ce défi, poursuit le ministre, doit d'abord être recherchée dans les politiques de santé et d'éducation,
-défi du contrôle de l'urbanisation accélérée à l'échelle mondiale, combiné avec celui du développement rural,
-défi de la qualité de la gouvernance, à tous niveaux : mondial, régional, national, sans laquelle les efforts de développement se trouvent gaspillés,
-enfin, défi de la diversité culturelle et linguistique.
Face à ces défis, le ministre passe ensuite aux méthodes, soulignant la nécessité d'adapter nos stratégies d'aide au développement à trois types de situation : les pays à faible gouvernance, les pays à gouvernance démocratique, les pays intermédiaires.
Il poursuit en mettant en valeur deux impératifs.
Le premier est de "recouvrer des marges dans notre aide bilatérale. En 2005, sur un budget de plus de 8 milliards d'euros d'aide publique au développement, nous avons consacré moins de 3 milliards à l'aide bilatérale, hors allègements de dettes. Il nous faut trouver un point d'équilibre. Nous ne pouvons compter exclusivement sur les autres pour réaliser nos ambitions et mettre en œuvre notre vision."
La deuxième concerne l'utilisation accrue des acteurs non-gouvernementaux : ONG, collectivités territoriales, mais aussi migrants, entreprises, fondations.
La dernière partie du discours fixe à l'administration ses pistes de travail, parmi lesquelles l'augmentation des moyens consacrés à la gouvernance démocratique, la concentration sur le pilotage stratégique, l'organisation de la relève de générations, l'augmentation de l'effort de communication.
Un bon discours en vérité, porteur d'une vraie vision, dont il faut espérer qu'il produira ses fruits. Malgré toute la déception que nous a inspirée le choix de Jean-Marie Bockel, les affaires de coopération internationale sont trop cruciales pour être prises en otage d'enjeux de politique interne. En ce qui concerne le fond des choses, c'est-à-dire l'aide au développement, bonne chance, donc, à Jean-Marie Bockel et à ses équipes!
mercredi 22 août 2007
cuisine de vacances : le poisson à la grecque
Pour clore le cycle des messages de vacances, et maintenant que j'ai regagné le ciel pluvieux de Paris, je vous livre, pour rêver encore de la Méditerranée, ma recette du poisson à la grecque, telle qu'héritée d'une longue lignée familiale.
Pour quatre personnes , achetez une dorade (ou un pagre) entre 1kg2 et 1kg5 préparée pour le four, c'est-à-dire écaillée et vidée.
Faites bouillir dans leur peau jusqu'à cuisson complète six ou sept pommes de terre de taille moyenne, de qualité bien ferme.
Optionnel, si vous aimez les oignons : pendant qu'elles bouillent, puis qu'elles refroidissent, hacher deux gros oignons, les faire roussir à la poële dans un peu d'huile d'olive.
Couper aussi en rondelles d'un demi-centimètre environ cinq ou six tomates de taille moyenne, avec leur peau.
Couper de même en rondelles fines trois beaux citrons bio, avec leur peau.
Pelez à présent vos pommes de terre, et coupez-les également en rondelles d'environ demi centimètre d'épaisseur.
Dans un plat ovale de type pyrex d'environ 30 centimètres de long, étalez (éventuellement) votre roux d'oignons.
Mettez ensuite une couche de pommes de terre, avec quelques gouttes d'huile sur chacune des rondelles, poivrez généreusement, salez, parsemez d'un mélange d'herbes de Provence acheté au supermarché.
mettez sur votre couche de pommes de terre une couche de tomates, salez, poivrez, huilez, parsemez d'herbes de Provence comme pour les pommes de terre.
Mettez ensuite une couche de rondelles de citrons, sans assaisonnement.
Recommencez : pommes de terre, tomates, citrons, jusqu'à épuisement du stock. Deux couches, à vrai dire, feront l'affaire.
Placez votre plat ainsi garni dans un four chauffé au préalable au degré 7 ou 8 (de 1 à 10) soit 200°, laissez-l'y quarante-cinq bonnes minutes, que les pommes de terres brunissent et que le tout se "compotise" un peu. Eteignez ensuite le four, mais laissez le plat dedans.
Une demi-heure environ plus tard, préparez votre poisson, de façon très simple : poivré, herbes de Provence, un peu frotté d'huile.
Rallumez votre four, toujours au degré 7 ou 8, soit 200°, environ 45 minutes avant de devoir servir votre poisson. Au bout de dix minutes, sortez du four votre plat précédemment préparé, placez le poisson sur votre lit de légumes et enfournez.
Au bout d'une demi-heure, sortez le plat, entaillez avec un couteau de cuisine le poisson sur un centimètre le long de l'arête centrale pour voir si la chair se détache bien de l'arrête. Si elle résiste, remettez au four pour cinq minutes de plus et vérifiez à nouveau la cuisson. Normalement au bout de 35 minutes au total, la chair se détache sans difficulté de l'arête centrale, et le poisson est prêt à servir.
Au fur et à mesure que vos servez à vos convives leur part de poisson avec une bonne portion de légumes, n'oubliez pas d'arroser leur poisson avec un peu de l'huile d'olive récoltée au fond du plat. Inutile en revanche de l'arroser de citron, celui qui a cuit dans les légumes parfume déjà l'ensemble et peut être mangé tel quel, chair et peau, avec poisson et légumes.
Et si vous n'êtes pas content de la recette, n'hésitez pas à mettre un commentaire pour me le dire!
Pour quatre personnes , achetez une dorade (ou un pagre) entre 1kg2 et 1kg5 préparée pour le four, c'est-à-dire écaillée et vidée.
Faites bouillir dans leur peau jusqu'à cuisson complète six ou sept pommes de terre de taille moyenne, de qualité bien ferme.
Optionnel, si vous aimez les oignons : pendant qu'elles bouillent, puis qu'elles refroidissent, hacher deux gros oignons, les faire roussir à la poële dans un peu d'huile d'olive.
Couper aussi en rondelles d'un demi-centimètre environ cinq ou six tomates de taille moyenne, avec leur peau.
Couper de même en rondelles fines trois beaux citrons bio, avec leur peau.
Pelez à présent vos pommes de terre, et coupez-les également en rondelles d'environ demi centimètre d'épaisseur.
Dans un plat ovale de type pyrex d'environ 30 centimètres de long, étalez (éventuellement) votre roux d'oignons.
Mettez ensuite une couche de pommes de terre, avec quelques gouttes d'huile sur chacune des rondelles, poivrez généreusement, salez, parsemez d'un mélange d'herbes de Provence acheté au supermarché.
mettez sur votre couche de pommes de terre une couche de tomates, salez, poivrez, huilez, parsemez d'herbes de Provence comme pour les pommes de terre.
Mettez ensuite une couche de rondelles de citrons, sans assaisonnement.
Recommencez : pommes de terre, tomates, citrons, jusqu'à épuisement du stock. Deux couches, à vrai dire, feront l'affaire.
Placez votre plat ainsi garni dans un four chauffé au préalable au degré 7 ou 8 (de 1 à 10) soit 200°, laissez-l'y quarante-cinq bonnes minutes, que les pommes de terres brunissent et que le tout se "compotise" un peu. Eteignez ensuite le four, mais laissez le plat dedans.
Une demi-heure environ plus tard, préparez votre poisson, de façon très simple : poivré, herbes de Provence, un peu frotté d'huile.
Rallumez votre four, toujours au degré 7 ou 8, soit 200°, environ 45 minutes avant de devoir servir votre poisson. Au bout de dix minutes, sortez du four votre plat précédemment préparé, placez le poisson sur votre lit de légumes et enfournez.
Au bout d'une demi-heure, sortez le plat, entaillez avec un couteau de cuisine le poisson sur un centimètre le long de l'arête centrale pour voir si la chair se détache bien de l'arrête. Si elle résiste, remettez au four pour cinq minutes de plus et vérifiez à nouveau la cuisson. Normalement au bout de 35 minutes au total, la chair se détache sans difficulté de l'arête centrale, et le poisson est prêt à servir.
Au fur et à mesure que vos servez à vos convives leur part de poisson avec une bonne portion de légumes, n'oubliez pas d'arroser leur poisson avec un peu de l'huile d'olive récoltée au fond du plat. Inutile en revanche de l'arroser de citron, celui qui a cuit dans les légumes parfume déjà l'ensemble et peut être mangé tel quel, chair et peau, avec poisson et légumes.
Et si vous n'êtes pas content de la recette, n'hésitez pas à mettre un commentaire pour me le dire!
samedi 18 août 2007
Comment peut-on être (ou ne pas être) marxiste?
Cher Jean-Christophe,
j'écrivais dans un récent message ("à propos d'un article de Jacques Julliard", 6 août) : "Oserai-je dire qu'il n'est pas non plus interdit d'aller puiser à une autre source du socialisme, la pensée de Marx, pas sa pensée ossifiée dans le marxisme-léninisme, mais la pensée du Marx qui disait déjà "je ne suis pas marxiste"?..."
Tu réagis en disant "le léninisme ossifié?"..."socialiste et marxiste, ce n'est pas compatible ?" Tes questions appellent réponse.
Oui, je persiste à croire que la pensée de Marx a été déformée, simplifiée et instrumentalisée par le marxisme-léninisme. Instrumentalisée au profit d'une stratégie de conquête du pouvoir beaucoup plus "blanquiste", au fond, que "marxiste". Blanqui était ce socialiste révolutionnaire français du XIXème siècle, ayant passé une bonne partie de sa vie en prison, qui croyait à la possibilité de prendre le pouvoir et d'instaurer une société socialiste grâce à un coup d'Etat fomenté par des "minorités agissantes", organisées en réseaux de conspirateurs. C'est à peu près ce qu'on fait les Bolcheviks en 1917.
Marx voyait l'avènement du socialisme comme le résultat final de l'évolution des sociétés capitalistes. Lénine a cru y arriver par une sorte de raccourci historique. La Russie était encore une société très traditionnelle, à un stade primitif du capitalisme. On sait ce qu'il en est advenu : le stalinisme, c'est-à-dire une forme modernisée du despotisme asiatique séculaire déjà décrit par Montesquieu, Hegel... et Marx lui-même.
Quand Marx disait qu'il n'était pas marxiste, c'était pour protester contre la simplification et l'instrumentalisation de sa pensée. Déjà de son vivant, l'on commençait de faire de Marx un nouveau Messie, et du marxisme un nouveau catéchisme.
Quand il disait qu'il existait des "évolutions révolutionnaires", c'est qu'il constatait déjà à son époque les progrès -baisse du temps de travail, élévation du niveau de vie et d'éducation- générés par la technique, l'expansion coloniale, mais aussi l'évolution des esprits et des législations sous la pression politique et syndicale. Il devait estimer à la fin de sa vie que l'Angleterre, berceau de la révolution industrielle, serait le premier pays à arriver au socialisme par ce type "d'évolution révolutionnaire".
Alors peut-on être socialiste sans être marxiste? ce débat doit paraître très dépassé à beaucoup de nos lecteurs. A-t-il encore du sens alors qu'il s'agit de construire le socialisme du XXIème siècle? Pourtant, comme le disait Jaurès," c'est en allant à la mer que le fleuve est fidèle à sa source". En d'autres termes, effacer notre passé nous ferait perdre de précieux repères pour entrer dans l'avenir. La démarche de Marx, comme volonté de comprendre les forces souterraines à l'oeuvre dans les phénomènes politiques, économiques et sociaux, et de les orienter au bénéfice de tous, peut et doit rester pour nous une source d'inspiration.
Cela amène une autre question, qui est de savoir si de telles forces peuvent effectivement être maîtrisées et canalisées par quelques-uns. Marx, pour sa part, ne l'a jamais pensé. S'en croire capable, c'est déjà sans doute faire preuve d'un orgueuil prométhéen. C'est aller vers les catastrophes du stalinisme et du maoïsme. Mais alors que pouvons-nous faire? ce sera, si tu le veux bien, l'objet de prochains articles.
j'écrivais dans un récent message ("à propos d'un article de Jacques Julliard", 6 août) : "Oserai-je dire qu'il n'est pas non plus interdit d'aller puiser à une autre source du socialisme, la pensée de Marx, pas sa pensée ossifiée dans le marxisme-léninisme, mais la pensée du Marx qui disait déjà "je ne suis pas marxiste"?..."
Tu réagis en disant "le léninisme ossifié?"..."socialiste et marxiste, ce n'est pas compatible ?" Tes questions appellent réponse.
Oui, je persiste à croire que la pensée de Marx a été déformée, simplifiée et instrumentalisée par le marxisme-léninisme. Instrumentalisée au profit d'une stratégie de conquête du pouvoir beaucoup plus "blanquiste", au fond, que "marxiste". Blanqui était ce socialiste révolutionnaire français du XIXème siècle, ayant passé une bonne partie de sa vie en prison, qui croyait à la possibilité de prendre le pouvoir et d'instaurer une société socialiste grâce à un coup d'Etat fomenté par des "minorités agissantes", organisées en réseaux de conspirateurs. C'est à peu près ce qu'on fait les Bolcheviks en 1917.
Marx voyait l'avènement du socialisme comme le résultat final de l'évolution des sociétés capitalistes. Lénine a cru y arriver par une sorte de raccourci historique. La Russie était encore une société très traditionnelle, à un stade primitif du capitalisme. On sait ce qu'il en est advenu : le stalinisme, c'est-à-dire une forme modernisée du despotisme asiatique séculaire déjà décrit par Montesquieu, Hegel... et Marx lui-même.
Quand Marx disait qu'il n'était pas marxiste, c'était pour protester contre la simplification et l'instrumentalisation de sa pensée. Déjà de son vivant, l'on commençait de faire de Marx un nouveau Messie, et du marxisme un nouveau catéchisme.
Quand il disait qu'il existait des "évolutions révolutionnaires", c'est qu'il constatait déjà à son époque les progrès -baisse du temps de travail, élévation du niveau de vie et d'éducation- générés par la technique, l'expansion coloniale, mais aussi l'évolution des esprits et des législations sous la pression politique et syndicale. Il devait estimer à la fin de sa vie que l'Angleterre, berceau de la révolution industrielle, serait le premier pays à arriver au socialisme par ce type "d'évolution révolutionnaire".
Alors peut-on être socialiste sans être marxiste? ce débat doit paraître très dépassé à beaucoup de nos lecteurs. A-t-il encore du sens alors qu'il s'agit de construire le socialisme du XXIème siècle? Pourtant, comme le disait Jaurès," c'est en allant à la mer que le fleuve est fidèle à sa source". En d'autres termes, effacer notre passé nous ferait perdre de précieux repères pour entrer dans l'avenir. La démarche de Marx, comme volonté de comprendre les forces souterraines à l'oeuvre dans les phénomènes politiques, économiques et sociaux, et de les orienter au bénéfice de tous, peut et doit rester pour nous une source d'inspiration.
Cela amène une autre question, qui est de savoir si de telles forces peuvent effectivement être maîtrisées et canalisées par quelques-uns. Marx, pour sa part, ne l'a jamais pensé. S'en croire capable, c'est déjà sans doute faire preuve d'un orgueuil prométhéen. C'est aller vers les catastrophes du stalinisme et du maoïsme. Mais alors que pouvons-nous faire? ce sera, si tu le veux bien, l'objet de prochains articles.
mardi 14 août 2007
pensées et maximes
Au bord de la Méditerranée, la chaleur monte, l'envie de penser diminue... je lève le pied pour quelques jours, et laisse un autre penser à ma place. En l'occurrence, c'est Montesquieu (il y a pire...), dans ses "Pensées", recueil d'idées qu'il jetait sur le papier pour y puiser l'inspiration de ses ouvrages. Elles ne furent publiées que longtemps après sa mort.
Voilà mes préférées.
Voilà mes préférées.
"Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d'être Français, (ou bien) parce que je suis nécessairement homme, et que je ne suis Français que par hasard." (n°350),
"Quand dans un royaume, il y a plus d'avantage à faire sa cour qu'à faire son devoir, tout est perdu." (n°642),
"Un ancien a comparé les lois à ces toiles d'araignées qui, n'ayant que la force d'arrêter les mouches, sont rompues par les oiseaux. Pour moi, je comparerais les bonnes lois à ces grands filets dans lesquels les poissons sont pris, mais se croient libres, et les mauvaises à ces filets dans lesquels ils sont si serrés que d'abord ils se sentent pris." (n°943),
"Ce qui manque aux orateurs en profondeur, ils vous le donnent en longueur." (n°1086),
"J'aime les paysans: ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers." (n°1109),
"Je crois avoir découvert la raison pourquoi les cerfs pleurent lorsqu'ils sont acculés : c'est par pitié pour la sottise de ceux qui passent leur vie à les poursuivre." (n°1350),
"Quand il s'agit d'obtenir les honneurs, on rame avec le mérite personnel et on vogue à pleines voiles avec la naissance." (n°1576),
"je ne demande à ma patrie ni pensions, ni honneurs, ni distinctions; je me trouve amplement récompensé par l'air que j'y respire. Je voudrais seulement que l'on ne l'y corrompît point".
Allez, bonnes vacances à ceux qui y sont encore, et bonne rentrée pour tout le monde!
samedi 11 août 2007
Rions un peu...
Pour se changer un peu les idées au coeur des vacances, voici l'histoire d'Edgar Faure, homme politique éminent de la IVème République, sachant (lui aussi) cultiver les amis généreux.
Progressant dans les charges et les honneurs, notre ami Edgar part à la recherche d'un bel appartement parisien -pas moins de 300 mètres carrés, sans doute- plus conforme à sa nouvelle importance politique.
Le voilà donc prenant contact avec avec l'une de ses nombreuses relations, président d'une grande compagnie d'assurances, de ce genre de compagnie qui possède des centaines d'immeubles bourgeois dans la capitale.
Il lui explique longuement ses besoins, lui dit combien il compte sur lui pour lui trouver l'appartement correspondant à ses voeux, et conclut en disant : "et, bien entendu, j'insiste pour payer un loyer... même symbolique!".
Progressant dans les charges et les honneurs, notre ami Edgar part à la recherche d'un bel appartement parisien -pas moins de 300 mètres carrés, sans doute- plus conforme à sa nouvelle importance politique.
Le voilà donc prenant contact avec avec l'une de ses nombreuses relations, président d'une grande compagnie d'assurances, de ce genre de compagnie qui possède des centaines d'immeubles bourgeois dans la capitale.
Il lui explique longuement ses besoins, lui dit combien il compte sur lui pour lui trouver l'appartement correspondant à ses voeux, et conclut en disant : "et, bien entendu, j'insiste pour payer un loyer... même symbolique!".
jeudi 9 août 2007
Petite analyse de texte
Avez-vous lu le communiqué suivant de la Présidence de la République?
"Le président de la République est favorable à l'initiative de Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale, qui appelle à la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur les développements récents des relations entre la France et la Libye, y compris en matière d'armement. Les travaux de cette commission permettront de confirmer toutes les déclarations faites par les autorités françaises et de mettre en valeur l'exemplarité de leur action qui a permis, avec l'Union européenne, de mettre un terme à l'emprisonnement des cinq infirmières et du médecin bulgares."
En quelques lignes, que de biais introduits, plus ou moins subtilement, dans la communication!
Que signifie le Président en disant qu'il est "favorable" à cette initiative? que cela change-t-il au processus? en sens inverse, pourrait-il dire qu'il est "défavorable" à telle ou telle initiative du Parlement? cela pourrait-il arrêter le cours des choses? L'on en arrive à penser qu'en se disant ainsi "favorable", le Président cherche surtout à prendre les devants en faisant comprendre qu'il ne craint pas l'initiative, et donc qu'il n'a rien à se reprocher.
"... initiative de Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale". Vraiment? le Président paraît mal informé. Tout lecteur de journal, ou même tout spectateur des journaux télévisés avait compris que l'initiative venait en réalité du Parti socialiste. Pourquoi ainsi le dissimuler?
Plus étonnant, avant même que la Commission d'enquête se soit réunie, notre Président en annonce le résultat : "les travaux de cette commission permettront de confirmer toutes les déclarations faites par les autorités françaises et de mettre en valeur l'exemplarité de leur action etc." Est-ce une façon de dicter aux membres de la future commission, au moins à ceux appartenant à sa majorité, ce que devra contenir son rapport?
"...exemplarité de leur action qui a permis, avec l'Union européenne,..." joli coup peut-être. Mais doit-on vraiment donner en exemple pour notre diplomatie une action consistant à prendre au dernier moment la vedette d'une libération préparée de longue date par de nombreux Européens? Et n'aurait-on pas dû au moins écrire "une action de l'Union européenne qui a permis, avec l'aide de la France..."?
Exemplaire, vraiment, une action qui a entraîné le commentaire suivant du fils du colonel Khadafi: "j'ai dit à mon père: "je n'arrive pas à croire à l'offre française!"? Oui, il faudra que l'on sache un jour ce qu'ont vraiment offert M.et Mme Sarkozy au Maître de Tripoli pour se placer en première page de l'actualité!
"Le président de la République est favorable à l'initiative de Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale, qui appelle à la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur les développements récents des relations entre la France et la Libye, y compris en matière d'armement. Les travaux de cette commission permettront de confirmer toutes les déclarations faites par les autorités françaises et de mettre en valeur l'exemplarité de leur action qui a permis, avec l'Union européenne, de mettre un terme à l'emprisonnement des cinq infirmières et du médecin bulgares."
En quelques lignes, que de biais introduits, plus ou moins subtilement, dans la communication!
Que signifie le Président en disant qu'il est "favorable" à cette initiative? que cela change-t-il au processus? en sens inverse, pourrait-il dire qu'il est "défavorable" à telle ou telle initiative du Parlement? cela pourrait-il arrêter le cours des choses? L'on en arrive à penser qu'en se disant ainsi "favorable", le Président cherche surtout à prendre les devants en faisant comprendre qu'il ne craint pas l'initiative, et donc qu'il n'a rien à se reprocher.
"... initiative de Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale". Vraiment? le Président paraît mal informé. Tout lecteur de journal, ou même tout spectateur des journaux télévisés avait compris que l'initiative venait en réalité du Parti socialiste. Pourquoi ainsi le dissimuler?
Plus étonnant, avant même que la Commission d'enquête se soit réunie, notre Président en annonce le résultat : "les travaux de cette commission permettront de confirmer toutes les déclarations faites par les autorités françaises et de mettre en valeur l'exemplarité de leur action etc." Est-ce une façon de dicter aux membres de la future commission, au moins à ceux appartenant à sa majorité, ce que devra contenir son rapport?
"...exemplarité de leur action qui a permis, avec l'Union européenne,..." joli coup peut-être. Mais doit-on vraiment donner en exemple pour notre diplomatie une action consistant à prendre au dernier moment la vedette d'une libération préparée de longue date par de nombreux Européens? Et n'aurait-on pas dû au moins écrire "une action de l'Union européenne qui a permis, avec l'aide de la France..."?
Exemplaire, vraiment, une action qui a entraîné le commentaire suivant du fils du colonel Khadafi: "j'ai dit à mon père: "je n'arrive pas à croire à l'offre française!"? Oui, il faudra que l'on sache un jour ce qu'ont vraiment offert M.et Mme Sarkozy au Maître de Tripoli pour se placer en première page de l'actualité!
lundi 6 août 2007
A propos d'un article de Jacques Julliard
Je m'étais promis de ne pas aborder de sujets trop sérieux en ce creux des vacances, mais je souhaite appeler sans tarder l'attention sur l'article de Jacques Julliard dans le Nouvel Observateur de cette semaine (numéro du 2 août, pages 22 à 24): "Socialistes, croyez-vous encore à vos mythes?"
Que dit-il en substance? La France s'oriente inexorablement vers le bi-partisme. L'unité de la droite vient d'être réalisée par Nicolas Sarkozy, notamment par la récupération de l'électorat lepéniste. le Parti Socialiste, malgré sa défaite, est en situation de réaliser cette même unité à gauche. Malgré toutes ses erreurs, ses électeurs ne l'ont pas lâché. C'est le seul parti de gauche à ne s'être pas effondré, et même à avoir augmenté le nombre de ses députés.
Mais pour y parvenir, ses dirigeants doivent absolument modifier leur comportement (seule Ségolène, malgré ses gros défauts, "parlait vrai"), et bien entendu, modifier leur discours. Je cite Julliard : "quand l'Etat-providence est en crise, on ne peut se contenter de crier "vive l'Etat-providence"! Il faut repenser l'ensemble de la philosophie du socialisme, inventer un socialisme de marché pour faire face à la paupérisation d'une partie de la population, au défi de la mondialisation et à l'ardente obligation d'une économie du savoir".
En somme, selon Julliard, et je suis prêt à le croire, le Parti Socialiste se trouve à l'aube d'une refondation qu'il lui faut absolument réussir.
Comment? c'est là que je me permets d'introduire mes idées, qui sont aussi les idées de bien d'autres. En effet, comme vous allez le voir, elles vont puiser loin, aux deux sources du socialisme français: Blum et Jaurès.
Le Parti Socialiste doit retrouver sa vocation à être le fédérateur de toutes les familles de la Gauche, excepté quelques extrêmes irrécupérables. Pas facile, car elles sont de sensibilités contradictoires.
Léon Blum, dès le congrès de Tours, en 1921, ne disait rien d'autre en rappelant, avec les mots de son temps, que le Parti socialiste, "Parti de la classe ouvrière", avait le devoir de représenter toute la classe ouvrière, avec ses contradictions, et tous ses intérêts divers.
Or notre électorat naturel, l'équivalent de la "classe ouvrière" du XIXème et de la première partie du XXème siècle, c'est le monde des salariés, du public et du privé, et aussi celui des petits et moyens entrepreneurs dont le sort n'est souvent pas plus enviable que celui des salariés. C'est le monde qui tire l'essentiel de ses revenus de sa force de travail et d'intelligence, parfois de la combinaison d'un peu de capital et de beaucoup de travail et d'intelligence, mais jamais de l'inverse.
C'est cet électorat que nous devons convaincre de sa profonde solidarité, malgré des intérêts immédiats parfois contradictoires, face à la concentration accélérée des toutes les formes de pouvoir par les forces de l'argent, face à leur intrusion croissante dans le contrôle des Etats, et dans le contrôle des esprits, par la conquête des médias et de la presse, par la conquête des réseaux de communication planétaires. Je vous renvoie ici à mon article du 26 juillet.
En second lieu le Parti socialiste doit être capable de réconcilier les aspirations réformatrices et les aspirations révolutionnaires qui l'ont parcouru tout au long de son histoire. Car ce n'est pas en reniant le passé qu'on peut progresser vers l'avenir.
Ici c'est Jaurès, qui, dès 1908, au congrès de Toulouse, nous apporte les éléments de la réponse dans un lumineux discours qui, en ses fondements, n'a pas pris une ride. Nous sommes à l'époque d'un tout nouveau et encore fragile parti socialiste unifié, la SFIO. voici la phrase-clé de ce discours:
"Nous disons que dans un Parti vraiment et profondément socialiste, l’esprit révolutionnaire réel est en proportion de l’action réformatrice efficace et que l’action réformatrice efficace est en proportion de la vigueur même de la pensée et de l’esprit révolutionnaires."
Voilà ce qui à l'heure d'un nouveau départ doit nous inspirer pour inventer de nouvelles façons d'être et d'agir. Oserai-je dire qu'il n'est pas non plus interdit d'aller puiser à une autre source du socialisme, la pensée de Marx, pas sa pensée ossifiée dans le marxisme-léninisme et le stalinisme, mais la pensée du Marx qui disait déjà "je ne suis pas marxiste", du Marx qui réfléchissait aux formes d'une "évolution révolutionnaire"?
Je m'arrête là pour le moment, mais il va de soi que nous reviendrons sur ces sujets. En attendant, que ceux qui souhaitent se procurer le texte intégral du discours de Jaurès m'adressent un message à l'adresse suivante: nicoullaud@aol.com. Je me ferai un plaisir de le leur adresser en format pdf.
Que dit-il en substance? La France s'oriente inexorablement vers le bi-partisme. L'unité de la droite vient d'être réalisée par Nicolas Sarkozy, notamment par la récupération de l'électorat lepéniste. le Parti Socialiste, malgré sa défaite, est en situation de réaliser cette même unité à gauche. Malgré toutes ses erreurs, ses électeurs ne l'ont pas lâché. C'est le seul parti de gauche à ne s'être pas effondré, et même à avoir augmenté le nombre de ses députés.
Mais pour y parvenir, ses dirigeants doivent absolument modifier leur comportement (seule Ségolène, malgré ses gros défauts, "parlait vrai"), et bien entendu, modifier leur discours. Je cite Julliard : "quand l'Etat-providence est en crise, on ne peut se contenter de crier "vive l'Etat-providence"! Il faut repenser l'ensemble de la philosophie du socialisme, inventer un socialisme de marché pour faire face à la paupérisation d'une partie de la population, au défi de la mondialisation et à l'ardente obligation d'une économie du savoir".
En somme, selon Julliard, et je suis prêt à le croire, le Parti Socialiste se trouve à l'aube d'une refondation qu'il lui faut absolument réussir.
Comment? c'est là que je me permets d'introduire mes idées, qui sont aussi les idées de bien d'autres. En effet, comme vous allez le voir, elles vont puiser loin, aux deux sources du socialisme français: Blum et Jaurès.
Le Parti Socialiste doit retrouver sa vocation à être le fédérateur de toutes les familles de la Gauche, excepté quelques extrêmes irrécupérables. Pas facile, car elles sont de sensibilités contradictoires.
Léon Blum, dès le congrès de Tours, en 1921, ne disait rien d'autre en rappelant, avec les mots de son temps, que le Parti socialiste, "Parti de la classe ouvrière", avait le devoir de représenter toute la classe ouvrière, avec ses contradictions, et tous ses intérêts divers.
Or notre électorat naturel, l'équivalent de la "classe ouvrière" du XIXème et de la première partie du XXème siècle, c'est le monde des salariés, du public et du privé, et aussi celui des petits et moyens entrepreneurs dont le sort n'est souvent pas plus enviable que celui des salariés. C'est le monde qui tire l'essentiel de ses revenus de sa force de travail et d'intelligence, parfois de la combinaison d'un peu de capital et de beaucoup de travail et d'intelligence, mais jamais de l'inverse.
C'est cet électorat que nous devons convaincre de sa profonde solidarité, malgré des intérêts immédiats parfois contradictoires, face à la concentration accélérée des toutes les formes de pouvoir par les forces de l'argent, face à leur intrusion croissante dans le contrôle des Etats, et dans le contrôle des esprits, par la conquête des médias et de la presse, par la conquête des réseaux de communication planétaires. Je vous renvoie ici à mon article du 26 juillet.
En second lieu le Parti socialiste doit être capable de réconcilier les aspirations réformatrices et les aspirations révolutionnaires qui l'ont parcouru tout au long de son histoire. Car ce n'est pas en reniant le passé qu'on peut progresser vers l'avenir.
Ici c'est Jaurès, qui, dès 1908, au congrès de Toulouse, nous apporte les éléments de la réponse dans un lumineux discours qui, en ses fondements, n'a pas pris une ride. Nous sommes à l'époque d'un tout nouveau et encore fragile parti socialiste unifié, la SFIO. voici la phrase-clé de ce discours:
"Nous disons que dans un Parti vraiment et profondément socialiste, l’esprit révolutionnaire réel est en proportion de l’action réformatrice efficace et que l’action réformatrice efficace est en proportion de la vigueur même de la pensée et de l’esprit révolutionnaires."
Voilà ce qui à l'heure d'un nouveau départ doit nous inspirer pour inventer de nouvelles façons d'être et d'agir. Oserai-je dire qu'il n'est pas non plus interdit d'aller puiser à une autre source du socialisme, la pensée de Marx, pas sa pensée ossifiée dans le marxisme-léninisme et le stalinisme, mais la pensée du Marx qui disait déjà "je ne suis pas marxiste", du Marx qui réfléchissait aux formes d'une "évolution révolutionnaire"?
Je m'arrête là pour le moment, mais il va de soi que nous reviendrons sur ces sujets. En attendant, que ceux qui souhaitent se procurer le texte intégral du discours de Jaurès m'adressent un message à l'adresse suivante: nicoullaud@aol.com. Je me ferai un plaisir de le leur adresser en format pdf.
dimanche 5 août 2007
lectures de vacances (2)
Si tu vois le Margouillat (souvenirs d'Afrique), Pierre Biarnès, l'Harmattan 2007 (300 pages, 25,50 euros)
Seul Pierre Biarnès, 23 ans correspondant du Monde à Dakar, pouvait ainsi raconter l'Afrique, en démontant rigoureusement les circonstances qui ont conduit ici à l'avènement d'un "Empereur", là à celui d'un "Général-Président" chantre de "l'authenticité", et presque partout (Sénégal excepté) à l'installation de tyranneaux cramponnés à leur pouvoir. Mais aussi en extrayant de tous ces enchaînements de drames mêlés de burlesque les sons et les couleurs d'une vie frénétique, avec ses lourds parfums de sexe, d'ordure et de mort.
Sept pays sont ainsi passés en revue, de l'indépendance à nos jours : le Congo ou Zaïre, la Centrafrique, le Tchad, le Gabon, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Pierre Biarnès ouvre chaque chapitre par un bloc-note de souvenirs personnels, souvent hilarants, recueillis auprès des acteurs que l'on voit ensuite réapparaître en une seconde partie, proprement (si l'on ose dire) politique. Comme un vieux mâle solitaire errant dans la savane, notre auteur se laisse aussi aller à un ou deux coups de défense aussi inattendus qu'injustifiés, mais ceux qui le connaissent savent qu'on ne le changera pas...
Oubliés ces détails, voilà un livre à lire absolument par ceux qui veulent commencer à comprendre quelque chose à l'Afrique. Et pour ceux qui l'ont déjà vécue, pour retrouver les souvenirs de ce monde "plein de bruit et de fureur", plus vrai, plus fort que toutes les pièces de Shakespeare...
Une enfance provençale, Pierre Biarnès, L'Harmattan 2007 (62 pages, 10 euros)
... et pour faire bon poids, offrez-vous aussi son petit livre de souvenirs d'enfance, une vraie enfance provençale rythmée par les saisons, dans une vraie famille de paysans des années 1930 et 1940, avant l'eau courante et le confort moderne. Un régal, à l'issue duquel, après beaucoup d'histoires de galipettes, l'on voit apparaître la belle figure de Monique, connue à l'âge de deux ans, l'unique et grand amour de sa vie.
Seul Pierre Biarnès, 23 ans correspondant du Monde à Dakar, pouvait ainsi raconter l'Afrique, en démontant rigoureusement les circonstances qui ont conduit ici à l'avènement d'un "Empereur", là à celui d'un "Général-Président" chantre de "l'authenticité", et presque partout (Sénégal excepté) à l'installation de tyranneaux cramponnés à leur pouvoir. Mais aussi en extrayant de tous ces enchaînements de drames mêlés de burlesque les sons et les couleurs d'une vie frénétique, avec ses lourds parfums de sexe, d'ordure et de mort.
Sept pays sont ainsi passés en revue, de l'indépendance à nos jours : le Congo ou Zaïre, la Centrafrique, le Tchad, le Gabon, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Pierre Biarnès ouvre chaque chapitre par un bloc-note de souvenirs personnels, souvent hilarants, recueillis auprès des acteurs que l'on voit ensuite réapparaître en une seconde partie, proprement (si l'on ose dire) politique. Comme un vieux mâle solitaire errant dans la savane, notre auteur se laisse aussi aller à un ou deux coups de défense aussi inattendus qu'injustifiés, mais ceux qui le connaissent savent qu'on ne le changera pas...
Oubliés ces détails, voilà un livre à lire absolument par ceux qui veulent commencer à comprendre quelque chose à l'Afrique. Et pour ceux qui l'ont déjà vécue, pour retrouver les souvenirs de ce monde "plein de bruit et de fureur", plus vrai, plus fort que toutes les pièces de Shakespeare...
Une enfance provençale, Pierre Biarnès, L'Harmattan 2007 (62 pages, 10 euros)
... et pour faire bon poids, offrez-vous aussi son petit livre de souvenirs d'enfance, une vraie enfance provençale rythmée par les saisons, dans une vraie famille de paysans des années 1930 et 1940, avant l'eau courante et le confort moderne. Un régal, à l'issue duquel, après beaucoup d'histoires de galipettes, l'on voit apparaître la belle figure de Monique, connue à l'âge de deux ans, l'unique et grand amour de sa vie.
jeudi 2 août 2007
droits de l'Homme en Iran, condamnation à mort de journalistes
Ouf! une semaine après le communiqué du Parti Socialiste dénonçant la condamnation à mort de deux journalistes iraniens, le Ministère des Affaires étrangères découvre à son tour l'affaire. Bernard Kouchner vient de protester publiquement. C'est bien. Mieux vaut tard que jamais.
mercredi 1 août 2007
Lectures de vacances : "Dictionnaire égoïste de la littérature française"
Nous voilà entrés dans la torpeur du mois d'août, cette torpeur que seuls les malappris se permettent de perturber, comme Saddam Hussein lors de son invasion du Koweït. Il a fini par le payer cher.
Le rythme des articles va donc se ralentir pour deux ou trois semaines. A moins que l'actualité ne nous bouscule, nous allons pouvoir aborder des sujets plus légers, comme les lectures de vacances.
Si vous aimez lire n'importe comment, par grands ou petits bouts, en ouvrant un livre à n'importe quel endroit, et, bien sûr, si vous aimez les écrivains, leur monde et leurs produits, n'oubliez pas d'acquérir et de placer sur votre table de chevet (ou dans votre sac de plage) ce livre des quatre saisons : le Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig (Grasset, 2005).
C'est un livre inépuisable, drôle, profond, fantasque, qui ravive les souvenirs et donne envie de s'en faire d'autres, l'envie de courir vers une librairie commander tel ou tel ouvrage, un peu oublié, ou que l'on a négligé de lire, et dont il paraît tout à coup que la lecture est la chose la plus urgente et la plus importante au monde.
Au hasard, à l'article bibliothèque :"une bibliothèque est l'univers. Enfant, dans les bibliothèques de ma famille, j'étais un explorateur, de plus en plus hardi. On tire un livre, on n'a pas le moindre indice de ce qu'il peut contenir, on ouvre... un monde. toutes les conversations qu'on nous interdit d'écouter à la table des grands sont là. En pire. On s'instruit, ce que ne veulent pas les adultes, qui nous éduquent. Le premier livre que j'ai lu et qui n'était pas de mon âge était un recueil de Verlaine. Avec quelle gloutonnerie, et quel amour..."
au hasard toujours, Daniel et Ludovic Halévy: "quand j'ai lu, dans les Mémoires d'outre-tombe cette phrase sur le critique La Harpe: "un homme qui appartenait à ces hommes supérieurs au second rang dans la société du XVIIIème siècle et qui, formant une arrière-ligne solide dans la société, donnaient à cette société de l'ampleur et de la conscience", j'ai pensé à Daniel Halévy. Halévy, esprit solide, droit et sévère, même s'il n'est pas complètement un écrivain, si un écrivain est quelqu'un qui, à un moment ou à l'autre, déconne... Daniel Halévy a publié le journal de ses rencontres avec Degas, et les cent pages du Degas parle, l'air d'un journal, sont un traité d'esthétique. Il y a là quinze phrases de Degas qui m'ont marqué pour la vie..."
Jean de La Fontaine : "peu d'écrivains parlent un français aussi fin sans que cela se remarque... quand son pas l'ennuie, il en change. Quel danseur! virtuose, mais dissimulant sa virtuosité...La Fontaine, c'est Gene Kelly." (moi, j'aurais écrit "Fred Astaire"...).
Personnages : "les personnages de Balzac sont des épouvantails. Les personnages de Dickens sont des tics. Les personnages de Beaumarchais sont des gifles. Les personnages de Proust sont les pattes ultrasensibles prolongeant le cerveau en poulpe du narrateur. Les personnages de Marivaux sont des papillons. Les personnages de Cocteau sont des ombres chinoises. Les personnages de Simone de Beauvoir sont les poupées d'un ventriloque..."
Et il y en a comme cela presque mille pages!
Beaucoup d'articles portant sur des auteurs se terminent par une citation. Voici celle qui m'a le plus frappé. Elle est de Montesquieu, extraite de ses Pensées (oeuvre posthume) : "la raison pour laquelle les sots réussissent ordinairement dans leurs entreprises, c'est que, ne sachant et ne voyant jamais qu'ils sont importuns, ils ne s'arrêtent jamais."
Cela ne vous rappelle personne? personne en particulier, bien sûr. Pour ma part, j'ai au moins deux noms qui me sont venus aussitôt à l'esprit.
Et comment, en refermant le livre, ne pas songer à la phrase d'Oscar Wilde, qui porte l'hommage le plus haut, le plus vrai à la littérature : "La mort de Lucien de Rubempré est le grand drame de ma vie."?
Le rythme des articles va donc se ralentir pour deux ou trois semaines. A moins que l'actualité ne nous bouscule, nous allons pouvoir aborder des sujets plus légers, comme les lectures de vacances.
Si vous aimez lire n'importe comment, par grands ou petits bouts, en ouvrant un livre à n'importe quel endroit, et, bien sûr, si vous aimez les écrivains, leur monde et leurs produits, n'oubliez pas d'acquérir et de placer sur votre table de chevet (ou dans votre sac de plage) ce livre des quatre saisons : le Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig (Grasset, 2005).
C'est un livre inépuisable, drôle, profond, fantasque, qui ravive les souvenirs et donne envie de s'en faire d'autres, l'envie de courir vers une librairie commander tel ou tel ouvrage, un peu oublié, ou que l'on a négligé de lire, et dont il paraît tout à coup que la lecture est la chose la plus urgente et la plus importante au monde.
Au hasard, à l'article bibliothèque :"une bibliothèque est l'univers. Enfant, dans les bibliothèques de ma famille, j'étais un explorateur, de plus en plus hardi. On tire un livre, on n'a pas le moindre indice de ce qu'il peut contenir, on ouvre... un monde. toutes les conversations qu'on nous interdit d'écouter à la table des grands sont là. En pire. On s'instruit, ce que ne veulent pas les adultes, qui nous éduquent. Le premier livre que j'ai lu et qui n'était pas de mon âge était un recueil de Verlaine. Avec quelle gloutonnerie, et quel amour..."
au hasard toujours, Daniel et Ludovic Halévy: "quand j'ai lu, dans les Mémoires d'outre-tombe cette phrase sur le critique La Harpe: "un homme qui appartenait à ces hommes supérieurs au second rang dans la société du XVIIIème siècle et qui, formant une arrière-ligne solide dans la société, donnaient à cette société de l'ampleur et de la conscience", j'ai pensé à Daniel Halévy. Halévy, esprit solide, droit et sévère, même s'il n'est pas complètement un écrivain, si un écrivain est quelqu'un qui, à un moment ou à l'autre, déconne... Daniel Halévy a publié le journal de ses rencontres avec Degas, et les cent pages du Degas parle, l'air d'un journal, sont un traité d'esthétique. Il y a là quinze phrases de Degas qui m'ont marqué pour la vie..."
Jean de La Fontaine : "peu d'écrivains parlent un français aussi fin sans que cela se remarque... quand son pas l'ennuie, il en change. Quel danseur! virtuose, mais dissimulant sa virtuosité...La Fontaine, c'est Gene Kelly." (moi, j'aurais écrit "Fred Astaire"...).
Personnages : "les personnages de Balzac sont des épouvantails. Les personnages de Dickens sont des tics. Les personnages de Beaumarchais sont des gifles. Les personnages de Proust sont les pattes ultrasensibles prolongeant le cerveau en poulpe du narrateur. Les personnages de Marivaux sont des papillons. Les personnages de Cocteau sont des ombres chinoises. Les personnages de Simone de Beauvoir sont les poupées d'un ventriloque..."
Et il y en a comme cela presque mille pages!
Beaucoup d'articles portant sur des auteurs se terminent par une citation. Voici celle qui m'a le plus frappé. Elle est de Montesquieu, extraite de ses Pensées (oeuvre posthume) : "la raison pour laquelle les sots réussissent ordinairement dans leurs entreprises, c'est que, ne sachant et ne voyant jamais qu'ils sont importuns, ils ne s'arrêtent jamais."
Cela ne vous rappelle personne? personne en particulier, bien sûr. Pour ma part, j'ai au moins deux noms qui me sont venus aussitôt à l'esprit.
Et comment, en refermant le livre, ne pas songer à la phrase d'Oscar Wilde, qui porte l'hommage le plus haut, le plus vrai à la littérature : "La mort de Lucien de Rubempré est le grand drame de ma vie."?