Ça y est, Poutine a sauté le pas en qualifiant publiquement ses adversaires politiques de chacals, tournant autour des ambassades étrangères, en attente de fonds de l'Occident.
J'avais dans une précédente rubrique traité cette question du vocabulaire déshumanisant sur un mode plutôt léger, à propos de la façon dont Sarkozy traitait les fonctionnaires de "petits pois". Mais là, nous sommes devant l'un des marqueurs très significatifs de la tentation totalitaire, qui nous ramène aux mauvais jours des "vipères lubriques", terme visant dans les années 1930 les Trotskistes, des "hyènes capitalistes", voire des "hyènes dactylographes" et des "rats visqueux".
Poutine nous fait donc régresser dans le monde des signes de la société totémique, où l’individu se fond dans la tribu, elle-même dotée de tous les droits, et surtout du droit du plus fort, de l’animal dans lequel elle s’incarne. Et dans ce monde archaïque, les symboles jouent dans les deux sens : aux adversaires les animaux impurs, à soi et aux siens les animaux nobles : loups gris, panthères noires, tigres tamouls et autres. Mais se qualifier ainsi, et qualifier les autres, c’est bien dire que l’on entre dans un monde de combat sans règles, de combat d’animaux où tous les instincts sont mobilisés pour détruire l’adversaire.
Comment détruit-on des chacals ? on tire à vue, on les empoisonne, on les met en cage. C’est ce que l’on a fait à Anna Politkovskaïa, à Alexandre Litvinenko, et maintenant à Garry Kasparov. Pour les animaux nuisibles, il n’y a pas d’Etat de droit. Il y a en revanche des primes de capture et d’abattage. Quel est leur montant dans les officines de M.Poutine ?
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