Gordon Brown, Premier Ministre britannique, vient de déclarer lors d'un voyage à New-Delhi, dans un discours tout à fait officiel, que la Grande-Bretagne était prête à prendre la tête d'un processus de vérification et de démantèlement des arsenaux nucléaires destiné à aboutir à un monde sans armes atomiques.
Voici la traduction exacte de ses propos, que l'on peut retrouver à l'adresse suivante http://www.number10.gov.uk/output/Page14323.asp :
"Laissez-moi vous dire que la Grande-Bretagne est prête à utiliser son expertise en vue d'aider à déterminer les moyens nécessaires pour éliminer de façon vérifiable les ogives nucléaires. Et je m'engage à ce que dans le processus de préparation de la conférence d'examen du Traité de non-prolifération de 2010, nous soyons en première ligne de la campagne internationale visant à accélérer le désarmement parmi les Etats possesseurs de l'arme nucléaire, à prévenir la prolifération de la part de nouveaux Etats, et à atteindre en définitive un monde débarrassé d'armes nucléaires."
Déjà, une semaine auparavant, un groupe d'anciens dirigeants américains, conduits par Henry Kissinger et Georges Schultz, avait pris position dans le Wall Street Journal en faveur de la disparition programmée des arsenaux atomiques. Leur étude se terminait ainsi :
"D'une certaine façon, l'objectif d'un monde libéré des armes nucléaires est comme le sommet d'une très haute montagne. A partir du monde troublé actuel, nous ne pouvons même pas voir le sommet de la montagne. Il est tentant et facile de dire que nous ne pourrons pas l'atteindre. Mais les risques qu'il y a à continuer à descendre de la montagne, ou simplement à rester sur place, sont trop réels pour être ignorés. Nous devons tracer un chemin pour atteindre un niveau où le sommet de la montagne devient plus visible."
En ce début 2008, l'engagement pour la disparition des arsenaux nucléaires vient donc de franchir le seuil décisif séparant les utopies des perspectives concrètes. Ce ne sont plus de doux rêveurs qui prennent ainsi position. Ce sont des gens qui savent ce que gouverner veut dire. C'est surtout le chef de gouvernement d'un pays doté de la Bombe, et d'un pays proche de la France, qui vient de briser le tabou. Aurons-nous le courage de nous associer aux propos de Gordon Brown, de donner corps à son projet?
actualité politique, vie internationale, coopération culturelle et aide au développement, français de l'étranger.
samedi 26 janvier 2008
jeudi 24 janvier 2008
Dieu, le Pape, le Roi et notre Président
Le Président de la République a fait le choix d'étaler ses convictions religieuses aux yeux des Français, et même du monde entier, puisqu'il parle de Dieu et de ses prophètes dans ses déplacements à l'étranger, notamment auprès de fins connaisseurs, comme le Pape ou le Roi d'Arabie saoudite.
L'on est tenté de dire qu'il n'a pas été élu pour cela. "Dieu n'asservit pas l'homme, mais le libère" a-t-il assené à Riyad. C'est pourtant Dieu qui a conseillé au Président Bush, selon ses confidences télévisuelles, d'aller faire la guerre en Irak. C'est le même Dieu qui, à travers le Douzième Imam, encourage le Président Ahmadinejad à s'intéresser à l'énergie nucléaire et à "rayer Israël de la carte". Dieu sait (c'est le cas de le dire) ce qu'Il va souffler à l'oreille de notre Président. Espérons qu'en matière de restauration du pouvoir d'achat des Français, Il offrira à Nicolas Sarkozy des conseils plus pertinents, mutatis mutandis, que ceux qu'il glisse aux Présidents américain et iranien.
"Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n'y croient pas" nous explique doctement Nicolas Sarkozy. C'est vraiment la moindre des choses pour le Président de tous les Français. "La France a besoin de catholiques" nous dit-il encore à Saint-Jean de Latran. Quel est le rapport? Soyons charitables, classons cela dans les propos de circonstance. En bord de mer, il est normal de dire que la France a besoin de marins-pêcheurs.
Á d'autres moments, l'on voit percer un inquiétant raisonnement en trois temps : 1° "je ne connais pas de pays dont l'héritage n'ait pas de racines religieuses" 2° "les racines de la France sont essentiellement chrétiennes" 3° "j'ai le devoir de préserver l'héritage d'une longue histoire". Et notre Président explique alors que "la République a besoin "d'hommes et de femmes qui espèrent". Il appelle en conséquence à considérer les religions "comme un atout".
Quelle purée! elle veut d'abord faire croire qu'on ne peut espérer qu'au travers des religions. Elle mélange surtout deux notions distinctes : les croyances, qui relèvent des convictions individuelles, même quand elles sont partagées, et les religions, qui sont des faits sociaux, pesant donc sur l'évolution des sociétés, notamment au travers de leurs Églises. A cette aune, l'action des Églises dans l'histoire de France et l'histoire du monde a-t-elle été "globalement positive"? Á chacun son idée, nous n'avons pas besoin du Président pour nous la dicter.
Comme il est rafraîchissant de revenir aux sources : " La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. Elle ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte." Ce sont les phrases clefs de la loi de 1905. Serions-nous capables d'écrire, et de faire voter, ces simples phrases aujourd'hui?
L'on est tenté de dire qu'il n'a pas été élu pour cela. "Dieu n'asservit pas l'homme, mais le libère" a-t-il assené à Riyad. C'est pourtant Dieu qui a conseillé au Président Bush, selon ses confidences télévisuelles, d'aller faire la guerre en Irak. C'est le même Dieu qui, à travers le Douzième Imam, encourage le Président Ahmadinejad à s'intéresser à l'énergie nucléaire et à "rayer Israël de la carte". Dieu sait (c'est le cas de le dire) ce qu'Il va souffler à l'oreille de notre Président. Espérons qu'en matière de restauration du pouvoir d'achat des Français, Il offrira à Nicolas Sarkozy des conseils plus pertinents, mutatis mutandis, que ceux qu'il glisse aux Présidents américain et iranien.
"Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n'y croient pas" nous explique doctement Nicolas Sarkozy. C'est vraiment la moindre des choses pour le Président de tous les Français. "La France a besoin de catholiques" nous dit-il encore à Saint-Jean de Latran. Quel est le rapport? Soyons charitables, classons cela dans les propos de circonstance. En bord de mer, il est normal de dire que la France a besoin de marins-pêcheurs.
Á d'autres moments, l'on voit percer un inquiétant raisonnement en trois temps : 1° "je ne connais pas de pays dont l'héritage n'ait pas de racines religieuses" 2° "les racines de la France sont essentiellement chrétiennes" 3° "j'ai le devoir de préserver l'héritage d'une longue histoire". Et notre Président explique alors que "la République a besoin "d'hommes et de femmes qui espèrent". Il appelle en conséquence à considérer les religions "comme un atout".
Quelle purée! elle veut d'abord faire croire qu'on ne peut espérer qu'au travers des religions. Elle mélange surtout deux notions distinctes : les croyances, qui relèvent des convictions individuelles, même quand elles sont partagées, et les religions, qui sont des faits sociaux, pesant donc sur l'évolution des sociétés, notamment au travers de leurs Églises. A cette aune, l'action des Églises dans l'histoire de France et l'histoire du monde a-t-elle été "globalement positive"? Á chacun son idée, nous n'avons pas besoin du Président pour nous la dicter.
Comme il est rafraîchissant de revenir aux sources : " La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. Elle ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte." Ce sont les phrases clefs de la loi de 1905. Serions-nous capables d'écrire, et de faire voter, ces simples phrases aujourd'hui?
vendredi 18 janvier 2008
Rififi dans le détroit d'Ormouz
Il n'est peut-être pas inutile de revenir à tête reposée sur l'incident qui a opposé le 6 janvier dernier cinq vedettes iraniennes à trois navires de guerre américains dans le détroit d'Ormouz.
Le premier communiqué vient le lendemain de la marine américaine qui signale que de petits bateaux iraniens, appartenant vraisemblablement aux Pasdaran, ont "manoeuvré de façon agressive à proximité" de ses navires. Un film de l'incident est diffusé à la presse, il fait entendre la phrase captée sur le réseau commun de communication des navires en mer : "nous venons sur vous, vous allez exploser dans deux minutes". Les porte-parole de la Défense américaine précisent que les navires iraniens ont jeté à la mer des "objets blancs, en forme de boîte" qui ont inquiété un moment les équipages américains. Le chef du comité des chefs d'état-major américain commente pour sa part l'incident en y voyant "un reflet des nouvelles tactiques iraniennes de guerre asymétrique".
Dans les jours qui viennent, l'affaire est évoquée à trois reprises par le Président Bush, et pour la dernière en Israël, en compagnie du Premier ministe Olmert. Le Président dénonce chaque fois la "provocation" du comportement des iraniens et les met fermement en garde contre toute répétition. L'affaire est également commentée par le Secrétaire à la défense américain, Robert Gates, qui souligne le caractère "imprévisible du gouvernement iranien" et la situation "volatile" de la région.
Dans le même temps, les Iraniens démentent toute attitude provocante, présentent leur action comme une action normale de contrôle de navires à proximité de leurs côtes, diffusent leur propre film de l'évènement, et accusent les Américains d'avoir falsifié la bande-son de leur film en y ajoutant la phrase "nous venons sur vous, vous allez exploser dans deux minutes".
Tout ceci examiné, les deux films visionnés, quelles leçons tirer de l'affaire, quel jugement porter?
Première surprise, à l'examen des films : les navires iraniens sont de tout petits hors-bord de type civil, sans armement, sans même cabine couverte, du modèle utilisé par les vacanciers pour faire du ski nautique. Ils ont un équipage de trois personnes, et ne peuvent guère en avoir plus. A noter qu'ils n'arborent aucun pavillon, ni aucune immatriculation de type militaire.
Leur comportement autour des navires américains, au cours d'un épisode qui dure une vingtaine de minutes, pourrait être qualifié de "rodéo" ou encore "d'essaim de frelons". Ils restent néanmoins à distance respectueuse, jamais moins de deux cents mètres, selon les déclarations des Américains eux-mêmes.
Il est clair, et les Américains en ont finalement convenu, que la phrase menaçante "nous venons sur vous, vous allez exploser dans deux minutes" n'a pas été prononcée par les marins iraniens. Le ton de voix, l'ambiance sonore sont tout à fait différents des propos antérieurs, parfaitement ordinaires, visant à l'identification mutuelle des navires. Elle aurait, semble-t-il, été lancée sur les ondes par un mauvais plaisant extérieur. La chose est, paraît-il, assez courante car la fréquence radio de contact des navires en mer est accessible à tout le monde.
Quant aux objets non identifiés jetés à la mer, ils devaient être du type journal ou boîte de carton, et les premiers observateurs américains les ont rapidement jugés inoffensifs, puisqu'ils n'ont fait l'objet d'aucun signalement général.
Dans l'ensemble, c'est donc une petite affaire. Les équipages iraniens semblent avant tout avoir voulu "frimer" sous les yeux des Américains : comportement en effet irresponsable, et que l'on peut présumer d'initiative locale. Ce n'aurait été ni très méchant, ni dangereux, s'il n'y avait le souvenir des attentats contre l'USS Cole en l'an 2000, ayant fait 17 morts, et contre le pétrolier Limbourg, commis un an plus tard : tous les deux à Aden. Le premier a été mené par un commando-suicide monté sur un simple canot pneumatique, le second aurait été mené par un autre commando-suicide monté sur un petit navire de pêche. A la lumière de ces souvenirs, l'on peut souligner que les équipages américains ont fait preuve de sang-froid et de retenue. l'on ne voit, par exemple, sur aucune image de système d'armes braqué sur les navires iraniens, l'on n'entend rien allant en ce sens.
Le plus étonnant est la façon dont cet incident, somme toute modeste, a été amplifié par des déclarations de hauts responsables, et notamment du Président américain. Dont il a pu faire "la Une" de tous les journaux du monde, qui se sont longuement et gravement interrogés sur les intentions du gouvernement iranien et sur le risque de déclenchement d'un conflit de grande ampleur.
L'on ne peut manquer de penser à "l'incident de la baie du Tonkin", très ressemblant à celui-là, un peu plus sérieux quand même, puisqu'il y avait eu un tir d'arme légère ayant créé un point d'impact sur un navire américain. Mais c'est de ce point d'impact unique qu'a démarré la guerre du Vietnam.
L'inquiétant de cette affaire, ce n'est donc pas l'apparition sur scène d'une modeste allumette. Il y en a, il y en aura, d'autres. C'est évidemment que l'on puisse passer directement du frottement de l'allumette à l'explosion majeure. C'est le risque de voir des crises que chacun se flatte de contrôler prendre tout à coup, sous l'effet d'évènements imprévus, ou encore périphériques, des dimensions incontrôlables. Il faut certainement s'en souvenir dans le traitement de la crise nucléaire iranienne.
Le premier communiqué vient le lendemain de la marine américaine qui signale que de petits bateaux iraniens, appartenant vraisemblablement aux Pasdaran, ont "manoeuvré de façon agressive à proximité" de ses navires. Un film de l'incident est diffusé à la presse, il fait entendre la phrase captée sur le réseau commun de communication des navires en mer : "nous venons sur vous, vous allez exploser dans deux minutes". Les porte-parole de la Défense américaine précisent que les navires iraniens ont jeté à la mer des "objets blancs, en forme de boîte" qui ont inquiété un moment les équipages américains. Le chef du comité des chefs d'état-major américain commente pour sa part l'incident en y voyant "un reflet des nouvelles tactiques iraniennes de guerre asymétrique".
Dans les jours qui viennent, l'affaire est évoquée à trois reprises par le Président Bush, et pour la dernière en Israël, en compagnie du Premier ministe Olmert. Le Président dénonce chaque fois la "provocation" du comportement des iraniens et les met fermement en garde contre toute répétition. L'affaire est également commentée par le Secrétaire à la défense américain, Robert Gates, qui souligne le caractère "imprévisible du gouvernement iranien" et la situation "volatile" de la région.
Dans le même temps, les Iraniens démentent toute attitude provocante, présentent leur action comme une action normale de contrôle de navires à proximité de leurs côtes, diffusent leur propre film de l'évènement, et accusent les Américains d'avoir falsifié la bande-son de leur film en y ajoutant la phrase "nous venons sur vous, vous allez exploser dans deux minutes".
Tout ceci examiné, les deux films visionnés, quelles leçons tirer de l'affaire, quel jugement porter?
Première surprise, à l'examen des films : les navires iraniens sont de tout petits hors-bord de type civil, sans armement, sans même cabine couverte, du modèle utilisé par les vacanciers pour faire du ski nautique. Ils ont un équipage de trois personnes, et ne peuvent guère en avoir plus. A noter qu'ils n'arborent aucun pavillon, ni aucune immatriculation de type militaire.
Leur comportement autour des navires américains, au cours d'un épisode qui dure une vingtaine de minutes, pourrait être qualifié de "rodéo" ou encore "d'essaim de frelons". Ils restent néanmoins à distance respectueuse, jamais moins de deux cents mètres, selon les déclarations des Américains eux-mêmes.
Il est clair, et les Américains en ont finalement convenu, que la phrase menaçante "nous venons sur vous, vous allez exploser dans deux minutes" n'a pas été prononcée par les marins iraniens. Le ton de voix, l'ambiance sonore sont tout à fait différents des propos antérieurs, parfaitement ordinaires, visant à l'identification mutuelle des navires. Elle aurait, semble-t-il, été lancée sur les ondes par un mauvais plaisant extérieur. La chose est, paraît-il, assez courante car la fréquence radio de contact des navires en mer est accessible à tout le monde.
Quant aux objets non identifiés jetés à la mer, ils devaient être du type journal ou boîte de carton, et les premiers observateurs américains les ont rapidement jugés inoffensifs, puisqu'ils n'ont fait l'objet d'aucun signalement général.
Dans l'ensemble, c'est donc une petite affaire. Les équipages iraniens semblent avant tout avoir voulu "frimer" sous les yeux des Américains : comportement en effet irresponsable, et que l'on peut présumer d'initiative locale. Ce n'aurait été ni très méchant, ni dangereux, s'il n'y avait le souvenir des attentats contre l'USS Cole en l'an 2000, ayant fait 17 morts, et contre le pétrolier Limbourg, commis un an plus tard : tous les deux à Aden. Le premier a été mené par un commando-suicide monté sur un simple canot pneumatique, le second aurait été mené par un autre commando-suicide monté sur un petit navire de pêche. A la lumière de ces souvenirs, l'on peut souligner que les équipages américains ont fait preuve de sang-froid et de retenue. l'on ne voit, par exemple, sur aucune image de système d'armes braqué sur les navires iraniens, l'on n'entend rien allant en ce sens.
Le plus étonnant est la façon dont cet incident, somme toute modeste, a été amplifié par des déclarations de hauts responsables, et notamment du Président américain. Dont il a pu faire "la Une" de tous les journaux du monde, qui se sont longuement et gravement interrogés sur les intentions du gouvernement iranien et sur le risque de déclenchement d'un conflit de grande ampleur.
L'on ne peut manquer de penser à "l'incident de la baie du Tonkin", très ressemblant à celui-là, un peu plus sérieux quand même, puisqu'il y avait eu un tir d'arme légère ayant créé un point d'impact sur un navire américain. Mais c'est de ce point d'impact unique qu'a démarré la guerre du Vietnam.
L'inquiétant de cette affaire, ce n'est donc pas l'apparition sur scène d'une modeste allumette. Il y en a, il y en aura, d'autres. C'est évidemment que l'on puisse passer directement du frottement de l'allumette à l'explosion majeure. C'est le risque de voir des crises que chacun se flatte de contrôler prendre tout à coup, sous l'effet d'évènements imprévus, ou encore périphériques, des dimensions incontrôlables. Il faut certainement s'en souvenir dans le traitement de la crise nucléaire iranienne.
mardi 15 janvier 2008
La Chine, les cadeaux de Noël et le réchauffement de la planète
Un centre britannique de recherche sur les changements climatiques vient de mettre en valeur un phénomène encore peu pris en compte.
La Chine, on le sait, est devenu en 2007 le premier pays émetteur de CO2. Elle a dépassé les Etats-Unis au moins deux ans plus tôt qu'on ne l'attendait. Ceci amène à la considérer comme le premier contributeur au réchauffement de la planète.
Cette augmentation rapide des émissions est principalement due à l'entrée en activité de nombreuses centrales au charbon destinées à alimenter une croissance économique d'environ 9% par an en moyenne depuis 20 ans.
Mais 34% de la production chinoise est destinée à l'exportation, pour l'essentiel en direction des pays développés. Son bilan importations-exportations fera probablement apparaître en 2007 un excédent de l'ordre de 200 milliards de dollars. C'est dire qu'une partie significative des émissions chinoises de CO2 est en fait destinée à alimenter le marché européen et nord-américain en produits manufacturés bon marché. Entre autres exemples, le marché britannique, à lui seul, a absorbé à Noël environ 50.000 tonnes de jouets fabriqués en Chine.
Pour 2004, la dernière année où l'on dispose de statistiques détaillées, l'on peut estimer à un milliard de tonnes de CO2 l'excédent d'émissions chinoises dû à ses exportations nettes. C'est presque l'équivalent des émissions totales du Japon au cours de la même année, et près du triple des émissions françaises.
Quel est l'intérêt de cette approche? d'abord d'ouvrir la réflexion sur la part prise par chaque pays dans les émissions mondiales de CO2 : pour bien prendre en compte la responsabilité de chacun, cette part pourrait intégrer le bilan, positif ou négatif, de son commerce extérieur, et être ainsi calculée sur la consommation totale de biens par sa population, pas uniquement sur sa production.
Ce qui amène au raisonnement suivant. Les pays à économie avancée absorbent de plus en plus de produits importés du monde en développement, dont les fabrications sont économes en coût de main-d'oeuvre mais gourmandes en énergie. Ceci pèse sur leur marché du travail, mais profite aux consommateurs. Ils devraient donc non seulement engager plus fermement les pays en développement à améliorer les conditions de travail et de protection sociale de leur population, mais aussi les aider plus activement à mettre en valeur des sources d'énergie de plus en plus économes en CO2.
La Chine, on le sait, est devenu en 2007 le premier pays émetteur de CO2. Elle a dépassé les Etats-Unis au moins deux ans plus tôt qu'on ne l'attendait. Ceci amène à la considérer comme le premier contributeur au réchauffement de la planète.
Cette augmentation rapide des émissions est principalement due à l'entrée en activité de nombreuses centrales au charbon destinées à alimenter une croissance économique d'environ 9% par an en moyenne depuis 20 ans.
Mais 34% de la production chinoise est destinée à l'exportation, pour l'essentiel en direction des pays développés. Son bilan importations-exportations fera probablement apparaître en 2007 un excédent de l'ordre de 200 milliards de dollars. C'est dire qu'une partie significative des émissions chinoises de CO2 est en fait destinée à alimenter le marché européen et nord-américain en produits manufacturés bon marché. Entre autres exemples, le marché britannique, à lui seul, a absorbé à Noël environ 50.000 tonnes de jouets fabriqués en Chine.
Pour 2004, la dernière année où l'on dispose de statistiques détaillées, l'on peut estimer à un milliard de tonnes de CO2 l'excédent d'émissions chinoises dû à ses exportations nettes. C'est presque l'équivalent des émissions totales du Japon au cours de la même année, et près du triple des émissions françaises.
Quel est l'intérêt de cette approche? d'abord d'ouvrir la réflexion sur la part prise par chaque pays dans les émissions mondiales de CO2 : pour bien prendre en compte la responsabilité de chacun, cette part pourrait intégrer le bilan, positif ou négatif, de son commerce extérieur, et être ainsi calculée sur la consommation totale de biens par sa population, pas uniquement sur sa production.
Ce qui amène au raisonnement suivant. Les pays à économie avancée absorbent de plus en plus de produits importés du monde en développement, dont les fabrications sont économes en coût de main-d'oeuvre mais gourmandes en énergie. Ceci pèse sur leur marché du travail, mais profite aux consommateurs. Ils devraient donc non seulement engager plus fermement les pays en développement à améliorer les conditions de travail et de protection sociale de leur population, mais aussi les aider plus activement à mettre en valeur des sources d'énergie de plus en plus économes en CO2.
mardi 8 janvier 2008
le Monde dans le miroir des chiffres du PNUD (3/3)
... et voici le troisième et dernier volet de notre promenade éducative dans les statistiques du PNUD.
Emissions d'oxyde de carbone
Remercions les pays du bas de tableau en matière de développement humain de leur faible taux d'émission d'oxyde de carbone par habitant : moins d'une tonne par an et habitant pour Samoa (77ème place), le Paraguay (95ème place), la Géorgie (96), le Sri Lanka (99), les Territoires palestiniens occupés (106ème place, 0,2 tonne par habitant...), le Turkménistan (109ème et 0,1 tonne par habitant), le Nicaragua (110ème, 0,7 tonne) et tout à fait en queue de tableau, nos habituels amis d'Afrique.
La France, elle, a émis 6 tonnes par habitant en 2004, plus que la Suède (5,9 tonnes), le Portugal (5,6) et la Suisse (5,4), moins que l'Allemagne, le Royaume-Uni (9,8 tonnes), et Israël (10,4), beaucoup moins que l'Australie (16,2 tonnes), le Canada (20 tonnes) et les Etats-Unis (20,6)... sans oublier le Koweit (37,4 tonnes),) les Emirats Arabes Unis (34,3 tonnes), et surtout le Qatar (79,3 tonnes!).
L'indicateur sexospécifique de développement
Il met en valeur l'écart hommes/femmes en matière d'espérance de vie, d'alphabétisation, de revenus du travail. L'intéressant ici est le différentiel de rang dans ce tableau au regard du classement général en matière de développement humain. Plus le différentiel est positif, moins les femmes sont discriminées, du moins au regard du niveau général de développement du pays, plus il est négatif, plus les femmes sont relativement maltraitées, ou moins favorisées.
Parmi les pays avancés, l'Irlande marque notamment un écart significatif, de -10, pas très loin de celui de la Libye (-9), d'Oman et de l'Arabie Saoudite (-13). Pour le reste, à part Bélize (+21!), les écarts sont plutôt faibles : +3 pour la France, les Pays-Bas et la Finlande, -5 pour le Japon et les Etats-Unis. Ce qui tend à démontrer que la marche vers l'égalité des femmes va à peu près au même rythme que le développement en général.
Sexospécificité en matière de travail et d'allocation du temps
Devinette : dans quels pays les hommes travaillent plus que les femmes, en moyenne annuelle, toutes activités confondues, à la maison comme à l'extérieur? la liste est vite faite : la Suède, la Norvège et les Pays-Bas, plus le Nicaragua et Madagascar, mais seulement en zone rurale. En France, les chiffres sont de respectivement 7,1 heures (femmes) et 6,25 heures (hommes) par jour. Et les seuls pays (en tous les cas les pays recensés) où l'écart journalier dépasse 1h30 entre hommes (pour le bas) et femmes (pour le haut) sont le Portugal et le Bénin...
Participation des femmes à la politique
Dans les pays développés, nous connaissons à peu près leur place. Saluons les pays en voie de développement où elles occupent en 2007 une place significative dans les assemblées nationales : 48,8% au Rwanda, 34,8% au Mozambique, 30,5% au Burundi, 30,4% en Tanzanie, 29,8% en Ouganda, 32,8% en Afrique du Sud, 29% en Guyana, 29,2% au Pérou, 38,6% au Costa-Rica, 35% en Argentine... sans oublier quand même les 31,6% de l'Allemagne, les 34,7% de la Belgique, les 32,2% de l'Autriche, les 36% de l'Espagne...
le tout à rapporter aux 18% de femmes dans notre Assemblée nationale sortie des urnes en 2007! Nous sommes à peu près dans la même catégorie que l'Italie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, un peu devant Israël (14,2%), l'Irlande (13,3%) et la Grèce (13%), et quand même loin devant le Japon avec ses 9,4%...
Côté monde arabo-musulman, ce n'est vraiment pas brillant. Les pourcentages sont plus bas encore, avec une exception pour la Tunisie (22,8%). Le Pakistan affiche aussi un score remarquable pour le monde musulman avec (21,2%), faisant nettement mieux que l'Inde, son voisin (8%), et légèrement mieux que la Chine (20%).
C'est fini, à bientôt!
Emissions d'oxyde de carbone
Remercions les pays du bas de tableau en matière de développement humain de leur faible taux d'émission d'oxyde de carbone par habitant : moins d'une tonne par an et habitant pour Samoa (77ème place), le Paraguay (95ème place), la Géorgie (96), le Sri Lanka (99), les Territoires palestiniens occupés (106ème place, 0,2 tonne par habitant...), le Turkménistan (109ème et 0,1 tonne par habitant), le Nicaragua (110ème, 0,7 tonne) et tout à fait en queue de tableau, nos habituels amis d'Afrique.
La France, elle, a émis 6 tonnes par habitant en 2004, plus que la Suède (5,9 tonnes), le Portugal (5,6) et la Suisse (5,4), moins que l'Allemagne, le Royaume-Uni (9,8 tonnes), et Israël (10,4), beaucoup moins que l'Australie (16,2 tonnes), le Canada (20 tonnes) et les Etats-Unis (20,6)... sans oublier le Koweit (37,4 tonnes),) les Emirats Arabes Unis (34,3 tonnes), et surtout le Qatar (79,3 tonnes!).
L'indicateur sexospécifique de développement
Il met en valeur l'écart hommes/femmes en matière d'espérance de vie, d'alphabétisation, de revenus du travail. L'intéressant ici est le différentiel de rang dans ce tableau au regard du classement général en matière de développement humain. Plus le différentiel est positif, moins les femmes sont discriminées, du moins au regard du niveau général de développement du pays, plus il est négatif, plus les femmes sont relativement maltraitées, ou moins favorisées.
Parmi les pays avancés, l'Irlande marque notamment un écart significatif, de -10, pas très loin de celui de la Libye (-9), d'Oman et de l'Arabie Saoudite (-13). Pour le reste, à part Bélize (+21!), les écarts sont plutôt faibles : +3 pour la France, les Pays-Bas et la Finlande, -5 pour le Japon et les Etats-Unis. Ce qui tend à démontrer que la marche vers l'égalité des femmes va à peu près au même rythme que le développement en général.
Sexospécificité en matière de travail et d'allocation du temps
Devinette : dans quels pays les hommes travaillent plus que les femmes, en moyenne annuelle, toutes activités confondues, à la maison comme à l'extérieur? la liste est vite faite : la Suède, la Norvège et les Pays-Bas, plus le Nicaragua et Madagascar, mais seulement en zone rurale. En France, les chiffres sont de respectivement 7,1 heures (femmes) et 6,25 heures (hommes) par jour. Et les seuls pays (en tous les cas les pays recensés) où l'écart journalier dépasse 1h30 entre hommes (pour le bas) et femmes (pour le haut) sont le Portugal et le Bénin...
Participation des femmes à la politique
Dans les pays développés, nous connaissons à peu près leur place. Saluons les pays en voie de développement où elles occupent en 2007 une place significative dans les assemblées nationales : 48,8% au Rwanda, 34,8% au Mozambique, 30,5% au Burundi, 30,4% en Tanzanie, 29,8% en Ouganda, 32,8% en Afrique du Sud, 29% en Guyana, 29,2% au Pérou, 38,6% au Costa-Rica, 35% en Argentine... sans oublier quand même les 31,6% de l'Allemagne, les 34,7% de la Belgique, les 32,2% de l'Autriche, les 36% de l'Espagne...
le tout à rapporter aux 18% de femmes dans notre Assemblée nationale sortie des urnes en 2007! Nous sommes à peu près dans la même catégorie que l'Italie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, un peu devant Israël (14,2%), l'Irlande (13,3%) et la Grèce (13%), et quand même loin devant le Japon avec ses 9,4%...
Côté monde arabo-musulman, ce n'est vraiment pas brillant. Les pourcentages sont plus bas encore, avec une exception pour la Tunisie (22,8%). Le Pakistan affiche aussi un score remarquable pour le monde musulman avec (21,2%), faisant nettement mieux que l'Inde, son voisin (8%), et légèrement mieux que la Chine (20%).
C'est fini, à bientôt!
samedi 5 janvier 2008
Le Monde dans le miroir des chiffres du PNUD (2/3)
Deuxième promenade instructive dans les statistiques du Programme des Nations Unies pour le développement...
Taux de fertilité par femme
Le taux le plus faible se trouve à Hong-Kong (0,9 enfant). Les taux inférieurs à 1,5 enfant par femme se trouvent en Belarus, Lettonie, Slovaquie, République tchèque, Slovénie, Corée du Sud ( pour tous ces pays 1,2 enfant), en Espagne, Italie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Pologne, Croatie, Roumanie, Bulgarie, Russie, Bosnie-Herzégovine et Arménie (1,3), en Suisse, Autriche, Singapour et Estonie (1,4).
L'on sait que la France se situe à 1,9 enfant par femme. Ce chiffre était de 2,3 dans la période 1970-1975. Les Etats-Unis se situent à 2 enfants par femme, Israël est le seul des vingt-cinq premiers pays "à développement humain élevé", selon la terminologie du PNUD, à dépasser les 2 enfants par femme, et même à frôler les 3 enfants (2,9). Il était à 3,8 dans la période 1970-1975.
A noter que les taux très élevés (au-dessus de 5 enfants par femme) apparaissent à partir de la 106ème place (sur 177) du classement par l'indice de développement humain, avec les Territoires palestiniens occupés (5, 6). Ils en étaient à 7,7 dans la période 1970-1975. Les taux supérieurs à 6,5 se trouvent en Ouganda (6,7), en Angola (6,8), au Burundi (6,8), en République démocratique du Congo (6,7), au Mali (6,7), au Niger (7,4) et en Guinée-Bissau (7,1). Sauf au Burundi et au Congo démocratique, l'on note une légère décrue sur la période 2000-2005 par rapport à la période 1970-1975.
L'on peut aussi relever les taux médians de pays affichant naguère des taux de fécondité élevés : notamment la Chine (1,7 contre 4,9 dans la période 1970-1975), l'Inde (3,2 contre 5,3), le Bangladesh (3,2 contre 6,2), l'Indonésie (2,4 contre 5,3), l'Iran (2,1 contre 6,4), le Mexique (2,4 contre 6,5), le Brésil (2,3 contre 4,7) et, parmi les pays proches de nous, le Maroc (2,5 contre 6,9), la Tunisie (2 contre 6,2), et l'Algérie (2,5 contre 7,4).
taux de mortalité maternelle à la naissance
La sécheresse des chiffres révèle de tragiques disparités, d'un décès pour 100.000 naissances en Irlande à 2.100 décès en Sierra-Leone, tout juste précédée par le Niger avec 1.800 décès. Entre ces deux extrêmes, la France compte 8 décès, et les Etats-Unis 12. La barre des 20 est franchie par l'Uruguay, celle des 60 par le Mexique, celle des 100 par la Tunisie. Le Brésil, la Thaïlande et l'Equateur sont tous deux à 110. La Namibie atteint 210, le Pakistan franchit la barrre des 300, le Gabon celle des 500. Le Sénégal frôle les 1.000, le Nigéria, le Malawi, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Guinée-Bissau atteignent les 1.100.
taux de scolarisation dans le primaire
Les progrès sont très sensibles dans les quinze dernières années. Seuls subsistent aujourd'hui en dessous de la barre des 60% le Soudan, Djibouti, l'Erythrée, la Côte-d'Ivoire, le Mali, le Niger, la Guinée-Bissau, le Burkina Fasso. Mais il est vrai que les statistiques restent muettes pour un nombre non négligeable de pays d'Afrique.
personnes incarcérées par 100.000 habitants
Le champion du monde est de très loin les Etats-Unis, avec 738 détenus pour 100.000 habitants. Le vice-champion est le Rwanda (691), mais dont on connaît les circonstances particulières, la médaille de bronze revient à la Russie (611). Pas très loin, l'on trouve le Turkménistan (489) et Cuba (487). La France, avec 85 détenus pour 100.000 habitants, forme un petit groupe de fin de peloton avec la Suède (82), la Suisse (83), Malte(86), l'Egypte (87), la Bolivie (83)...
Suite et fin de cette promenade dans quelques jours, avec les statistiques d'émission d'oxyde de carbone, et plusieurs indices de "sexospécificité", selon le jargon du PNUD : c'est-à-dire mettant en valeur les différences de traitement entre hommes et femmes en un certain nombre de situations.
Taux de fertilité par femme
Le taux le plus faible se trouve à Hong-Kong (0,9 enfant). Les taux inférieurs à 1,5 enfant par femme se trouvent en Belarus, Lettonie, Slovaquie, République tchèque, Slovénie, Corée du Sud ( pour tous ces pays 1,2 enfant), en Espagne, Italie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Pologne, Croatie, Roumanie, Bulgarie, Russie, Bosnie-Herzégovine et Arménie (1,3), en Suisse, Autriche, Singapour et Estonie (1,4).
L'on sait que la France se situe à 1,9 enfant par femme. Ce chiffre était de 2,3 dans la période 1970-1975. Les Etats-Unis se situent à 2 enfants par femme, Israël est le seul des vingt-cinq premiers pays "à développement humain élevé", selon la terminologie du PNUD, à dépasser les 2 enfants par femme, et même à frôler les 3 enfants (2,9). Il était à 3,8 dans la période 1970-1975.
A noter que les taux très élevés (au-dessus de 5 enfants par femme) apparaissent à partir de la 106ème place (sur 177) du classement par l'indice de développement humain, avec les Territoires palestiniens occupés (5, 6). Ils en étaient à 7,7 dans la période 1970-1975. Les taux supérieurs à 6,5 se trouvent en Ouganda (6,7), en Angola (6,8), au Burundi (6,8), en République démocratique du Congo (6,7), au Mali (6,7), au Niger (7,4) et en Guinée-Bissau (7,1). Sauf au Burundi et au Congo démocratique, l'on note une légère décrue sur la période 2000-2005 par rapport à la période 1970-1975.
L'on peut aussi relever les taux médians de pays affichant naguère des taux de fécondité élevés : notamment la Chine (1,7 contre 4,9 dans la période 1970-1975), l'Inde (3,2 contre 5,3), le Bangladesh (3,2 contre 6,2), l'Indonésie (2,4 contre 5,3), l'Iran (2,1 contre 6,4), le Mexique (2,4 contre 6,5), le Brésil (2,3 contre 4,7) et, parmi les pays proches de nous, le Maroc (2,5 contre 6,9), la Tunisie (2 contre 6,2), et l'Algérie (2,5 contre 7,4).
taux de mortalité maternelle à la naissance
La sécheresse des chiffres révèle de tragiques disparités, d'un décès pour 100.000 naissances en Irlande à 2.100 décès en Sierra-Leone, tout juste précédée par le Niger avec 1.800 décès. Entre ces deux extrêmes, la France compte 8 décès, et les Etats-Unis 12. La barre des 20 est franchie par l'Uruguay, celle des 60 par le Mexique, celle des 100 par la Tunisie. Le Brésil, la Thaïlande et l'Equateur sont tous deux à 110. La Namibie atteint 210, le Pakistan franchit la barrre des 300, le Gabon celle des 500. Le Sénégal frôle les 1.000, le Nigéria, le Malawi, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Guinée-Bissau atteignent les 1.100.
taux de scolarisation dans le primaire
Les progrès sont très sensibles dans les quinze dernières années. Seuls subsistent aujourd'hui en dessous de la barre des 60% le Soudan, Djibouti, l'Erythrée, la Côte-d'Ivoire, le Mali, le Niger, la Guinée-Bissau, le Burkina Fasso. Mais il est vrai que les statistiques restent muettes pour un nombre non négligeable de pays d'Afrique.
personnes incarcérées par 100.000 habitants
Le champion du monde est de très loin les Etats-Unis, avec 738 détenus pour 100.000 habitants. Le vice-champion est le Rwanda (691), mais dont on connaît les circonstances particulières, la médaille de bronze revient à la Russie (611). Pas très loin, l'on trouve le Turkménistan (489) et Cuba (487). La France, avec 85 détenus pour 100.000 habitants, forme un petit groupe de fin de peloton avec la Suède (82), la Suisse (83), Malte(86), l'Egypte (87), la Bolivie (83)...
Suite et fin de cette promenade dans quelques jours, avec les statistiques d'émission d'oxyde de carbone, et plusieurs indices de "sexospécificité", selon le jargon du PNUD : c'est-à-dire mettant en valeur les différences de traitement entre hommes et femmes en un certain nombre de situations.
mercredi 2 janvier 2008
le Monde dans le miroir des statistiques du PNUD (1/3)
Bonne année 2008 à toutes et tous! Bonne chance à tous vos projets!
Pour mettre nos idées en place en ce début d'année, je vous propose une saine lecture. Ce sont des extraits des statistiques du rapport sur le développement humain que publie chaque année le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Leur intérêt est de présenter des classements pays par pays allant au-delà du critère purement quantitatif des niveaux de vie, pour cerner une autre réalité, celle de la qualité de vie et de l'épanouissement collectif et personnel. Cela nourrira trois bons articles.
indice de développement humain
Le premier tableau offre donc un classements de 177 pays selon l'indice de développement humain, qui combine trois indicateurs : espérance de vie, éducation et PIB par habitant.
Dans ce tableau, Islande, Norvège et Australie occupent le podium, la France est 10ème, les Etats-Unis 12ème, l'Allemagne, plombée par l'ancienne Allemagne de l'est, est 22ème, derrière l'Italie et juste devant Israël et la Grèce.
Sans grande surprise, les derniers Européens sont la Roumanie (60ème rang), le Belarus (64), la Bosnie-Herzégovine (66), la Russie (67), l'Albanie (68), la Macédoine (69) et la Turquie(84).
Les dernières places sont occupées par l'Afrique, notamment l'Afrique de l'Ouest : Tchad, République centrafricaine, Mozambique, Mali, Niger, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Sierra Leone.
Plus intéressant encore est le différentiel entre classements par indice de développement humain et par PIB par habitant. En effet, plus ce différentiel est positif, mieux le pays a su tirer parti de ses ressources économiques pour l'éducation et la santé de sa population. S'il est au contraire négatif, c'est un signe d'affectation défectueuse de la ressource.
A ce palmarès, l'Australie affiche +13, le Japon +9, la France +8, l'Espagne +11, l'Allemagne et la Belgique -2, le Royaume-Uni -5, les Etats-Unis -10.
Parmi les différentiels positifs les plus spectaculaires, l'on trouve Cuba (+43), hommage à son niveau sanitaire et d'éducation, et un certain nombre de pays de l'ancien bloc soviétique, tirés eux aussi vers le haut par le niveau très élevé de scolarisation hérité de l'ancien temps : Tadjikistan (+32), Kirgizistan (+29), Ouzbékistan et Moldova (+25)...
Les différentiels négatifs les plus spectaculaires se trouvent en Afrique du Sud (-65), signe d'une société encore profondément duale, et aussi dans beaucoup, sans doute trop, de pays qui nous sont proches : Gabon (-35), Tunisie (-23, à égalité avec l'Iran), Algérie (-22), Maroc (-8), Guinée (-30), Tchad, Côte-d'Ivoire, Burkina-Fasso (-17).
Indice de pauvreté humaine
Il intègre des facteurs tels que l'analphabétisme, la probabilité de mourir avant 40 ans, le non-accès à de l'eau de qualité, l'insuffisance pondérale des enfants, la position en dessous du seuil de pauvreté monétaire, ceci dans les pays les plus pauvres. Dans les pays développés il intègre la probabilité de mourir avant 60 ans, l'analphabétisme fonctionnel, le pourcentage de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté monétaire, le chômage de longue durée. Cet indice met donc en valeur les exclusions de populations à l'intérieur d'un même pays.
Dans le classement par ordre inversé de pauvreté humaine, Suède, Norvège et Pays-Bas arrivent en tête, l'Allemagne occupe la 6ème place, la France la 11ème, le Royaume-Uni la 16ème, les Etats-Unis la 17ème, l'Irlande la 18ème, l'Italie la 19ème.
Dans le groupe des pays en développement, le trio de tête (celui, donc, où les exclusions sont les moins fortes) est formé de la Barbade, de l'Uruguay et du Chili. Puis viennent l'Argentine, le Costa-Rica, Cuba, Singapour et Sainte-Lucie. Les Territoires palestiniens occupés se retrouvent à la 9ème place. L'on est heureusement surpris de voir ensuite arriver le Mexique et la Jordanie. La Chine occupe la 29ème place juste devant l'Iran, mais encore assez loin devant nos amis la Tunisie (45ème place), l'Algérie (51ème), et le Maroc (68ème). En queue de peloton, l'on trouve sans surprise la Guinée, le Niger, l'Éthiopie, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad.
Dans le prochain article : le taux de fertilité par femme, la mortalité maternelle à la naissance, la scolarisation dans le primaire, le nombre de détenus par 100.000 habitants.
A bientôt!
Pour mettre nos idées en place en ce début d'année, je vous propose une saine lecture. Ce sont des extraits des statistiques du rapport sur le développement humain que publie chaque année le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Leur intérêt est de présenter des classements pays par pays allant au-delà du critère purement quantitatif des niveaux de vie, pour cerner une autre réalité, celle de la qualité de vie et de l'épanouissement collectif et personnel. Cela nourrira trois bons articles.
indice de développement humain
Le premier tableau offre donc un classements de 177 pays selon l'indice de développement humain, qui combine trois indicateurs : espérance de vie, éducation et PIB par habitant.
Dans ce tableau, Islande, Norvège et Australie occupent le podium, la France est 10ème, les Etats-Unis 12ème, l'Allemagne, plombée par l'ancienne Allemagne de l'est, est 22ème, derrière l'Italie et juste devant Israël et la Grèce.
Sans grande surprise, les derniers Européens sont la Roumanie (60ème rang), le Belarus (64), la Bosnie-Herzégovine (66), la Russie (67), l'Albanie (68), la Macédoine (69) et la Turquie(84).
Les dernières places sont occupées par l'Afrique, notamment l'Afrique de l'Ouest : Tchad, République centrafricaine, Mozambique, Mali, Niger, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Sierra Leone.
Plus intéressant encore est le différentiel entre classements par indice de développement humain et par PIB par habitant. En effet, plus ce différentiel est positif, mieux le pays a su tirer parti de ses ressources économiques pour l'éducation et la santé de sa population. S'il est au contraire négatif, c'est un signe d'affectation défectueuse de la ressource.
A ce palmarès, l'Australie affiche +13, le Japon +9, la France +8, l'Espagne +11, l'Allemagne et la Belgique -2, le Royaume-Uni -5, les Etats-Unis -10.
Parmi les différentiels positifs les plus spectaculaires, l'on trouve Cuba (+43), hommage à son niveau sanitaire et d'éducation, et un certain nombre de pays de l'ancien bloc soviétique, tirés eux aussi vers le haut par le niveau très élevé de scolarisation hérité de l'ancien temps : Tadjikistan (+32), Kirgizistan (+29), Ouzbékistan et Moldova (+25)...
Les différentiels négatifs les plus spectaculaires se trouvent en Afrique du Sud (-65), signe d'une société encore profondément duale, et aussi dans beaucoup, sans doute trop, de pays qui nous sont proches : Gabon (-35), Tunisie (-23, à égalité avec l'Iran), Algérie (-22), Maroc (-8), Guinée (-30), Tchad, Côte-d'Ivoire, Burkina-Fasso (-17).
Indice de pauvreté humaine
Il intègre des facteurs tels que l'analphabétisme, la probabilité de mourir avant 40 ans, le non-accès à de l'eau de qualité, l'insuffisance pondérale des enfants, la position en dessous du seuil de pauvreté monétaire, ceci dans les pays les plus pauvres. Dans les pays développés il intègre la probabilité de mourir avant 60 ans, l'analphabétisme fonctionnel, le pourcentage de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté monétaire, le chômage de longue durée. Cet indice met donc en valeur les exclusions de populations à l'intérieur d'un même pays.
Dans le classement par ordre inversé de pauvreté humaine, Suède, Norvège et Pays-Bas arrivent en tête, l'Allemagne occupe la 6ème place, la France la 11ème, le Royaume-Uni la 16ème, les Etats-Unis la 17ème, l'Irlande la 18ème, l'Italie la 19ème.
Dans le groupe des pays en développement, le trio de tête (celui, donc, où les exclusions sont les moins fortes) est formé de la Barbade, de l'Uruguay et du Chili. Puis viennent l'Argentine, le Costa-Rica, Cuba, Singapour et Sainte-Lucie. Les Territoires palestiniens occupés se retrouvent à la 9ème place. L'on est heureusement surpris de voir ensuite arriver le Mexique et la Jordanie. La Chine occupe la 29ème place juste devant l'Iran, mais encore assez loin devant nos amis la Tunisie (45ème place), l'Algérie (51ème), et le Maroc (68ème). En queue de peloton, l'on trouve sans surprise la Guinée, le Niger, l'Éthiopie, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad.
Dans le prochain article : le taux de fertilité par femme, la mortalité maternelle à la naissance, la scolarisation dans le primaire, le nombre de détenus par 100.000 habitants.
A bientôt!